Introduction
L’université de Paris était utilisatrice de papier, et avait même au moins un responsable de la gestion du papier de l’université, dénommé papetier juré en l’université.
Maison de la bannière de France rue St Antoine, Paris
Pour passer son contrat de vente à l’université de Paris, Victor Thomé, papetier à Saint Rémy de la Vanne (77) doit dormir à Paris. La rue St Antoine était alors assez aristocratique, et si la maison de la bannière de France a disparu de Paris, il existe encore en France à Laon, un hôtel de ce nom. Je suppose que cette hôtellerie portait en enseigne le drapeau du roi : « La bannière de France, drapeau de nos anciens rois lorsqu’ils allaient à la guerre, et qui était parsemé de fleurs de lis. » (dictionnaire Littré)
Contrat à l’année, livraisons chaque mois
Les contrats de vente de marchandises étaient autrefois passés devant notaire, et c’est ainsi que le contrat suivant nous est parvenu. Il fait manifestement suite à des contrats annuels précédents, et il est fort bien structuré, car tout y est défini, même les risques d’imposition lors du transport, car autrefois, certes on ne connaissait pas les péages d’autoroute, mais on avait bien des péages divers. Le contrat prévoit aussi quelques défauts de qualité, et un prix dans ce cas, et il faut se souvenir que ces moulins à papier d’autrefois subissaient les aleas du temps, humide ou sec etc… et la qualité du papier pouvait dépendre du temps qu’il faisait ce jour-là. Enfin, les quantités achetées par l’Université de Paris sont importantes.
2 qualités de papier
le moyen et le commun, mais ce dernier est meilleur que le moyen car son prix est supérieur : « le moyen de 40 sols par rame, et le commun 50 sols » J’ai compris que le payeur était l’université, qui avait donc des fonds pour l’achat du papier, mais je croyais qu’alors les étudiants venaient avec leur propre papier, et il faut sans doute comprendre qu’ils pouvaient aussi en acheter à l’université, car je pense pas qu’on leur donnait gratuitement.
Victor Thomé, frère d’Antoine aussi papetier
Antoine Thomé, ascendant de Jules Verne, est papetier au moulin voisin de la Fontaine Chailly à Saint Rémy de la Vanne. Victor, don frère, a 35 ans en 1635 et manifestement il est chargé de vendre non seulement le papier produit au moulin de la Planche, mais aussi celui d’autres moulins à papier voisins. Je vous ai montré combien les papetiers étaient solidaires entre eux. D’ailleurs les quantités livrées sont importantes et dépassent probablement les capacités d’un moulin.
Les registres paroissiaux de Saint Rémy de la Vanne sont plus que lacunaires, car si l’un est très lacunaire, l’autre n’est qu’une table et non le registre. Ainsi, il est impossible de retrouver la naissance d’Antoine, mais on a sa filiation prouvée par son contrat de mariage devant notaire. D’autres Thomé vivent alors à Saint Rémy de la Vanne, manifestement issus d’une même branche car on y retrouve les prénoms Antoine, Victor etc… Je les ai tous reconstitués tant bien que mal. Je les publierai.
contrat de vente à l’université de Paris, 1635
L’acte est passé à Paris le 7 mars 1635 par le notaire Renault VAUTIER cote MC/ET/CXII/25 « Le 7 mars 1635, fut présent Victor Thomé marchant papetier juré en l’Université de Paris, demeurant au moulin à papier de la Planche paroisse St Remy de la Vanne en Brye, estant à Paris logé rue St Anthoine en la Maison de la bannière de France, paroisse St Germain, a recognu avoir vendu et promis fournir et livrer à honnorable homme Romain Bouteleu marchant papetier juré en ladite université demeurant rue St Denis enseigne du chapeau royal paroisse saint Jacques de la Boucherie à ce présent, la quantité de 1 200 rames de moyen de poix (poids) de 7 à 8 livres, de 400 rames de commun du poix de 9 à 10 livres, le tout bon loyal et marchant bien collé et conditionné, et de la fasson dudit Thomé, que ledit Thomé sera tenu amener et rendre à ses fraiz et despens à Paris pendant un an commencé le premier de ce mois et livré chacun mois 100 rames jusques à la révolution dudit an, sans que ledit Thomé soit tenu payer aucun droit d’import pour la ferme de Paris, sinon qu’il acquittera ce qu’il est deub de ferme sur les lieux ; et lequel droit de Paris ledit Bouteleu payera. Ce marché fait moyennant que ledit Bouteleu s’est obligé vers ledit Thomé de luy fournir et… délivrance eschera à la fin du présent mois et ainsy continuer de mois en mois (f°2) et livré au fur et à mesure de ladite délivrance de payer jusques à concurrence de vingt milliers de vieux chapeaux que ledit Thomé yra prendre et recevoir au magasin du faulxbourg St Marcel à raison de 40 livres le millier, et ce pendant ladite année, et pour le surplus du poix (poids) … rames de papier à raison scavoir le moyen de 40 sols par rame, et le commun 50 sols, ledit Bouteleu sera aussy tenu le bailler et payer audit Thomé à fin de la délivrance après disjonction faicte de ce qui luy sera livré à chacun jour de vieux chapeau (sic), et s’il se rencontre par la tradition (action par laquelle on livre quelque chose à quelqu’un) qui sera faite de ladite marchandise de papier y en a de défectueuse et non recepvable ledit Bouteleu sera tenu pourtant la prendre en luy rabatant 11 sols sur chacune rame sans que ceste clause puisse donner lieu audit Thomé de fournir aultre marchandise que bien et duement conditionnée comme dit est, et pour … des présentes a ledit Thomé esleu domicile en la maison de François Bonnin Me de la Bannière (f°3) de France ou il est logé … nonobstant … »
