Le petit et le grand cimetière, à travers nos registres paroissiaux de l’ancien régime

« Les jeunes médecins font les cimetières bossus, se dit pour signifier que les jeunes médecins, avant d’avoir acquis de l’expérience, sont la cause de la mort de beaucoup de personnes. » Proverbe, in Littré, Dictionnaire de la langue française, 1877

Voilà une belle liaison avec le billet d’hier.
L’objet du présent billet est de comprendre la différence entre le petit et le grand cimetière.
Le lieu normal de sépulture est le cimetière. Je précise « normal », car l’objet de ce billet n’est pas l’église elle-même qui fera l’objet d’un autre billet tant j’ai dépouillé de sépultures d’antan et d’inhumations dans l’église.
A l’origine, le cimetière est toujours attenant à l’église, afin que ceux qui n’ont pas le privilège d’être inhumés dans l’église soient au plus près (au plus près du lieu saint). Certains paroissiens demandent même à ce que leur tombe soit adossée au mur de l’église, faute de pouvoir être dedans…
Or, dans certaines paroisses, les actes de sépulture font une distinction entre le « grand » et le « petit » cimetière.

Théoriquement, le grand est celui des grandes personnes, et le petit celui des enfants n’ayant pas encore fait leur communion.
Il s’agit le plus souvent d’un unique cimetière, dans lequel un endroit est défini pour les grands, l’autre pour les petits, d’ailleurs, les habitués des cimetières actuels, ont remarqué des carrés réservés aux enfants, avec ces petites tombes blanches, et ces petits angelots dessus…
Mais dans la pratique, cette distinction entre grandes personnes et enfants n’est pas toujours respectée, et si vous lisez beaucoup d’actes de sépultures, vous en aurez vite la certitude.
François Lebrun constate la même chose dans son ouvrage « Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles », et il ajoute que cette distinction ne présente pas un grand interêt.
Plus important à ses yeux, était le manque de respect de ces lieux sacrés.

Ils sont le plus souvent sans clôtures au 17e siècle, alors que nos cimetières actuels sont clos. Même les bestiaux y ont accès (d’ailleurs les bestiaux ont accès partout), et causent bien entendu parfois des dégâts. Les évêques ont bien du mal à sensibiliser les fidèles au respect de ces lieux, et prescrire des clôtures.
Et François Lebrun ajoute que ceci se passe même dans les villes, ainsi à Saumur en 1654, où il existe trois cimetières. Et,bien entendu, il s’y passe tout autre chose, peu respectueuses des lieux : bals, danses, jeux de boules (ceci à Montreuil-Bellay en 1659).
L’édit d’avril 1695 fait obligation aux fabriques de clôturer les cimetières, et ce n’est donc qu’au début du 18e siècle que les cimetières deviennent clos.

Dans les faits, le curé subissait des pressions de la part de certains paroissiens plus fortunés que d’autres, et les règles n’étaient donc pas toujours rigoureusement respectées. Le passe-droit est sans doute vieux comme le monde. Ainsi, à Marans, en pleine épidémie, durant laquelle certains sont même inhumés dans leur jardin tant personne ne peut les mener au lieu saint (ce qui est la dernière des infamies, et en écrivant ces mots je songe à toutes les victimes actuelles des catastrophes bien actuelles, avec respect !), on doit dans l’urgence créer un nouveau cimetière, un peu plus loin, dont le terrain est offert par un paroissien. Donc, on commence à y inhumer, mais parallèlement, probablement sous la pression, on trouve encore quelques exceptions à cette nouvelle règle, et pour que cela ne paraisse pas trop, l’acte de sépulture omet de préciser le terme infamant « mort de contagion », et j’ai même constaté que le passe-droit avait même permis des inhumations dans l’église.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Le baptême au temps où il était devenu aussi état-civil des Français, et la règle des trois jours après la naissance

    Contrairement à une opinion communément répandue, l’obligation de tenir des registres pour y consigner les principaux événements de la vie des individus (naissance, baptême, mariage, décès) n’a pas été imposée par l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539.

Villers-Cotterêts est un acte de pouvoir royal venant officialiser un acte religieux pour l’état-civil des Français. C’est donc un acte qui dit que le baptême est considéré comme un état civil reconnu dans les affaires publiques du royaume.

  • Dès le 14e siècle
  • des curés tenaient des registres, qui, à l’époque n’étaient guère que de simples livres de comptes où ils notaient les dons qu’ils percevaient à l’occasion des mariages et des sépultures…

  • Au 15e siècle
  • les registres paroissiaux se multiplient. Ils sont alors tenus en vertu de prescriptions ecclésiastiques édictées par certains évêques pour pemettre de constater notamment les liens de parenté naturelle ou spirituelle qui pouvaient faire obstacle aux mariages. Ces registres sont apparus d’abord dans les principautés et les Etats situés à la périphérie du royaume de France, et plus spécialement dans l’Ouest. Le plus ancien texte règlementaire de ce genre est l’ordonnaice de Henri le Barbu, évêque de Nantes (3 juin 1406) qui prescrivait la tenue d’un registre où seraient inscrits les actes de baptême. Cette initiative fut imitée en Bretagne… (Lucien Bély, Dictionnaire de l’Ancien Régime, PUF, 1996)

  • 1532
  • la Bretagne, qui possède des registres, est rattachée à la France.
    août 1539, l’Ordonnance de Villers-Cotterêts ne fait que généraliser les registres des baptêmes et leur donner un caractère d’état civil. Si cet état civil utilise les curés, c’est qu’ils sont seuls capables d’écrire un acte dans chaque paroisse de France. Certes, il existe bien parfois un notaire ou un sergent royal, mais dans une minorité de paroisses. Article 51 :

    « Aussi sera faict registre en forme de preuve des baptêmes, qui contiendront le temps et l’heure de la nativité, et par l’extrait dudit Registre, se pourra trouver le temps de la majorité ou minorité et sera pleine foy à cette fin.»

    Cet article est si peu appliqué que 22 départements seulement possèdent des registres entre 1539 et 1579, dont la Bretagne, dans laquelle les évêques avaient devancé le roi… En effet, les curés dépendent de leur évêque, pas du roi…

  • 1563
  • le concile de Trente entend éviter la célébration des mariages entres personnes liées par des parentés spirituelles. Pour ce faire, il a besoin que soient notés les noms des parains et maraines, aussi il renforce la règlementation civile en faisant obligation aux curés de les inscrire dans un registre. Cette fois l’ordre vient de la hiérarchie catholique, et il est un peu mieux suivi, mais souvent sans double. Or, certains curés (j’en connais, ainsi à Châtelais, etc…) n’hésitent pas à prêter les registres hors de la cure… sans qu’il existe une quelconque copie du registre… Il faut attendre 1667 pour que le double soit obligatoire.

  • Par la Déclaration de 1698
  • le Roi enjoint à tous ses sujets de faire baptiser leurs enfants à l’église de leurs paroisses, dans les 24 heures après leur naissance, s’ils n’ont obtenu permission de l’évêque de différer les cérémonies du baptême.

  • Code Napoléon, 1807 Article 55
  • Les déclarations de naissance seront faites, dans les trois jours de l’accouchement, à l’officier de l’état civil du lieu : l’enfant lui sera présenté.

  • Code Civil actuel, Article 55
  • Les déclarations de naissance seront faires dans les trois jours de l’accouchement, à l’officier de l’état civil du lieu.

  • Comment est apparue la règle : dans les 3 jours ?
  • Le baptême est le premier sacrement de l’église. Au fil des siècles, l’église a réfléchi et évolué sur les questions de l’âge au baptême, parfois préférant que le baptisé soit en âge de comprendre ce qu’il fait. Voyez l’histoire du baptême
    La règle dans les 3 jours, était en vigueur au temps de nos bons vieux registres paroissiaux. Elle m’a toujours terrifiée à l’idée que quelques heures après sa naissance l’enfant était porté par le père, bien souvent à pied, par tous les temps, même grand froid ou autre, et même à 8 km de l’église, soit 16 km aller-retour (c’est le cas de certains villages que je connais…). On ne connaissait pas le parapluie, mais la toile cirée et les langes (j’ai le grand honneur d’appartenir à la dernière génération de Français élevés avec des langes).

    Il est vrai que dans le même temps les gens des villes ou les hobereaux, se séparaient de l’enfant pour le mettre en nourrice, et j’ai trouvé déjà à plus de 150 km de Paris en Normandie… Bref, on n’hésitait pas ! pas étonnant que quelques uns en aient souffert !

    Mais, parfois, comme dans toute règle, il y eut quelques exceptions. Ainsi à la Cour, puis une partie de la noblesse, voire de la bourgeoisie aisée… et ce, impunément…
    C’est là qu’intervient l’ondoiement, c’est à dire le baptême où l’on n’observe que l’essentiel du Sacrement ; les cérémonies se suppléent ensuite. Bien sûr, il était à l’origine strictement réservé au danger de mort de l’enfant. Une personne présente (nourrice, oncle, et même prêtre) ondoyait, puis le lendemain on allait à l’église pour les cérémonies. Mais, il fut toléré chez certains, qui pratiquaient chaudement au château l’ondoiement, puis lancaient les invitations à travers la France afin de réunir les lointains parents pour une grande réception le jour du baptême… bref, on prenait son temps… C’est ainsi que certains actes ressemblent à celui qui suit, pris à Juvigné (Mayenne) :

    Cliquez l’image pour l’agrandir. Cette image est la propriété des Archives Départementales de la Mayenne

      Le vingt et troiziesme de juillet mil six centz
      soixante et dix fut né et baptizé Jean Marie
      de Labroise filz de messire Jean de la Broise
      chevalier seigneur du Chalange et de damoyselle
      Renée Le Clerc sa companne et luy a esté administré
      les serémonnies de l’églize le vingt neufviesme
      octobre audit an que desus par moy prêtre soubsigné
      et ont esté parain et mareine Jean Baptiste
      Bouestin seigneur de la Brunelays gentilhomme servant
      chez le Roy et dame Marie du Pourpry dame douairière
      de Juvigné

    On trouve ce type d’actes dans de nombreuses paroisses, et parfois l’enfant a déjà plus de 12 mois, voire plus encore…

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    Carême : Allez chez le poissonnier !

    Voici, extrait du Rituel (de Nantes, 1776), les deux sermons d’antan

    en commençant par celui de la Quinquagésime (qui était il y a 8 jours) :

    … Le Jeûne du Carême commence le jour des Cendres, et il a été institué pour nous porter à suivre l’expemple de Jesus-Christ, qui jeûna quarante jours ; et pour nous disposer à la grande Fête de Pâques. Faisons-nous un devoir d’observer une pratique si religieuse, et établie pour des motifs si graves.
    Tous ceux qui ont vingt et un ans accomplis, sont obligés de jeûner, excepté les malades et les convalescents, les femmes enceintes, les nourrices, les personnes que l’âge rend faibles et caduques, ou qui sont employées à des ouvrages fort pénibles, et généralement tous ceux qui ne peuvent faire une longue abstinence sans un péril évident de leur santé. Mais il prendre garde de se flatter sois-même, Dieu est le juge des consciences. Ceux qui demandent permission, pour manger de la viande sans nécessité, n’en pêchent pas moins, parce qu’ils violent le précepte de l’Eglise…

    le premier Dimanche de Carême (qui était hier) :

    Nous sommes entrés, mes Frères, dans le temps de la pénitence. Nous vous avons expliqué Dimanche dernier l’étendue de la loi du jeûne, et nous nous persuadons que l’Eglise trouvera en vous des enfants dociles à ses Commandements ; mais faîtes attention que le jeûne du corps ne suffirait pas sans celui de l’esprit ; et ce jeûne spiritual consiste à éviter le pêché, à mortifier ses passions, et à se priver des plaisirs permis, ou du moins à en user plus sobrement. C’est pourquoi, ne le séparez point de l’autre ; et même pratiquez le avec plus d’exactitude ; puisque le fruit et le mérite du premier en dépend ; et que sans cela Dieu ne le saurait agréer.
    Marcredi, Vendredi et Samedi prochain, sont les Quatre Temps ; le jeûne qu’on y doit observer, et qui concourt, avec celui du Carême, a été institué par l’Eglise…
    Nous sommes envore obligés de vous avertir aujourd’hui, que tous les Fidèles doivent se confesser au moins une fois l’an, à leur Curé, ou a un autre prêtre commis et approuvé à cet effet et communier en leur paroisse à Pâques, pour obéir aux ordres de l’Eglise. Le temps de la Communion Paschale commencera le Dimanche des Rameaux, et finira le Dimanche de Quasimodo inclusivement.
    Nous vous exhortons, mes chers Frères, à ne pas attendre la quinzaine de Pâques, pour vous acquitter du précepte de la Confession annuelle ; puisque dans un intervalle si court, et partagé par de longs Offices, nous ne pourrions que très difficilement donner à chacun de vous le temps nécessaire pour une oeuvre si importante. Quelques-uns se présenteront peut-être à nous dans des était d’habitude mortelles, ou manquant d’ailleurs de dispositions nécessaires, et pour lors nous serions obligés de différer leur absolution et leur communion au delà du temps Paschal. Le moyen le plus sûr pour éviter ce délai, qui les empêcherait de sanctifier la grande Fête de Pâques par la participation du corps et du sang de Jesus-Christ, c’est de se confesser au plutôt, afin que nous ne soyons pas obligés de les renvoyer après la quinzaine. Cette carrière de pénitence, est très propre à la discussion des consciences. Pour nous, mes chers Frères, nous serons toujours disposés à vous donner tous les secours qui dépendront de notre ministère.

    Autrefois, on ne mangeait pas de viande pendant le carême, sauf un exception sur laquelle je reviendrai. J’ai rencontré, dans les actes notariés, plusieurs marchés de poissonniers avec le propriétaire d’un étang, pour vider l’étang pendant le carême. Je suis désolée, ils sont tous poissonniers à Angers, et j’ignore comment on procédait dans les plus petites villes. Mais, allez en voir, ils illustrent le type de poisson pêché, les dimensions et les prix payés au propriétaire de l’étang, généralement un seigneur ou son « fermier ».
    Dans tous les contrats c’est le poissonnier (un ou plusieurs) qui vide l’étang, et récupère le poisson sous l’oeil attentif du représentant du propriétaire, lors du décompte, par taille et type de poisson. Naturellement, celui-ci choisit quelques poissons, qui lui reviennent de droit.
    Et dans les ports, fleurissaient des métiers tout à fait spécialisés, ainsi, à Nantes le Compteur de morues.

    Certes, la viande était rare, voire très rare, chez beaucoup autrefois, en particulier le boeuf. En outre, la ration énergétique quotidienne était bien plus basse que de nos jours, alors que le travail physique était plus important souvent (c’est pourquoi nous sommes devenus plus gras… enfin, généralement). Je suis donc toujours en admiration devant de telles privations… qui de nos jours feraient du bien à beaucoup… à commencer par moi… et plairaient à tous les nutrionnistes de 2008 !

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    3 février, fête de Saint Blaise à la Gravoyère, autrefois

    Selon le dicton populaire : « Le lendemain de la Saint Blaise, souvent l’hiver s’apaise. ». C’est dire avec quelle joie elle était accueillie…

    Elle est encore perpétrée de nos jours, dans les Cévennes, où elle est associée au hautbois, tandis qu’ailleurs la « Bénédiction des Gorges » est un rituel qui est encore en usage dans quelques églises. Le prêtre donne cette bénédiction en touchant la gorge du fidèle avec deux chandelles de cire et en prononçant la formule suivante : « Par l’intercession de Saint Blaise, évêque et martyr, puisse Dieu vous délivrer de tous maux à la gorge et de tout autre mal, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. »
    Saint Blaise, est très populaire et fêté dans les pays germaniques, y compris de nos jours, sous le nom de Sankt Blasius, surtout au Tirol. Il ne joua jamais d’aucun instrument de musique, en particulier à vent, y compris le cor.
    C’est un très ancienne confusion entre son nom et le mot allemand Blasen qui signifie souffle et le verbe blasen souffler, qui est à l’origine de son choix comme saint patron:

      de la météo, en liaison avec le souffle du vent d’hiver qu’il chassait,
      des meuniers, toujours en rapport avec le souffle du vent
      et des musiciens à vent, d’où le nombre actuellement incroyable de groupes musicaux portant son nom, dans le type fanfare, mais aussi musique de chambre à vent

    En 2007, j’ai longuement étudié, à la demande des Amis du château de la Gravoyère, toutes les sources d’archives concernant la seigneurie de la Gravoyère et le prieuré Saint Blaise 1309-1828. Cela n’avait pas été étudiés à ce jour, et on se transmettait oralement quelques inexactitudes… que j’aurais mieux fait de laisser tranquilles, car les locaux n’aiment jamais qu’on dise autrechose que ce qu’ils veulent bien dire… surtout lorsqu’ils ont un prétendu historien local.

    A Noyant-la-Gravoyère (près de Segré, Maine et Loire), existaient au Moyen-âge, 2 seigneuries, Noyant et la Gravoyère. Près des bois de cette dernière, un prieuré Saint-Blaise avait été fondé. Au fil des siècles, le prieur ne fut plus résident, mais vivant au loin, et jouissant des énormes revenus du prieuré, plus que largement doté autrefois par des donateurs trop généreux alors.
    Le manoir qui était la batisse du prieur, alias le prieuré, fut résidence secondaire de ces prieurs lointains, venant pêcher et chasser, car tels étaient aussi leurs droits tels de véritables seigneurs. Puis le manoir fut transformé en ferme comme beaucoup de manoirs.

    Resta longtemps une chapelle, où un service religieux, minimal, était rempli par un prêtre commis par le prieur, entre autre, une messe le jour de la fête de Saint Blaise.

    Le 3 février fut probablement dans des temps reculés, un jour de pèlerinage au prieuré Saint Blaise, mais uniquement sur un plan local, concernant quelques paroisses voisines. Rien à voir comme les grands pélerinages tel Saint Méen. Puis, l’absence de prieur et l’éloignement géograpique du prieuré furent des éléments propices à la fête un peu plus payenne.

    Nous avons vu qu’actuellement encore cette fête est associée aux instruments de musique à vent, en Allemagne plus particulièrement, et dans les Cévennes en particulier au hautbois. A Saint Blaise de la Gravoyère, la fête était manifestement accompagnée de la veuze. On sait par le registre paroissial de Saint-Aubin-du-Pavoil que le « sonneux de vèze demeurait au Pressouer Bidault en Saint-Aubin-du-Pavoil », et avait nom en 1585, Jehan Bidault, puis, Julien Raimbaud, son gendre, demeurant au même village. La fête de la saint Blaise à Noyant-la Gravoyère fut accompagnée d’un instrument à vent, la vèze.

    Voyons maintenant d’autres aspects de la fête, plus joyeux encore que la musique :
    Le vin était abondant, puisque, Michel de Scépeaux, argumentant en 1707 pour obtenir le transfert de la chapelle de Saint Blaise près de son château de la Roche à Noyant, précise :
    « Il s’y fait tous les ans une assemblée de plus de deux mille personnes le jour de la feste et le lendemain où il se passe beaucoup de désordres tant au préjudice de l’honneur de Dieu que de la perte de temporel dudit bénéfice… »
    Certes, le but de M. de Scépeaux était d’obtenir le transfert, et il a probablement assombrie la situation pour mieux l’emporter. Les propos de M. de Scépeaux contiennent cependant une part de vérité, comme l’attestent le droit du prieur, de prélever la moitié de la coutume.

    L’un des droits du prieur de Saint Blaise, et non des moindres, était le prélèvement de la moitié de la coutume sur les marchandises étalées à la Saint Blaise . Pour prélever cet impôt, le prieur avait droit de se faire assister du procureur de la seigneurie de la Gravoyère et de ses hommes. Le procureur et le prieur faisaient ensuite les comptes et la moitié revenait au procureur au titre de la seigneurie, l’autre au prieur.
    Ceci signifie que beaucoup de marchandises comestibles étaient étalées, puisqu’il y avait de quoi occuper plusieurs personnes à percevoir les droits.
    Il existait en Anjou des pèlerinages qui étaient l’occasion de foire et fête. Ainsi, durant 3 jours, les 7, 8 et 9 septembre, veille, jour et lendemain de Notre Dame Angevine, le vin coule à flots au Marillais en 1581. En effet, Claude Delahaye, fermier du huitième pour l’Anjou, baille une partie du ce droit sur les boissons au détail, pour 12 écus, tandis qu’il a déjà traité avec 3 autres cabaretiers. Soit 4 cabaretiers à 12 écus chacun, ce qui fait 144 livres. Cette somme est considérable, surtout à cette date, et atteste de quantités très importantes de vin et cidre vendus en ces 3 jours.

    En conclusion, à l’exemple du Marillais, la saint Blaise à Noyant-la-Gravoyère était devenu au fil des siècles plus une fête populaire qu’un pélerinage.

    Quant à moi, je n’ai jamais publié ces énormes travaux sur cette seigneurie de la Gravoyère, dont j’ai adressé copie à l’Association, et j’ai eu tort.
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    Saint-Gatien, honoré le 18 décembre

    Chapelle de Juigné-sur-Loire, cathédrale de Tours : Saint-Gatien

    Autrefois, une chapelle Saint-Gatien, détruite au 16e siècle, joignait les carrières dans le bourg de Juigné.

    Saint-Gatien, cathédrale de Tours
    Saint-Gatien, cathédrale de Tours

    La cathédrale de Tours, primitivement dédiée à Saint Maurice, porte depuis le 14e siècle le nom de son premier évêque, Gatianus, qui évangélisa la Touraine à la fin du 3e siècle.
    Le prénom Gatien fut parfois à la mode en Anjou, avec ses variantes Gratien, Gratianne…
    Je me souviens avoir mis fort longtemps dans mes débuts, avant de réaliser que toutes ces variantes n’étaient qu’un seul et même prénom. Ainsi, il est porté au 16e siècle chez les Gallisson, et nous en reparlerons.

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    Complément ajouté le 8 mars 2009 :

    GATIEN (saint), Gatianus, premier évêque de Tours, un des missionnaires envoyés de Rome dans les Gaules avec saint Denis de Paris, par le pape saint Fabien, vers l’an 245, fit de Tours le principal théâtre de ses travaux apostoliques et y fixa son siége épiscopal. Il convertit un grand nombre d’idolâtres qu’il réunissait, pour la célébration des saints mystères, dans des lieux souterrains, pour se soustraire à la persécution.
    Souvent il fut obligé de se cacher lui-même, non qu’il craignit de donner sa vie pour Jésus-Christ, il soupirait au contraire après le martyre, mais parce qu’il voulait se réserver pour son troupeau.
    Il mourut sur la fin du IIIe siècle après cinquante ans d’apostolat, et son tombeau fut honoré de plusieurs miracles.
    Saint Martin, le plus illustre de ses successeurs, y allait souvent prier.
    La cathédrale de Tours porte, depuis le XIVe siècle, le nom de saint Galien, et ses reliques, après plusieurs translations, furent brûlées par les calvinistes en 1562. — 18 décembre. (Dict. hagiographique des saints, abbé Pétin, Encyclopédie Migne, 19e siècle)

      Voir Tours, ville d’Art et d’Histoire
      Voir la cathédrale de Tours sur le site officiel de la ville de Tours
      Voir le site du diocèse de Tours