, suite du billet d’hier.
Avec exercice de paléographie.
Parfois, le père, reconnaissait l’enfant dans son testament, mettant sans doute sa conscience en paix avant de paraître devant Dieu. Parfois, l’enfant est reconnu lors du mariage, même, s’il avait été déposé à sa naissance sans mention du nom de la mère. Nous possédons un acte notarié de cette nature, dont le nom restera du domaine de la vie privée…
Le mariage aussi pouvait être décrété illégitime en cas de consanguinité découverte après coup, probablement par dénonciation…, entraînant les enfants issus de ce mariage dans l’illégitimité. Cette règle fut organisée au 4e siècle.
Elle a été étudiée par Jack Goody dans son ouvrage l’évolution de la famille et du mariage en Europe, Armand Colin, 1985, préface de Georges Duby. Voici le résumé :
Stimulés par les ethnologues et les démographes, les historiens depuis vingt ans se sont mis à scruter l’histoire des réalités familiales en Europe. Jack Goody refuse les idées reçues. Guidé par son expérience d’anthropologue acquise en Afrique, il entreprend d’interroger sur la longue durée les modèles de parenté, soucieux notamment d’expliquer les différences qui ont clivé le bassin méditerranéen au IV » » siècle. Il souligne ainsi le rôle déterminant joué par l’Église dans l’Occident médiéval.
Secte minoritaire, elle devient alors une organisation dont les intérêts exigent qu’elle constitue et défende un patrimoine elle va ainsi construire un système de règles où sont proscrites des pratiques telles que l’adoption, le divorce, le concubinage, les unions entre proches. Prenant en main les institutions du mariage, des donations et de l’héritage, elle favorise la mobilité de la terre, son aliénation, donc sa dévolution éventuelle à l’Église, et l’accumulation du capital entre ses mains. Le mariage sur consentement mutuel, la liberté de tester, les préceptes de la morale conjugale qu’elle impose assurent son pouvoir spirituel mais aussi temporel, celui du plus grand seigneur foncier.
Traduit d’un ouvrage tout récent, cet essai « remarquable et dérangeant « , selon Georges Duby, fournira aux historiens et aux anthropologues un cadre rigoureux de réflexion et il séduira par l’originalité de ses perspectives le public des non spécialistes désireux de mieux connaître l’évolution de nos structures familiales.
Jack Goody, ancien directeur du département d’anthropologie de l’université de Cambridge et récemment chargé d’enseignement à l’École des hautes études en sciences sociales, est mondialement connu pour ses recherches africanistes et son effort pour concevoir les modèles familiaux dans leur complexité et leur universalité.
Cet arbre de consanguinité, dressé au 11e siècle, est l’une des multiples représentations de la consanguinité à l’époque.
L’actualité veut qu’un Colloque international ait lieu les 24-26 janvier 2008 à l’ENSSIB École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques Écritures : sur les traces de Jack Goody autre aspect de son œuvre.
Ainsi, la préservation du patrimoine a fixé des règles. C’est ce que je viens de redécouvrir en préparant ce billet et surtout à la lumière d’un acte notarié que j’ai récemment lu et qui m’a refait voir les dispenses de consanguinité aussi sous cet angle, ce qui m’avait jusqu’à présent totalement échappé. Le voici :
Pour progresser en paléographie, retranscrivez vous-même ce passage. Vous avez un zoom de cette vue pour mieux la retranscrire.
Le 6 mai 1573, Julienne Bonvoisin, veuve de †Jean Colin juge magistrat à Angers, fille de Jehan Bonvoisin Sr de la Riveraye et de Jacquette Leconte, fait une demande à monsieur l’official, expéditeur des demandes de consanguinité, afin d’obtenir une dipsense de consanguinité du 3° au 4°degré avec Jehan Bonneau, en vue de mariage.
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« desdites parties tel ne se pourra condamner le
mariage qu’il y a entre ledit Bonneau et
Julienne Bonvoisin et quant auxdits constituants
ils ont voulu et consenty, veulent et consentent
ledit mariage et que les enfants qui
proviendront du mariage soyent déclarés
légitimes et habiles à succéder et desrogeant
comme dès lors et dès lors comme dès à présent tiennent
lesdits enfants qui proviendront dudit mariage légitimes
et habiles à succéder tout ainsi que si lesdits
Bonneau et Julienne Bonvoisin ne se touschayent
d’aucune consanguinité et à l’entrement de tout »
Cet acte qui vient de me faire prendre conscience de l’importance autrefois de la transmission du patrimoine. Je n’avais pas vu la consanguinité sous cet angle jusqu’à présent. Demain nous voyons la succession des bâtards, puis nous verrons le premier acte notarié rencontré au cours d’une vie. A votre avis, quel acte rencontrait-on d’abord au cours de sa vie ? Et avez-vous le temps ce WE de répondre à mon jeu paléographie d’hier.
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.
Report des commentaires parus dans mon ancien blog :
Marie-Laure, le 19 janvier : la consanguinité « accidentelle » est un problème de nos jours en GB à cause des donneurs de sperme,(les cliniques pour « IVF » : exemple d’un docteur qui avait produit plus de 100 bébés à lui) … Cas très récent aussi de 2 jumeaux ( homme et femme ,autant le préciser, » les unions civiles » autorisant le mariage entre personnes du même sexe…) qui ont découvert après mariage qu’ils étaient frère et soeur ,adoptés par deux familles diffèrentes…La science et ses tests pour vérifier l’ADN des individus devraient aider à éviter ses catastrophes potentielles…
La paléographie m’intéresse beaucoup mais hélas je suis nulle…!
Stanislas, le 19 janvier : dans les romans anglais (Paul Harding = Paul Doherty ), les prêtres du MoyenAge tiennent des « livres de généalogie » pour empêcher les mariages consanguins, Marie-Laure en a-t-elle entendu parler ?
Marie-Laure, le 19 janvier : Non, je n’en ai pas entendu parler je vais rechercher cela, toujours avide de connaissances nouvelles …Le Moyen Age Anglais n’étant pas mon fort, mais plus en arrière dans le temps : le Mythe d’ Arthur j’adore!…
Marie, le 19 janvier : Premier acte notarié, rencontré au cours d’une vie ? Peut-être, la déclaration de grossesse, faite devant notaire ? (voir ,votre « Histoire de Chazé- sur Argos au 10 08 1730 » ? (Des vies à la Maupassant !)
Marie-Laure, le 23 janvier : en réponse à Stanislas =oui, ces livres de généalogies existaient : » Blood Registers »(blood = sang /parenté),souvent rédigés à même les dernières pages du Missel/livre d’heures.L’autre méthode pour éviter la consanguinité étant la mémoire des autres paroissiens ! » (Je cite Mr Paul Doherty lui même…)