Contrat de compagnie de musiciens, Angers, 1557

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Voici un document exceptionnel, par le sujet, la musique, et par l’esprit de solidarité ! Aussi je vous laisse le découvrir :

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici la retranscription : Le 19 novembre 1557 en la court royale d’Angers (Marc Toublanc notaire) endroit personnellement establiz chacun de Guillaume Dallibert Guillaume Goupil et Jehan Desuille joueurs d’instruments demeurant Angers soubzmetant eux leurs hoirs ou pouvoir confessent avoir fait et font les accords qui s’ensuivent
• c’est à savoir qu’ils et chacun d’eux ont promis et promectent l’ung à l’autre de jouer ensemblement du jourd’huy jusqu’à 3 ans prochainement venant tant de viollons cornetz haulbois que autres instruments sont ils ont acoustumé jouer user en leurs geutz touttefois et quantes qu’ils en seront requis tant de ceste ville d’Angers que d’autres lieux sans qu’ils s’entre puissent laisser pendant ledit temps ne qu’ils puissent aller jouer ne eulx séparer en autres compaignies ains faire chacun d’eulx bien deument et honnestement leurs debvoirs ainsi qu’il est et sera requis et qu’ils ont acoustumé faire

    le cornet de cette époque était le cornet à bouquin, ci-dessus

• et se rendront l’un chez l’autre immédiatement eulx seront mandez par le premier d’eux en telle maison qu’il sera advisé par l’un d’eulx soyt en la maison dudit Dallibert ou autre maison en ceste ville pour eulx recorder à jouer toutefois et quantes qu’il en sera besoing
• et participeront en tant l’ung que l’autre ès gains deniers esmoluements qui leur seront baillez et payez lors et quand ilz auront joué ensemblement
• aussi est dit que si l’ung d’eulx estoyt mallade et qu’il ne peust vacquer pour ladite malladie à jouer avecq les deux autres pour le regard de ce qu’ilz jouront et gaigneront en ceste dite ville et ailleurs ils sera néanmoins payé et participera audit gain autant que les autres pourveu toutefois qu’eulx trois ensemble soient mandé et appelez pour jouer et qu’ils jouent de son instrument comme dict est et non autrement,
• et est tout ce faict à la peine de chacun 20 escuz sol et de tout autre despens et indemnités de peine du jour d’huy stipulée les ungs à l’encontre des autres et à eulx applicable et payable de leur consentement en cas de deffault ces présentes néanmoins demeurent
• tellement que à tout ce que dessus est dict tenir et accomplir obligent lesdites parties l’ung vers l’autre eulx leurs hoyrs et mesmes leurs biens à prendre vendre et aussi comme deppositayres en justice et leur corps à tenir prison comme pour les propres affaires du roy notre sire renonczant etc foy jugement condemnation
• ce fut fait et passé audit Angers par devant nous Marc Toublanc notaire de ladite court présents à ce Guillaume Thomyn et Pierre Cochart demeurant audit Angers tesmoings

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

    Nos 3 musiciens ont une belle signature, certes différente de celle des officiers de justice, que nous avions vue maniérées avec des volutes, mais elles attestent des gens cultivés.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du projet européen

4 réponses sur “Contrat de compagnie de musiciens, Angers, 1557

  1. Compagnonnage artistique.
    Peut-être charmaient ils parfois, les belles dames qu’ils voyaient aux fenêtres, à la façon des troubadours du moyen- âge !

    Note d’Odile :
    Oui, mais j’ai compris que c’était pour répondre à des demandes, et contre monnaie trébuchante qu’ils partageraient, donc, j’ai pensé que des gens aisés, chatelains ou haute bourgeoisie, ou même la mairie d’Angers, les demandaient et payaient. D’ailleurs, je pense que de nos jours on peut toujours demander pour une occasion (mariage,fête quelconque publique) un groupe de musiciens, et j’ai donc pensé que ce contrat avait un air très moderne alors qu’il est ancien.

  2. Selon l’ouvrage La France de la Renaissance, histoire et dictionnaire, Arlette Jouanna et Coll., Laffont, 2001, la Renaissance (1470-1559) est passionnée de musique. On dénombre 4 000 à 5 000 chansons, dont celles de Marot, des poèmes de Ronsard, mais aussi beaucoup d’anonymes. Les chanteurs peuvent s’accompagner du luth. Savoir jouer d’un instrument fait partie d’une bonne éducation, chez les garçons comme chez les filles.
    « La musique est aussi de toutes les fêtes. Les musiciens de village font danser les paysans au son des chalumeaux ou des cornemuses. Citons encore Félix Platter : « Avec la nouvelle année (1553) commencèrent des sérénades galantes, données la nuit devant les maisons. Les instruments de musique étaient les cymbales, le tambourin et le fifre. Le même musicien jourant des trois instruments à la fois ; le hautbois, qui était très commun, la viole et la guitare qui étaient dans leur nouveauté. Dans les villes, les bals et les aubades sont nombreux entre Noël et Carême. Les riches bourgeois donnent des bals où l’on mène les demoiselles. Après souper, on y danse aux flambeaux le branle, la gaillarde, la volte, la tire-chaîne, etc… jusqu’au matin.»
    Les entrées des grands personnages dans les villes sont l’occasion de faire entendre la musique…»

  3. A la cour, le Roi René, amateur d’art et de divertissements, entretenait des musiciens qui formaient un petit orchestre,des chanteurs,des acteurs qui récitaient des vers et donnaient des représentations théatrales.Les repas étaient pris en musique, accompagnés par des chants, des poèmes et des intermèdes de danses.
    ( La cuisine à la cour du Roi René. Anne Vallon de Montgrand. )

  4. Il est intéressant de noter que le violon serait apparu vers 1520 (la première mention en serait faite en 1523 dans un registre de la Trésorerie générale de Savoie). En 1556, Philibert Jambe de fer écrit : « Le violon est fort contraire à la viole… Nous appelons viole c’elles desquelles les gentils hommes, marchantz et autres gents de vertuz passent leur temps… L’autre s’appelle violon et c’est celuy duquel ont use en danceries. »
    Note d’Odile :
    Merci de cette précision, et elle nous permet de voir que nos trois musiciens angevins (ceux du contrat de compagnie ci-dessus) connaissaient les nouveautés ! Un instrument de musique qui n’a que 30 ans alors !

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