Contrat de mariage de René Poirier, aliàs Perier, et Michelle Brisset, Rochefort-sur-Loire 1578

Ce contrat de mariage est particulièrement chargé de renvois et donc très mal aisé à retranscrire. D’ailleurs, la plupart du temps, je vous mets ici, des actes plus que mal aisés à retenscrire.
Pour le patronyme POIRIER, on découvre qu’il signe PERIER, aussi je vous mets ici les deux formes.

Vous allez découvrir que la mère de la fille paye le banquet des noces, et cette clause est rare. D’ailleurs, je pense que de nos jours les frais sont partagés au prorata des invités, et non uniqumenet payés par les parents de la demoisellle future épouse.
Et elle aura aussi une robe tout à fait exceptionnelle, comme on en voit dans les films de cape et d’épée, d’ailleurs le Dictionnaire du Monde rural de M. Lachiver, précise que la robe est un vêtement en une seule pièce qui n’est porté que par les jeunes femmes aisées jusqu’au premier quarte du XIXème siècle, par qu’on lui préféra longtemps le costume en deux pièces.
Ceci dit, je souligne la robe de cette future épouse parce qu’elle est décrite, et surtout parce que le coupe est certes un peu aisé, mais sans plus, et il ne s’agit en aucun cas d’un très grand mariage, donc ce type de robe était bien porté par le milieu des petits marchands.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de l’acte : Le 20 novembre 1578, comme en traitant et accordant le mariage (Lepelletier notaire Angers) d’entre honneste homme René Poirier fils de défunts honorables personnes François Poirier et Jehanne Gravereul ses père et mère en leurs vivants demeurant en la paroisse de Thouarcé d’une part
et honneste fille Michelle Brisset fille de défunt honorable homme Pierre Brisset vivant marchand demeurant à Rochefort sur Loire et honneste femme Nicole Demont sa femme à présent sa veuve d’autre part
et auparavant qu’aucune promesse ne bénédiction nuptiale fussent ne soient intervenu entre lesdits futurs espoux ont esté faits les accords pactions et conventions matrimoniales qui s’ensuivent
pour ce est-il que en la cour du roy notre sire Angers (Lepelletier notaire Angers) et monseigneur duc d’Anjou fils et frère de roy, endroit par devant nous personnellement establis ledit René Poirier, marchand, demeurant en la paroisse de Loirre d’une part, et ladite dame et Michelle Brisset sa fille demeurantes en ceste ville d’Angers paroisse de la Trinité d’autre part

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    J’ai graissé la retransciption. C’est la fin de la page, et le notaire écrit un peu de travers, excusez-le.
    On lit nettement POIRIER et LOIRRE.
    Pour le patronyme du futur, que le notaire écrit POIRIER, mais que le futur signe PERIER, on ne peut trancher sachant que l’accent était autrefois très important et que le notaire, comme le curé dans son registre de BMS, écrivait phonétiquement ce qu’il entendait. Point de carte d’icentité à l’époque !
    Pour la paroisse LOIRRE, cela se complique un peu, car on a 2 solutions : Loiré et Louerre. On doit aussi ici réfléchier à la phonétique puisque le notaire écrivait ce qu’on lui disait, et qu’on parlait avec beaucoup d’accent autrefois, et, pire, cet accent variait beaucoup d’un village à l’autre.
    Louerre est situé à quelques km à l’ouest de Thouarcé, et curieusement le Dictionnaire du Maine et Loire de Célestin Port donne un grand nombre d’orthographes au fil des siècles, entre autre Lorie 1044, loerra, Loyrra, Loirra 1020, Lorris 1106, Loyrre 1281, Loyre 1539 etc… Ce qui nous amène à penser que LOIRRE, qui est ici écrit par le notaire, pourrait bien être Louerre.
    Hélas, les BMS de Louerre ne permettent pas d’atteindre 1578, date de l’acte en question, mais on peut supposer que Louerre est une piste très vraisemblable.

soubmettant lesdits establis respectivement etc confessent etc scavoir est ledit René Poirier de l’advis et consentement d’honorable homme Me Gilles Héard l’aîné sieur de la Hallerdière licencié en droit, avocat au siège présidial d’Angers, Gilles Héard juge des traite d’Anjou, ses oncle et cousin germain, et de Me Jehan Foucher aussi licencié ès lois avocat audit Angers cousin du costé de sa femme, René Poirier et sire François Poirier marchand demeurant à Touarcé son cousin germain, a promis et promet prendre à femme et espouse ladite Michelle Brisset
et Icelle Michelle Brisset de l’advis autorité et consentement de ladite Demont sa mère a aussi promis et promet prendre à mary et espoux ledit René Poirier et s’entre espouser l’un l’autre en face de sainte église catholique et romaine si tost que l’un en sera par l’autre requis tout légitime empeschement cessant
en faveur duquel mariage qui autrement n’eust esté fait ladite Demont en avancement de droit successif de ladite Michelle sa fille a promis et promet bailler et payer aux futurs espoux le fonds et revenu de la moitié d’une maison située au bourg dudit Rochefort près l’église dudit lieu comme ladite moitié de ladite maison appartient à ladite Michelle à tiltre de successif de sondit feu père et de laquelle moitié de maison ladite Demont a consenty et consent pour ce regard et en ce qui à elle touche que lesdits futurs espoux en jouissent pour l’advenir et en facent et disposent du tout à leur plaisir et volonté et au douaire qu’elle peut prétendre sur icelle moitié elle y a renoncé et renonce moyennant ces présentes
la somme de huit vingts escuz deux tiers d’escu sol montant et revenant à 500 livres tz
et oultre en pareille faveur que dessus ladite Demont leur a baillé et délaissé à tiltre d’avancement de droit successif de ladite Michelle trois quartiers de vigne ou environ sis en la paroisse de Loirré scavoir est deux desdits trois quartiers ou environ au clos de la Gandinière et le tiers quartier au clos des Plantes et ung quartier appellé la Planche des Vignes en ledit cloux de vigne,
et demeure tenue ladite Demont de payer et acquiter sa vie durant toutes rentes charges et debvoirs dus pour raison desdites vignes fors la dixme d’icelles que paieront lesdits futurs espoux et leur a baillé lesdites vignes franches et quites du passé jusques à huy
et où lesdits futurs espoux vouldroient vendre leurdite moitié de maison ladite Demont a promis et demeure tenue de toutes poursuites et diligences requises et nécessaires avec lesdits futurs espoux pour l’autre moitié de ladite maison appartenant à Jehanne Brisset son autre fille par autorité de sentence
et laquelle Demont en oultre les ainstruements ? et habillements qui appartiennent à sadite fille, icelle Demont a promis bailler dedans lesdites espousailles une robe de cérémonie à grande queue à queue parée de taffetas et d’ung grand velours et ung cotillon d’escarlatin rouge avec du velours

escarlatin : sorte d’étoffe de laine rouge (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997)

avec son trousseau de linge honneste et fera la dépense du banquet du jour des espousailles desdits espoux

    il est exceptionnel d’avoir cette clause précisée dans un contrat de mariage, et généralement on n’y traite pas les frais de la noce

moyennant lequel mariage qui aultrement n’eust esté fait ladite Demont a quité et quite lesdits futurs espoux de toutes les pentions nourritures avec levées et vestements de ladite Michelle Brisset depuis le décès de son dit feu père jusques à huy
et lesdits futurs espoux ont aussi quité et quitent ladite Demont de l’exploitation et jouissance par elle faite des héritages de ladite Michelle sa fille de tant qu’il luy en appartient de la succession de son feu père aussi depuis son décès jusques à ce jour et desquels héritages et meubles appartenant à ladite Michelle de la succession de son dit feu père lesdits futurs espoux ont voulu et consenty veulent et consentent que ladite Demont en jouisse sa vie durant sans que lesdits futurs espoux en puissent rechercher ladite Demont sa vie durant,
de laquelle somme de huit vingt six escus deux tiers d’escus sol (ceci est l’équivalent de 500 livres) ledit René Poirier a promis et promet en mettre et employer la somme de 83 escuz ung tiers d’escu sol en acquet et achapt d’héritage tant en leur nom et au profit de ladite Michelle Brisset et de ses hoirs, qui sera et dès à présent demeure tenu censé et réputé de nature de propre héritage patrimoine paternel de ladite Michelle et de ses hoirs, sans que ladite somme de 83 escuz ung tiers d’escu acquests et actions pour icelle et pour iceulx avoir poursuivre et demander puissent entrer en la communauté desdits futurs espoux
et le reste desdits huit vingt six escuz deux tiers d’escy sol montant pareille somme de 83 escus ung tiers d’escu demeurera et dès à présent demeure audit René Poirier pour son propre et don de nopces au cas que ladite Brisset décède sans hoirs en la communauté
a ledit René Poirier constitué et assigné ladite Michelle sa future espouse douaire coustumier cas de douaire advenant selon la coustume de ce pays et duché d’Anjou
et dont et de tout ce que dessus lesdites parties sont demeurées à ung et d’accord, auxquels accords traictés et promesses de mariage et tout ce que dessus est dit tenir etc sur ce etc obligent lesdites parties respectivement etc renonçant etc foy jugement condamnation etc
fait et passé à Angers par devant nous Mathurin Lepeletier notaire royal audit lieu en présence de Me Jehan Besnier sieur de Hedrye avocat, René Avril marchand, Michel Faucheulx Ysac Comeau Mathurin Menard et Jacques Allard demeurant Angers tesmoings à ce requis et apellés

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5 réponses sur “Contrat de mariage de René Poirier, aliàs Perier, et Michelle Brisset, Rochefort-sur-Loire 1578

  1. On imagine bien la robe à grande queue et le cotillon d’escarlatin rouge avec velours !
    E.3644.(Carton.)-2 pièces,parchemin;8 pièces,papier.
    1579-1786.-POIRIER.
    -Testament de Fabienne Poirier,qui fonde divers services dans l’église de La Trinité d’Angers et de Grézillé;-lettres royaux portant création de l’office de procureur au Grenier à sel d’Ingrandes au bénéfice de Michel Poirier;- acquêt par Louis Poirier de partie des meubles de Renée Menuau,veuve de François Cizay;-procès-verbal d’installation de Jean Poirier comme chapelain du château de La Chifolière;-bulle et enquête de dispense pour le mariage de Guy-Michel Poirier avec Renée Chartier;-constitution par Antoine Clavereul,curé de La Trinité d’Angers,d’une rente de 100 livres au profit de Jacquine Poirier;- acquêt par Nicolas Poirier de terres en Saint-Laud;- et de la closerie du Pressoir- Franc.

      Note d’Odile :
      En vérité, je ne sais s’il était POIRIER ou PERIER car si on regarde attentivement sa signature, il serait probablement PERIER, aussi je le mets en mot-clef comme tel.
      Il est d’ailleurs probable, mais ceci reste un hypothèse personnelle, que les deux patronymes ne fassent qu’un.
  2. Ce, pour vous informer que je viens d’ajouter dans l’acte ci-dessus, un long commentaire, accompagné d’une vue de 5 lignes de l’acte en question, pour vous illustrer la difficulté lors des retranscriptions de ces actes, pour identifier les noms propres, ici, le patronyme PERIER aliàs POIRIER, et la paroisse LOIRRE aliàs LOIRé ou bien LOUERRE avec probablement une préférence pour LOUERRE parce que située à quelques km à l’ouest de Thouarcé.
    Bonne lecture
    et joyeuses fêtes de fin d’année
    Odile

  3. Bonjour,

    Nous conservons dans notre fonds de livres anciens, un livre d’heure de Simon Vostre qui a appartenu à Pierre Oirier, puis à sa veuve Françoise Picard en 1654. Sur la page de totre de ce livre figurent les armoiries de la Reine Claude de France. Nous étudions actuellement cet ouvrage pour savopir si ces armoiries sont authentiques. Avez-vous des informations complémentaires sur cette famille ou une piste qui pourrait expliquer comment cet ouvrage est arrivé dans les mains de Pierre Poirier ???

    merci d’avance

    Cordialement

    Martine Vallon
    Directrice du Patrimoine
    de la ville de Romorantin.

      Note d’Odile :

    Si un de mes lecteurs peut vous répondre, il le fera volontiers, mais pour ma part, je n’ai rien, et je dois dire que le patronyme Poirier est relativement fréquent.

  4. -LA FELONIERE à LOUERRE
    et le prévoyant et malicieux devis des dépenses qu’une femme occasionne… de Monsieur de La Félonière.
    -On remarque,dans l’église de Louerre,une plaque funéraire édifiée par souscription publique à la mémoire de Monsieur André-Pierre Guenyveau de La Félonière,bienfaiteur du pays,décédé en 1818.C’est à ce généreux homme que l’église doit sa reconstruction presque entière et un grand nombre de ses ornements intérieurs:parmi ceux-ci,on peut admirer tout particulièrement une fort belle vierge en tilleul commandée par lui en 1812 à Pierre-Louis David,le père du célèbre David d’Angers.
    -Monsieur de La Félonière était d’une grande piété;ancien gentilhomme du duc d’Orléans,il vivait depuis longtemps retiré dans son manoir patrimonial de La Félonière,dont les grilles s’ouvrent juste vis à vis l’église qu’il s’était consacré à embellir;c’est une belle vieille habitation couverte de lierre et entourée d’un fort beau parc ou coule la jeune Aubance,qui prend sa source précisément sous l’église.A quelque distance du manoir,dans le parc,se voit un curieux oratoire littéralement couvert d’inscriptions tirées des livres saints et,sur la porte elle-même du logis,celle-ci; »Nous n’avons pas ici de demeure permanente,mais nous cherchons celle qui est à venir ».
    -Le maître du logis,comme l’on voit,était un esprit fort sérieux;il n’en était pas moins pourtant très original;longtemps célibataire,il décida un jour de se marier et,moitié sérieux,moitié riant peut-être quand-même,il se fit dresser un devis…des dépenses qu’une femme occasionne ! Disons tout de suite qu’il ne recula pas devant l’addition qui lui fut présentée et qu’il s’en trouva bien,puis jetons un coup d’oeil sur le mémoire qui nous est parvenu,car il est un précieux document pour qui aime à connaître les moeurs d’autrefois.

    « Etat de la dépense extraordinaire qu’une femme doit occasionner dans un ménage:on va supposer que Madame sera vertueuse,modeste,économe sans avarice,attachée à son ménage,complaisante pour son mari,qu’elle ne sera ni joueuse,ni coquette,ni orgueilleuse,ni jalouse de ses pareilles;le défaut d’une de ces qualités suffirait pour empêcher de faire une estimation exacte.

    « Bijoux;la dépense à faire avant le mariage pour bijoux,diamants,boîtes à mouches,boucles,bracelets,tabatière d’or,montre,coiffures,robe du jour et du lendemain,présents à faire aux parents,aux domestiques,repas de noce,etc;le tout avec économie dans le siècle estimé 8.000 livres.

    « Madame occasionnera une augmentation dans l’ordinaire du ménage que nous ne portons qu’à 20 sols par jour.

    « Habillement: une robe d’indienne pour aller à la messe et rester chez soi;autres robes,jupons,camisoles,mantelets,garnitures,noeuds,mitaines,bonnets et coiffes,poudres,pommades et pâtes d’amandes,trois chemises tous les ans,une cape de taffetas tous les trois ans,un éventail…

    « La femme de chambre de Madame coûtera y compris les gages et la nourriture,450 livres;présents que Madame lui fera si elle le mérite,30 livres.

    « Madame aura du feu dans sa chambre,ce qui est estimé une corde et demie de bois d’augmentation par an:30 livres.

    « Madame aura compagnie tous les mois et six repas pour sa famille et ses amies par an,soit 252 livres.

    « Elle prendra vingt chaises à porteurs par an pour visites de cérémonies et par mauvais temps…

    « Six comédies par an,par complaisance,galanteries que Monsieur fera à Madame le jour de l’an,celui de sa fête et autres occasions…

    « Madame sera d’une bonne santé,moyennant la conduite sage qu’elle aura,mais les suites du mariage occasionneront le chirurgien,la garde pendant un mois,les grâces à rendre à Dieu à la convalescence,l’apothicaire…100 livres.

    « Madame prendra du tabac,c’est l’usage;elle en usera six livres par an à 3 sols;c’est la moindre chose qu’on lui passe trois ou quatre fantaisies par an pour des colifichets,ceci pour ajouter aux choses imprévues,on portera pour faire un compte rond toute le dépense à 3 500 livres.

    « Observations;tout est porté dans ce mémoire au taux le plus bas.Nous ne parlons pas d’un logement plus considérable qu’il devient indispensable d’occuper,des meubles plus beaux qu’il faut pour le remplir,les différents goûts que Madame peut avoir et qu’il est juste de contenter car nous les supposons légitimes,d’un voyage à Paris qui devient nécessaire si Madame n’y est point encore allée,des aumônes et charités que Madame peut faire,soit par dévotion,soit par décence ou obligation,des enfants que Dieu peut donner en grand nombre…

    « Nous avons la discrétion de nous taire sur plusieurs autres inconvénients qu’on nous a assuré n’être pas absolument rares,notre intention étant d’instruire et d’éclairer et non de dégoûter les personnes qui ont dessein de s’engager dans les doux liens du mariage !.

    Monsieur de La Félonière,nous l’avons dit,ne se laissa pas effrayer devant la « dépense extraordinaire qu’une femme occasionne »;il épousa Mademoiselle Gigault de Targé,de Parnay.On conserve encore,à La Félonière,la chaise à porteurs qu’il offrit à sa jeune épouse pour aller à la messe et à ses visites;mais j’ai surtout été frappé par son propre portrait,en cuirasse et perruque;le nez long,les yeux vifs,la bouche fine et moqueuse semblent encore rire de l’excellente idée qu’il eut de faire établir un devis avant de se marier!.
    (Manoirs et Gentilshommes Anjou.André Sarazin.)

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