La Beaujoire est connue pour le foot. Le foot la donne à Nantes, mais en réalité elle est à Sainte-Luce. La carte de Cassini signale 2 moulins à vent, mais éloignés de la Beaujoire.
Le bail ci-dessous nous apprend qu’à Sainte-Luce en 1700 les toits étaient couverts de tuiles brillantes et non d’ardoises. Ces tuiles sont très caractéristiques et j’ignore combien de maisons en étaient couvertes à Sainte-Luce.
La vigne était présente comme dans toute la région Nantaise, mais ici le preneur ne doit rendre aucune partie du vin à la propriétaire, c’est tout à fait remarquable. Il est vrai que Lucresse Boux avait tant de biens qu’elle ne manquait pas de vins…
Pour mémoire tous les moulins à vent de la région ont disparu au milieu du 19ème siècle devant l’avancée des minoteries mécaniques, ce que certains écolos peuvent regretter…
Enfin cet acte nous apprend qu’en 1700 le meunier se faisait appeler « farinier » à Sainte-Luce, mais dans les faits l’acte décrit bien à moulin à vent et un meunier.
L’acte qui suit est aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2/651 – Retranscription de l’acte MC Briand relu Odile Halbert
AD44 – 4 E 2/651
Photos prises le 14/09/2022
L’an mil sept cens, le dix-neufiesme jour
de juin après midy, devant les nottaires royaux de la
cour de Nantes soussignez avec soumission et prorogation de
jurisdiction y jurée, fut présente Dame Lucresse Boux, veuve de
feu messire Louis de Bruc, chevalier, seigneur dudit lieu, conseiller
du roy et son garde-sel (=garde des sceaux) au parlement de Bretagne, demeurante en
cette ville, rue et paroisse de Nostre Dame, laquelle a baillé et
affermé avec promesse de garantage pour le temps de sept
ans entiers et consécutifs, qui commenceront à la feste de St
Jean Baptiste prochaine, à Pierre Martin, farinier, demeurant
au moulin du Tertre, paroisse de St Donatien, sur ce présant et
acceptant c’est à sçavoir le moulin à vent de la Bojuère, logements
d’iceluy avec le jardin et un petit morceau de pré en dépendant
dont jouit à présent Mathurin Dugué, plus une pièce de terre
partie en vigne et partie en labour aboutant sur la lande de la
Halvesque et sur les terres de la Baujouère de laquelle jouist aussy
ledit Dugué, le tout situé en ladite paroisse de St Donatien, que ledit preneur
a dit bien sçavoir et connoistre, et renonce à en demander plus
ample déclaration. À la charge à luy d’en jouir en bon ménager
et père de famille, sans rien démollir et d’entretenir ledit moulin
tout de réparations, sçavoir le dit moulin de tous bois tournants et
virants d’oeuvre de main seulement, parce que ladite dame fournira ledit
bois … sur ledit lieu, les logements de tuilles brillantes, les
terres closes de leurs hayes et ladite vigne de tous ses tours et façons [en Anjou, on disait « faire faire les vignes de leurs trois façons ordinaires scavoir déchausser tailler et bescher et y faire des provings où besoing sera et où ils s’en trouvera de bons à faire », donc les façons étaient au nombre de trois]
façons en temps et saison et rendra le tout à la fin de la présante en
bon estat parce qu’elle lui sera donnée de mesme au commencement.
et a esté au parsur ladite présante ferme faitte à gré des partyes
pour ledit preneur en payer et bailler par chacun an à ladite dame
bailleure net et quitte à sa main et demeure audit Nantes la
somme de cent dix livres payable ladite somme
de 110 livres par quartiers comme ils eschoiront 27 livres
10 sols par quartier, à tout quoy faire et accomplir
s’oblige ledit Martin sur tous ses biens meubles et immeubles
présans et futurs pour en cas de deffaut y estre contraint
par exécution saisie … et vante de sesdits biens et
emprisonnement de sa personne en prison fermée comme pour
deniers Royaux suivant les ordonnances de sa majesté
se tenant pour tout sommé et requis, convenu que ledit preneur
n’entrera en jouissance de ladite vigne qu’à la feste de Toussaints
prochaine parce qu’il en jouira jusqu’à la feste de Toussaints
1707, promis et juré, et ce fait à Nantes
demeure de ladite dame bailleure ou elle a signé et attesté
connoistre ledit preneur pour estre tel qu’il se nomme et d’autant
qu’il a dit ne scavoir signer et a fait signer à sa requeste Jean Leroy
sur le présent ledit jour et an. Signé Lucresse Boux, Leroy, Lecourbe notaire royal, Delalande notaire royal