Le meunier de Sepveilles prêtait des grains, à rendre en nature, Sainte Colombe (77) 1670

Introduction

Autrefois, la majorité de la population était rurale et son alimentation principalement tirée de son potager, sauf les céréales pour le pain. Dans tous les villages il y avait au moins un four à pain, et des meuniers pas très loin. Et dans tous les inventaires après décès que j’ai déjà faits, on trouve un coffre à pain. Donc on faisait son pain dans la majorité des foyers.

comment s’approvisionner en farine

En l’absence de commerces comme les épiceries du 19ème siècle, que j’ai encore connues vu mes 87 ans, et oublions les grandes surfaces, comment s’approvisionner en farine au 17ème siècle et avant.  Je n’y avais jamais pensé !
Cherchant à comprendre le fonctionnement d’un meunier j’ai étudié un inventaire après décès de meunier, sachant qu’un tel acte est un formidable outil pour comprendre le mode de vie et même des détails sur le fonctionnement d’une profession.
C’est ainsi que je découvre dans l’inventaire après décès de Toussaint Lancelot meunier de Sepveilles à Saint Colombe près Provins, que le meunier achetait les céréales directement aux exploitants agricoles qui les produisaient.
Mais il prêtait des grains à quelques particuliers et même à rendre en nature. Il prêtait au boisseau, mesure très variable selon les régions, serait d’environ 13 livres soit environ 6,5 kg.

en Brie, la farine était surtout de méteil

En fait, le méteil était du froment avec un peu de seigle ou une autre céréale. Le meunier de Sepveilles achète surtout du méteil, selon ce qui figure dans son inventaire après décès. Donc le pain était rarement de froment au 17ème siècle à Sainte-Colombe.

mesures de racle et de main torse

Il existait en Brie des expressions pour mesurer le boisseau : mesure de racle, et mesure de main torse. Je suppose que l’une est sans tasser, l’autre après avoir tasser, mais je n’en suis pas certaine car je n’ai rien trouvé.

les prêts étaient sans doute pour payer la taille

Dans l’inventaire de ce meunier de Sainte Colombe, après une longue liste de prêts, qui suit ci-dessous, je trouve :
« Un petit livre couvert de parchemin sur 14 feuillets duquel sont escripts plusieurs mémoires et entre autres de quelques grains prestés à quelques particuliers de payements faictz à la thaille etc… »
Je suppose donc que tous ces prêts étaient pour payer l’impôt de la taille en nature, et pour la payer on passait par l’aide du meunier qui détenait des grains qu’il avait achetés pour faire sa farine. C’est assez stupéfiant !

inventaire après décès du meunier de Sepveilles, Sainte Colombe (77)

Toussaint Lancelot, meunier de Sepveilles, décède en 1670 et l’inventaire est effectué après son décès par Me Jacques Beschefer notaire à Provins cote AD77-260E29 le 4 juillet 1670. Or, dans les titres et papiers qui sont listés à la fin de ce long inventaire on trouve des prêts de grains, et je ne comprends pas ces prêts :

« Un petit livre de papier sur 9 feuillets duquel sont escripts les prests qui ont esté faits à plusieurs particuliers ainsi qu’il ensuit : 20 mai 1669 ledit deffunct Lancellot avoit presté au nommé Pierre Mignot de Sepveille 6 boisseaux de mestail mesure de Racle qu’il doibt rendre à pareille mesure – Au nommé Nicolas Ribost du Melz la Magdeleine (f°21 vue 676) le 15 dudit mois et an a esté presté 8 boisseaux de mestail à rendre en nature – Le 17 dudit mois a esté presté à Gabriel Goijat de Sepveille 4 boisseaux de mestail à rendre en nature – Le 22 dudit mois a esté presté encore audit Nicolas Ribost dudit Melz la Magdeleine 8 boisseaux mestail – Le 23 dudit mois jour et an a esté presté audit Pierre Mignot 6 boisseaux de mestail – Le mesme jour a esté presté à Pierre Camuset demeurant à (blanc) 8 boisseaux de mestail mesure Main torse à raison de 12 sols le boisseau sur quoy il a fait des voyages et labourages – A esté encore presté 60 sols sur quoy et il a fait des voyages et labourages – Le 30 dudit mois a esté encore presté aidot Nicolas Ribost du Melz la Magdeleine 8 boisseaux mestail – Le mesme jour et an a esté encore presté audit Gabriel Goijat 4 boisseaux de mestail – le 5 juin audit an a esté presté à Pasquier Hatton demeurant à Sepveille 3 boisseaux froment et 3 boisseaux mestail – Le 6 juin a esté presté à Simon Pigot de Sepveille 6 boisseaux de mestail main torse à raison de 12 sols le boisseau – Sur quoy a esté receu 30 sols le 28 – Le 18 juin a esté presté au nommé Charles Baudin de Sepveille 3 boisseaus mestail – Le 10 juin a esté presté à la veufve Gabriel Boucher 5 boisseaux mestail (f°22 vue 677) – Le 11 dudit mois de juin a esté presté audit Nicolas Ribost 8 boisseaux mestail – Ledit 11 juin a esté presté audit Pierre Mignot 6 boisseaux mestail – Le 13 juin a esté  presté audit Gabriel Gorjat 4 boisseaux de mestail – Le 15 juin a esté presté à Henry Larivière de Sepveille 5 boisseaux de mestail – Le 17 dudit mois de juin a esté presté audit Pasquer Hatton 6 boisseaux de grain et 3 de froment et 3 de mestail – Le 18 dudit mois a esté presté à la veufve Gabriel Boucher demeurant au Melz la Magdeleine un boisseau de mestail – Ledit jour 18 juin a esté presté audit Nicolas Ribost 8 boisseaux de mestail y compris 2 boisseaux donnés à son vacher par son ordre et son acquit – Le 20 juin a esté presté à Jean Blondeau de Sepveille 4 boisseaux de mestail – Le 22 dudit mois de juin a esté presté à Maurice Baudin de Sepveille 3 boisseaux de mestail en l’acquit dudit Nicolas Ribost – Le 26 dudit mois de juin a esté presté à Michel Blondeau du Melz 8 boisseaux de grain scavoir 3 de froment et 5 de mestail y compris 3 boisseaux donnés en son acquit à son berger – Le 26 dudit mois de juin mesme jour et an a esté presté 2 boisseaux de mestail au berger du Melz la Magdeleine en l’acquit dudit Nicolas Ribost – Le mesme jour et an a esté presté 6 boisseaux de grain audit Pasquet Hatton scavoir (f°23 vue 678) 3 de froment et 3 de mestail – Le 27 dudit mois a esté presté audit Nicolas Rebost 8 boisseaux de mestail – Le 28 dudit mois de juin a esté presté audit Simon Pigot de Sepveille 4 boisseaux de grain scavoir 2 de froment et 2 de mestail – Le 29 dudit mois a esté presté à ladite veufve Gabriel Boucher du Melz la Magdeleine 2 boisseaux de mestail – Ledit jour 29 juin a esté presté à Nicolas Jeubert du Melz la Magdeleine 4 boisseaux de mestail de main torse à raison de 12 sols chascun boisseau – Le 1er juillet a esté presté à Michel Blandeau 2 boisseaux de mestail pour donner à son vacher – Le 4 juillet a esté presté audit Nicolas Ribison 8 boisseaux scavoir 3 de froment et 5 de mestail – Ledit jour 4 juillet a esté presté ausit Pasquirt Hatton 6 boisseaux de froment – Le mesme jour 4 juillet a esté presté à Jean Jacquenin 2 boisseaux de mestail – Le 8 juillet a esté presté audit Simon Pigot 4 boisseaux de mestail – Le 10 juillet a esté presté audit Michel Blondeau 8 boisseaux de grain scavoir 3 de froment et 5 de mestail – Le 11 juillet a esté encore presté audit Pierre Mignot un boisseau de mestail – Ledit jour 11 juillet a esté encore presté audit Pasquier Hatton 6 boisseaux de grain scavoir 4 de froment et 2 de mestail – (f°24 vue 679) Le 14,dudit mois de juillet a esté encore presté audit Nicolas Rebost 8 boisseaux de grain dont 3 de froment et 5 de mestail – Le 19 dudit mois a esté presté à ladit veufe Gabriel Boucher un boisseau de mestail – Le 22 dudit mois a esté presté audit Jean Blondeau 4 boisseaux de grain scavoir 2 de froment et 2 de mestail – Le 29 dudit mois a esté presté à Croisette femme demeurant au Melz un boisseau de mestail – A Charles Chappottot de Sepveille un boisseau de mestail main torse franc moulu de 12 sols – Le 30 juillet a esté presté à la veufve Billot du Melz un boisseau de mestail mai, torse franc moulu de 12 sols – Le 12 aoust a esté presté à la veufve Perné 6 boisseaux de bled froment et un de mestail – Le 23 avril 1670 a esté encore presté audit Gabriel Gorjat 4 boisseau de mestail – Au nommé Perné de Sepveille un boisseau de mestail à raison de 12 sols – Le 2 mai a esté presté à Potantien Blanot de Sepveille 4 boisseaux de mestail à 12 sols chascun – Le 9 mai a esté presté à Jacques Jorré de Sepveille 5 boisseaux de mestail – Le 17 mai encore audit Jorré 6 boisseaux de mestail – Le 19 mai a esté presté audit Potentien Blanot 4 boisseaux de mestail à (f°25 vue 680) 13 sols le boisseau franc moulu main torse – Audit Jean Blondeau 2 boisseaux de mestail à raison de 12 sols le boisseau – Le 21 juin a eté presté audit Patientien Blanot 4 boisseaux (f°25 vue 680) de mestail à raison de 13 sols le boisseau – Le 26 juin a esté presté à la veufve Jacques Fromont 2 boisseaux de mestail – Le 30 juin a esté presté à Louys Guerin demeurant à Sepveille 4 boisseaux de mestail à raison de 12 sols chaque boisseau main torse franc moulu – Livré audit Louys Guerin un demy boisseau de froment – Livré encore audit Louys Guerin 6 boisseaux de mestail franc moulu scavoir deux à raison de 13 sols le boisseau et 4 à 12 sols – Le 5 juillet 1670 a esté encore presté audit Patientien Blanot 4 boisseax de mestail à main torse franc moulu à raison de 13 sols le boisseau – Le 9 dudit mois a esté presté à Julien Pastre de Hault de Contour 6 boisseaux de mestail comble – Le 10 juillet a esté encore presté audit Louys Guerin 4 boisseaux de mestail mesure comble »

Ledit livre de papier cy-dessus inventorié a esté paraphé ..

 

 

Inventaire des meubles d’Antoinette Michal veuve d’André Graillet, 16 rue des Bordes Provins, 1663

Introduction

Les inventaires après décès sont rares dans les fonds des notaires de Provins, et les partages encore plus rares. Les inventaires après décès n’étaient pas des actes obligatoirement conservés, donc en voici un conservé par Beschefer cote 260E29 années 1661-1676

les Graillet à Provins

Peu étudiés, ils sont cependant des ascendants de Jules Verne, et je bloque à Jacqueline Graillet l’épouse de Charles Thomé en 1642 qui est mal prénommée sur son mariage dans le registre paroissial qui la dénomme « Françoise » et non Jacqueline, mais son contrat de mariage l’a dit bien Jacqueline fille d’André. Mais André vivait à Saint Ayoul, dont j’ai retranscrit 1607-1625 mais ensuite plus aucun acte avant 1647, et malgré le nombre d’enfants que je lui ai retrouvés, je ne vois aucune Jacqueline à ce jour.

Jacqueline ne peut pas être la fille du second mariage

L’inventaire des meubles d’Antoinette Michel an décembre 1663 est fait en présence de ses 3 filles, mais aucune Jacqueline n’est là, et les 3 autres sont bien connues par leurs mariages. Donc il n’est pas possible que Jacqueline soit issue du 2ème mariage d’André en 1624.

Inventaire des meubles d’Antoinette Michal

Elle est décédée 16 rue des Bordes à Provins, et manifestement la maison avait peu de pièces, ou bien elle était partagée avec d’autres.

1663.12.18 vue 218 – Inventaire fait par maistre Jacques Beschefer (cote AD77-2602E29) notaire et tabellion royal en la ville et baillage de Provins soubzsigné à la requeste poursuitte et dilligence de Me Charles Vaultau advocat en parlement exécuteur du testament et ordonnance de dernière volonté de feue honneste dame Anthoinette Michal veufve de feu Me André Graillet vivant bourgeois de Provins receu par le juré soubzsigné de tous et chascuns les biens meubles habits linges ustancilles d’hostel tiltres papiers et enseignements demeurés après le décès et trespas de ladite deffunte dame Graillet trouvés en la maison où elle est décédée 16 rue des Bordes, la prisée desquels biens meubles a esté faite par honnorable homme Louys Mirnault le jeune sergent royal priseur et vendeur de biens audit Provins en la présence et du consentement de dame Anthoinette Graillet veufve de feu honorable homme Jean Geoffray vivant bourgeois de Provins et d’Elisabeth et Marye Graillet enfants mineurs de ladite deffunte, qui a iceux prisés et estimés en sa conscience et esgard au court du temps et à la valleur d’iceux mardy 18 décembre 1663

Mon tableau donne les livres dans la 2ème colonne, puis les sols dans la 3ème colonne.

En la chambre ou (f°2) est décédé ladite déffunte s’est trouvé une cramaillère avec son cramaillon, une paire de chenets d’un pied et demy de haulteur l’un d’iceux ayant (f°2) 2 pommes de cuivre et l’autre une, 2 petits chenetons, une paire de pincette 40
Une table de noyer montée sur son chassis tirante par les 2 bouts ayant 7 colonnes avec un vieil tapis de serge roze fort usé garny de vieil passement 4
Une vieille couche de noyer à haults pilliers garnie de son enfoncement de planche et verge de fer et une vieille paillasse de thoille rapiécée 40
Un ciel de serge roze cerise contenant 3 pants 3 rideaux et une bonne grace garnye de frange et passement de layne de pareille couleur le tout fort usé, avec un petit tapis de bufle 100
Un lit et traversin de plume garnys de chascun 2 clos de coutul fort usés 18
Une vielle couverture de catalogne roze cerise 60
(f°3) 3 chairs à bras (>fauteuil) de diverses grandeurs l’une garnye de serge verte et les autres non garnies avec une haute chaise aisée … une autre vielle chaise couppée proche le serge le tout de bois de noyer 25
ce que … de tapisserie .. et de coquille aussy de nois de noyer 16
Une chaire enpaille, 4 placetes, 4 escabeaux de jonc 45
Un buffet à 4 colonnes fermant à 2 guichets et 3 tiroirs le tout de noyer Dans lequel s’est trouvé quelques papiers cy-après inventoriés (mais pas retranscrits dans l’acte conservé) 4
Un bahut couvert de cuir noir garny de clous fermant à 2 fermoirs ensemble son sous bassement de noyer Dans lequel ne s’est trouvé aucune chose 4
Un bahut aussi couvert de cuir vert (f°4) d’une longueur de 3 pieds ou environ, fermant à deux fermoirs aussy garni de son sousbassement de merisier 60
Dans lequel s’est trouvé 4 draps de thoille de chanvre, 3 contenant chacun 7 aulnes et l’autre un drap de couchette 7 15
2 draps de thoille de lin blanchi contenant chacun … revenant chacun douze petits aulnes 10
Une petite …e jong couppé 4
12 serviettes …  de thoille de chanvre 60
3 pezons ? de fil de chanvre 4 10
3 napperons de thoille 24
3 nappes blanchies contenant chacune 2 aulnes l’une desquelles est ouvrée 30
3 chemises de thoille à usage de ladite deffunte de peu de valeur
Un petit lit et traversin de couchette avec chacun une thore de thoille 5
Un autre petit lit et traversin 5
2 cottes de camelot et une autre cotte de serge noire, ensemble un vieil corps de serge noir 70
Ont déclaré qu’il y a chez le nommé Brunnais une couche de noyer bancelière garnier de son (f°5) enfourau 30
Une petite table à mettre près le lit tirante par les deux cotés 15
Une bassinoire d’airain garnie de sa queue de fer 40
Une chaudière d’airain tenant environ un seau et sa pelle de fer 35
Une méchante chaudière et un moyen chauderon et un petit le tout d’airain avec 2 poellons aussi d’airain 40
Une platine[1] d’airain garnie de ses pieds de fer l’un d’iceux rompu 40
Un chandelier de cuivre avec une cuillère à … une autre cuillière à faire de la bouillie, un petit escumoir 20
(f°6) Un gril de fer à 7 broches, une petite lechefrite, un moyen hitte ? et un petit à tourner roue le tout de fer 25
2 flambeaux d’estain avec 2 plats de pareil estain – Item la quantité de (blanc) livres d’estain en plusieurs ustencilles tant en pots, pintes, choppintes, pot à boire, plats et escuelles et azutres ustenciles
Item une petite maie[2] de chesne de longueur de 3 pieds environ 30
Un petit miroir avec son caduc couvert de baigne de 2 pieds carré 6
(f°7 vue 225) une vieille pouaisle 5
Transporté dans le grenier faisant le comble de ladite maison : 4 boisseaux de bled froment 5
16 boisseaux de mestail prisés chacun 8 sols 6 8
Lesquels meubles cy-dessus ont esté délaissés à la garde de dames Anthoinette Elisabeth et Marie les Graillet (qui signent)

 

 

[1] platine : grand rond de cuivre jaune, ou de terre, un peu convexe, monté sur des pieds courts, dont on se sert pour sécher et repasser du linge et les cols

[2] caisse ou huche

 

 

 

 

 

 

Calice et vêtements liturgiques de Jean Coffery prêtre en l’église Saint Ayoul, Provins 1617

Introduction

Jean Coffery est décédé laissant pour unique héritière sa soeur, qui fait ici donation à l’église Saint Ayoul de ce qui appartenait à son frère pour célébrer la messe : calice et vêtements. Je découvre ainsi qu’autrefois un prêtre avait en propre son équipement liturgique, alors que de nos jours ils sont propriété de l’église. Il existe sur Internet mention d’une thèse

Selon son auteur, les sources sur les vêtements liturgiques de l’époque sont très nombreuses.

Don du calice et des vêtements à l’église St Ayoul

Le patronyme Cofferoy, Coffery, Coffenay semble assez difficile à identifier et suivre car écrit de plusieurs façons. Mais, il est certain que la branche de Jean Coffery prêtre est sans descendance porteuse du nom puisqu’il n’a qu’une soeur.

AD77-260E215 Babée notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

Ayoul Ythier en procès avec son gendre pour non partage des biens de sa défunte femme, Provins 1595

Introduction

Autrefois on vivait moins longtemps, aussi les successions des parents étaient déjà réglées avant le mariage des enfants. Mais, parfois on vivait plus longtemps. Ainsi, Ayoul Ythier, veuf, est mis en procès par son gendre pour ne pas avoir partagé les biens d’Agnès Jeubert sa défunte femme.

Transaction entre Ayoul Ythier et son gendre

Les transactions sont fréquentes, et ce sont des actes de plusieurs pages puisqu’ils énoncent tous les points de la transaction. Je vous mets la première page d’un acte de 5 pages, juste pour vous montrer qu’un gendre pouvait se plaindre de son beau-père… en justice, même chez les bourgeois.

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation – vous pouvez zoomer ou enregistrer la vue pour la lire plus grande

1595.01.07 vue 46 – furent présents en leurs personnes honorables hommes Ayoul Ythier marchand demeurant à Provins d’une part, et Estienne Genais tanneur demeurant audit lieu à cause d’Adrienne Ythier sa femme fille dudit Ayoul d’autre, disans lesdites parties qu’ils estoient en procès soit par devant monsieur le prévost de Provins sur ce que ledit Genais et sa femme demandaient partages des biens immeubles rentes et revenus demeurés du décès de deffunte Agnès Jeubert mère de ladite Adrienne et femme en premières nopces dudit Ythier …

Gabrielle Marquant et Simon Lecourt ont laissé une rente à payer à leurs descendants, Provins 1597

Introduction

On hérite toujours comme autrefois des dettes actives et passives, et aujourd’hui on peut toujours renoncer à une succession déficitaire pour éviter les dettes. Au 16ème siècle à Provins, les rentes perpétuelles étaient dans les successions et les héritiers oubliaient parfois de les payer… Et les actes des notaires donnent beaucoup de filiations de ces héritiers mauvais payeurs. Je vous mets ce jour un exemple de ces rentes impayées par les héritiers pour vous convaincre de la richesse filiative des fonds des notaires, car de tels actes fourmillent.

Gabrielle Marquant

L’acte donne une partie de ces héritiers pour n’avoir pas payé une rente annuelle perpétuelle qu’elle a laissé. Elle avait épouse Simon Lecourt.

AD77-1057E422 Jacques Delanoe notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1597.03.21 vue 166 – honorable homme Denis Lefendeur sergent royal à Provins tant en son nom que comme tuteur des enfants de luy et defunte Charlotte Dubuisson jadis sa femme et encors soy faisant fort de Nicolas Moreau et Jehanne Dubuisson sa femme à cause d’elle tant en son nom que comme héritière de Jacques Hiart fils de Jacques et deffunte Nicole Dubuisson héritiers de deffunt Edmé Dubuisson vivant marchant demeurant à Provins d’une part, et  Pierre Rayer paulmier demeurant audit Provins à cause de Symone Leblanc sa femme fille de deffunte Catherine Prive héritière en partie de deffunte Marguerite Marquant vivante femme de Symon Lecourt fils de Nicolas aussi marchant demeurant audit Provins d’autre, lesquelles parties de leurs bons grés sans force pour obvier aux frais qu’il conviendrait faire en exécution des sentences obtenues tant au siège de la prévosté que baillage de Provins par lesdits Lefendeur et Moreau esdits noms touchant le payement des arrérags de la moitié de 13 septiers de bled froment de rente constituée par defunt François Lombart et sa femme au proffit dudit deffunt Edmé Dubuisson à prendre sur certains héritages assis à Sainct Bouy et es environs acquis par ledit Lecourt depuis la création de ladite rente et constant le mariage de luy et de ladite Marquant comme aussi pour la continuation de ladite rente à l’advenir, desquels arrérages comme aussi du sort principal de ladite rente s’est trouvé ledit Rayer à cause de sadite femme estre tenu et redevable comme héritier de ladite deffunte Marquant son ayeule d’une quatriesme partie les quatre parts faisant le tout pour laquelle quatriesme partie tant dudit sort principal de ladite rente à la raison de … comme aussi pour les arrérages escheus et autres qu’ils peuvent debvoir des despends desdits procès en leur regard et jusques à ce jour (f°2) ils ont ensemblement composé et accordé à la somme de 32 escuz 15 sols tz que ledit Rayer en a promis et promet et sera tenu payer audit Lefendeur esdits noms …

Georges Briasson, vigneron à Chalautre la Grande, possédait 10 hectares, 1563

Introduction

Ce blog vous donne 7 000 articles et j’ai été il y a 40 ans déjà, une pionnière dans le dépouillement des actes notariés à des fins de recherches généalogiques, car je voulais comprendre les modes de vie de nos ascendants. Ce jour je vous mets le plus extraordinaire des actes, grâce auquel je viens enfin de comprendre la fable de La Fontaine « Un riche laboureur ».

mes connaissances avant mes recherches

Bac début des années 50 au Lycée Guist’hau à Nantes, puis j’ai acheté beaucoup de livres d’histoires, dont pour un aperçu sur les paysans d’autrefois :
ANTOINE Annie Fiefs et villages du Bas-Maine au 18e Floch 1994
AUDISIO Gabriel Les Français d’hier : des Paysans XV-XIXèmes siècles Armand Colin 1998
BENDJEBBAR André La Vie quotidienne en Anjou au XVIIIe siècle Hachette 1983
BOURQUIN Laurent La France au XVIème siècle (1483-1610) Belin 2007
DLOUSSKY Jocelyne Vive la Toile, économie et société à Laval au 18e Floch 1990
DRÉVILLON Hervé Histoire culturelle de l’ancien régime XVIe Sedes 1997
GUTTON Jean-Pierre Sociabilité villageoise France d’Ancien Régime Pluriel 1979
JOUANNA Arlette La France du XVIe siècle 1483-1598 PUF 1996
LE MENÉ Michel Les Campagnes angevines à la fin du moyen-âge CID 1982
LEBRUN François Les Hommes & la mort en Anjou au XVIIe & XV Flammarion 1975
Mais malgré toutes ces lectures, je ne comprenais toujours pas ce que racontait La Fontaine « Un riche laboureur »

 Depuis 9 mois, je découvre les recherches sur PROVINS

Et je découvre sur Provins et sa région beaucoup d’actes notariés concernant des achats de terres par des laboureurs et vignerons. Puis, depuis 3 semaines, je découvre des signatures, et même de splendides signatures, de laboureurs et/ou vignerons. Je réalise combien ces exploitants agricoles étaient différents de ceux que j’avais toujours rencontré à Nantes, Angers, ou en Normandie, où mes ascendants laboureurs ne savent surtout pas signer et ne possédaient rien.

un paysan n’était pas le même partout en France

En Anjou et dans le pays Nantais, durant des années, je n’ai rencontré que des exploitants agricoles qui ne possédaient pas la terre qu’ils exploitaient mais la prenait à bail. S’ils possédaient parfois une petite parcelle c’était uniquement leurs économies pour le jour où leurs enfants seront à doter etc… en quelque sorte leur livret A (excusez ma comparaison). Ce qui signifie au passage qu’en Anjou et dans le pays Nantais, la terre faisait vivre aussi les marchands fermiers, qui étaient les intermédiaires entre les exploitants directs et les propriétaires fonciers. Et j’ajoute que les fermiers, ces intermédiaires, s’enrichissaient, et même considérablement, donc la terre faisait vivre 3 niveaux : l’exploitant, le marchand fermier intermédiaire, le propriétaire.

merveilleux acte qui donne la fortune d’un vigneron

C’est une merveilleuse découverte que je viens de faire. Commençant depuis une semaine le dépouillement du fonds de Ponthus Baisela notaire à Provins, cote 476 années 1562-1563, je découvre un acte qui donne en détail tous les biens fonciers d’un vigneron du Provinois. L’acte est un bail à années des biens de Nicole Briasson, mineure, sous tutelle. Le tuteur doit énumérer toutes les parcelles de vigne et la maison, et j’ai pu comptabiliser au mieux la surface approximative de tous ces biens. Sachant que les mesures de surface étaient variables et peu précises, d’ailleurs les actes disent toujours « environ » après chaque chiffre, je trouve 10 hectares, soit la taille d’une closerie angevine, sachant que les métairies angevines faisaient le double. J’ai pris pour mon calcul ce que j’ai trouvé :
Arpent : mesure de surface très variable, qui peut aller de 15 à 82 ares selon la région. En Seine-et-Marne à Congis-sur-Therouanne il mesure 35,45 ares soit 3 545 m2 (Dictionnaire du Monde Rural, M. Lachiver, 1997)
Quartier : c’est le quart de l’arpent
La perche (carrée) d’arpent valait 22 pieds de côté (= 484 pieds carrés), soit environ 51,1 mètres carrés.

Certes, les parcelles énumérées sont dispersées sur le territoire de la paroisse de Chalautre la Grande, et ne sont pas comme les closeries d’Anjou un territoire regroupé, mais tout de même c’est une surface totale qui faisait probablement vivre plus aisément qu’en Anjou.

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1563.03.15 n.s. (1562) vue 256 – fut présent en sa personne Jacques ? Simonin laboureur et vigneron demeurant à Pijolly paroisse de Challautre la Grande comme tuteur et curateur de Nicole fille mineure de deffunt Georges Briasson en son vivant vigneron demeurant à Chalautre la Grande et Denise Landin sa femme lequel de son bon gré sans force a recognu et confessé avoir baillé et délaissé à René ? Demoison et Nicolas Crespin chausseurs demeurant à Provins présents et acceptant c’est à savoir 18 perches de vigne (18×51,1 = 919,8 m2) sises au lieudit la Croix de Pierre tenant d’un costé à Sanson Glorie d’aultre à la veufve Grassault d’un bout sur la rue ; Item 17 perches de vigne (868,7 m2 ∑ 1 788,5 m2) sises au lieudit les Parens tenant d’une part et d’aultre à Marion fille de Pierre Marchant d’un bout sur Lupien Poupelet ; Item une maison contenant 2 chartz sise audit Chalaustre court et jardin le tout contenant 2 quartiers ou environ (1 772,5 m2 ∑ 3 561 m2) tenant d’un costé à George Petillon d’un bout sur la rue d’autre bout sur les fossés dudit Chalaustre ; Item une pièce de vigne sise au lieudit Girou contenant 15 perches (766,5 m2 ∑ 4 327,5 m2) tenant d’une part et d’aultre à la veufve Tingnont d’un bout sur Jehan Papon et d’aultre bout sur Felizot Fleury ; Item 8 perches de vigne (408,8 m2 ∑ 4 736,3 m2) sises au lieu cy dixsols ? tenant d’un costé à Pierre Marchant boucher d’aultre à ladite veufve Jehan Tinguant d’un bout sur les héritiers Simon Blacset ; Item 2 aultres pièces de vigne contenant 7 perches (357,7 m2 ∑ 5 094 m2) sises au lieudit les Cosces tenant d’un costé à l’église St Nicolas d’aultre à Clement Billaut d’un bout sur ladite église d’aultre sur George Lemau ; Item 10 perches de vigne (511 m2 ∑ 5 605 m2) sises au lieu de Gillebon tenant d’un costé à Guillaume Tinguant d’aultre à Jehan Garnon d’un bout sur la rue de la Malle Pierre d’aultre sur ledit Tingnant ; Item demy quartier de vigne (443,1 m2 ∑ 6 048,1 m2) assis au lieudit le Bois Girard tenant d’un costé à Jehan Petillon d’aultre à Jehan Saulnier d’un bout sur les terres labourables ; Item 2 quartiers (1 772,5 m2 ∑ 7 820,3 m2) assis au lieudit la Coste Saint Martin tenant d’un costé à Georges Daudelot d’aultre aulx hoirs Edmé Droyn d’un bout sur plusieurs ; Item une aultre pièce de vigne assise au lieudit Champlefroy contenant 15 perches (766,5 m2 ∑ 8 585,8) tenant d’un costé à Jehan Joubert d’aultre à Fery Glorie d’un bout sur ledit Guillaume Lemau d’aultre à Claude Simonyn ; Item une aultre pièce de vigne assise au lieudit Farineau contenant 7 perches (357,7 m2 ∑ 8 944,5 m2) tenant d’un costé à Jacquin Dubois d’altre à Claude Huet d’un bout sur la petite rue, d’aultre sur le finage de la Chapelle St Nicolas ; Item ung quartier de pré (886,2 m2 ∑ 9 830,7 m2) assis es maraines tenant d’un costé à Jehan Leglas ? d’aultre à Pierre Simonin d’un bout sur les hoirs du seigneur de la Sansfotte, pour en jouyr par ledit preneur du premier jour de febvrier dernier passé jusques à 9 ans 9 desponières et payement finis et accomplis moyennant la somme de 4 livres 12 sols 6 deniers tz de moison par chascun an le jour sainct Martin Diver premier terme de payement commençant au jour saint Martin Diver prochainement venant et ainsi en continuant par chascun an audit jour jusques en fin desdites années, laquelle somme de 4 livres 12 sols 6 deniers tz ledit Crespin sera tenu payer par chascun an durant ledit temps à Simon Goyot marchant demeurant à Provins pour et en l’acquit de ladite mineure de trois septiers de blé froment de rente constituée par ledit deffunct George Briasson avec ledit Goyot et d’icelle en prendre quittance au nom dudit bailleur par chascun an, lesquelles ledit preneur sera tenu bailler et délivrer en fin dudit temps audit bailleur, aussi sera tenu iceluy preneur de faire façonner lesdites vignes bien et duement et en fin dudit temps les rendre (f°2) en bon et suffisant estat …