Contrat de mariage de Pasquier Gailliat et Jeanne Lange, Sourdun (77) 1617

Introduction

Les contrats de mariage de l’époque ne donnent pas beaucoup de chiffres concernant l’apport financier de chacun des époux, et même les clauses qui y sont écrites ne sont que copie du droit coutumier, donc n’apportent rien de particulier.

Pasquier Gailliat et Jeanne Lange, 1617

Ce contrat donne cependant beaucoup de famille.

AD77-260E215 Babée notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1617.05.16 vue 11 – Furent présens Pasquier Gailliat tailleur d’habits fils de Denis Gailliat et de Nicolle Lange et procéddant de l’auctoritté et consentement d’iceulx, et de Gratien Gailliat oncle et parrain, Samson Gailliat aussi oncle dudit Pasquier, Crespin Proudhomme leur beau frère, et messire Pasquier Gilquin prêtre parrain et amy dudit Pasquier Gailliart tous demourans à Sordun hormis ledit Gratien qui demeure à Jutigny et ledit Gilguin à Donner d’une part, et Jehanne Lange fille de deffunct Jehan Lange dit Durisme vivant laboureur et de Marion Valtin ses père et mère proceddans aussy de l’auctoritté et consentement de Jehan Chevrier le jeune à présent mary de Marion Valtin et d’icelle Valtin a la puissance, et encore de discrette personne messire Fiacre Valtin prêtre cousin de ladite Lange, Creat Jeubert et Jehan Herbelin ses beaufrères, Denis Pascherat son cousin et parrain, et de maistre Nicolas Bardin procureur es sièges royaulx de Provins leur amy d’autre part, lesquels Pasquier Gailliat et Jehanne Lange de l’advis et consentement des dessusdits ont promis et prometctent par ces présentes eulx prendre l’un d’eulx l’autre par foy et loy de mariage au plus tost que faire se pourra et sera advisé entre eulx leursdits parens et amis sy Dieu et nostre mère Ste église y consentent, en faveur et contemplation duquel futur mariage a esté accordé et promis par ledit Denis Gaillat et sa femme père et mère dudit futur espoux d’habiller et vestir leur fils bien et honnestement suivant sa qualitté, baguer ladite furure espouze aussy de bagues et joyaulx, et faire moictyé des frais de bancquet le tout à leurs frais, et encores de marier ledit Pasquier leur fils franc et quite, et y a esté convenu que parce que ldite Lange future espouze apportera en leur communaultté tous son bien qui luy est advenu et escheu par la succession dudit deffunct Jehan Lange dit Derisme son père, qu’advenant le décès de l’un ou l’autre desdits futurs espouz sans enffans procédez de leur corps en légal mariage sequamment ledit Gailliat futur espouz en ce cas ladite Lange future espouze survivante reprendra par préciput et … part sur les biens de leur communaulté la valleur de moitié de la somme à laqualle se trouvera monter le droict successif et mobilier qui luy appartient en la succession dudit feu son père jusques à présent ou lors dudit mariage, et si ladite Lange future espouze décéda la première et auparavant ledit futur espoux sans enffans procédés de leurs corps comme dict est en ce cas ses héritiers reprendront ladite moictié et ce fait le surplus se partagera entre les héritiers du survivant et premier décédé, et au surplus ledit futur espoux a douée et doue ladite future espouse du douaire coustumier, car ainsi a esté accordé et aultrement n’eust esté fait

Marie Boucher femme délaissée de Pierre Mouton, Provins 1595

Introduction

La société à Provins différait vraiement de celle d’Angers. Je vous ai déjà dit que les veuves y étaient fort nombreuses, et voici un autre exemple très moderne : femme délaissée. En effet, il semble que de nos jours ce cas soit devenu très fréquent alors qu’autrefois il n’en est jamais question, du moins dans les notaires que j’ai étudiés en Anjou. Or, j’en trouve à Provins au 16ème siècle, et la justice reconnaissait l’absence du mari pour donner ses droits à la femme délaissée. Décidément, Provins au 16ème siècle était une société très moderne.

Marie Boucher femme délaissée

 

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1595.01.25 vue 86 – fut présent honorable homme Claude Roze marchant demeurant à Provins lequel recognut avoir pris et retenu prent et retient à tiltre de loyer d’argent à années d’honneste femme Marie Boucher femme délaissée de Pierre Mouton auctorisée par justice pour l’abscence dudit Mouton présente bailleresse audit tiltre qui a promis garentir, c’est à savoir une maison de fond en comble court derrière le tout comme il se comporte assise à Provins devant la boucherie du Val tenant d’une part à Nicolas Mouton d’autre la la veuve et héritiers Martin Mouton … jusques à 6 ans moyennant la somme de 6 escuz deux tiers en 2 termes

Ayoul Ythier en procès avec son gendre pour non partage des biens de sa défunte femme, Provins 1595

Introduction

Autrefois on vivait moins longtemps, aussi les successions des parents étaient déjà réglées avant le mariage des enfants. Mais, parfois on vivait plus longtemps. Ainsi, Ayoul Ythier, veuf, est mis en procès par son gendre pour ne pas avoir partagé les biens d’Agnès Jeubert sa défunte femme.

Transaction entre Ayoul Ythier et son gendre

Les transactions sont fréquentes, et ce sont des actes de plusieurs pages puisqu’ils énoncent tous les points de la transaction. Je vous mets la première page d’un acte de 5 pages, juste pour vous montrer qu’un gendre pouvait se plaindre de son beau-père… en justice, même chez les bourgeois.

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation – vous pouvez zoomer ou enregistrer la vue pour la lire plus grande

1595.01.07 vue 46 – furent présents en leurs personnes honorables hommes Ayoul Ythier marchand demeurant à Provins d’une part, et Estienne Genais tanneur demeurant audit lieu à cause d’Adrienne Ythier sa femme fille dudit Ayoul d’autre, disans lesdites parties qu’ils estoient en procès soit par devant monsieur le prévost de Provins sur ce que ledit Genais et sa femme demandaient partages des biens immeubles rentes et revenus demeurés du décès de deffunte Agnès Jeubert mère de ladite Adrienne et femme en premières nopces dudit Ythier …

A la mémoire des femmes de Provins : Catherine Philippe, veuve de Jean Robinot, 1597

 

Catherine Philippe, veuve de Jehan Robinot, vend à rente annuelle perpétuelle au boulanger de Provins un jardin contenant 3 perches rue des Marets. (AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins)
Je suis en admiration devant ces signatures de femmes. J’ai tellement dépouillé d’actes notariés en Anjou, sans jamais rien voir de tel, que je reste totalement stupéfaite devant mon écran tant j’admire et je tiens à vous restituer ces signatures à la mémoire de ces femmes de Provins

 

Gabrielle Marquant et Simon Lecourt ont laissé une rente à payer à leurs descendants, Provins 1597

Introduction

On hérite toujours comme autrefois des dettes actives et passives, et aujourd’hui on peut toujours renoncer à une succession déficitaire pour éviter les dettes. Au 16ème siècle à Provins, les rentes perpétuelles étaient dans les successions et les héritiers oubliaient parfois de les payer… Et les actes des notaires donnent beaucoup de filiations de ces héritiers mauvais payeurs. Je vous mets ce jour un exemple de ces rentes impayées par les héritiers pour vous convaincre de la richesse filiative des fonds des notaires, car de tels actes fourmillent.

Gabrielle Marquant

L’acte donne une partie de ces héritiers pour n’avoir pas payé une rente annuelle perpétuelle qu’elle a laissé. Elle avait épouse Simon Lecourt.

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1597.03.21 vue 166 – honorable homme Denis Lefendeur sergent royal à Provins tant en son nom que comme tuteur des enfants de luy et defunte Charlotte Dubuisson jadis sa femme et encors soy faisant fort de Nicolas Moreau et Jehanne Dubuisson sa femme à cause d’elle tant en son nom que comme héritière de Jacques Hiart fils de Jacques et deffunte Nicole Dubuisson héritiers de deffunt Edmé Dubuisson vivant marchant demeurant à Provins d’une part, et  Pierre Rayer paulmier demeurant audit Provins à cause de Symone Leblanc sa femme fille de deffunte Catherine Prive héritière en partie de deffunte Marguerite Marquant vivante femme de Symon Lecourt fils de Nicolas aussi marchant demeurant audit Provins d’autre, lesquelles parties de leurs bons grés sans force pour obvier aux frais qu’il conviendrait faire en exécution des sentences obtenues tant au siège de la prévosté que baillage de Provins par lesdits Lefendeur et Moreau esdits noms touchant le payement des arrérags de la moitié de 13 septiers de bled froment de rente constituée par defunt François Lombart et sa femme au proffit dudit deffunt Edmé Dubuisson à prendre sur certains héritages assis à Sainct Bouy et es environs acquis par ledit Lecourt depuis la création de ladite rente et constant le mariage de luy et de ladite Marquant comme aussi pour la continuation de ladite rente à l’advenir, desquels arrérages comme aussi du sort principal de ladite rente s’est trouvé ledit Rayer à cause de sadite femme estre tenu et redevable comme héritier de ladite deffunte Marquant son ayeule d’une quatriesme partie les quatre parts faisant le tout pour laquelle quatriesme partie tant dudit sort principal de ladite rente à la raison de … comme aussi pour les arrérages escheus et autres qu’ils peuvent debvoir des despends desdits procès en leur regard et jusques à ce jour (f°2) ils ont ensemblement composé et accordé à la somme de 32 escuz 15 sols tz que ledit Rayer en a promis et promet et sera tenu payer audit Lefendeur esdits noms …

Pierre Haton et Lupien Chevrier cèdent leur droit de succession à celui qui a en charge les enfants mineurs du défunt, Melz sur Seine (77) 1597

Introduction

Autrefois, les tutelles et/ou curatelles touchaient pratiquement tout le monde, tant il y avait d’enfants ayant perdu leurs parents avant la majorité, alors à 25 ans. Mais souvent cette tutelle touchait des enfants en bas âge, donc durait plus de 20 ans. Certes on faisait travailler les enfants très tôt, dès 9 ans et on n’avait plus que la charge de gestion de leurs biens, mais avant leurs 9 ans on devait aussi les entretenir.

Blunay à Melz-sur-Seine (77) 

Blunay est un village très important, qui était aussi grand que le bourg. Ce village donna naissance à Claude Haton qui nous a transmis les Mémoires de Champagne, précieux document sur l’histoire de la Brie 1553-1582. Je trouve dans les archives des notaires de Provins la trace d’un autre Haton contemporain au même village, certainement proche parent. Ici, il a renoncé à une succession en faveur de celui qui élève des enfants mineurs manifestement en bas âge. C’est une très belle renonciation, et en outre l’un des cédants est un Haton, certainement proche de Claude Haton et contemporain.

renonciation au profit de celui qui élève les enfants

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation 

1597.03.21 vue 165 – Fut présent en sa personne Lupien Chevrier laboureur demeurant à Blunay paroise de Melz sur Seine héritier en partie de deffunt Jehan Chevrier fils de Jehan son frère et encores comme ayant le droit par renonciation de Pierre Hatton aussi héritier en partie dudit deffunt lequel de son bon gré sans force recognut avoir renoncé quicté transporté et délaissé et par ces présentes renonce quicte transporte et délaisse à Jehan Meignen laboureur demeurant audit lieu présent et acceptant à tous tel droit part et portion nom raison fond propriété possession et autres qu’il a et promet avoir tant de son chef que comme ayant le droit dudit Haton comme dit est en tous et chacuns les héritages et biens immeubles qui furent et appartinrent audit deffunt Jehan Chevrier en quelque chose que se puisse consister et en quelques lieux qu’ils se trouveront estre situés et assis sans rien en réserver sinon ung quartier de terre en une pièce assise au finage de Blunay au lieudit les Champeaulx et environ unze perches de vigne en deux pièces assises audit finage de Montautre et des Champeaulx qui seront et demeureront audit Lupien Chevrier, pour desdits héritages et biens immeubles jouyr par ledit Meignen acceptant à la réserve susdite, aux charges qu’ils peuvent debvoir dès maintenant à tousjours perpétuellement, encores a ledit Lupien Chevrier quicté et quicte ledit Meignen qui avoit espouzé cy devant la veuve dudit deffunt Jehan Chevrier et ce que luy peuvent debvoir pour raison et à cause de la charge de tutelle que ledit deffunt Jean Chevrier son père et depuis ledit Nicolas son frère ont eue …