Voici une trace de la famille du Bois-Joulain, terre située à Angrie. Le dictionnaire du Maine-et-Loire, de Célestin Port, donne cette famille disparue fin 16e siècle, donc probablement avec les deux frères que nous voyons ici. Vous trouverez l’histoire d’Angrie et l’histoire du Bois-Joulain sur page page Angrie.
Les 2 frères du Bois-Joulain, Mathieu et Thibault, vendent en 1575 une métairie située à Vritz, c’est à dire en Bretagne. Ainsi que nous l’avons déjà vu ensemble, la vente doit être passée par un notaire royal, s’agissant d’un bien situé en Bretagne vendu par des Angevins. Ici, le notaire royal est à Angers, ce qui laisse à penser encore une fois qu’en tant qu’Angevins les vendeurs ont opté pour un notaire Angevin, car ils auraient aussi bien pu aller à Nantes.
Les du Bois-Joulain ont manifestement un besoin urgent de liquidités car il s’agit d’une vente assortie d’une condition de remeré, condition que d’autres régions de France donnent comme : à pacte de rachat.
L’acte ne permet pas de dire si cette clause fut suivie du remeré dans les 3 ans, et comme je vous l’ai déjà raconté ici, rien ne permet d’affirmer que le vente fut définitive, car parfois l’acte de remeré est ailleurs, sur un autre acte.
Enfin, la métairie vendue est dénommée la Courblaie, nom de lieu que je n’ai pu identifier, mais je ne suis pas une spécialiste de Vritz d’une part, et les actes du 16e siècle donnent parfois des lieux disparus ou tout au moins renommés ultérieurement.
L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, serie E4212 – Voici ma retranscription de l’acte : Le 1er mai 1575 en notre cour du roy notre syre Angers (Chailland notaire) endroict par devant nous personnellement establiz nobles hommes Mathieu et Thibault du Bois-Joullain syres dudit lieu tant en leurs privés nom que au nom et se faisant fors de damoiselle Marguerite Renard femme et espouse dudit Mathieu à laquelle ils ont promis et promectent faire ratiffier et avoir agréable ces présentes, et à l’entretenement d’icelles la faire valablement obliger avecques les renonciations requises et nécessaires et en fournir et bailler à l’achepteur cy-après nomme lettres de ratiffication et obligation vallables dedans quinze jours prodhainement venant à peine de touttes pertes dommages et intérestz ces présentes demeurant néanlmoings etc demeurant lesdits du Bois-Joullain audit lieu et maison de Boisjoullain paroisse d’Angrie soubzmettantz lesdits establis eulx et chacun d’eulx et en chacun desdits noms et qualités seul et pour le tout sans division renonçant au bénéfice de devision d’ordre et discussion leurs hoirs etc
confessent etc avoir vendu ceddé quicté délaissé et transporté et encore vendent cèddent quictent délaissent et transportent dès maintenant et à toujours mais etc
à honneste homme syre Pierre Drouet marchand demeurant à Candé présent, qui a achepté et achepte pour luy ses hoirs etc le lieu domaine appartenances et dépendances de la Courblaie ainsi qu’il se poursuit et comporte et que les mestaiers l’exploictent et en jouissent sans rien excepter en la paroisse de Veriz en Bretaigne au fief et seigneurie de Vriz et d’icelle tenu aux cens rentes et debvoirs anxiens et accoustumez que lesdites parties ont certifié ne pouvoir déclarer, franches et quites du passé, transportant etc
et est faicte ceste présente vendition cession delais et transport pour le prix et somme de unze cens cinquante livres tournois quelle somme ledit achepteur a présentement sollvé poiée et baillée contant auxdits vendeurs qui l’ont eue prinse et receue en testons reales et autres espèces de monnaie au pois et prix de l’ordonnance du roy en présence et à veue de nous dont etc laquelle somme est provenue des deniers receuz par ledit Drouet desdits du Boisjoullain par le moyen de la transaction et accord ce jourd’huy et auparavant ces présentes faicts entre les parties et receue par nous notaire soubzsigné
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je ne pense pas que les 2 frères soient repartis à Angrie avec cette somme, et je suppose que partie ou totalité de cette somme était pour payer des dettes sur Angers. Angrie est située à une journée de cheval d’Angers, soit ici très précisément 38 km. Angrie touche également Candé, demeure de l’acquéreur, qui a sans doute ses liquidités sur Angers et n’est pas venu à cheval avec à Angers. Nous sommes en fait ici encore devant le rôle de capitale monnétaire de la province.
o grace et faculté donnée par ledit achepteur auxdits vendeurs esdits noms eulx retenue de recouse et remerer lesdites choses dedans d’huy en trois ans prochainement venant en payant par lesdits vendeurs audit achepteur ladite somme de unze cens cinquante livres pour le fort principal avecques les frais mises raisonnables
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voici la condition de remeré. L’acte ne comporte pas en post scriptum le remeré ce qui ne signifie pas qu’il ne fut pas opéré, car il peut être ailleurs, sur une autre minute notariale, ainsi le plus souvent nous devons rester sur notre faim.
à laquelle vendition et tout ce que dessus est dict tenir etc et lesdites choses garantir etc et aux dommages etc obligent etc renonçant etc mesmes au bénéfice de division d’ordre et discussion foy jugement condamnation etc
fait et passé audit Angers ès présence de Me Symon Haran praticien en court laye demeurant audit Angers et Jehan Beron sergent royal tesmoins à ce requis et appellez
et a esté payé par ledit acquéreur par consentement desdits vendeurs aux médiateurs de ces présentes la somme de 4 escuz d’or sol
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soit 12 livres, soit un peu plus de 1 % de commission, et notez qu’ici le terme utilisé est moderne, alors que le plus souvent il est alors dit vin de marché.
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ces signatures sont typiques des familles nobles, contrastant avec les signatures bourgeoises. Elles sont le plus souvent écrites avec ou sans le prénom entier, en caractères plus larges et réguliers, alors qu’un bourgeois signe avec l’initiale de son prénom devant son nom, et ajoute des floritures très variées.
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Comme toujours, c’est un sujet très intéressant avec des explications et des commentaires clairs.
L’acte ne donne pas une description du domaine vendu. Est-ce que le prix de 1100 livres correspond à la valeur d’une métairie de grandeur moyenne en 1575 ?
L’un des témoins était sergent royal. Quel était la fonction d’un sergent royal à cette époque ?
Merci
Réponse d’Odile
Pour le prix d’une métairie, j’avais en cours de préparation une page .HTML sur mon site qui donnerait tout ce que j’ai déjà recensé pour vous donner une échelle de valeurs. Le prix de 1 100 livres est normal, et je précise qu’autrefois on ne connaissait pas les spécultations sur les biens fonciers, auxquelles nous sommes habitués de nos jours, surtout ces derniers temps. Donc, autrefois les prix sont stables.
Pour le sergent royal voyez
http://www.odile-halbert.com/wordpress/?p=3962