Contrat d’apprentissage de tailleur d’habits, à Corzé (49), 1635 pour Julien Billy de Soucelles chez Symphorien Robert

ATTENTION : DEPUIS LA PARUTION DE CET ARTICLE, j’AI DECOUVERT LE METIER DE BAUDREUR. Allez voir mon article sur le baudreur.

Nous poursuivons les contrats d’apprentissage.

Voici le contrat d’apprentissage de tailleur d’habits en 1635 à Corzé. Attention, nous passons en retranscription d’un acte c’est à dire en orthographe telle que dans l’acte.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E
Voici la retranscription de l’acte : Le 22 septembre 1635, devant Christofle Davy notaire royal à Baugé, résident à Corzé, furent présents établis et deuement soubmis chacuns de Simphorien Robert tailleur d’habits demeurant au bourg de Corzé d’une part, et René Billy brodeur et Julien Billy son fils demeurant en la paroisse de Soucelles, d’autre part, (le brodeur est un métier d’art, infiniement plus compliqué que celui de tailleur d’habits, et le papa brodeur est vivant. Le brodeur fait par exeple les magnifiques chasubles des prêtres, telles qu’on pouvait autrefois les voir… On pourrait dès lors supposer que ce fils est soit un cadet et le papa ne peut laisser la broderie à plusieurs fils, soit tout bonnement un incompétent en broderie, que le papa tente de caser dans une autre filière.)
lesquels ont fait et font par ces présentes le marché d’apprentissage qui ensuit c’est à savoir que ledit René Billy a baillé et baille sondit fils audit Robert pour aprentif dudit estat de tailleur d’habits pour le temps de deux années entières qui ont commencé de ce jour et finir à pareil jour
à la charge dudit Robert de montrer et d’enseigner sondit estat audit Jullien Billy à mieulx qu’il luy sera possible, iceluy loger, norir (nourrir), coucher et laver et luy faire blanchir son linge et le traiter et gouverner comme aprentifs (apprentis) ont de coustume d’estre
comme aussy à la charge dudit Billy de demeurer pendant ledit temps en la maison dudit Robert, travailler audit estat et faire toutes autres choses lisittes (licites) et honnestes (honnêtes) qui luy seront par luy commandées estre faites,
le présent marché pour et moyennant la somme de 40 livres tournois de laquelle somme ledit René Billy en a présentement et au veu (vue) de nous payé contant audit Robert la somme de 15 livres tournois qu’il à prinse (prise) et receue en monnoye (monnaie) ayant à présent court dont il se contente et le surplus montant 25 payable par ledit René Billy audit Robert savoir la moitié du jour d’huy en ung (un) an prochain et l’autre moitié à la fin desdites deux années,
ce qui a été stipulé et consenti etc… tenu et obligé … même par corps dudit Jullien Billy à faulte de demeurer pendant ledit temps en la maison dudit Robert…
fait et passé en notre maison en présence de Me Estienne Lallier écolier estudiant à la Flèche (saluons au passage, un élève du collège du Prytanée, belle institution que nous a laissé Henri IV), et Jacques Mesnard peintier demeurant audit Corzé, témoins. Signé : René Billy, Julien Billy, Lallier, Davy – Ledit Robert a dit ne savoir signer. (on voit que les Billy père et fils sont plus cultivés que le tailleur d’habits)

Si vous avez des éléments sur la famille Billy en question, merci de nous éclairer dans les commentaires ci-dessous, afin que nous comprenions pourquoi le papa brodeur (métier très noble) met son fils en apprentissage de tailleur d’habits.
La durée d’apprentissage du tailleur d’habits varie : j’ai déjà 20, 24 et 30 mois.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Contrat d’apprentissage de chirurgien à Angers (49), 1653

pour André Goullier chez René Gendry (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)
Voici un nouveau contrat d’apprentissage, voir tous les autres
Merci aux courageuses personnes qui se sont exprimées sur la durée d’apprentissage du chirurgien autrefois. Ce billet va les décevoir.
Lors de nos recherches dans les registres campagnards, nous rencontrons très, très rarement le médecin, le plus souvent d’ailleurs nommé « docteur en médecine » et un peu plus souvent le chirurgien, encore que la majorité des paroisses n’a ni l’un ni l’autre.
Avant de lire le contrat d’apprentissage qui va étonner plus d’un, j’ai jugé utile, ne serait-ce que pour moi-même, de faire le point sur ce métier d’antan. J’ai donc été à la Médiathèque lire

Pierre Duhamel Histoire des médecins français, Plon, 1993
Jean-Charles Sournia Histoire de la médecine et des médecins, Larousse, 1994. Ce dernier pèse plusieurs kilos, car c’est l’un de ces ouvrages d’art aux magnifiques iconographies.

Et j’ai refait aussi refait le point à travers les dictionnaires d’antan :

Chirurgien, s.m. Celui qui fait profession de la Chirurgie, qui exerce la Chirurgie
Chirurgie, s. f. Art qui enseigne à faire diverses opérations de la main sur le corps humain pour la guérison des blessures, playes, fractures
Médecin, s. m. Qui fait profession d’entretenir la santé & de guerir les maladies. (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694)

Voici d’abord la retranscription du contrat d’apprentissage du chirurgien : Le 17 mai 1653, devant Pierre Desmazières notaire royal à Angers, contrat d’apprentissage pour un an d’André Goullier (c’est une famille aisée en campagne, sachant lire et écrire, et que Toysonnier aurait appellée fermier de campagne) jouissant de ses droits comme il a dit, assisté de Me Jacques Goullier prêtre son frère Dt à Angers StPierre, chez René Gendry Me chirurgien à Angers St Pierre, qui promet l’avoir en sa maison, le nourrir, coucher, lui montrer et enseigner à sa possibilité l’art et métier de chirurgien en ce qui en dépend.
Ledit Goullier a ci devant convenu apprendre ledit art et promet obéir et servir ledit Gendry en toutes choses licites et honnêtes fidèlement sans se jamais demettre de ladite maison pendant le temps d’un an, à commencer lundi prochain,
moyennant la somme de 100 L, que ledit Goullier promet payer audit Gendry à la Toussaint prochaine sans que ledit payement puisse être retardé, ni que ledit Goullier puisse espérer aucune restitution si ledit Goullier s’absente de ladit maison sans cause légitime… et promet payer à sa femme 12 L pour les dépenses. (ce point, qui n’apparaît pas dans les contrats d’apprentissage précédents, est probablement le signe d’une garde-robe plus riche et surtout mieux entretenue, ce qui a contrario, laisse à penser sur le peu d’entretien général des autres)

  • Commentaires, basés sur mes lectures :
  • Au 17e siècle, seul le médecin a fréquenté l’université pour apprendre. Là, il a dû passer 4 années, car il a assimilé le latin (effectivement cela prend du temps), ne serait-ce que pour retenir le nom des médicaments, encore le plus souvent exprimé en latin en 1653. Les études sont sanctionnées par un diplôme de docteur, mais la formation est très inégale selon la faculté fréquentée. Les plus côtées sont Montpellier, Paris, Göttingen, Halle, Padoue, Bologne, Leyde et Edimbourg. C’est pourquoi on observe en Haut-Anjou des étudiants partis apprendre à Montpellier, et là je laisse à Marie-Laure, qui en est native, le soin de nous faire un commentaire.

    De leur côté, les apothicaires forment alors une profession assez bien règlementée, et, ils pratiquent aussi la visite des malades et la prescription de médicaments. A tel point, qu’ils ont le droit officiel de signer un certifical médical, au même titre qu’un médecin et un chirurgien, en 1639, date à laquelle le roi a convoqué le ban et l’arrière-ban, que je suis en train de retranscrire pour l’Anjou, et les perclus de gouttes, gravelle et autres incommodités sont priés de fournir un certificat de médécin, chirurgien et apothicaire. C’est dire la confusion qui règne en 1639 ! Bien entendu les querelles entre ces professions sont nombreuses… puisqu’elles empiètent l’une sur l’autre.

    Enfin, comparés aux médecins, les chirurgiens, plus nombreux, sont moins instruits, moins riches, moins honorés de la société. Après une lutte séculaire contre les médecins, et des démélés dérisoires jusque devant la justice, le 18e siècle leur apporte en France une réhabilitation. Ils s’affranchissent définitivement de toute accointance professionnelle avec les barbiers, obtiennent la création d’une Académie Royale de chirurgie, malgré la fureur de la faculté de Paris, et peuvent désormais comme les médecins, soutenir des thèses et devenir docteurs. Finalement médecins et chirurgiens se retrouvent côte à côte au sein d’une Société royale de médecine que la Faculté cesse bientôt de bouder. (Sournia, Opus cité)

    Arrive la Révolution, qui fait table rase du passé, et l’art de guérir devient libre et accessible à tous. Antoine de Fourcroy, chimiste et médecin, obtient quelques mois après la chute de Robespierre, le rétablissement de 3 écoles de santé à Paris. Puis le médecin Cabanis et le chimiste Chaptal, influencent la rénovation de l’enseignement médical, et les réformes, considérables, qui suivront, constituent la base du système actuel.

    En résumé, le chirurgien, d’abord proche du barbier, est apte aux techniques manuelles, mais surtout non diplomé et peu riche. Il s’oppose au médécin, rare, issu de la faculté, diplomé, mais moins enclin aux pratiques manuelles. Enfin, l’apothicaire, qui connaît parfaitement les médicaments, tente lui aussi de soigner… J’ai cru comprendre qu’au cours du 18e siècle, les chirurgiens choisissent progressivement d’entrer ou non dans le nouveau système d’études, et ceux qui refusent ces études devient au fil du temps des guérisseurs c’est à dire des non diplômés… Ceci ne s’est pas fait en un jour, et le 18e siècle a connu toutes les juxtapositions…
    Ceci était l’histoire simplifiée des études du personnel soignant du 16e au 18e siècle, et non pas l’histoire des découvertes médicales, qui seraient trop longue ici. Merci de vous tenir à l’enseignement si vous avez des commentaires…

    Mais de vous à moi, le chirurgien en 1653 devait avoir tout de même un certain prestige même s’il n’était pas aussi prestigieux que le médecin, car André Goullier, qui entre en apprentissage avec l’appui de son frère, prêtre, est issu d’une famille de fermiers de campagne (comme les appelle si joliement Toysonnier), et ils ont les moyens d’entrer à la faculté, à moins qu’il n’ait pas été enthousiasmé à l’idée d’apprendre le latin, ou pire, peu doué pour l’apprendre.

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    Contrat d’apprentissage de sergier et teinturier, Aviré (49), 1764 pour Maurice Bourneuf chez Mathurin Lemanceau

    (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

    Nous poursuivons les contrats d’apprentissage. Vous vous souvenez, le serger ( »sarger, sergier ») est celui qui tisse la laine.
    Le contrat ci-dessous est particulier en plusieurs points :
    il nous apprend que certains sergier pratiquaient la teinture de leurs draps de laines

    La teinture de draps, miniature in Bartholomeus Anglicus, Des proprietez des Choses, Bruges, 1482 (Londres Royal British Library)

    L’apprenti a 25 ans, et ne paiera rien. Il semble donc que l’un et l’autre y trouvent leur compte, car l’apprenti participe assez aux travaux.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 11 février 1764, devant Pierre Allard notaire royal en Anjou résidant à Louvaines, furent présents Mathurin Lemanceau serger et teinturier, demeurant aux Crusardières paroisse d’Aviré,
    et Maurice Bourneuf garçon âgé d’environ 25 ans, demeurant en qualité d’apprentif en la maison dudit Lemanceau,
    lesquels sont convenus du brevet d’apprentissage promesses et obligations suivantes à savoir que ledit Lemanceau prend et accepte ledit Bourneuf en qualité d’aprentif en sa maison et demeure pour le temps de 2 ans commencés de Noël dernier,
    pendant lequel temps il promet et s’oblige lui montrer et enseigner à son possible sondit métier de serger et la teinture des laines et étoffes qu’il fabrique et ainsy qu’il le fait ordinairement et non plus avant, le nourrir, coucher, reblanchir et chausser ainsi qu’il appartient à aprentifs de même métier,
    ce que ledit Bourneuf a accepté, promis, promet et s’oblige exécuter et travailler audit métier de serger et teinturier, pendant ledit temps, et même tirer et filer de l’étein (je n’avais pas trouvé la signification, c’est fait grâce à vous, voir ci-dessous), sans pouvoir s’absenter ni ailleurs aller travailler sans le consentement dudit Lemanceau, sous les peines qui y appartiennent,
    comme aussi il promet et s’oblige d’aider ledit Lemanceau à travailler sur les terres qu’il exploite seulement dans le temps de la récolte,
    le présent brevet d’aprentissage ainsi fait aux conditions et obligations cy-dessus et pour ledit temps de 2 ans commencés de Noël dernier, seulement et pour tout payement, et si les parties veulent des expéditions des présentes elles les payeront chacun à ses frais…
    fait et passé au bourg de Louvaines, demeure de Jean Beaumond hôte, en présence de Marc Paigis marchand demeurant à Louvaines témoins.

    Au fil de ces contrats, vous découvrez la durée de formation de chacun. Mais au fait, quelle est la durée de formation d’un chirurgien ? Elle arrive bientôt, mais vous pouvez émettre ici vos hypothèses, compte-tenu de ce que vous savez déjà des autres métiers.

    Je prépare une petite histoire rarissime dans une succession, qui sent bon la chasse au trésor. Elle arrive bientôt, malheureusement, je ne peux laisser le titre (la fameuse case en haut, et le sous-titre), en forme d’énigme, car les moteurs du WEB n’analysent pas la recherche des trésors et les énigmes, mais bien des termes plus substantiels, donc vous aurez la réponse dans le titre… désolée de cette forme concrète des méthodes du WEB. Mais sincèrement préparez vous à une affaire rocambolesque…

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    Contrat d’apprentissage de serrurier à Candé(49), 1690

    pour Ambrois Desbois, chez François Guilbaud, pendant 4 ans pour 50 livres

    Nous poursuivons l’étude des contrats d’apprentissage. Cette fois, le père est présent au contrat, ce qui signifie soit qu’il a plusieurs fils, et celui-ci serait un cadet, soit qu’il souhaite que son fils apprenne un métier supérieur au sien. Si vous connaissez cette famille merci de compléter ces éléments, qui seraient intéressants à connaître.

    L’acte qui qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, serie 5E, voici la retranscription de l’acte : Le 28 octobre 1690 avant midy, par devant nous François Guilbaud notaire de la baronnie de Candé furent présents en leurs personnes establis et duement soumis sous ladite cour chacun d’honnestes personnes Charles Delabarre Me serrrurier demeurant aux faubourgs Rida paroisse de Saint Aubin d’une part,
    et Ambrois Desbois fils encore mineur d’h. personne Pierre Desbois et Marie Gaigneur à ce présent stipullant et acceptant

    entre lesquels a été ce jourd’huy fait le marché d’apprentissage qui ensuit pour durer le temps et espace de quatre ans qui commenceront à la Toussaint prochaine et finiront à pareil jour par lequel ledit Delabarre a promis et s’est obligé de montrer et enseigner à sa possibilité son métier de serrurier audit Desbois, sans lui receler ains lui montrer fidèlement et à sa conscience pendant ledit temps de 4 ans et le nourrir à sa table, le coucher, laver et reblanchir,

    et aussi audit Desbois de servir continuellement ledit Delabarre audit métier de serrurier et autres exercives honnestes qu’il pourra l’employer, à quoi faire ledit Ambrois Desbois demeure tenu et obligé,

    au surplus est fait le présent marché pour et moyennant la somme de 50 livres tournois payables savoir la moitié, qui est 25 livres, dans Noël prochain et l’autre moitié de Noël prochain en 2 ans, ce qui a été ainsi voulu consenti stipulé et accepté par les parties et à ce tenir et garantir obligent les biens desdits Desnois à prendre vendre, renonçant etc dont etc

    fait et passé audit Candé à notre tablier en présence de Me Antoine Jouin praticien et Gilles Beaumont de présent demeurant à Candé, tesmoins etc, lesquels Ambrois Desbois et ladite Gangeur ont dit ne savoir signer. Signé : Delabarre, Jouin, Desbois, Beaumont, Guilbaud

    Mais au fait, savez vous où on mettait des serrures autrefois ?

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    Rupture de contrat d’apprentissage, 1640, Angers, maréchal en oeuvres blanches

    Au fil des contrats d’apprentissage, nous avons vu les engagements respectifs de l’apprenti et de son maître sur la durée. Voici une rupture, qui ne donne pas le motif, que l’on devigne à mi-mots… Cette rupture s’apparente de nos jours à la rupture volontaire de contrat de travail, dans laquelle, comme dans celle qui suit, on ne sait pas trop bien, qui a prit l’initiative de la rupture, et qui est volontaire.

  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départemenales du Maine-et-Loire, série 5E
  • Voici la retranscription de l’acte : Le 23 janvier1640 Dvt Louis Coueffe Angers,
    Pierre Vincelot maréchal d’œuvres blanches
    et Pierre Poyet son apprentif audit métier, demeurants forsbourg St Michel du Tertre à Angers,
    ont volontairement consenti et par ces présentes consentent que le marché d’apprentissage ci-devant fait entre eux pour raison d’apprentissage dudit Poyet demeure nul sans effet pour le temps qui en reste à expirer sans despens dommages et intérêts, ne restitution des deniers cy-devant reçus par ledit Vincelot, à la charge néanmoins d’icelui Poyet, qui demeure tenu servir ledit Vincelot audit métier 8 jours de travail sans aucun payement fors la nourriture et qu’il ne pourra cy-après travailler audit métier, à quoi il a renoncé et renonce à peine de toutes pertes dépens dommages et intérêts, ce qui a été stipulé et accepté par lesdites parties qui ont déclaré ne savoir signer

    Soit l’apprenti s’est révélé inapte, soit il n’a pas eu envie d’exercer ce métier ?

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    Contrat d’apprentissage de tonnelier à Saint Lambert du Lattay (49), 1723

    pour Jean Vaillant chez Pierre Gaultier

    Nous poursuivons les contrats d’apprentissage.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Voici la retranscription intégrale. Ce contrat est fort mal écrit, et pour le comprendre il faut faire de la phonétique mentalement. Pour vous aider, j’ai parfois mis en italique l’orthographe exacte. : Le 29 may 1723, par devant nous Charles Billault notaire royal Angers résidant à Rablay, furent présents établis et soubmis Pierre Gaultier thonelier (tonnelier) demeurant à la Mulonnière paroisse de Saint Lambert du Lattay,
    Renée Chevallier veufve René Vaillant et Jean Vaillant son fils, demeurant au bourg de Rablay,
    entre lesquelles parties a esté fait le marché d’aprentisage qui suit pour le temps et espasse (espace) de 18 mois qui commanseront (commenceront) le 18 juillet prochain et qui finiront le 10 janvier de l’année 1725,
    c’est à scavoir que ledit Gaultier a promis et par ces présentes promet et s’oblige montrer et enseigner sondit métier de thonelier audit Jean Vaillant sans rien luy en celer scavoir doller à faire les tonneaux de toutes fasons façons le norir (nourrir) coucher et reblanchir et luy donner bon trestement traitement ainsy que les mestres (maîtres) sont tenu de faire à leurs aprantifs à la charge par ledit Jean Vaillent d’obéir audit Gaultier et de faire ce qui luy commandera touchant sondit métier de thonnelier d’aller et venir où il voudra l’envoyer

    et est fait le présent marché d’aprantisage (apprentissage) pour la somme de 50 livres que ladite veufve Vaillent promet et s’oblige payer et bailler audit Gaultier scavoir 25 livres dans le jour et feste de Magdelaine prochaine et les 25 livres restent de la Saint Jean Baptiste prochaine en un an à paine (peine) etc
    ce qui a esté ainsy voulu consenty stipulé et accepté, s’obligeant lesdites parties leurs hoirs etc biens etc renonçant etc dont etc s’oblige ladite veufve Vaillant fournir coppie des présentes audit Gaultier dans un mois prochain, aussy à paine (peine),
    fait et passé audit Rablay en notre étude présents Pierre Chosteau couvreur d’ardoise Louis Beugnon sergent et René Vaillant Vigneron, demeurants audit Rablay, ladite veufve Vaillant et dedit René Vaillant ont déclaré ne scavoir signer

    Planche extraite de l’Encyclopédie de Diderot, article Tonnelier, Outils.

    DOLER, v. act. DOLOIRE, s. f. Doler apartient à tous les Arts, qui travaillent sur le bois. Égaler, aplanir; blanchir et unir le bois. — Doloire est un instrument de tonnelier, qui sert à doler le bois. (Jean-François Féraud, Dictionnaire critique de la langue française, Marseille, Mossy 1787-1788). Le doloire de tonnelier était une sorte de hache dont le manche, très gros, est déporté pour faciliter le travail de l’ouvrier.

    La durée d’apprentissage est de 18 mois, et ce tonnelier travaille au coeur du vignoble Angevin, des côteaux du Layon, donc on peut le considérer comme représentatif de son métier.
    Or, une fois encore (voir Commentaire de la durée d’apprentissage du vinaigrier), j’observe une durée d’apprentissage totalement différente de ce que dit l’Encyclopédie de Diderot : L’apprentissage est de six ans, après lequel l’aspirant doit faire chef-d’oeuvre, pour être admis à la maîtrise. Cette phrase de Diderot semble extraite de Statuts exclusivement Parisiens et le moins qu’on puisse dire c’est qu’une fois encore ils ne représentent pas la France entière… Sans doute à Paris ne travaillait-on que des objets de luxe, pour la Cour ou autre, mais dans tous les cas qui n’avaient strictement rien à voir avec les objets du Français moyen…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.