Vin nouveau d’Espagne à Laval, en provenance de Malaga, 1632

En tant que Nantaise, j’ai été bercée dans le commerce du port autrefois, et rien de me surprend, quoi que parfois, je suis totalement dépourvue de connaissances sur le trafic à l’intérieur du royaume de France.
Certes, je sais qu’à Vitré et Laval on entretenait des liens commerciaux étroits avec l’Espagne, où la toile de Laval partait !
J’ignorais qu’à Laval on ne se contentait pas d’apprécier le vin d’Anjou, remontant par bateau, car voici le vin d’Espagne, et à quel prix !!!
Bigre, les Lavalois étaient de fins gourmets ! enfin, certains… sans doute les mêmes qui exportaient les toiles.
C’est un négociant d’Angers qui va fournir la commande, pour un montnt de 2 700 livres, ce qui est une somme importante, pour du vin ! Pour le prix on pourrait avoir une grosse métairie ! Je suppose que si c’est un commerçant d’Angers c’est qu’il a l’habitude d’acheter sur Nantes et faire acheminer ses marchandises sur Loire puis sur Maine. Cela suppose tout un réseau et toute une organisation… car le prix s’entend franco au port de Laval.

    237,8 x 20 = 4 756 litres à 2 700 livres soit 0,57 livre le litre

Vendu au détail, cela devait revenir cher le verre !

L’acte qui suit est extrait des Archives de la Mayenne, série 3E2/740 – Voici la retranscription de l’acte : Le 18 décembre 1632 après midy devant nous Jean Manceau notaire de la cour de Laval y demeurant ont été présents et personnellement etablis chacun de Martin Crosnier sieur de la Presenstière demeurant en la ville de Vitré paroisse de St Martin d’une part,
et Gabriel Sollybelle marchand demeurant en la ville d’Angers, lesquels pour l’éxécution des présentes ont prorogé de juridiction et a ladite Sollybelle éleu domicile en la maison de Denis Crosnier en ceste ville et ledit Martin Crosnier en la maison de Jean Crosnier son frère en ceste ville d’autre part,

lesquels soubzmis etc confessent avoir fait entre eulx ce qui ensuit c’est à scavoir que ledit Martin Crosnier a promis et s’est obligé de rendre et livrer d’huy en ung moys prochain sur le port St Jullien de ceste ville le nombre de vingt buttes (sans doute les busses) de vin nouveau d’Espagne creu de Malgue (sans doute Malaga) bon loyal et marchand et de la cuvée ? dudit Malgue à la charge de payer par ledit Sollibelle en ladite maison en ceste ville de Laval par chacune busse la somme de six vingts quinze livres tz revenant 20 busses à la somme de 2 700 livres tz au payement de laquelle somme demeure ledit Sollibelle oblige mesme par lors de ladite livraison à peine de tous despens dommages et intérests dont lesdites parties sont demeurées d’accord et à leur requeste et de leur consentement les avons jugé etc
fait et passé audit Laval ès présence de Me Guillaume Baunaye advocat au siège et Hélye Caillon sur du Pré demeurant audit Laval

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Carte postale : épicerie, chapellerie d’antan

Née en 1938, j’ai connu les commerces de détail comme l’épicerie, etc… Les personnes âgées pouvaient faire leurs courses.

Aujourd’hui, lorsqu’elles ont atteint la grande surface, poussé le chariot, elles doivent tout poser sur le tapis, puis tout réemballer. Facile à dire quand les épaules ne remuent plus !

Même la caisse prioritaire leur est interdite, elle est réservée aux personnes ayant une station debout pénible, ou pas de station debout ! Les forums sur ce sujet sont édifiants d’incivilité ! anti-vieux ! Je viens d’en parcourir un grand nombre et j’ai attrapé la nausée …

commerces disparus
commerces disparus

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Marchande publique à Bouchamps (53), 1676

Nous avons déjà rencontré une marchande publique, en voici une autre, assez rouée pour tenir tête à son curé et surtout ne pas le rembourser. Bref, une paroissienne hors du commun.

Il y a 58 km de Bouchamps à Angers, et souvenez-vous qu’un cheval fait 40 km par jour. Je me pose donc toujours la question de la durée du périple, et s’il fallait passer la nuit à Angers. Je pense que dans ce cas, c’était quasi automatique, car le notaire autrefois prenait son temps, d’ailleurs ici, il vient en médiation, donc doit prendre le temps de comprendre les éléments de la situation.
Se pose alors la question de savoir si Mr le curé a fait le voyage avec sa paroissienne récalcitrante, en voiture à cheval, car je vois mal comment cette femme aurait fait autrement, seule à cheval.
Lorsque vous aurez lu cette transaction, vous comprendrez sans doute qu’ils ne se sont pas dit grand mot dans la voiture à cheval !
et bien entendu on changeait de cheval en route et on reprenait les chevaux le lendemain au même endroit.

L’acte notarié qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E4

Voici la retranscription exacte de l’acte : Le 18 mars 1625, devant nous Pierre Bory notaire royal Angers, fut présente en sa personne establie et soubmise Jeanne Cranier, marchande publique hostesse et vendant vin, veuve René Bruneau demeurant au bourg et paroisse de Bouchamps près Craon, (le notaire fait une différence entre hôtesse et vendant vin, puisqu’il note les deux termes. Cela signifie qu’elle tient aussi cabaret avec vin au détail. Je dirais qu’elle tient une auberge-cabaret)
laquelle a recogneu et confessé debvoir à vénérable et discret Me Magdelon Froger prêtre curé de ladite paroisse de Bouchamps y demeurant à ce présent et acceptant, la somme de 150 livres restant à payer de plus grande somme pour vente et livraison qu’il luy auroit faite de marchandise de vin qu’elle auroit vendue et débitée en son négoce et trafic d’hotesse depuis 3 ans environ, (c’est admirable, c’est le curé qui vend le vin à l’auberge, l’auberge qui le détaille en oubliant de payer son fournisseur)
laquelle dite somme de 150 livres ladite Cranier promet et s’oblige payer et bailler audit sieur Froger scavoir 50 livres dans le jour et feste de Toussaint prochain, autres 50 livres dans la feste de Pasques ensuivant, et les dernières 50 livres dans le jour et feste de Toussaint 1677 (en fait, ne voyant sans doute aucun moyen de se faire rembourser d’elle, Mr le curé a manifestement brandi les menaces de poursuites en justice, d’où cette transaction devant notaire. Voici, au passage, encore un acte de médiation de notaire autrefois.)
à quoy faire elle veult et consent estre contrainte et poursuivie en vertu des présentes par touttes voyes deues et raisonnables mesme par corps et emprisonnement de sa personne attendu ce dont est question, sans autre forme de procès, y oblige ses hoirs, renonçant etc…
et à ce moyen des présentes l’instance que ledit Julien Froger a intenté contre ladite Crannier par devant le siège consulaire dudit Angers demeure nulle …
fait et passé audit Angers en notre estude présent Me Pierre Viel sieur de la Mothe et Pierre Guillot praticien demeurant dudit lieu tesmoins, ladite Cranier a dit ne savoir signer.

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Achat de vin blanc à Rochefort-sur-Loire (49), 1546

Achat de vin blanc à Rochefort-sur-Loire (49), 1546

plaque tournante du commerce du vin d’Anjou (Archives du Maine-et-Loire, série 5E)

    Bonjour et un immense merci aux courageux (ses) qui lisent encore mon blog et sa matière rébarbative, alors que dehors c’est la période estivale. Pour vous récompenser, aujourd’hui encore 2 billets : dans l’un on boit, dans l’autre on quitte l’Anjou.

Le 23 juin dernier, dans le billet sur l’avaleur de vin, je vous ai promis de vous donner des contrats d’achat de vin. En voici un, en attendant de revenir pour rectifier mon avaleur de vin qui n’était pas un billet au top de ma forme :

Voici la retranscription de l’acte : Devant Pierre Trochon notaire à Angers, le 10 décembre 1546 en la court royale d’Angers etc personnellement estably Jullien Chuhous marchant paroissien de la Trinité d’Angers soubzmettant soy ses hoirs etc
confesse debvoir et estre tenu et par ces présentes promet payer la somme de six vingt six livres tournois (soit 126 livres) (le vin était une part importante du budget alimentaire, mais tout de même, ici il s’agit de la consommation d’un cabaret)
à honneste personne Jehan Toysnon paroissien de Rochefort à ce présent stipullant et acceptant icelle somme savoir est dedant la feste de Lesphanie (Epiphanie) prochaine la somme de 40 livres,
et le reste à la feste de Pasques prochainement venant

et est ce faict à cause de la vendition de 20 pippes de vin blanc pur franc nouvel et marchand vendues baillées et livrées par ledit Toysnon audit Chuhous qui l’avoit gousté et de port agréable dont il s’est tenu pour contant et a quicté et quicte ledit Toysnon, à laquelle somme de six vingts livres tournois rendre et payer et oblige ledit estably … faict et passé audit Angers en la maison dudit estably ès présence de Michel Grugeon paroissien de Rochefort et Jehan Binet marchand demeurant à Rochefort… Signé Jehan Binet, Trochon notaire

    Les 20 pipes font 4 464 litres. L’acheteur est un trop gros consommateur pour être un particulier, donc, même si l’acte ne précise par son métier, on peut en conclure qu’il est cabaretier, ou hôtelier. Il vend du vin au détail.

    la pipe n’est pas un fût, mais une unité de vente, comme nous l’avons vu le 23 juin, et le contrat ne parle en aucun cas du contenant (fût), par contre il précise la qualité marchande, l’exemption de taxes (franc), et le lieu de livraison (chez l’acheteur). Donc, le voiturage sur eau (transport par bâteau) et le transport dans la cave de l’acheteur sont payés par le vendeur. Ce qui signifie que l’avaleur de vin est payé par le vendeur.

    D’autres contrats précisent que le lieu de livraison sera le port d’Angers St Pierre, donc dans ces autres contrats l’avaleur de vin sera payé par le client.

    Ce contrat est signé chez le client, et les 2 témoins sont des proches du vendeur, voire marchands de vin. Ils sont donc venus à 3 de Rochefort sur Loire vendre le vin aux cabaretiers d’Angers. Vous avez donc ici les méthodes commerciales.

    Le vin n’est pas commercialisé par les vignerons, mais passe par les tonneliers qui assurent le commerce et deviennent (du moins certains) des marchands de vin.

    Enfin, il est joliement précisé que le client a goûté le vin et l’a trouvé agréable. Cette précision illustre la méthode de vente, dont on se serait douté certes, mais c’est encore mieux lorsque s’est dit.


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