la civière rouleresse, petite charette à bras

Nous avons découvert ces jours-ci la civière rouleresse dans un inventaire après décès.
Lorsque j’ai consulté les dictionnaires anciens, j’ai été troublée par les explications de la civière, car souvent dite à deux roues. Vous trouvez ces dictionnaires anciens sur ma page de FAVORIS.
Je me suis alors posée la question de sa ressemblance ou non avec la brouette.
C’est le dictionnaire du Monde Rural de Lachiver, qui donne :

Civière : Engin à quatre bras, propre à transporter des fardeaux, et qui est porté par des hommes. Une civière à fumier. La brouette en quelques provinces, aussi bien en Anjou, qu’en Saintonge et en Mâconnais.

Comme l’inventaire en question était Angevin, j’avais conclu à une brouette, mais à la réflexion, cette civière rouleresse était probablement une petite charette à bras, et non à cheval, comme celles que vous allez voir ci-dessous.
D’ailleurs, dans une exploitation agricole, la charette à bras a plus sa place que la brouette, plus petite, et faite pour de plus petites exploitations, comme un jardin particulier.
Voici donc quelques charettes à bras, et une brouette, début du 20ème siècle, en Maine-et-Loire. Ces cartes postales me font penser que la civière rouleresse est une charette à bras.

Baugé
Baugé, Maine-et-Loire, avant 1914

Doué-la-Fontaine, Maine-et-Loire
Doué-la-Fontaine, Maine-et-Loire

Le Lion-dAngers, Maine-et-Loire
Le Lion-d'Angers, Maine-et-Loire

Chanzeaux, Maine-et-Loire
Chanzeaux, Maine-et-Loire

Doué-la-Fontaine, Maine-et-Loire
Saumur, Maine-et-Loire

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Inventaire après décès de René Lemanceau, Champigné, 1665

qui possédait une civière rouleresse (Depuis la parution de cet article, j’ai identifié les charettes à bras, et en voici les cartes postales qui sont sur mon site.)

J’ai fait beaucoup d’inventaires après décès, et plusieurs de métayers ou closiers. J’ai donc vu passer un grand nombre d’outils agricoles anciens, au nom et surtout à l’orthographe fort variables et parfois déroutants.
l’inventaire après décès de René Lemanceau en 1665 à Champigné (Maine-et-Loire), dont je ne descends pas, m’a rendue à la fois très triste et très amusée.

    très triste, parce que cet inventaire m’oblige à revoir le prix moyen du lit. En effet, ici, René Lemanceau est dit métayer, mais c’est dans la plus grande pauvreté qu’il vit.

    très amusée parce que j’y ai enfin compris ce qu’était autrefois la brouette en Anjou.

l’acte notarié est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E80, dont le notaire est André Chevalier, dont je descends.

  • 1-Analyse socio-économique de cet inventaire :
  • Voyez le détail des meubles sur mon site à la page de l’inventaire de René Lemanceau

    Le montant des meubles englobe ses outils de travail. Donc pour interpréter cet inventaire il faut faire la part des objets usuels de la vie courante, et la part de l’outil de travail.

    donc, pour un total de 560 livres, il faut distinguer les objets personnels : lit, chemise, vaiselle, paniers, pots pour un total de 18 L 17 S 12 D et le reste pour l’outil de travail.

    l’outil de travail inclut les animaux, qui sont considérés comme des biens meubles vifs et toujours comptabilisés dans les meubles en tant que tel.
    il est propriétaire de la totalité des animaux, à la différence du bail à moitié dans lequel l’exploitant ne possède que la moitié des animaux. Il a donc un bail à ferme, c’est un dire à prix ferme et est propriétaire des animaux.

    il est propriétaire de la récolte, constituée essentiellement de fil et de blé, mais c’est la vente de cette récolte qui doit couvrir le bail à ferme et je suppose qu’elle est à peine suffisante pour payer

    en conclusion, il vit pauvrement, voire très pauvrement, et il est fort possible que lorsque la récolte est maigre les mauvaises années, il perd de l’argent, si tant est est qu’il en a…

  • 2-Il possède une civière rouleresse :

  • Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification d’un terme.

    la retranscription est sur la page de mon site qui donne l’inventaire de René Lemanceau, et je vous laisse lire et découvrir ces lignes, car elles comportent un élément digne d’intérêt.

    Pour tout vous avouer, je désespérais de trouver la brouette, jamais rencontrée dans les inventaires après décès, alors que le moindre petit outil agricole y est rigoureusement estimé, parfois à un prix dérisoire tel que 2 deniers.

    j’avais certes vu passer une fois une sivière. J’avais compris civière, qui signifie :

    Espece de brancart sur lequel on porte à bras de la pierre, du fumier, & des fardeaux (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694)

    avec l’inventaire de René Lemanceau, je tiens enfin la sivière roulereusse c’est à dire la civière rouleresse, c’est à dire la brouette.
    vérification faite dans le Dictionnaire du Monde rural de Lachiver, les Angevins appelaient la brouette une civière, voici pourquoi je ne trouvais pas de brouette. Mais avouez que la sivière roulereusse c’est à retenir !

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