Le prix exhorbitant de l’entrée d’Antoinette Vyon au couvent des Cordelières de Provins, 1596

Introduction

L’entrée au couvent  s’appelait autrefois l’ingression, terme oublié de nos jours. L’entrée au couvent faisait souvent l’objet d’une donation qui équivalait parfois à la dot donnée en mariage par les parents à leurs autres filles.
Selon les études des historiens sur ce sujet, tous les couvents n’avaient pas un patrimoine suffisant pour vivre sur eux-mêmes, et on devant donc verser aux filles une dot négociée entre les religieuses et les parents de l’entrante.
J’avais trouvé plusieurs entrées au couvent en Anjou mais jamais une somme aussi importante. Il semble que la famille de Vauhardy avait beaucoup de biens pour pouvoir payer 86 écus d’or à l’entrée, puis 10 écus de pension viagère annuelle.

les entrées en religion déjà sur mon blog

Entrée au couvent des Ursulines de Château-Gontier, 1619
Entrée au couvent de la Visitation d’Angers, 1637
Entrée de Renée Jousselin au couvent de la Visitation : Angers 1638
Entrée de Renée de Charnières au couvent de la Visitation : Angers 1650
Entrée de Madeleine Lemanceau au couvent de la Visitation : Angers 1639
Entrée de Renée Ayrault au couvent de la Visitation : Angers 1639
Ingression en religion de Jacquine Lerat, couvent de la Visitation Angers 1650

 

entrée d’Antoinette Vyon aux Cordelières, 1596

Le paiement de 86 écus fait l’objet d’un second acte dont je vous donne ci-dessous la retranscription. En effet, pour le paiement de sommes si importantes, on dressait un acte devant le notaire, en forme de récépissé tout ce qu’il y a de plus officiel.

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation – vous pouvez zoomer ou enregistrer la vue pour la lire plus grande

1596.12.11 vue 353 – Furent présents en leurs personnes Jehan de Vauhardy escuyer seigneur de Sainct Martin trésorier particulier des guerre en Champagne, et damoiselle Marye Vyon sa femme de luy suffisamment auctorisée et licenciée pour faire et passer consentir et accorder ce qui s’ensuit, lesquels de leurs bons tés sans force ne contraincte aulcune, et en exécutant certain contrat fait et passé par ledit juré le 9 mai 1595 entre ladite damoiselle Marye Vyon, et Claude Angenost, eulx faisans et portant fort dudit de Vauhardy d’une part, et les dames religieuses abbesse et couent des Cordelières lez Provins d’autre, par lequel ladite damoiselle et Angenost se seroyent pour et en faveur de l’ingression qui lors fut faicte en ladite abbaye de damoiselle Anthoinette Vyon sœur de ladite Marye, obligés à payer et continuer par chacun an le 9 du moys de mai la vie durant de ladite Anthoinette seulement, auxdites dames religieuses abbesse et couvent des Cordelières la somme de 10 escuz d’or sol de rente viagère à icelle prendre lever gaiger recepvoir et percepvoir chacun an ledit jour par lesdites dames sur tous les biens et héritages tant dudit sieur de Vauhardy, et encores payent content auxdites dames au proffit dudit couvent la somme de 66 escuz deux tiers d’une part et 20 escuz pour les causes contenues audit contrat …

1596.12.11 vue 357 – damoiselle Marie Vyon femme dudit sieur de Vauhardy a baillé et payé content en présence du notaire auxdites dames religieuses abesse ladite somme de 66 escuz deux tiers d’une part, et 20 escuz 10 sols d’autre …

Finir ses jours en pension au couvent des Cordelières de Provins (77), pour dames fortunées

Introduction

De nos jours l’EHPAD autrefois, un coin dans une pièce des enfants. Mais tout le monde n’avait pas des enfants, et cela devait être plus difficile de trouver un coin dans une pièce de plus jeunes…

vieillir en pension au couvent

C’est la première fois après tant d’années à lire les fonds des notaires que je trouve un contrat de pension au couvent. Cassandre Giraudet n’est pas de Provins, c’est dire que le couvent des Cordelières de Provins jouissait manifestement d’une certaine renommée pour l’avoir attirée pour finir sa vie. Certes, l’acte de 8 pages, pas moins, ne précise par l’âge de cette femme, mais compte tenu du niveau élevé de sa fortune, je suppose que c’est une veuve sans autre alternative pour finir ses jours.

analyse du contrat de pension

damoiselle : ne signifie pas qu’elle est célibataire car je le rencontre chez beaucoup de femmes mariées aisées…
chopine de vin : autrefois, avant la découverte assez récente de l’eau potable, le vin était moins dangereux que l’eau, et manifestement aussi au couvent des Cordelières
Elle apporte ses meubles, une servante, et verse 500 écus plus une pension annuelle de 16 écus un tiers, ce qui est un montant très élevé. Pour mémoire, on peut alors acheter une maison pour 120-150 écus. Elle est donc d’une famille de bonne bourgeoisie pour avoir une telle somme à mettre dans sa pension. Mais rien dans l’acte n’explique comment la servante est logée, nourrie etc…
Manifestement elle ne souhaite pas se lever tôt le matin pour aller chanter des laudes etc… et autres services religieux, et elle souhaite même que les religieuses prient pour elle. C’est donc qu’elle est dépendante et assez peu mobile pour assister aux services religieux. C’est ce qui me fait conclure qu’elle est en fin de vie… Ayant moi-même 87 ans, je mesure mon bonheur d’être encore valide autonome en appartement…
L’acte est très long, soit 8 pages, et rare, donc je pense que les religieuses n’avaient pas pour habitude de recueillir des pensionnaires. A la fin de l’acte Cassandre Giraudet exclut ses héritiers, mais le terme héritiers autrefois faute d’enfants concernait les collatéraux, même parfois très éloignés. Parfois on remontait 2 voire 3 générations pour les retrouver, enfin quand les notaires voulaient bien chercher …

le contrat de pension au couvent des Cordelières

Si cet acte intéresse les historiens de Provins, qu’ils me demandent les vues en formulant ci-dessous leur demande dans les commentaires de ce blog, et je leur enverrai les vues.

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins : 1597.08.23 vue 473-480 – comparurent les dames religieuses abbesse et couvent des Cordelières lez Provins … d’une part et damoiselle Cassandre Guillauldet fille majeure usant et jouissant de ses droits franchises et libertés estant de présent audit couvent d’aultre, lesquelles parties de leurs bons grés pures franches et libéralles vollontés sans aulcune force ny contraincte recognurent et confessèrent recognoissent et confessent avoir fait firent et font entre elles par ces présentes les traictés accords et conventions qui ensuyvent (f°2) à savoir que lesdites dames relligieuses abbesse et couvent tant pour elle que pour leur successeresses à l’advenir ont promis et promettent, seront tenues et s’obligent à et envers ladite damoyselle Guillauldet présente et acceptante de luy permetre qu’elle demoure et face sa résidence avec une servante tant et sy long temps que bon luy semblera en ladite abbaye et en la chambre en laquelle elle se retire à présent encores qu’elle ne prenne l’habit de relligion sans la pouvoir faire desloger ne partir sinon de son consentement et de luy donner ou faire bailler par chascun jour de l’année pendant le temps qu’elle résidera en ladite abbaye 2 pains pareils et de la grosseur de ceulx que l’on distribue auxdites dames relligieuses, avec une chopine de vin par jour et oultre ce tous les jours que l’on mangera chaire luy fournir une portion de bœuf et 2 portions de veau ou de mouton aussy par chacun jour, et à faute de satisfaire luy déduire les jours à raison de 18 deniers pour chacune pièce et portion de bœuf veau ou mouton ; et les jours maigres 2 sols pour achepter vivres pour sa nourriture ainsi qu’elle advisera oultre le pain et le vin cy dessus, et daventage seront tenues et ont promis lesdites dames faire délivrer à ladite Guillauldet boys et fagots pour son chauffage telle quantité qu’il luy sera de besoing durant ledit temps ; et moyennant ce que dessus ladite damoiselle Cassandre Guillauldet a promis et promet (f°3) sera tenue et s’oblige bailler payer fournir et dellivrer auxdites dames relligieuses abbesse et couvent acceptantes tant pour elles que pour leurs successeuresses à l’advenir la somme de 500 escuz d’or sol pour une foys payée dont lesdites dames ont présentement receu contant la somme de 300 escuz d’or sol en quarts d’écu bons et ayans cours, dont elles se sont tenues pour bien contentes, et la somme de 200 escuz faisant le reste et parpaye desdits 500 payables du jourd’huy en ung an, et ce oultre et par-dessus la somme de 16 escuz deux tiers de rente annuelle et perpétuelle percepvable par chacun an le premier jour du moys de septembre dont le premier terme de payement sera et commencera du premier jour de septembre prochainement venant en ung an que l’on comptera 1598 que ladite damoyselle Cassandre Guillauldet a constituée créée et assignée constitue crée et assigne par ces présentes au nom et proffict desdites dames relligieuses abbesse et couvent à tousjours perpétuellement sinon jusques au rachpat qui pourra estre faict d’icelle par elle ou ses hoirs desdites dames ou leurs successeuresses à l’advenir moyennant 200 escuz (f°4) … moyennant et à la charge aussy que lesdites dames relligieuses abbesse et couvent ont promis prometent et seront tenues et leurs dites successeuresses à l’advenir faire dire et chanter et célébrer par chascune sepmaine à tousjours perpétuellement en l’église de ladite abbaye une basse messe pour et à l’intention de ladite Guillauldet ses parents et amys trespassés à commencer le jour du décès de ladite Guillauldet à condition toutefoys que où il prendroyt cy après vollonté à ladite damoiselle Guillauldet de soy retirer de ladite abbaye faire le (f°5) pourra sans que lesdites dames relligieuses abbesse et couvent l’en puissent empescher et pourra et luy sera loysible emporter tous les meubles qui luy appartiendront et seront à son usage en ladite abbaye lors de sondit déppart, et sy seront tenues lesdites dames relligieuses abbesse et couvent ou leursdites successeuresses à l’advenir rendre à ladite Guillauldet ladite somme de 500 escuz qu’elles auroient receuz et touchés d’elle dedans 6 mois à compter du jour de sondit déppart … à la déduction faicte sur icelle somme de 500 escuz de ce que ladite Guillauldet auroyt demouré vescu et résidé en ladite abbaye à raison de 50 escuz sol par chacun an pour sa pention et à prorata du temps sans toutefoys préjudicier ny toucher à ladite rente de 16 escuz deux tiers, qui aura son cours et pour laquelle le présent contrat demeurera en sa force et vertu, à la charge de ladite fondation faicte par ladite damoyselle Guillauldet pour la bonne amour et dévotion qu’elle a dit avoir et porter à ladite abbate couvent et relligion, et afin qu’elle soyt comprise es prières qui journellement se font en icelle ; dabondant ladite damoyselle Cassandre Guillauldet déclare qu’elle veult et entend que sy elle décèdde en ladite abbaye que ladite somme (f°6) de 500 escuz ou ce qui resteroyt d’icelle lors de sondit décès avec les meubles qu’elle pouroyt avoir lors en ladite abbaye seront et demeuront audit couvent oultre et pardessus ladite rente de 16 escuz ung tiers sans que ses héritiers ni aultres en puissent aulcune chose prétendre ny demander ….

1597.08.23 vue 473-480 – comparurent les dames religieuses abbesse et couvent des Cordelières lez Provins … d’une part et damoiselle Cassandre Guillauldet fille majeure usant et jouissant de ses droits franchises et libertés estant de présent audit couvent d’aultre, lesquelles parties de leurs bons grés pures franches et libéralles vollontés sans aulcune force ny contraincte recognurent et confessèrent recognoissent et confessent avoir fait firent et font entre elles par ces présentes les traictés accords et conventions qui ensuyvent (f°2) à savoir que lesdites dames relligieuses abbesse et couvent tant pour elle que pour leur successeresses à l’advenir ont promis et promettent, seront tenues et s’obligent à et envers ladite damoyselle Guillauldet présente et acceptante de luy permetre qu’elle demoure et face sa résidence avec une servante tant et sy long temps que bon luy semblera en ladite abbaye et en la chambre en laquelle elle se retire à présent encores qu’elle ne prenne l’habit de relligion sans la pouvoir faire desloger ne partir sinon de son consentement et de luy donner ou faire bailler par chascun jour de l’année pendant le temps qu’elle résidera en ladite abbaye 2 pains pareils et de la grosseur de ceulx que l’on distribue auxdites dames relligieuses, avec une chopine de vin par jour et oultre ce tous les jours que l’on mangera chaire luy fournir une portion de bœuf et 2 portions de veau ou de mouton aussy par chacun jour, et à faute de satisfaire luy déduire les jours à raison de 18 deniers pour chacune pièce et portion de bœuf veau ou mouton ; et les jours maigres 2 sols pour achepter vivres pour sa nourriture ainsi qu’elle advisera oultre le pain et le vin cy dessus, et daventage seront tenues et ont promis lesdites dames faire délivrer à ladite Guillauldet boys et fagots pour son chauffage telle quantité qu’il luy sera de besoing durant ledit temps ; et moyennant ce que dessus ladite damoiselle Cassandre Guillauldet a promis et promet (f°3) sera tenue et s’oblige bailler payer fournir et dellivrer auxdites dames relligieuses abbesse et couvent acceptantes tant pour elles que pour leurs successeuresses à l’advenir la somme de 500 escuz d’or sol pour une foys payée dont lesdites dames ont présentement receu contant la somme de 300 escuz d’or sol en quarts d’écu bons et ayans cours, dont elles se sont tenues pour bien contentes, et la somme de 200 escuz faisant le reste et parpaye desdits 500 payables du jourd’huy en ung an, et ce oultre et par-dessus la somme de 16 escuz deux tiers de rente annuelle et perpétuelle percepvable par chacun an le premier jour du moys de septembre dont le premier terme de payement sera et commencera du premier jour de septembre prochainement venant en ung an que l’on comptera 1598 que ladite damoyselle Cassandre Guillauldet a constituée créée et assignée constitue crée et assigne par ces présentes au nom et proffict desdites dames relligieuses abbesse et couvent à tousjours perpétuellement sinon jusques au rachpat qui pourra estre faict d’icelle par elle ou ses hoirs desdites dames ou leurs successeuresses à l’advenir moyennant 200 escuz (f°4) … moyennant et à la charge aussy que lesdites dames relligieuses abbesse et couvent ont promis prometent et seront tenues et leurs dites successeuresses à l’advenir faire dire et chanter et célébrer par chascune sepmaine à tousjours perpétuellement en l’église de ladite abbaye une basse messe pour et à l’intention de ladite Guillauldet ses parents et amys trespassés à commencer le jour du décès de ladite Guillauldet à condition toutefoys que où il prendroyt cy après vollonté à ladite damoiselle Guillauldet de soy retirer de ladite abbaye faire le (f°5) pourra sans que lesdites dames relligieuses abbesse et couvent l’en puissent empescher et pourra et luy sera loysible emporter tous les meubles qui luy appartiendront et seront à son usage en ladite abbaye lors de sondit déppart, et sy seront tenues lesdites dames relligieuses abbesse et couvent ou leursdites successeuresses à l’advenir rendre à ladite Guillauldet ladite somme de 500 escuz qu’elles auroient receuz et touchés d’elle dedans 6 mois à compter du jour de sondit déppart … à la déduction faicte sur icelle somme de 500 escuz de ce que ladite Guillauldet auroyt demouré vescu et résidé en ladite abbaye à raison de 50 escuz sol par chacun an pour sa pention et à prorata du temps sans toutefoys préjudicier ny toucher à ladite rente de 16 escuz deux tiers, qui aura son cours et pour laquelle le présent contrat demeurera en sa force et vertu, à la charge de ladite fondation faicte par ladite damoyselle Guillauldet pour la bonne amour et dévotion qu’elle a dit avoir et porter à ladite abbate couvent et relligion, et afin qu’elle soyt comprise es prières qui journellement se font en icelle ; dabondant ladite damoyselle Cassandre Guillauldet déclare qu’elle veult et entend que sy elle décèdde en ladite abbaye que ladite somme (f°6) de 500 escuz ou ce qui resteroyt d’icelle lors de sondit décès avec les meubles qu’elle pouroyt avoir lors en ladite abbaye seront et demeuront audit couvent oultre et pardessus ladite rente de 16 escuz ung tiers sans que ses héritiers ni aultres en puissent aulcune chose prétendre ny demander ….

Reconstruction du moulin de Saint-Ayoul brûlé pendant les guerres de religion, Provins 1598

Introduction

Provins a tant de patrimoine que le moulin de Saint-Ayoul, moins important, reste peu étudié. Il appartenait au couvent du même nom. L’acte notarié qui suit nous apprend que ce couvent avait droit de quête dans la ville, mais nous apprend aussi que le couvent n’a pas eu les moyens financiers de reconstruire le moulin brûlé pendant les guerres de religion.

Le moulin de Saint-Ayoul brûlé en 1567

Dans ses Mémoires, Claude Haton relate qu’en 1567 « le prince de Condé menace  d’envahir Provins en passant par la rivère Voulzie, le monastère des dames Cordelières et la porte de Culouson. Pour lequel empescher, ledit sieur de la Rivière envoya nombre de harquebusiers, tant de la garnison que des habitans, chargés de deffendre le lieu ; puis, après avoir meurement pensé à son affaire, pour saulver lesdits soldats et habitans, leur commanda d’y mettre le feu, la nuict que ledit prince y devboit aller pour se camper, ce qu’ils firent, comme aussi ès maisons et chapelle de l’Hospitail, et la Folie tout joignant le petit hameau de Fontaine-Riant. Il feit pareillement mettre le feu au moulin de St-Ayoul, tout joygnant les murailles du Pont-qui-Pleut, dedans lequel il avait ordonné une compagnie de harquebusiers. »
Ce prince de Condé est Louis Ier de Bourbon, aussi duc d’Enghien (Vendôme, 7 mai 1530 – Jarnac, 13 mars 1569), principal chef protestant pendant les premières guerres de Religion, assassiné à Jarnac.

La reconstruction du moulin Saint-Ayoul en 1595

Le moulin brûlé en 1567 attendit la fin des troubles et c’est en 1595 que le couvent Saint-Ayoul n’ayant pas les moyens de le reconstruire le baille à cet effet au lieutenant général Valentin Regnard. Le coût de la reconstruction est de 500 écus, et il finance cette somme par des prêts sous forme qu’on appelait alors des constitutions de rente, et on dirait de nos jour obligations. Parmi ces prêts, je trouve un FAUCHON, et c’est la première fois que le nom apparaît dans les archives des notaires après tant de recherches, mais il s’agit ici d’un oncle des miens et de sa seconde femme Nicole Saulsoy.
Mais la reconstruction du moulin par Valentin Regnard ne plaît pas à tout le monde et il s’est fait des ennemis à Provins, et devant les oppositions il demande au couvent de reprendre le moulin. Le couvent n’en a pas les moyens mais doit s’engager à rembourser,  et le but de l’acte qui suit est bien de protéger Valentin Regnard pour les remboursements.

le droit de quête dans la ville

Le couvent avait cédé en 1595 son droit de quête dans la ville. J’apprends ainsi que les religieux avaient droit d’aller à travers les rues quêter, ce que j’ignorais. Mais certains Provinois vont manifestement détester voir ce droit aux mains de Valentin Regnard.
De nos jours, certes la quête n’est pas dans les rues, mais on peut y voir parfois des personnes assises par terrre quémandant l’aumône… pour eux.

Le moulin de Saint-Ayoul retourne au couvent en 1598

La transaction est longue et l’acte fait plusieurs pages donc j’affiche la première et je mets des liens vers les suivantes, si vous avez envie de les télécharger.

vue n°2vue n°3vue n°4

AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire à Provins – 1598.07.20 vue 225 – Me Anthoine Caillot procureur à Provins au nom et comme procureur de Me Leon Moutin prieur du prieuré monsieur sainct Ayoul de Provins sufisamment fondé de lettres de procuration vallant pour l’effet cy après déclaré passées par devant Herbin et Pastet notaires du roy notre sire au chastelet de Paris datées du 16e jour du présent mois et an dont de laquelle coppie sera escripte en fin de ces présentes, et les religieulx dudit prieuré par discrettes personnes frères Jehan Thienot thesorier, Pierre Branchu aulmosnier, Canrens Marchant chantre et Claude Gauffre profes dudit prieuré capitulairement agrégés et assemblés au son de la cloche à la manière accoutumée pour traiter et adviser des affaires dudit prieuré et couvent, disans que par l’acte de fondation dudit prieuré leur appartient ung moulin sis près et hors la muraille de ceste ville de Provins appelé le moulin de St Ayoul, lequel durant les troubles auroit esté ruyné et démoly pour la déffense de ceste dite ville tellement qu’il ne seroit demeuré que la place qu’ils auroient rebaillée pour le profit et utilité dudit prieuré à vies et années avec droict de queste en la ville de Provins par les clercs mariés et non mariés à noble homme Me Valentin Regnard conseiller du roy lieutenant général au baillage et siège présidial de Provins à la charge de rebastir et réédiffier à neuf et le rendre en bon et suffisant estat tournant travaillant et faisant farine et de payer chacun an audit prieuré et couvent 3 muids (f°2) de bled froment et mestail ainsi que apert par ledit bail en date du (blanc) febvrier 1595 suivant lequel bail et fournissant à pareil par ledit Regnard qui auroit réédiffié et rebasty de neuf ledit moulin bien et deument et l’auroit rendu tournant travaillant poursuivant sondit bail, mais seroit advenu qu’il auroit esté tenu en deffense de quester en la ville en vertu de commission obtenue de messieurs du trésor à Paris à la poursuite des fermiers des moulins de ladite ville de Provins tellement qu’il n’auroit peu jouyr dudit droit de queste, ce qu’il auroit dénoncé auxdits religieux prieur et couvent lesquels ne pouvant si tost renoncer à leurs tiltres, présoustenir ledit droit de queste et garantir ledit sieur lieutenant, auroient esté contraints reprendre à eulx ledit moulin et composer avec luy tant pour les bastiments qu’il auroit fait audit moulin que pour les dommages et intérests qu’il eust peu avoir et demander auxdits religieux faulte de garantie dudit droit de queste, et de fait après avoir esté à ce fait condempnez auroient dénommés des gens pour estimer lesdits bastiments francs loyaulx qui en auroient fait prisée et estimation à la somme de 500 escuz sol, pour le payement de laquelle somme et pour le remboursement que demandoit ledit sieur lieutenant des cens rentes 3 escuz ung tiers par luy desboursés tant aux héritiers de feu Anthoine Gaulthier paravant prieur dudit moulin suyvant la transaction faite entre eulx et ledit sieur, que pour les deniers que ledit prieur estoit tenu fournir au roy pour l’aliénation du butin des ecluses que lesdits religieux prieur et couvent se sont trouvés (f°3) redevables de la somme de 633 escuz ung tiers pour laquelle ils se seroient obligés payer en l’acquit dudit sieur Regnard à Me Loys Fauchon et dame Nicole Saulsoy sa femme auparavant veuve de feu Me Jehan Lecourt 16 escuz deux tiers de rente constituée rachaptable de 200 escuz, item 8 escuz ung tiers de rente constituée au proffit de la veuve Jehan Froment moyennant 100 escuz, item 4 escuz 10 sols tz de rente envers la veuve et héritiers feu Me Jehan Truffe icelles rentes rachepter et estaindre pendant 2 ans et luy rendre ou faire rendre les contrats quittances de payement d’icelles rentes et le surplus montant à 283 escuz 20 sols se seront lesdits religieux obligés payer audit sieur Regnard 133 escuz ung tiers au jour de St Martin d’hiver ensuivant ledit contrat et le reste montant à 150 escuz n’ayant moyen de les fournir auroient assis et assigné audit sieur Regnard 12 escuz 12 sols de rente avec promesse de la rachapter pendant ledit temps de 2 ans … auroient accordé audit sieur Regnard que luy feust permis de les contraindre au rachapt desdites rentes ou se remettre en la jouissance dudit moulin ainsi que par contrat de ce fait et passé soubs les sceaulx de la prévosté de Provins le 6 octobre 1595 par devant Jacques Delanoe notaire

 

 

 

Bail à ferme de la dixme de Mazé (49) appartenant à l’abbaye de Melleray, 1591

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La légende veut que des moines venus de l’abbaye de Pontron (au Louroux-Béconnais) s’en vinrent au pays de Bretagne fonder un monastère. Arrivés au bourg de Moisdon, se dirigeant vers le midi, ils errèrent dans la forêt, passèrent la nuit sous un vieux chêne dans lequel ils découvrirent du miel sauvage… et résolurent de s’arrêter à cet endroit. (d’après les Annales de Melleray). Ceci se passait dans les années 1134 à 1142.

abbaye de Melleray, photo Odile Halbert, 2006, reproduction interdite
abbaye de la Melleraye, photo Odile Halbert, 2006, reproduction interdite

Ce portail à arc brisé, en grès roussard, de l’ancienne entrée de Melleray, daté de la seconde moitié du 12e siècle, est le seul vestige de cette époque de fondation. Cette photo est depuis très longtemps mon fonds d’écran, en mémoire de l’un de mes 3 disparus dont j’ai retrouvé l’un finissant autrefois ses jours à l’abbaye de la Melleray, anonymement, sans avoir raconté qu’il avait une famille, et que j’ai retrouvé et dont j’ai écrit pour ma famille la bouleversante histoire, pour laquelle j’ai occupé plus de 6 mois d’aller-retour hebdomadaire à Angers pour dépouiller exhaustivement des séries juridiques etc… et que j’ai fini par retrouver. Pur et immense bonheur que cette recherche, longue, mais passionnante, et cette histoire bouleversante.

J’ai déjà sur mon blog un autre bail d’un bien en Anjou de l’abbaye de Melleray, Bail à louage d’une maison et jardin à Angers, 1591, appartenant à l’abbaye du Melleray

Ici, l’économe de l’abbaye est le même que dans ce précédent bail, mais le bien différent et toujours en Anjou, ce qui est intéressant. Il s’agit de la dixme de Mazé, et j’ignore qui a donné ce revenu à l’abbaye de Melleray.

Et pour la petite histoire contemporaine, l’abbaye est depuis peu propriété du CHEMIN NEUF donc elle est toujours lieu de vie religieux.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 5 février 1591 en la cour royale d’Angers (Lepelletier notaire) fut personnellement estably honorable homme Jehan de Garec sieur de Gymar ? esttant de présent en ceste ville d’Angers économe estably par le Roy du temporel fruits et revenuz de l’abbaye de Melleraye d’une part, et Jehan Telle marchant demeurant au bourg de Mazé et vénérable et discret Me Robert Pecou prêtre curé de saint Germain des Prés chapelain en l’église de la Trinité d’Angers y demeurant d’aultre part, soubzmectant et mesme lesdits Telle et  Pecou eulx et chacun d’aux seul et pour le tout sans division confesent avoir fait entre eux le bail à ferme qui ensuit c’est à savoir que ledit Garec audit nom a baillé et baille auxdits Telle et Pecou qui ont prins et accepté audit tiltre de ferme et non autrement pour le temps et espace de 3 ans entiers et parfaits commenczant ce jour et finissant pareil jour lesdits 3 ans … savoir est la dixme et dixmerie fruits profits et revenus et esmoluments d’icelle dixme vulgairement appellée la dixme de Mazé dépendant de ladite abbaye de Melleraye située en ladite paroisse de Mazé et autres paroisses circonvoisines, tout ainsi que ladite (f°2) dixme se poursuit et comporte et comme les preneurs leurs fermiers ont accoustumé d’en jouir sans aucune réservation en faire pour en jouir par lesdits preneurs durant ledit temps un bon père de famille et se faire payer de ladite dixme droits profits revenus et esmoluments d’icelle tout ainsi que les précédents abbés et leurs fermiers et comme eust peu faire ledit bailleur audit nom ; et est ce fait pour et à la charge desdits preneurs lesquels chacun d’eux seul et pour le tout ce présents et stipulants d’en bailler et paier audit bailleur chacun an en la maison de nous notaire en ceste ville par chacune desdits années la somme de 25 escuz sol …

Destinée d’Alphonse de la Grange, chartreux expulsé de Nantes en 1791 avec ses frères

Vous trouvez la liste de ses frères Chartreux de Nantes expulsés en septembre 1791 sur le site http://www.infobretagne.com/auray-chartreux-religieux.htm sous la plume de Jh.-M. Le Mené, et la source (Archives L. 780) qui est probablement aux Archives de Loire-Atlantique. C’est la série de la période révolutionnaire à Nantes ?

Et vous constatez qu’on ne sait pas grand chose de leur destinée. Bien sûr ils étaient devenus des clandestins.

Il se trouve que j’ai trouvé le décès en Anjou d’Alphonse de la Grange, car il est décédé dans notre Anjou, dans une toute petite bourgade où manifestement il était caché, et comme cette bourgade nous tient à coeur, je viens vous en parler.
Car il s’agit de Gené, chère au coeur de ma grand mère maternelle, donc à mon coeur, et au coeur d’Elisabeth, pour ne citer qu’elle.
Donc voici Gené pendant la Révolution, preuve de catholicité de certains habitants !

Mais, comment Alphonse de la Grange a-t-il échoué à Gené ? Y avait-il un lien quelconque ?

Et d’abord, voyez son clocher typique, qui semble toujours dominer de beaucoup imposant, ce petit bourg, qui m’excusera de dire petit, car c’est pour y avoir été à maintes reprises, que je le sais petit car oublié des voies départementales, il n’est desservi que de voies municipales que j’avais bien du mal à trouver malgré la proximité du Lion d’Angers. C’était bien avant le GPS, que d’ailleurs je n’ai toujours pas, car pour aller faire mes courses je n’en ai pas besoin.

J’ai donc trouvé son décès à Gené en relisant mes notes prises autrefois aux Archives Diocésaines à Angers :

Il est donc décédé à Gené le 18 ventose V de la république au village de la Dauttrie à Gené.
Je n’ai pas vérifié où est ce village, et si ce décès se retrouve dans le registre officiel de la commune. A vous de le faire. Merci

Marguerite de Clermont Montiron fondatrice du couvent de la Visitation à Angers : 1635

Cette fondation fait suite à l’acte que je vous mettais le 13 mai dernier ici, qui était manifestement à oublier pour tenir compte de celui qui suit.

En effet, le sujet est bien le même, à savoir la fondation du couvent de la Visitation à Angers, et le jour et le lieu de l’acte sont identiques.
Donc, l’acte que je vous mettais le 13 mai a été suivi dans cet après midi du 20 juin 1635, d’une apre négociation entre Marguerite de Clermont et les religieuses du couvent de la Visitation de Nantes.
En effet, on découvre que dans le premier acte, Marguerite de Clermont ne prétend pas être fondatrice, alors que par l’acte qui suit nous apprenons que tel était son souhait.
Donc, les Religieuses de Nantes lui avaient d’abord refusé ce titre, pour négocier et lui arracher une somme bien plus élevée, qui lui donnerait finalement le titre de fondatrice, et elle cède ici, pour une somme effectivement bien supérieure à celle du premier acte.
Pour obtenir le droit d’être fondatrice, avec tous les privilèges qui s’y rattachent, Marguerite de Clermont aura donc dû débourser beaucoup plus que prévu. Elle avait d’abord prévu de donner 1 000 livres de rente par en et ici elle en donne le double !!!
A en croire Célestin Port dans son Dictionnaire du Maine-et-Loire, l’installation des Visistandines à Angers ne fut pas immédiate, et elles ont attendu 1641 pour avoir le feu vert de la ville d’Angers et 1643 pour acquérir 2 closeries pour bâtir. J’ignore si Marguerite de Clermont pu se retirer à Angers dans son couvent !

En tappant cet acte, je songeais à ce qui m’attend pour mes très vieux jours, car en fait Marguerite de Clermont est en train de prévoir son EHPAD.
Moi, ce sera donc l’EHPAD tout court, sans la somme si élevée que certaines grandes dames déboursaient pour leurs vieux jours. Et je me rappelle ici aussi d’Aliénor d’Aquitaine à Fontevrault !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Loire-Atlantique, série AD44-4E2/462 – Voici la retranscription de l’acte (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 20 juin 1635, par devant nous notaires royaulx de la cour de Nantes soubzsignés après submission et prorogation de juridiction y jurée fut présente en sa personne dame Marguerite de Clermont de Montoison demeurante ordinairement en la ville de Grenoble, estant à présent logée en la paroisse de Saint Clément lez ceste ville de Nantes, laquelle a déclaré que long temps y a qu’elle désire establir et fonder un monastère pour pouvoir s’y retirer quand bon luy semblera en qualité de fondatrice, et ayant receu de Dieu des grâces particulières par l’intercession du bienheureux François de Salles, joinct que ses filles sont dédiées à la très Sainte Vierge, elle a une particulière intention pour les dévotes Religieuses de la Visitation, à quoy elle n’auroit peu parvenir jusques à présent, veuz que le concile et les ordonnances désirent que les monastères des filles ne s’establissent que dans les villes closes, de sorte que Monseigneur l’Evesque d’Angers et Messieurs de la ville dudict Angers ayant agréé l’steablissement desdictes devotes Religieuses en ladicte ville d’Angers, elle a supplié la Révérende mère sœur Marie Constance Brossard supérieure du monastère de la Visitation Saincte Marie de Nantes, sœurs Marie Marthe Dubois assistante, Marie Charlotte Defeu, Marie Marguerite Despineu, et Marie Mathurine de Longuespée, conseillères, assemblées capitulairement au grand parloir dudit monastère, de l’agréer pour fondatrice de ladicte maison, ce qui a esté accordé par lesdictes Religieuses aux charges et conditions qui ensuivent : Premièrement lesdictes Religieuses ont promis d’agréer et recognoistre ladicte dame de Clermont pour fondatrice pour jouir de tous les droicts privilèges et prérogatives accordées aux fondateurs et fondatrices par les Sainct Canons, que ladicte dame pourra entrer accompagnée d’une fille ou femme dedans (f°2) ledict monastère, et ou il plaira à ladicte dame y passer ses jours, sera ledict monastère obligé de l’entretenir saine et malade avecq sa damoiselle de toutte sorte de choses, et de faire son enterrement selon son rang et qualité, et à pareil jour qu’arrivera son décès faire tous les ans ung service solempnel, et moyennant ce, ladicte dame a donné et donne par don perpétuel et irrivocable la somme de 2 000 livres tournois de rente à prendre sur tous et chacuns ses biens qu’elle a hipottéqué et hippotèque spécialement pour cela, et affin de pouvoir achepter une maison elle a promis de donner auxdites Religieuses la somme de 12 000 livres, à scavoir 6 000 livres au jour de leur establissement, et 6 000 livres ung an après, et où ladicte dame vouldroit se faire descharger desdites 2 000 livres de rente, elle en pourra faire le rachapt à raison du denier vingt, à la charge que les deniers dudit rachapt ne pourront estre divertiz, ains seront employés pour la nourriture desdictes religieuses, et pour servir à l’effect de la présente fondation. Et en oultre a esté accordé que ladicte dame fondatrice pourra présenter 4 pauvres damoiselles diverses fois pour estre receues à l’habit et à la profession, sans estre obligées lesdictes filles à rien apporter à la Religion. Et pour l’accomplissement et exécution de ce que dessus, et en passer tous aultres actes nécessaires, ladicte dame de Clermont a instituer et institue ses procureurs généraux et spéciaux (blanc) et aussy lesdictes religieuses pour consentir lesdicts actes et faire touttes autres choses nécessaires soit en la ville de Paris ou ailleurs, et accepter, sy (f°3) faire se doibt, plus amplement ledict don, soit avecques ladicte dame ou son procureur, lesdictes religieuses ont institué et instituent leur procureur général et spécial (banc) avecques tout pouvoir quant à ce, sans révocation, et pour ce que lesdictes partyes l’ont ainsy voulu et consenty, promis et juré tenir elles y ont esté à leurs requestes et de leur consentement jugées et condampnées par nous susdicts notaires de l’autorité jugement et condampnation de notre dicte cour de Nantes, fait et consenty audict parloir dudict monastère de la Visitation saincte Marie de Nantes soubz les seings desdictes parties le 20 juin 1635 avant midy