Guillaume de Cullant seigneur de Bernay achète une rente de blé, 1560

Introduction

Bernay, canton de Rozay-en-Brie en Seine-et-Marne, relevait autrefois de Provins. Avec ses 850 habitants aujourd’hui Bernay possède une magnifique église classée Monument Historique.

Non seulement l’église est classée mais le ministère de la culture a aussi classée dans cette église, au titre du Patrimoine Mobilier, une Plaque commémorative de Pierre de Cullant, seigneur de Bernay. Cette plaque est datée de 1552

Poursuivant mes retranscriptions d’actes notariés de Provins je rencontre Guillaume de Cullant seigneur de Bernay en 1560, donc parent de ce Pierre de Cullant, et probablement fils puisqu’il est aussi dénommé « seigneur de Bernay »

Guillaume de Cullant acquiert une rente

Le 27 février 1559 (avant Pâques donc le 27 février 1590 n.s.) Jehan Brenchu dit Fournot marchant demourant à Provins recognait avoir vendu ceddé quite transporté et promis garantir de ses frais et pour tout toute garantie a baillé les lettres de la rente dont après sera parlé à noble homme Guillaume Decullan (→ de Cullant) seigneur de Bernay et de Chantecler ad ce présent acheteur ung mine de blé froment de rente annuelle et perpétuelle qu’il a droit de prendre et percevoir par chacun an au jour St Martin sur une grande maison couverte de tuille et jardin lieu comme il se comporte … (AD77-216E1258)

Denis Lecourt sergent dangereux au baillage de Marly pour le roy notre sire, mars 1560

Introduction

Je descends à Provins dans les années 1550 d’une LECOURT et cette famille donne des lieutenants, sergents etc… et je tente de la reconstituer, aussi ce matin j’étais heureuse de tomber sur un Denis Lecourt en mars 1560 dans un fonds notarial de Provins.  Mais immédiatement je reste totalement interloquée devant son métier, car je lis « sergent dangereux » et j’ai même dû arrêter un moment ma retranscription, pour me calmer en faisant le tour de mon appartement et en allant tricoter. Revenue à l’incroyable lecture, je trouve la merveilleuse encyclopédie de Diderot, qui donne pas moins de 19 qualificatifs différents pour les sergents. Et le 19ème qualificatif est bien « dangereux », donc je dois me résoudre à avoir bien devant mes yeux le métier bien réel selon Diderot, de ce Denis Lecourt, certainement proche de mon Elisabeth. Cette Lecourt est ma plus ancienne grand mère FAUCHON mes apothicaires à Provins.

sergent dangereux

Voici donc de que dit l’Enclopédie de Diderot à l’article 19 du terme SERGENT et on y découvre que le métier n’a existé que 10 ans donc je peux dire que l’acte que je viens de trouver est rare…

SERGENS DANGEREUX
(Eaux & Forêts) officiers des forêts qui furent institués par édit de Henri II. l’an 1552, pour conserver le droit du roi dans les bois où le prince a tiers & danger, ou simplement danger ; mais ils ont été supprimés par Charles IX. en 1563. Il y avoit encore autrefois dans les forêts des sergens traversiers & des surgardes-routiers, au lieu desquels on a établi de simples gardes. (D. J.)

Denis Lecourt sergent dangereux

Le 22 mars 1559 (avant Pâques dont le 22 mars 1560 n.s.) Denis Lecourt sergent dangereux au baillage de Marly pour le roy notre sire fait ses procureurs maîtres Philemon Maillard (blanc) et leur donne pouvoir de résigner et remettre es noms du roy notre sire ledit office de sergent du gué audit baillage pour et au proffit de Jehan Guarenjou demeurant audit Provins … (AD77-216E1258)

Denis Lecourt a donc quitté son métier de sergent du gué à Provins pour celui de sergent dangereux en forêt de Marly, et il donne ici procuration pour céder son office de sergent du gué à Jean Garenjou.

Les enfants de feu Louis de Villiers seigneur de Chalmaison nomment un procureur pour poursuivre tous les débiteurs, Chalmaison 1560

Introduction

Hier je vous mettais un acte concernant Nicolas de Villiers seigneur de Chalmaison (77, relevant de Provins) en 1560. Or, poursuivant mes retranscriptions dans ce fonds je trouve une procuration importante car Nicolas de Villiers y est dit fils de Louis, et même il a des frères et/ou soeurs mineurs, hélas nom prénommés, seulement cités en bloc comme « enfants mineurs d’ans ». Louis de Villiers est décédé laissant manifestement ses affaires peu suivies et il y a beaucoup de débiteurs… Par contre, il faut bien comprendre que si Nicolas de Villiers nomme un procureur sur place à Chalmaison c’est qu’il n’y demeure pas, donc il vit sans doute à Paris ? Il est aussi à noter que cette procuration stipule bien qu’il est « écuyer », c’est à dire noble.

Procuration de Nicolas de Villiers, fils de Louis

Le 25 février 1559 (avant Pâques, donc le 25 février 1590) noble homme Jacques Desmarquais seigneur de la Samssote au nom et comme ayant le bail gardiation et administration des enfants mineurs de feux nobles personnes Loys de Villiers en son vivant seigneur de Charlemaison et (blanc) jadis sa femme et Nicolas de Villiers escuier seigneur dudit lieu de Charlemaison fils desdits deffunts en son nom constituent leur procureur Henry Budon auquel ils donnent pouvoir en leur nom recevoir toutes et chacunes les debtes à eulx deues tant en cens rentes qu’autres choses à cause de ladite seigneurie de Charlemaison que autrement du receu soy tenir pour content et passer lettres à la charge toutefois d’en rendre bon compte et reliqua et generalement pléger et obliger lesdits Aulbin Blanchot Guyot Demente et autres. (AD77-216E1258)

 

Nicolas de Villiers seigneur de Chalmaison (77) vend une pièce de terre, 1560

Introduction

Chalmaison est située à 13 km S.O. de Provins, dont il relevait autrefois. Poursuivant mes recherches sur Provins, j’y rencontre assez souvent le patronyme « de Villiers » mais dans tous les actes que je dépouille prêtres et/ou notaires ne notaient pas clairement de titre de noblesse, donc il m’est difficile de les situer. Cependant je vous mets ci-dessous un acte dans lequel le notaire donne clairement le titre de « seigneur de Chalmaison ». Ce lieu s’écrivait autrefois Charlemaison, et comme vous le savez on a modifié beaucoup de noms de lieux depuis le 16ème siècle.

les Nicolas de Villiers au 16ème siècle

Roglo en donne à Paris, sans toutefois donner de sources notariales qui sont plus précises. Or, il est à noter que les Provinois faisaient leurs études à Paris, et s’y installaient parfois. Il est donc possible qu’il existe des liens entre ceux de Paris et celui qui suit.

Nicolas de Villiers seigneur de Chalmaison

Il vent une pièce de terre à rente. Il est clairement dénommé seigneur de Charlemaison, et même si souvent ce titre est plus ou moins signe de la possession de la terre, je crois qu’ici c’est fiable puisqu’il vend une pièce de terre sur ce finage.

Le 25 février 1559 (avant Pâques, donc le 25 février 1590) Jehan Passavant charpentier demeurant à Charlemaison recognait avoir prins et retenu à tiltre de rente annuelle et perpétuelle de noble homme Nicolas de Villiers seigneur de Charlemaison ad ce présent bailleur qui a promis garantir etc ung jardin contenant environ 9 perches et demy le lieu comme il se comporte sis audit Charlemaison au lieudit au Moucel tenant d’une part au grant David à ung sentier … (AD77-216E1258)

il était fils de Louis de Villiers

Je viens de trouver la suite de l’acte ci-dessus, et le nom de son père y est donné, je vous mets cela demain sur ce blog, tant cette filiation sera sans doute importante pour certains.

 

 

 

 

La mort de Flon-Flon en cartes postales à Nantes en 1900 sur l’air de la comptine Il était une bergère

Introduction

Les cartes postales n’ont pas de site national d’archives, et chaque département ne conserve et/ou ne met en ligne que lieux, monuments ou personnages célèbres. Nantes fut à la fin du 19ème siècle un lieu de production de cartes postales, et Flon-Flon, tel que je vous le mets ci-dessous, était aussi vendu en Anjou, très exactement au Lion-d’Angers où la jeune fille de Gené devait se rendre en 1900 pour achats et courrier et les envoyer à ma grand-mère Aimée Audineau dont les parents tenaient la boulangerie 23 rue Contrescarpe à Nantes.

Il était une bergère

Tout comme tout le monde à mon époque dans les années 40 et 50 j’ai chanté avec les autres cette comptine « Il était une bergère », mais pour être franche je ne me souviens pas avoir connu le dernier couplet, plus que très vilain à mes yeux d’adulte d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs le point de vue de plusieurs sites actuels, qui trouvent la chanson plus qu’irrévérencieuse et tendencieuse … car elle serait en fait dérivée d’une chanson porno… Pourtant, j’ai appris cette comptine chez une grand-mère qui allait chaque matin à la messe… mais n’avait sans doute pas vu le mauvais côté de la comptine…
Reclassant ces derniers temps mes archives, je découvre quelques cartes postales non scannées du fonds de ma grand-mère maternelle Aimée Audineau. Voyant la première carte postale j’étais persuadée avoir trouvée la comptine Il était une bergère, mais je voyais un chien !!! Et creusant alors ces cartes postales, je découvre 5 cartes, dont le texte diffère un peu de la comptine de mon enfance et de la vôtre… car non seulement un chien, mais une Margot pâtissière, et elle fait des macarons, mais elle tue bien le chien, et s’en va à confesse.
Voulant creuser plus loin ces curieuses ressemblances, j’ai en vain chercher partout sur tous les sites d’archives nationales ou non, privées ou non, et même l’IA, je n’ai trouvé aucun écrit relatant l’existence d’une autre version de la célèbre bergère, seulement quelques cartes comme celles que je vous fait découvrir ce jour, sur des sites de vente… Je vous livre donc ici un tableau comparatif des 2 versions de la comptine, car nul doute que la Mort de Flon-Flon est une version de la célèbre comptine, sans doute une version produite à Nantes dans un spectable… Car à Nantes, on a par expemple des FLON ainsi dans BOUVET-FLON etc… donc serait-ce une production humoristique oubliée ? Par ailleurs flon-flon reste dans nos dictionnaires comme refrain de chanson, de vaudeville, d’opérette.

Paroles de la Mort de Flon-Flon

Je vous mets les paroles en tableau comparatif à la comptine Il était une bergère

Il était une bergère La mort de Flon-Flon
1 – Il était une bergère,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
Il était une bergère,
Qui gardait ses moutons,
Ron, Ron,
Qui gardait ses moutons.
1 – Margot la pâtissière
Et zon-zon petipatapon
Margot la cuisinière
Faisait des macarons
Zon-Zon
2 – Elle fit un fromage,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
Elle fit un fromage,
Du lait de ses moutons,
Ron, Ron,
Du lait de ses moutons.
3 – Le chat qui la regarde,
Et ron et ron petit patapon
Le chat qui la regarde
D’un petit air fripon
Ron, ron, d’un petit air fripon
4 – Si tu y mets la patte,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
Si tu y mets la patte,
Tu auras du bâton,
Ron, Ron,
Tu auras du bâton.
5 – Il n’y mit pas la patte,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
Il n’y mit pas la patte,
Il y mit le menton,
Ron, Ron,
Il y mis le menton.
2 – Flon-Flon qui la regarde
Et zon-zon petipatapon
Flon-Flon qui la regarde
Dans le plat mit le menton
Zon-zon
6 – La bergère en colère,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
La bergère en colère,
Tua son p’tit chaton
Ron, Ron,
Tua son p’tit chaton.
3 – Sa maîtresse en colère
Et zon-zon petipatapon,
Sa maîtresse en colère
Tua son chien mignon
Zon-Zon
7 – Elle fut à confesse,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
Elle fut à confesse,
Pour demander pardon,
Ron, Ron,
Pour demander pardon.
4 – Elle s’en fut à confesse
Et zon-zon petipatapon,
Elle s’en fut à confesse
Au curé du canton
Zon-zon.
8 – Mon Père, je m’accuse,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
Mon Père, je m’accuse,
D’avoir tué mon chaton,
Ron, Ron,
D’avoir tué mon chaton.
5 – Mon père je m’accuse
Et zon-zon petipatapon
Mon père je m’accuse
D’avoir tué Flon-Flon
Zon-Zon
9 – Ma fille, pour pénitence,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
Ma fille, pour pénitence,
Nous nous embrasserons,
Ron, Ron,
Nous nous embrasserons.
10 – La pénitence est douce,
Et ron, ron, ron, petit patapon.
La pénitence est douce,
Nous recommencerons,
Ron, Ron,
Nous recommencerons.

  

Cartes postales de la Mort de Flon-Flon

 

Maison couverte d’aissis à Fontaine Yot, Champcenest (77) 1559

Champcenest relevait de Provins, et les habitants devaient se rendre à Provins pour passer une vente devant notaire. A cette époque, l’immense majorité des ventes foncières sont payées à rente perpétuelle en nature, c’est à dire en blé. Le notaire dont j’ai déjà relevé 400 actes en 1558-1559 fait court, et pourtant très riche en informations, ainsi il donne très souvent l’origine du bien vendu ou l’origine de la part en indivis d’un bien, et indique donc le nom des défunts dont c’était la succession, en d’autres termes le document que je dépouille depuis 4 semaines est une mine d’or pour les origines familiales, donc la généalogie, malheureusement, rares sont les généalogies qui remontent à 1558 dans cette région…
Ce notaire a une autre particularité : ses clients sont tous manuels : vigneron, laboureur, maçon, colleron, manouvrier etc… et aussi quelques tanneurs bien que pour ces derniers, que je connais pour les avoir étudiés, ce n’est pas une profession pauvre, mais des revenus intermédiaires… Le fonds de ce notaire est donc particulièrement intéressant…
J’y rencontre le plus souvent des difficultés à identifier les noms de tous les lieux, très nombreux à avoir été modifiés au fil des siècles et même parfois disparus… mais ici je suis certaine de la Fontaine Yot qui existe encore ainsi, même si en 1559 elle est écrite Fontaine des Yaunes. Ainsi, la modernité a conservé le Y et la phonétique…
Mais cet acte nous délivre une maison très particulière, car malgré l’immensité de mes dépouillements et curiosités, je n’avais encore jamais vu une telle couverture de maison. Je vous ai souligné l’original.

Vous lisez bien AISSIL avec un magnifique L à la fin. Il n’en est rien car voici ce que donne M. Lachiver, Dictionnaire du monde rural, 1997 :

  • aissil : vinaigre
  • aissis : petit ais, petite planche mince qui sert à couvrir les maisons et les granges

C’est la première fois que je rencontre des planches et pour tout vous dire, j’ai été autrefois une petite fille qui connaissait la grande brière et les maisons couvertes de paille, et je les regardais toujours avec beaucoup d’émotion… mais jamais de planches… Le notaire de Provins en 1558 donne le plus souvent les maisons couvertes de tuiles.

Voici la retranscription : Le 24 novembre 1559 Gilet Bourgeois laboureur demourant à la Fontaine des Yaunes paroisse de Champsecret recognait avoir baillé et délaissé à tiltre de rente annuelle et perpétuelle et promis garantir de son fait et obligation seulement et pour toute autre garantage de Jehan Cheneau aussi laboureur demourant en ladite paroisse ad ce présent preneur audit tiltre 7 arpents de terre en une piece ou y a maison couverte d’aissil court lieu et comme le tout contenant ensemble assis et situé à ladite Fontaine des Yaunes tenant d’un bout à Jehan Cheneau d’autre à Raolin Guillault d’un costé sur les … (AD77-216E1258)