Eh oui !
Pour ma part, j’ai une longue expérience des disparus, ayant personnellement dans mes proches relativement récents 3 disparus. Pour l’un de ces 3 disparus, après plus de 6 mois d’acharnement de recherches intensives à Angers dans toutes les sources, j’ai pu retrouver le fil, et ma famille a donc un long dossier sur ce disparu qui fut mon quadriaïeul.
Avant la Révolution, c’était le droit coutumier qu’on appliquait et il s’avère qu’en Anjou, on était réputé disparu au bout de 7 années. Depuis la Révolution il faut attendre plus longtemps.
Donc, ce jour je vous mets la succession de René Delahaye disparu, mais manifestement lors de sa disparition il était sous tutelle, donc âgé de moins de 25 ans, n’a pas de frères et soeurs vivants, pas plus que ses parents, et en droit coutumier Angevin de l’époque ce sont donc les frères et soeurs de ses parents qui héritent.
Vous avez bien suivi ?
Donc l’acte que je vous mets donne en long et en large les 5 frères et soeurs encore vivants de ses parents.
On apprend que sa mère Renée LEMAISTRE s’était remariée à un GRANGER dont elle a eu des enfants avant 1659 puisqu’elle est aussi décédée.
Mais là, je dois vous souligner un point important. En effet, l’acte n’est en aucun cas une succession, mais un acte très banal qui est une simple quittance. J’insiste lourdement sur ce point car CONTRAIREMENT A CE QUE CERTAINS PENSENT ce ne sont pas les actes de mariage et de succession qui apprennent tout, et les transactions, quittances et autres actes vous en apprennent très souvent BEAUCOUP à la fois sur les filiations et sur les biens donc le statut social.
Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
Le 13 mai 1659, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers furent présents establis et deument soubzmis
Pierre Delahaye marchand tanneur demeurant en cette ville paroisse de la Trinité cy devant curateur de René Delahaye absent à présent réputé mort par son absence de 7 années eschues dès le mois de janvier dernier, faisant tant pour luy que pour ses frères et soeurs héritiers propriétaires pour une cinquième partie dudit René Delahaye et se faisant fort d’honnorable homme René Nail sieur des Meslettes et honnorable femme Mathurine Delahaye sa femme, et de Mathieu Bouguireau Me boucher et Roze Delahaye sa femme, promettant qu’ils ne contreviendront à ces présentes ains les ratiffieront toutefois et quantes à peine etc d’une part, et Me Jean Granger archer et huissier en la maréchaussée d’Angers y demeurant paroisse saint Michel du Tertre tant en son privé nom que comme père et tuteur naturel de ses enfants et de deffunte Renée Lemaistre d’autre part, lesquels ont fait entre eux ce qui suit, c’est à savoir que ledit Pierre Delahaye èsdites qualités, en, présence et du consentement de
noble homme Me Laurent Gauld sieur du Hardaz advocat au siège présidial de cette ville, mary de damoiselle Renée Delahaye et de honnorable femme Julienne (f°2) Gigault veufve de deffunt honnorable homme Claude Delahaye mère et tutrice naturelle des enfants dudit deffunt et d’elle, aussy héritières pour une cinquiesme dudit René Delahaye, lequel estoit fils de deffunt Jacques Delahaye et de ladite Lemaistre, a receu contant en nostre présence dudit Granger qui luy a payé de ses deniers comme ayant les droits de Jacques Ferré Me thailleur d’habits en cette ville cy devant fermier de certaines vignes dépendant de la succession dudit René Delahaye située au clos Piron paroisse de Montreuil Belfroy par bail passé par Lecourt notaire de cette cour le 19 février 1657, et ce en exécution de jugement provisoire rendu au siège de la prévosté et présidial de ceste ville les 6 et 8 février dernier et 10 de ce mois, la somme de 150 livres pour 2 années échues à la Toussaint dernière de la ferme desdites vignes à raison de 75 livres par an, de laquelle somme de 150 livres ledit Delahaye esdits nms se contente et en quitte lesdits Granger, Ferré et tous autres, et consent deslivrance (f°3) et main levée pure et simple des meubles exécutés à sa requeste sur ledit Ferré et la descharge des gardiateurs les payant par luy de leurs frais s’ils en prétendent, et à l’esgard des procès et différends pendant entre lesdites parties esdits noms audit siège de la prévosté et du présidial d’Angers, et de l’exécution des sentences y rendues les 23 mars 1645, 31 août 1646 ; 26 novembre 1655, 29 août 1656 et autres cy dessus datées, ont de l’advis de leurs conseils et amis transigé et accordé ainsi que s’ensuit, premièrement ledit Granger esdits noms a renoncé et par ces présentes renonce au profit desdits héritiers René Delahaye à la propriété et seigneurie d’un demi quartier de vigne situé audit cloux Piron que lesdits deffunts Jacques Delahaye et Lemaistre auroient acquis pendant leur communauté de biens par contrat passé (blanc) la grosse duquel il a promis mettre ès mains dudit Pierre (f°4) Delahaye toutefois et quantes, comme aussi a renoncé aux autres acquits faits pendant la communauté desdits Delahaye et Lemaistre quels qu’ils puissent estre, quoi que par ledit jugement dudit jour 23 mars 1645 il ait esté jugé récompensé sur iceux au profit de ladite Lemaistre, ce fait au moyen de la somme de 150 livres que ledit Pierre Delahaye esdits noms a payée contant audit Granger aussi esditsnms pour le prix desdits acquits suivant l’estimation qui en a esté faite et comme aussi luy a payé la somme de 10 livres à laquelle ils ont composé pour les augmentations et améliorations faites sur lesdites vignes acquises par ledit Granger et ladite Lemaistre, et outre la somme de 36 livres
pour l’usufruit qui estoit deu à ladite deffunte Lemaistre par le décès de deffunt Alexandre Delahaye son fils frère dudit René, que pour le douaire d’icelle Lemaistre jusques à son décès sur les propres de sondit premier mari, desquelles sommes de 50 livres d’une part et 10 livres d’autre ledit Granger esdits noms (f°5) s’est contenté et en a quitté et quitte ledit Delahaye esdits noms, lui a promis et s’est obligé payer en l’acquit dudit Granger les fermes dudit lopin de vigne pour l’année présente comme aussi ledit Granger esdits noms promet et s’oblige admortir à la fabrique de la Trinité de cette ville et aux chanoines et chapelains de ladite église la rente hypothécaire de 111 sols un denier qui leur a esté créée pour 100 livres de principal par lesdits deffunts Jacques Delahaye et Lemaistre, et en fournir audit Pierre Delahaye esdits noms acquit et descharge vallable dans 2 ans prochains, et cependant payer ladite rente chacun an et faire cesser toutes poursuites à peine etc et s’oblige de fournir toutefois et quantes audit Delahaye les acquits de ladite rente du passé, ensemble les acquits des rentes tant foncières que féodales deues sur lesdites vignes pressouers jardins et logements en dépendant, tant pour le passé jusques à la Toussaint dernière afin que ledit Delahaye esdits noms n’en soit aulcunement inquiété ni recherché à peine etc et a ledit (f°6) Delahaye esdits noms recogneu que ledit Granger luy a mis entre mains la grosse du contrat d’acquisition du marc des cuirs des paroisses de Feneu et la Membrolle
fait par deffunt René Delahaye père dudit Jacques en date du 18 juin 1603 et autres pièces y attachées, dont il le descharge, et au moyen de ce que dessus sont et demeurent lesdites parties esdits noms hors de cour et de procès et lesdites instances nulles terminées et assoupies, sans despends dommages ne intérests de part ni d’autre, renonçant icelles parties respectivement à jamais s’entre inquiéter ni rechercher pour raison desdites instances, par ce que ainsi ils ont le tout voulu consenti stipulé et accepté par lesdites parties esdits noms et en chacun d’iceux chacun pour son regard solidairement biens et choses à prendre vendre etc renonçant etc et par especial esdits noms respectivement au bénéfice de division etc dont etc fait et passé audit Angers en nostre estude présents (f°7) ledit Ferré Me René Moreau et Louis Godier praticiens demeurant audit Angers tesmoings »