Inventaire après décès de Jean Blouin, baudreur à Angers, 1586

cet inventaire est long, et je vous mets ce jour le début.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 18 août 1586 inventaire fait Angers par nous Jehan Lecourt notaire royal Angers et Magdelon Cerainier ? sergent royal audit lieu des biens meubles lettres tiltres papiers et enseignements demeurés du décès succession de deffunt Jehan Blouin vivant marchand Me baudreur demeurant audit Angers dont auront relaissé chacuns de Renée Perrine et Germain les Blouins ses enfants, ledit inventaire fait à la requeste et présene de sire Pierre Blouin marchand Me cordonnier demeurant en ceste ville d’Angers comme ordonné par justice à la personne biens et choses dudit Germain Blouin, et encores curateur aux causes desdites Renée et Perrine les Blouins et de sire François Chevalier marchand Me tanneur demeurant audit Angers curateur aux causes dudit Germain Blouin, et encores lesdites Renée et Perrine les Blouins et pour ce faire se serions à la requeste et présence des susdits transporté en la maison où demeuroit ledit deffunt Blouin sise sur la rue st Nicolas paroisse de la Trinité, auquel lieu y estant nous ont esté exhibé et représentés les meubles qui s’ensuivent, pour auquel inventaire faire avons vacqué et besogné comme s’ensuit :

Du lundi 18 août 1586, en la chambre basse de ladite maison avons trouvé les meubles qui s’ensuivent : premier une table de noyer de 6 pieds de long ou environ portée sur deux treteaux avec ung vieil banc et regle 50 sols
Item 4 escabeaux de noyer 15 sols
Item ung grand vieil charlit de noyer les quenouilles cannelées garnies de ses carrées à corde et courtine 2 escuz
Item une méchante couchette roulleresse avec sa carrée à corde 15 sols
Item ung grand coffre de chêne fort vieil fermant à clef et clavure 1 escu 20 sols
Item une chaire à hault doussier de chêne fermant à clef 20 sols
Item ung establis et une vieille bancelle servant à l’estat de guilletier 10 sols
Item une paire de landiers à crosse de chacun 2 routissoueres 30 sols
Item une pelle de fer 7 sols 6 deniers
Item une cramaillère 4 sols
Item ung gardecasse 18 sols
Item une vieille grille 2 sols
Item ung vieil soufflet 2 sols
Item ung tabouret de chêne 2 sols 6 deniers
Item 2 méchantes selles de 3 poieds chacune 20 deniers
Item ung rouet à filer fil 20 sols

En l’esvier de ladite maison : premier une vieille seille et ung vieil Godet 12 sols 1 denier
Item 3 vieux chauderons le plus grand deux seilles d’eau le moyen une et demie ou environ et le moindre 2 seilles 32 sols 6 deniers
Item une petite poisle d’airain 3 sols
Item ung petit poislon d’airain garny de sa queue de fer 5 sols
Item 2 poisles de fer à queue 20 sols
Item une petite casse de fer 3 sols
Item 2 cuillers de pot l’une de cuivre et l’autre de fer 3 sols
Item ung vieil chandelier de cuivre 2 sols
Item ung garde nappe de cuivre 3 sols
Item une grande broche de fer 5 sols 6 deniers
Item une autre broche de fer 3 sols
Item une marmite de fer garnie d’une ance rompue 3 sols
Item ung petit pot de fer 2 sols 1 denier
Item ung pillon et ung sechouer de bois 7 deniers
Item ung mechant chandelier 6 deniers
Item une petite bouteille de voyre couverte de clisse 6 deniers

Vesselle
Item en vesselle d’estain tant creuse que platte et vieille que neufve pesant ensemble 65 livres prisée 4 sols la livres pour ce 4 écus 20 sols

En la chambre haulte de ladite maison regardant sur ladite rue st Nicolas, Premier une table de noyer de 3 pieds de long ou environ porté sur 2 taiteaux faite à pommettes tournées et garnie de son banc de pareille longueur avec sa règle 2 écus
Item 3 escabeaux de noyer 30 sols
Item ung vieil buffet de noyer fermant à clef de 2 guichets 2 écus sol
Item ung coffre de nouer de 4 pieds de long fermant à clef 2 écus
Item ung grand charlit de noyer les quenouilles cannelées garny de ses carrées à corde et courtine avec ses verges 3 écus
Item ung charlit de couchette de noyer 30 sols
Item ung petit coffre de noyer fait à paneaulx 20 sols
Item ung pannier doussiez 5 sols
Item une panne de terre avec sa selle de bois 20 sols
Item une clasvouzière ? à mettre les acoustrements 2 sols 6 deniers
Item une vielle arcebuze à mèche avec son fournimant et poulleurin 1écu
Item une vieille espée et dague 30 sols
Item une cassette de chêne fermant à clef 5 sols
Item une vielle pasle d’airain fort usée 10 sols
Item ung travoil 2 sols 6 deniers

En abillement :
ung manteau de drap noir 4 livres
Item ung aultre manteau de gris argent fort usé 35 sols
Item une perre de greges ? d’estamet noir 50 sols
Item une aultre paire de greges de gris argenté 50 sols
Item un bas de chausses aussi de gris argenté 15 sols
Item ung aultre bas de chausses d’estamet noir fort usé 5 sols

estam ( estame, estamps, étaint) : drap de laine peinée, peut-être importé de Flandre, connu en Forez. A partir du 17ème siècle, étoffe en mailles.
estamel : tissu de laine
estamène (estamènes, molines) : du latin « stamen ». Aux 17e et 18e siècles, désigne une estamine légère. Pourrait dériver du terme espagnol signifiant laine enlace par des mailles.
estamet (estamette) : lainage léger, rouge, fabriqué en Lombardie et à Châlons-sur-Marne, utilisé pour l’ameublement. Le premier règlement qui mentionne cette étoffe est un tarif de péage émanant d’Henri IV (1594)

Item ung aultre perre de greges aussi de gris argenté fort usé 5 sols
Item ung aultre viel bas de chausses aussy de gris argenté 2 sols 6 deniers
Item ung viel prepoint de cuir 2 sols 6 deniers
Item une couette de lit avec son traverslit, vestue ladite couette de 2 souilles et le traverslit de une couette 1 écu 20 sols
Item une autre couette de lit sans son traverslit 1 écu
Item une petite couette de couchette avec son traverslit 20 sols
Item une vieille mante verte à mettre sur une couchette fort usée 7 sols 6 deniers
Item une autre vieille couette avec son traverslit 10 sols
Item une vieille couverture de bourde jaulne rouge et noire 10 sols

Selon le Dictionnaire historique des étoffes, d’Elisabeth Hardouin-Fugier & Coll., il n’existe que les termes de « bourge » et « bourges », les 2 termes recouvrant un tissu de laine et lin, voire laine et chanvre dans certaines régions.

Item une paillasse 5 sols 6 deniers

En la chambre haulte au dessus de la précédente : Item une méchante table faczon de contouer rompue 5 sols
Item une vieille huge platte de longueur de 5 poieds ou environ 7 sols 6 deniers
Item ung vieil charlit de chêne garny de ses carrées à corde et courtine 10 sols
Item une vieille couette garnie d’ung vieil traverslit 20 sols
Item une vieille couverture de bellinge blanc 7 sols 6 deniers
Item ung autre vieil charlit de chêne 5 sols
Item ung vieil feust de chaire 6 sols
Item 2 fariniers garnis de leurs couvercles 15 sols
Item 2 sacs (il a écrit « scas » !) fort vieux 11 sols
Item ung méchant escabeau 2 sols 7 deniers
Item une vieille couverture de tapisserie 15 sols
Item une petite robe fourrée de bourde 20 sols
Item 2 méchants oreillers 5 sols
Item ung petit vinaigrier avec du vinaigre 15 sols
Item un crochet à peser au poids de marc 30 sols

Linge
Item 2 douzaines de serviettes douges (il a bien écrit « douges » mais je ne comprends pas) 4 livres
Item 12 essuie mains 5 sols
Item 8 petits draps fort usés 4 livres
Item 6 aultres grands draps fort usés 1 écu 2 livres
Item une aultre douzaine de serviettes 30 sols
Item 4 autres vieilles serviettes fort rompues 4 sols
Item 6 nappes de toile de brin en réparon 1 ecu
Item une courtine de toile de lin avec 4 rideaux 1 écu 20 sols
Item une douzaine de mouchoirs 3 spms
Item 12 chemises à usage d’homme 10 sols pièce pour ce 1 écu 20 sols
Item 13 aultres chemises aussi à usage d’homme à 3 sols pièce, pour ce 1 écu 18 sols
Item 2 enchoirouers 5 sols
Item ung méchant bisac 6 deniers

Le fil
Item 25 livres de fil de lin blanc à 15 sols la livre, pour ce 1 écu 15 sols
Item 11 livres de fil brin blanc à 6 sols la livre, pour ce 1 écu 6 sols
Item 10 livres de fil de grouz réparon blanc à 2 sols la livre, pour ce 25 sols
Item 15 livres de fil en peloton (écrit « emploton ») aussi de réparon à 3 sols la livre, pour ce 45 sols
Item ousent (sic) les pelotons 12 deniers
Item 25 livres de fil de brin en peloton à 8 sols la livre, pour ce 3 écus 20 sols
Item 9 livres de fil d’estoupe en peloton à 15 deniers la livres, pour ce 100 sols 9 deniers
Item 4 livres et demie de fil de lin écru 10 sols
Item une vieille poche 1 sols 6 deniers
Item 348 livres de laine tant de toison anales en pain et noyre que salle le tout 18 écus 33 sols 6 deniers
Item une vielle chemise de rollet blanc 3 sols 4 deniers
Item 2 vieux feustres de chapeau 7 sols 6 deniers
Item 29 livres de laine 20 sols
Item 20 livres de boure 10 sols
Item 5 quarterons de cuir de mouton à megis à fleur 4 écus 35 sols
Item 23 peaulx de mouton passés en chamouas 1 écu 20 sols
Item 85 peaulx d’agneau passés en blanc 2 écus
Item 47 peaulx de mouton habillées en viollet 50 sols
Item autres peaulx de mouton passées en chamouas 25 sols
Item 50 peaulx de mouton passés en huille ? 70 sols
Item 17 peaulx de mouton en megre ? 100 sols
Item 44 peaulx de mouton tannées 25 sols
Item une paire de bottes servant à la rivière 50 sols
Item une roe (sic) de cuivre 5 sols
Item 2 pessons servant à l’estat de guillesut (je n’ai pas compris) 5 sols
Item une vieille paire de bottes 10 sols
Item 2 … 30 sols

    je vous laisse déchiffrer

Item une bar de fer 7 sols 6 deniers
Item 20 grossese eguillettes ferrées 2 écus 40 sols
Item 8 grosses eguillettes non ferrées 27 sols
Item 2 paires de couroyes 15 sols
Item 15 saintures de cuir de coursons 4 sols

    la suite,et fin, à demain

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Baudreur, baudreur de balline : un métier dans le matelas de filasse, mais n’est pas brodeur

(baudre, filasse de racines de plantes) et la balle d’avoine, en Anjou. L’Anjou, comme les autres provinces de France, avait souvent un vocabulaire local. En particulier,

la baudre désignait la filasse grossière fournie par la racine des plantes. Je tiens ce terme du Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l’Anjou, de Verrier et Onillon, 1908, qui a été repris par Lachiver dans son Dictionnaire du monde rural, Fayard, 1997.

Je note au passage qu’on utilisait la racine des plantes pour faire de la filasse, mais j’ignore quelles plantes. Je suis venue à ce terme parce que j’ai aperçu un métier curieux, que j’ai tenté de comprendre. Voici donc d’abord deux actes dans lesquels figure ce métier :

Voici le 1er acte : Le 17 janvier 1628 Dvt Jacques Jucqueau Nre royal de la court de St Laurents des Mortiers (Archives Départementales du Maine et Loire, série 5E) Dt à Miré, François Amiar marchand baudreur de balliene d’une part et Renée Moreau preneure d’autre part demeurant au bourg dudit Miré,
lesquels ont fait ensemble le bail à titre de soubzferme convansions et obligasions qui en suive, savoir est que ledit Amiard a baillé audit tiltre pour le tens de toys ans continuels qui ont commansé au jour et feste de Toussaint dernière et à finir à parrail jour à ladite Moreau prenante et acceptante pour elle scavoir est
ung apentis de maison dans lequel y a cheminée estant adjasent la maison que ledit Amiard tient à tiltre de ferme de Me Jean Davy, lequel apantis en dépans
à la charge de ladite Moreau d’an poyer par chacun an audit Amiard la somme de 30 sols le premier poyement commansant à la Toussaint prochene et à continuer et a donné ledit Amiard à ladite Moreau coure di prandre pandant ledit tans des herbes dans ces jardins pour l’usaige de ladite Moreau seulement, et ou ledit bail seroit rompu ce présent n’aura lieu entres lesdites seules parties sans aulcun dommayges ne interestz. Signé Amiard. ( »Nous avons vu la balline le mois dernier »).

Voici le 2e acte : Le 17 janvier 1628 Dvt Jacques Jucqueau Nre royal de la court de St Laurents des Mortiers (Archives Départementales du Maine et Loire, série 5E) Dt à Miré, Renée Moreau assistée de François Amiar marchand baudereur son procquereur et amy à ce présant demeurant audit Miré, laquelle a recogneu avoir esté logé cy-davant par l’espace de trois ans en la maison des enfans de Jean Titau au bourc dudit miré et qu’elle a esté traitée chauffée logée saine et mallade et assistée par ledit Jean Tiraut lors qu’elle estoit mallade, pour lequel traitement et logement et antretien ladite Moreau a desduit et rabattu audit Jean Tiraut et sesdits enfants la somme de 64 livres qui luy restent à payer sur une obligation en forme de transaction receu devant Me Jean Davy notaire montant 100 livres

François Amiard signe fort bien, et je le mettrai par habitude de ce type de signature au niveau de certains marchands de fil. Le premier acte est très intéressant car il est précisé « baudreur de balliene ». Or, la balline n’est autre que le matelas rempli de balle, enfin, là encore, le terme est purement angevin. Donc manifestement notre marchand est bien dans la filasse et ses produits dérivés, il n’y a aucun doute à avoir. Bien entendu le métier de « baudreur » ne figure nulle part, mais manifestement dans ce petit coin d’Anjou, on a été jusqu’à coller à la baudre son métier. Or, ce coin d’Anjou, c’est à dire l’E.N.E., est celui où j’avais trouvé un brodeur mettant son fils en apprentissage chez un tailleur d’habits. J’ai donc relu ce contrat d’apprentissage, que voici :

et cette fois, je suis prise d’un doute, et j’ai l’impression qu’il pourrait s’agir ici d’une forme orthographique du baudreur ? Ainsi, je m’expliquerai mieux ce père baudreur mettant son fils en apprentissage chez un tailleur d’habits, car un tailleur d’habits rural ne fait rien à la mode. La mode se fait à Paris, puis descend dans les grandes villes de province, et je peux vous affirmer que les dames fortunés susceptibles de s’habiller de robes brodées, visaient très précisément la mode de Paris, au pire d’Angers ou Nantes. D’Anjou elles allaient à Angers passer leur commandes pour s’habiller, pas à la campagne, et même j’ai trouvé un acte par lequel une angevine demandait qu’on lui ramène une robe de Paris. Donc le brodeur de campagne est impossible…
D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps que cela la mode était encore Paris, elle arrivait quelques mois plus tard à Nantes, mais dans la campagne ce n’était pas terrible dans les boutiques, et cela a beaucoup évolué depuis peu… Ma génération aura vu cette révolution dans la mode…

Et au passage, le second acte est fort intéressant, car cette femme a été hébergée pour 64 livres pendant un an, mais ne peut sans doute continuer de tels frais, alors elle a trouvé à louer un appentis à François Amyard qui lui coutera moins cher…

Autre remarque, amusante. Si vous tappez « balle d’avoine » en mettant bien ainsi les crochets, dans n’importe quel moteur de recherche sur le Web, vous allez voir apparaître des sites qui préconisent pour la santé le matelas de balle d’avoine. Ils sont surtout Canadiens, preuve qu’eux au moins n’ont pas oublié les bonnes pratiques de nos ancêtres, car il paraît qu’on y dort mieux… Donc me voici rassurée, nos ancêtres ne dormaient pas dans l’inconfort…

Voyez aussi le contrat d’apprentissage d’un fils de baudreur comme tailleur d’habits

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Contrat d’apprentissage de tailleur d’habits, à Corzé (49), 1635 pour Julien Billy de Soucelles chez Symphorien Robert

ATTENTION : DEPUIS LA PARUTION DE CET ARTICLE, j’AI DECOUVERT LE METIER DE BAUDREUR. Allez voir mon article sur le baudreur.

Nous poursuivons les contrats d’apprentissage.

Voici le contrat d’apprentissage de tailleur d’habits en 1635 à Corzé. Attention, nous passons en retranscription d’un acte c’est à dire en orthographe telle que dans l’acte.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E
Voici la retranscription de l’acte : Le 22 septembre 1635, devant Christofle Davy notaire royal à Baugé, résident à Corzé, furent présents établis et deuement soubmis chacuns de Simphorien Robert tailleur d’habits demeurant au bourg de Corzé d’une part, et René Billy brodeur et Julien Billy son fils demeurant en la paroisse de Soucelles, d’autre part, (le brodeur est un métier d’art, infiniement plus compliqué que celui de tailleur d’habits, et le papa brodeur est vivant. Le brodeur fait par exeple les magnifiques chasubles des prêtres, telles qu’on pouvait autrefois les voir… On pourrait dès lors supposer que ce fils est soit un cadet et le papa ne peut laisser la broderie à plusieurs fils, soit tout bonnement un incompétent en broderie, que le papa tente de caser dans une autre filière.)
lesquels ont fait et font par ces présentes le marché d’apprentissage qui ensuit c’est à savoir que ledit René Billy a baillé et baille sondit fils audit Robert pour aprentif dudit estat de tailleur d’habits pour le temps de deux années entières qui ont commencé de ce jour et finir à pareil jour
à la charge dudit Robert de montrer et d’enseigner sondit estat audit Jullien Billy à mieulx qu’il luy sera possible, iceluy loger, norir (nourrir), coucher et laver et luy faire blanchir son linge et le traiter et gouverner comme aprentifs (apprentis) ont de coustume d’estre
comme aussy à la charge dudit Billy de demeurer pendant ledit temps en la maison dudit Robert, travailler audit estat et faire toutes autres choses lisittes (licites) et honnestes (honnêtes) qui luy seront par luy commandées estre faites,
le présent marché pour et moyennant la somme de 40 livres tournois de laquelle somme ledit René Billy en a présentement et au veu (vue) de nous payé contant audit Robert la somme de 15 livres tournois qu’il à prinse (prise) et receue en monnoye (monnaie) ayant à présent court dont il se contente et le surplus montant 25 payable par ledit René Billy audit Robert savoir la moitié du jour d’huy en ung (un) an prochain et l’autre moitié à la fin desdites deux années,
ce qui a été stipulé et consenti etc… tenu et obligé … même par corps dudit Jullien Billy à faulte de demeurer pendant ledit temps en la maison dudit Robert…
fait et passé en notre maison en présence de Me Estienne Lallier écolier estudiant à la Flèche (saluons au passage, un élève du collège du Prytanée, belle institution que nous a laissé Henri IV), et Jacques Mesnard peintier demeurant audit Corzé, témoins. Signé : René Billy, Julien Billy, Lallier, Davy – Ledit Robert a dit ne savoir signer. (on voit que les Billy père et fils sont plus cultivés que le tailleur d’habits)

Si vous avez des éléments sur la famille Billy en question, merci de nous éclairer dans les commentaires ci-dessous, afin que nous comprenions pourquoi le papa brodeur (métier très noble) met son fils en apprentissage de tailleur d’habits.
La durée d’apprentissage du tailleur d’habits varie : j’ai déjà 20, 24 et 30 mois.

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