Les Angevins de la rue de la Harpe paroisse saint Benoît la bien tournée : Paris 1608

Je viens d’étudier en long et en large la Harpe et la paroisse saint Benoist et le collège voisin des Jacobins, où manifestement quelques Angevins sont venus étudier, et j’ai mis le tout dans mon étude de la famille DROUAULT.

Je republie ce jour cet article car j’y ai fait plusieurs ajouts et/ou corrections, ainsi le patronyme BELLESOEUR était clairement lisible sur la procuration, mais totalement déformé sur l’acte passé à Angers, car le notaire (ou son clerc) avait mal déchiffré le patronyme. Voici ce qu’ils avaient écrit, et vous aurez en fin de toute ma page la procuration intégralement y compris les vues, et vous verrez BELLESOEUR, alors qu’ici on lisait Billehust :

EN CETTE PERIODE ESTIVALE, JE VOUS PROPOSE DEPUIS QUELQUES JOURS DES ACTES ANGEVINS TRAITANT DE PERSONNAGES HORS ANJOU
UN PEU DE VOYAGE EN QUELQUE SORTE
MAIS A L’EPOQUE DES 16 ET 17èmes siècles
Oui, oui, vous avez bien lu le titre : des Angevins sont partis rue de la Harpe il y a plus de 4 siècles.
J’ai trouvé il y déjà longtemps un de mes ancêtres, et ce jour je vous mets un autre ou tout au moins une autre ayant sans doute trouvé un Parisien en mariage, à cette époque !!! Le mien avait quitté Loiré pour Paris, et ici manifestement Angers pour Paris.

Mais qu’est qui attirait donc les Angevins rue de la Harpe ?

Donc, depuis longtemps j’ai un lien avec la rue de la Harpe, à travers mes DROUAULT. J’avais trouvé un magnifique plan en 3D de Paris à cette époque et je ne résiste pas au plaisir de vous le montrer en citant la source :

Ce magnifique plan 3D donne les portes et fortifications le long de la Seine et la rue de la Harpe en 1609 (Plan Vassalieu conservé à la BNF, tiré de « les plans de Paris, histoire d’une capitale » par Pierre Pinon et Bertrand le Boudec, ISBN 1-84742-061-4)

L’acte qui suit comporte une autre particularité. En effet, madame a perdu sa soeur à Angers, laquelle est décédée sans enfants, et donc ses biens vont à sa soeur qui est par ailleurs l’unique héritire. Mais, vous vous souvenez surement que dans tous les actes que vous voyez ici, qui voisinent prochainement les 5 000 actes retranscrits et analysés, c’est monsieur qui traite les affaires pour madame, et excessivement rarement laisse madame faire.
Eh bien, c’est ici madame qui a quitté seule la rue de la Harpe à Paris pour venir à Angers traiter la successon de sa soeur.
Et manifestement monsieur est resté travailler à Paris.
Je peux vous certifier qu’il y a ici matière à souligner cet exceptionnel déplacement d’une femme et ce couple tout aussi exceptionnel. Car les voyages de l’époque n’avaient rien a voir avec le TGV ou le car Macron, mais c’était plusieurs jours à cheval, ou cariole à cheval.
Mesdames, comme dans toute règle, il y avait donc bien des exceptions, et quelques rares femmes parvenaient à traiter leurs affaires au risque de voyages.
Et s’il vous plaît, ne comparez pas avec la Marquise de Sévigné, qui elle, était veuve, et les veuves avaient tous pouvoirs. En outre il ne s’agit pas ici du même milieu aisé, mais d’une simple épouse d’artisan.

Mais, en fin de l’acte, on découvre un des témoins :

de sire Maurille Frotté marchand et Me Charles Alaneau clerc demeurant Angers et Jehan Grattepaille compagnon vitrier demeurant en la maison dudit Poyreau à Paris tesmoings

et ce Gratepaille semble bien être un Angevin parti faire son apprentissage à Paris ? Donc, cette Claire Hardouyn n’est pas venue seule à Angers.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E36 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le samedi 7 mai 1608 après midy, en la cour du roy notre sire à Angers endroit (Chevrollier notaire Angers) personnellement establiz honneste femme Claire Hardouyn, héritière unique de deffunte Claire Hardouyn sa sœur vivante femme de Mathurin Bellesoeur, femme et procuratrice de honneste homme Robert Poyreau marchand vitrier en la ville de Paris et y demeurant rue de la Harpe paroisse de Saint Benoist par procurations spéciale quant ad ce dudit Poyreau passée soubz la cour du chastelet de Paris par davant Lemoyne et Bourgoys notaires héréditaires le 6 du présent mois de mai qui est demeurée attachée à ces présentes pour le soustenement d’icelles d’une part, et ledit Mathurin Bellesoeur marchand demeurant en ceste ville d’Angers paroisse de la Trinité d’aultre part, soubzmectant respectivement mesmes ladite Hardouyn esdits noms et en chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division etc fait entre eux le marché et convention qui s’ensuit, c’est à savoir que ladite Hardouyn esdits noms a vendu et vend par ces présentes audit Bellesoeur stipulant et accepant tous et chacuns les fruits profits revenus esmoluments qui seront receuillis en la présente année et qui ont esté et pourront estre prins par ledit Bellesoeur depuis le jour et feste de Pasques dernière jusques au jour et feste de Toussaint prochaine en et au-dedans desdits héritages acquits par ledit Bellesoeur pendant le mariage et communauté d’iceluy Bellesoeur et de ladite deffunte Claire Hardouyn en tant et pourtant que la dite Claire Hardouyn est depuis seule héritière de ladite deffunte Claire Hardouyn sa sœur, quelque part que lesdits héritages soyent situés et assis en ce pays d’Anjou, à la charge dudit Bellesoeur de jouir et user desdites choses pendant ledit temps comme un bon père de famille sans y malverser ne rien démolir et de paier et acquiter par ledit Bellesoeur les cens rentes charges et debvoirs deuz pour raison desdites choses pour l’année présente et en acquiter ladite Hardouyn, et est faite ladite vendition des dits fruits pour et moyennant la somme de 36 livres tz solvée paiée et nombrée manuellement contant par ledit Bellesoeur à ladite Hardouyn esdits noms qui icelle somme a eue prinse et receue en présence et veue de nous en 45 quarts d’escu 6 pièces bons et de mise suivant l’ordonnance royale, dont ladite Hardouyn s’est tenue à contant et bien payée et en quité et quité ledit Bellesoeur stipulant et acceptant sans préjudice de ses droits desdites choses tant par le moyen de sa donnaison que autrement à ce tenir etc dommages etc oblige etc mesmes ladite Hardouyn esdits noms et en chacun d’iceulx seule et pour le tout sans division etc renonçant etc foy jugement, fait et passé audit Angers en notre tabler en présence de sire Maurille Frotté marchand et Me Charles Alaneau clerc demeurant Angers et Jehan Grattepaille compagnon vitrier demeurant en la maison dudit Poyreau à Paris tesmoings

et je vous mets ici la procuration établie à Paris car elle donne une information précise sur la paroisse


Le (6 mai 1608, illisible au début mais claire à la fin) et Gurdie notaires du roy à Paris soubzsignés fut présent en sa personne Robert Poireau Me vitrier à Paris demeurant rue de la Harpe paroisse st Benoist la bien tournée, lequel fait et constitue sa procuratrice générale et spéciale Clère Hardouyn sa femme qu’il autorise, héritière de Claude Hardouyn sa sœur, au jour de son décès femme de Estienne Belleseur, marchand hostellier, demourant en la ville d’Angers, à laquelle il a donné et donne plein pouvoir et puissance de vendre céder quiter transporter délaisser et prometre garantir de tous empeschements quelconques les héritages qui se trouveront appartenir à ladite Clère Hardouyn par la succession de sadite deffunte sœur tant en ladite ville d’Angers que au hameau de Pepinrun près Paris et aultrement, à telle personne ou personnes et moyennant tel prix charge … et conditions que sadite femme et procuratrice vera bon estre, recepvoir le prix … et à la garantie qu’elle y oblige au bien de sadite femme et procuratrice, composer et accorder aec ledit Belleseur pour le regard du meuble délaissé après le décès de sadite defunte femme moyennant tel prix que ladite procuratrice vera bon estre, à la charge d’acquiter ledit Belleseur des debtes quelle eussent et accomplir son testament et ordonnance de dernière volonté, et pour raison de ce que dessus faire et passer tels contrats accords quittances et dessaisir que besoing sera et si besoing est plaider oposer et appelet et eslire domicile, substituer et généralement prometant etc fait et passé estude desduts Artimeau et Gaudin notaires soubzsignés le 6 mai après midi 1608

Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

Vente de 2 boeufs et une jument, Laigné 1523

l’acquéreur, Clément Alexandre, est libraire à Angers, mais les bestiaux sont bien à Laigné, donc je suppose qu’il est propriétaire de la métairie où ces bestiaux sont nourris et utilisés par le métayer.
L’acte précise l’origine des boeufs, et il s’avère qu’ils ont déjà changé plusieurs fois de mains. Manifestement les marchés aux bestiaux voyaient tourner souvent les bêtes !

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 20 janvier 1522 (avant Pasques, donc 1523 nouveau style) en notre cour du palais d’Angers (Nicolas Huot notaire Angers) personnellement estably René Belleseur demourant en la paroisse de Laigné près Craon en la mestairie des Mazcerz ainsi qu’il dit soubzmectant etc confesse avoir aujourd’huy vendu et octroyé et encores vend et octroie dès maintenant et à présent
à honneste personne sire Clemens Alexandre marchand libraire et suppost de l’université d’Angers et recepveur des deniers communs de ceste ville d’Angers qui a achacté pour luy ses hoirs etc deux beufs dont l’un est en poil garance et 6 ans et l’autre en poil rouge de 7 ans, avecques une jument en poil rouge de 5 ans estant audit lieu des Mazerz lesquels ung nommé Paillard ou Jehan Daudier avoient autrefois venduz à ung nommé Barbin, lequel Barbin les a derechef venduz audit estably vendeur

    je découvre ce nombre assez surprenant de propriétaires successifs, comme vous les découvrez sans doute, avec stupeur ! je ne pensais pas que les bêtes pouvaient à ce point changer de mains !

et est faite ceste présente vendition pour le prix et somme de 21 livres tz poyez baillez et nombrez content en notre présence et à veue de nous par ledit achepteur audit vendeur qui les a euz et receuz en or et monnaie dont il s’est tenu et tient par devant nous à bien paiez et content et en a quicté et quicte ledit achacteur
et a promis doibt et est tenu ledit Belleseur nourrir lesdits deux beufs et ladite jument audit lieu des Mazerz et iceulx garder de tous périlz et fortunes ecepté de mort naturelle
à laquelle vendition et tout ce que dessus est dit tenir etc et à garantir etc aux dommages etc oblige ledit vendeur soy ses hoirs etc renonçant etc foy jugement condemnation etc
présents ad ce honorable homme et saige maistre Lancelot Alexandre licencié ès loix sieur de la Pantamerce greffier des grans jours d’Anjou maistre Guillaume Chailland sieur du Teit et maistre René Daigremont greffier des privilèges aplicques de l’universisté d’Angers tous demourans audit Angers tesmoings
fait et donné à Angers les jour et an susdits

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

    Le notaire Huot fait rarement signer, et miracle, j’ai la splendide signature d’un Daigremont, or, je descends personnellement de Macé Daigremont, totalement contemporain, et vivant aussi à Angers, et compte-tenu des métiers de même catégorie sociale, un lien de parenté est probable, même s’il sera difficile de l’établir.

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François Fayau, sergent royal à Bouillé-Ménard, en prison à Angers, 1607

Manifestement il a besoin d’argent pour être élargi, et vend donc plusieurs obligations et dettes actives, toutes pour des sommes peu importantes. Pourtant, au long de cette énumération d’obligations, on a le montant et le nom d’un notaire seigneurial, ce qui illustre bien qu’un notaire seigneurial traitait aussi des obligations, mais pour des sommes mineures. Les grosses transactions étaient passées à Angers devant notaire royal.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 25 septembre 1607 après midy devant nous Guillaume Guillot notaire royal à Angers furent présents en leur pesonne deument soubzmis et obligés François Fayau sergent royal en Anjou demeurant au bourg de Bouillé Menard et estant à présent prisonnier ès prisons royaulx lequel confesse avoir ce jourd’huy céddé quité transporté et par ces présentes cèdde et transporte et promet garantir et faire valoir à Julien Bellesoeur marchand demeurant audit Bouillé présent et acceptant les sommes de deniers cy après scavoir la somme de 106 livres deue audit Fayau par René Breget par le contrat en deux obligations qu’il a sur luy l’une montant 40 livres et l’autre 30 livres passées par Guillaume Chevalier notaire soubz la court de Bouillé que pour 36 livres d’argent que luy a presté ledit estably par une part et la somme de 66 livres d’autre part et 60 livres et 15 livres 10 sols aussi due audit cédant que Guillaume Piton marchand de fil demeurant en ladite paroisse debvoit tant pour argent presté que vendition et livraison de fil payée en l’acquit dudit Piton que pour autre cause et dit n’y a aucune obligation ne escript
Item par autre part la somme de 20 livres tz par une part et 70 sols par autre deues audit cédant par Macé Davy drappier demeurant paroisse de Noyant la Gravoyère par deux obligations l’une passée par ledit Chevalier et l’autre par Chassebeuf,
Item la somme de 15 livres à iceluy cédant aussi due par Jacques Brossard demeurant au bourg de St Martin du Lymet par obligation passée par ledit Chevalier,
Item la somme de 21 livres deue comme dit est par Symon Perdriau par obligation passée par ledit Chevalier
revenant toutes ledites sommes cy dessus cédées ensemble à la somme de 307 livres tz pour d’icelles s’en faire par ledit Belleseur payer prendre et recepvoir et en faire poursuites en en disposer ainsi qu’il luy semblera comme eust fait ou pourroit faire ledit cédant qui luy en a cédé et cèdde les droits et action par hypothèques et en iceux l’a subrogé et subroge et promis luy aider à avoir lesdites sommes sans préjudice d’autres sommes que les dessus dites dues audit cédant
et est fait la présente cession et transport moyennant pareille somme de 307 livres que ledit Fayau a recognu et confessé avoir eue et receue dudit Belleseur tant ce jourd’huy que avant de quelle somme ledit Fayau s’est contenté et en quite ledit Belleseur ce stipulant et acceptant sans préjudice toutefois d’autres sommes de deniers que ledit Fayau peult debvoir audit Belleseur tant par obligations …
à quoy tenir garantir dommages obligent respectivement etc foy jugement condemnation,
fait audit Angers en une des chambres desdites prisons présents messire Jehan Boullay prêtre vicaire en l’église St Berthelemy et Me Michel Guesdon sergent royal et Jehan Hode clerc audit Angers

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