Introduction
Autrefois, les femmes ne créaient ni encaissaient de prêts et/ou obligations chez le notaire, car seul leur mari avait le droit de le faire pour elles, mais les femmes célibataires et les veuves avaient ce droit. C’est toujours un plaisir pour moi qui suis une femme de voir une femme encaisser chez le notaire en 1598.
Et mieux encore quand cette femme est mon ancêtre. Je descends des familles FAUCHON, LECOURT, CHARPENTIER, LANGLOIS 1540-1668, puis plus rien en Seine-et-Marne. Je n’avais pas encore la signature ni même les dates de décès de ces ascendants, et c’est grâce à une minute notariale que j’ai le bonheur de trouver la signature de mon ancêtre Elisabeth Lecourt.
Vous allez pouvoir voir le prénom de son défunt mari, prénom dont je vous ai déjà parlé, mais ici orthographié avec un H à la fin, SYDRACH, donc le notaire Jacques Delanoe connaissait bien ce prénom car c’est certainement la meilleure orthographe.
Je n’avais aucune idée de la date de décès de Sydrac, mais maintenant je sais qu’il était décédé avant 1597 date à laquelle sa femme fait seule ce prêt. Et c’est pour moi toujours un grand bonheur de pouvoir préciser ce point, même s’il reste encore assez vague. Au moins on sait qu’elle lui a survécut.
LECOURT et LE COURT
Les noms écrits par le notaire tout comme par le prêtre étaient uniquement connus oralement, et ils écrivaient donc sans aucune règle que la leur… Ainsi, à travers toute la France, bon nombre de noms commençaient par LE et à leur gré, notaires et prêtres, mettaient ou ne mettaient pas d’espace.
Hélas, de nos jours, bon nombre de prétendus généalogistes n’ont pas encore compris qu’ils doivent comprendre et écrire une unique orthographe, sans l’espace. Ainsi, en Brie, ceux qui ont fait les relevés ont mis les deux orthographes, rendant impossible au système informatique de faire une unique famille…
Et vous allez voir, dans la minute notariale de 1598 qui suit que 2 membres de la même famille LECOURT signent l’un sans espace, l’autre avec espace, mais ils sont bel et bien parents !!!
Elisabeth Lecourt encaisse 100 écus d’or
C’est une somme importante, car à cette époque les maisons valaient entre 100 à 200 livres, donc je l’estimerais les 100 écus de nos jours à 900 000 euros. Il faut aussi se souvenir de ce que je tente depuis quelques mois de vous retransmettre, à savoir l’argent liquide circule peu, et une grande majorité des prêts, obligations et même ventes sont effectués en nature, le plus souvent en septiers de blé froment. Les historiens disent que l’argent liquide était plus le fait de la bourgeoisie… effectivement Elisabeth Lecourt est veuve d’un apothicaire, et issue elle-même d’une famille de tanneurs, et les tanneurs n’étaient pas pauvres.
AD77-1057E424 Jacques Delanoe notaire royal à Provins – Ledit jour 21 octobre 1598 fut présente honneste femme Elizabeth Lecourt (s) veuve de feu Sidrach Faulchon vivant apothicaire demeurant à Provins laquelle recognut avoir eu et receu de Pierre Ythier marchand tanneur demeurant audit Provins présent et acceptant la somme de 100 escuz d’or sol pour le remboursement rachapt extinction et admortissement de 8 escuz ung tiers de rente qui font moitié de 16 escuz 2 tiers que ledit Ythier et Léonie Garnier sa femme … ont vendue et constituée au nom et proffit de ladite Lecourt par contrat passé par devant ledit juré le 21 avril 1597 de laquelle somme de 100 escuz … présent Mathurin Lecourt (s)