Sa compagne : manière plus que distinguée de dénommer l’épouse autrefois

Clisson était une petite ville très mondaine.

Je vous ai montré ces jours-ci que le château était habité au 17ème siècle. En outre, la paroisse du Château, celle de Notre Dame de Clisson, qui touche le château, avait chapitre et chanoines.

La population, plus que mélangée, comportait beaucoup de gens ayant des offices importants, la plupart à Nantes. Mais il y en avait même au Parlement de Bretagne, pourtant à Rennes, donc assez éloigné. Dans ces cas je suppose qu’ils y allaient quelques mois par an tout de même excercer leur office.

Tout ce petit monde, mondain, utilisait parfois, voire souvent, un vocabulaire mondain.

Ainsi, la retranscription que je fais actuellement du registre de Saint Jacques de Clisson utilise couramment le terme COMPAGNE ou lieu d’épouse.

Rassurez-vous, tout est légitime, et ce vocabulaire est uniquement bon chic bon genre, ou comme on disait quand j’étais jeune BCBG
D’ailleurs pour mémoire, lorsqu’un couple n’est pas béni par l’église en mariage, les baptêmes issus de ce couple soulignent tout à fait que l’enfant est illégitime, et le fait que tous les baptêmes mentionnent « et untelle sa compagne » pour mère de l’enfant est tout à fait légitime et signifie que le vocabulaire était un peu mondain.

 

Voici pour mémoire ce que donne le dictionnaire du Moyen Français sur le site ATLIF

4.

En partic. « Épouse«  : L’EMPERIÉRE. Ma chiére compaigne, ma seur, M’amour, mon solaz, or sui j’aise Quant je te voy. (Mir. emper. Romme, 1369, 310). Dame, je meismes vous menray La ou je vous espouseray Com ma compaigne. (Mir. Oton, c.1370, 336). …afin que au plaisir de Dieu nous [le duc de Bourgogne] puissions aler veoir en bonne prospérité mondit seigneur le Roy, ma dame la Royne, mon trèsredoubté seigneur monseigneur d’Acquitaine et ma trèsredoubtée fille sa compaigne (Doc. 1413. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 423). …nostre très chère compaigne la Royne (Doc. 1416. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 155). Et la, vous et ma tresredoubtee dame de Calabre, vostre compaigne, quant il vous plaira de y aller, les dames vous y festoieront tresvoullentiers, ainssy que s’enssieut. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 63). Vous avez oy comment Jaques de Voisines m’a sa suer Ysmarie grandement blasonnee et loee ; se telle est, elle est comme je la demande et vueil pour estre ma femme et compaigne (Nouvelles inéd. L., p.1452, 2). Ma treschere compaigne et tresloyale espouse, je vous requier (C.N.N., c.1456-1467, 29). …et là sceut que madame sa compaigne estoit fort malade (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 222). Je vous requiers et prie que Creusa vostre fille me voeilliés donner a compaigne (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 225). Toutesfois, messire Jacques, nous vous tenons bien estre recors des alliances de nostre très-cher et bien aimé fils de Navarre et de nostre très-chère et bien aimée fille sa compagne, laquelle est nièce de nostre très-cher et bien aimé le duc de Bourgongne, ensemble plusieurs alliances par nos ancestres et par elle acquises (Faits Lalaing K., c.1470, 152).