Achat d’un banc dans l’église Saint Clément à Craon, 1628

Autrefois les églises n’étaient pas remplies de sièges.
Certains avaient un banc de famille, et une certaine préséance était de mise…

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de la Mayenne, série 3E1-548 – Voici la retranscription de l’acte : Le 8 mars 1628 après midy, devant nous Pierre Hunault notaire royal en Anjou, résidant à Craon, honorable homme Me Jacques Tavernier sieur de Mouredon, demeurant en cette ville de Craon
s’est adressé vers et à la personne de vénérable et discret Me François Crannier prêtre curé dudit Saint Clément, monsieur le prieur dudit lieu absent, et aux personnes de Me Jacques Duboys recepveur des traites audit Craon, Me Gilles Belin Me apothicaire procureur de fabrice de ladite paroisse tant pour eux que pour Michel Porée aussy procureur
auxquels parlant il les a priés et requis luy montrer et bailler une place en sa nef de ladite église pour mettre un banc pour s’y mettre sa femme et sa famille pour y faire leurs prières à Dieu et à ceste fin nous transporter en ladite église pour luy désigner ung lieu offrant donner pour l’augmentaiton de ladite fabrice pour remployer aux nécessités d’icelle
sur quoy ce requérant ledit sieur Tavernier lesdits sieurs curé et procureur se seraient transportés en ladite église où étant après avoir vu et considéré les lieux qui sont en icelle, ont esté d’avis que ledit sieur de Mouredon mette ung banc en ladite église de 4 pieds 4 doigts de large proche et joignant le banc de Me Claude Chevallier sieur de la Rougerye
laquelle place ledit sieur de Mouredon a accepté et en faveur et considération de la place dudit banc ledit sieur de Mouredon promet et s’est obligé payer auxdits procureur la somme de 45 livres dedans 8 jours, quelle somme sera employée par lesdits procureurs pour ayder à payer la façon des autels dudit Saint Clément,
et outre promet payer par chacun an au terme de Toussaint la somme de 5 sols tz de rente à la fabrice dudit lieu le premier payement commençant à la Toussaints prochaine et à continuer d’an en an tout ce que dessus les parties ont voulu consenty stipullé et accepté à laquelle concession promesse obligation tout ce que dessus est dit tenir obligent etc les biens et choses à prendre vendre etc renonçant etc dont etc
fait et arrêté audit Saint Clément de Craon en présence de vénérable et discrets Me Jehan Regnier prêtre vicaire et Me Pierre Coquilleau prêtre chapelain sieur de la Cariserye demaurant audit Saint Clément de Craon témoins à ce requis et appelés

Pièce jointe : Le 25 mars après midy l’an 1628 devant nous Pierre Hunault notaire royal en Anjou résidant à Craon furent présents en leurs personnes établis et soumis et obligés ledit Me Jacques Duboys procureur de la fabrice dénommé de l’autre part, qui a reçu de Me Jacques Tavernier la somme de 45 livres tz qu’il était tenu leur payer pour les causes contenues audit escript dont ils l’a quitté et laquelle somme avec la somme de 15 livres faisant tout 60 livres ledit Duboys l’a payée et baillée à honneste homme Me Jehan Martinet architecte demeurant en la ville de Laval paroisse d’Avénières à ce présent stipullant et acceptant aussi dument soumis et obligé par ladite cour, à valoir et déduire sur le prix fait avec ledit Dubous et Me Gilles Belin pour la construction des autels qu’il doit faire en l’église Saint Clément des Craon suivant le marché fait entre eux passé par nous notaire pour y recourir, de laquelle somme de 60 livres ledit Martinet s’est tenu à comptant et bien payé et en quicte ledit Duoys sans préjudice du surplus à laquelle quittance et tout ce que dessus est dit tenir obligent etc renonçant etc dont l’avons jugé etc
fait et arresté à notre tablier en présence d’honneste homme Jehan Paulinard sieur de la Malvallière et François Cadotz marchand demeurant audit Craon témoins

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NANTES LA BRUME, Ludovic GARNICA de la Cruz, chapitre XII Les portes de Neptune

Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

Le mois de mars s’éclipsait derrière le paravent du passé avec son attirail d’hiver. Le soleil montait plus haut dans le ciel, versant plus à pic ses mille flêchettes brûlantes, et comme un soupir de gai soulagement se dilatait en la ville.
On était au samedi quatre avril. Le lancement de l’Hercule dans les chantiers de M. Réchamps devait avoir lieu vers quatre heures. René s’y rendit à pied le long de la Fosse.

Le quai grondait du cahotement des va-et-vient. A l’entrée la maison des Tourelles où fut signé l’édit de Nantes pointait ses deux cônes. Tranquillement, en promeneur qui n’a pas les minutes à compter, René s’acheminait sous les arbres de la promenade de la Bourse devant l’embarcadère des Abeilles. L’ouverture des pontons est diadémée d’un croissant bleu à lettres blanches. Ou c’est un coquet pavillon en briques rouges près duquel soufflent doucement les naseaux des Abeilles corsetées de clair. Depuis la gare de la Bourse jusqu’au Bureau du port des files interminables de linges séchaient au courant de l’air. Les remous de bâteaux à vapeur flêchaient de la la bave laineuse aux flancs des lougres et des canots au repos.

L’alignement des maisons bloquaient d’infinissables yeux. Au ras du trottoir les iris se multicoloraient de boutiques en buvettes. Au fond des orbites colorés causaient des cordiers ou buvaient des marins jargonnant en langues étrangères. Des stridences dures de cornes à chaque instant. Sobrement, des vieux cassés tiraient des chaînettes de chaque côté des rails. Un train passe à pas comptés, renâcle ; la bielle fulgure. La fumée se perd dans des arbres étiques, sur les toitures malpropres des hangars où s’adossent des signaux rouges et blancs.
Labyrinthal enchevêtrement des rails, de becs de gaz isolés comme des piqûres de voile, de poteaux télégraphiques – étagères à bonnets de coton, – de piles colossales de sacs, des caisses entre lesquelles cerclaient les camions, les chevaux dolents tiraillant les wagons poussifs, des barriques aux culs verts ou rouges alignées.

Alentour, les mains derrière le dos, flegmatiquement les douaniers, les débardeurs en blouses bleues, culottes grasses, les rentiers fumant leur pipe ou digérant.

D’énormes bâches noires goudronnées calfeutrent les membres jaunâtres des planches. Les ventres gris des bidons de pétrole. Abcès sombres dans les gencives du quai. Parmi la dureté de l’ambiance, une petite guérité égaye sa robe blanche à rayyres bleues, près d’une panoplie-écriteau encadrée de crocs, – de la société des Hospitaliers sauveteurs bretons. Sur les blocs de fonte, quartiers de momies formidables, des voyous battent une manille. Dans les wagons vides, les enfants rajeunissent le port de leurs ébats.

Les curieux, le nez en l’air, s’ébaubissent devant le pont transbordeur qui s’achève peu à peu. Son premier pylône est complètement terminé depuis le mois de novembre, le second fiit de grandir à son tour, et la rue, au sommet, le doigt en l’air, semble vouloir sans cesse monter plus haut, orgueilleuse de toucher le visage du ciel. Les hommes travaillent dans les replis des tiges de fer, semblables à d’infimes araignées tissant une toile inextricable.

Plus loin, l’église Saint-Louis en un renfoncement cligne de l’oeil un bout de quai ; l’ange de sa flêche ferme les ailes sur le dôme en boule de billard. Le passage du Sanitat, curieux par sa voûte louche, protège le simple commerce d’une marchande de pommes de terre frites.
Scellés au port par d’énormes amarres nouées, les navires ont replié les ailes du voyage. Les cheminées luisent comme des fleurs brutales au travers le réseau des mâts échevelés de cordages. Tout contre figées, les grues impassibles semblent lever des bras épouvantés. A l’arrière, à l’avant, sabrent la vue les noms internationaux ; quelques drapeaux flottent.

Là bas, en face des Entrepôts de la Douane, cloportes sombres accoupis dans la boue nécessaire, au frontal perlé du titre en lettres d’or, le déchargement du sucre s’opère avec animation. Les chaînes grincent, decendent en plein estomac d’un vapeur, extirpent un à un les barils – ils pendent en l’air comme des gros crabes – les reposent sur le quai. Ils sont roulés, bousculés ; les hommes s’acharnent ; la fourmilière s’accentue ; la fumée même son ombre sur les visages. Puis ce sont des gures à bras que cinq manoeuvres tournent.Les crémaillères des roues craquèlent à chaque effort. Et les charges lentement s’élèvent, boulant une tâche sur l’horizon pur.

Au-dessus, l’horloge des docks veille, fixant irrévocablement la mesure du temps. Son ordre va plonger au-delà du fleuve dans les chantiers de constructions navales, où les poutres érigent un gigantesque jeu de quilles. Des houles invisibles passent en grondant un bruit terrible d’enclume. La chanson du fer s’attendrissant aux doigts de l’homme. La coque d’un bâtiment inachevé semble un saumon énorme resté prisonnier entre les pieux.

Des estacades étendent leur ratelier à l’entrée du port. Les dragues tournoient leurs seaux vaseux. Les remorqueurs, traînant une flotille plurale de chalands, brutalisent l’eau tranquille à coups d’hélices. Les chaloupes tendent leurs voiles de couleur. Les yachts fusent le nez dans l’écume. Un lougre cheche une place. Incessamment bourdonnent les bateaux-omnibus entre Nantes et Trentemoult.

Après la rue montante de l’Ermitage, bornée de rochers, l’escalier aux cent marches élargie à sa base ses perrons réguliers dominés parla statue de Sainte-Anne, le bras levé, hautaine de bénédictions sur l’ensemble du port de Nantes.

Un formidable chaos bout dans le crâne du jeune homme, à l’étalage de la vie sanguine de la ville. C’est là que l’on bat la pâte de l’alimenation où puisent les intestins de la Cité. La flotte fluctueuses des fumées d’usines gonfle ses voiles au souffle des haleines du travail. Nantes, immense entrepôt de denrées coloniales pour le bassin de la Loire ! Nantes, parterre colossal d’usines métallurgiques, de raffineries, de savonneries ! Nantes, poitrine volcanique de triturations à charbons ! Nantes, épopée de l’outil, de l’industrie, du commerce ! Nantes, la véritable assoiffée du matériel, de l’utilitaire, du broyage perpétuel ! Nantes, qui s’entend seulement vivre par le bruit des treuils sur son port, son port que fauchent les mats en fête, que colore le halêtement des charrues du fleuve patiemment poussées par les hélices frondeuses. Les sirènes s’appellent, se répondent. Elles se comptent ; les poitrails sont hors de l’eau. Génisses énervées attendant l’assaut du mâle ; la carène s’assouplit pour le choc d’amour. Il passe un long frisson comme l’aile d’un albatros ivre de vin. La cuve déborde de sève épaisse, de chyle résorbant, d’un chrême luxuriant. Les déchets créent la vie, la cie crée les déchets. Tour à tour dans le cercle fatal écolue la transcormation des choses, le rite sacramental de baptême et d’onction. C’est Nantes qui s’accouche perpétuellement d’elle-même par la fécondation incessante de son gigantesque port.

Les chantiers Réchamps grouillent en habits de fête. Le patron serre la main de ses ouvriers qu’il félicité chacun son tour. Et ils sont eux aussi joyeux à l’ombre du titan que refrènent de larges langes de bois et d’énormes ceintures de fer.
René est là. Il vient de présenter ses hommages à la famille Lonneril. La jeune fille a sur lui attaché son oeil clair tintant d’un simple reproche. Il n’a pu soutenir intrépidement ce regard. Cependant il eut le vertige doucereux d’un symptôme de paix atterrissant à son âme.

L’heure approchait du navire allant plonger ses flancs vierges dans la vulve éclaboussante de l’onde. Ayant sa femme au bras, M. Réchamps filt le tour du pont, attacha lui-même un bouquet rouge à la proue, puis le plus ancien des ouvriers hissa le drapeau rouge à la poupe. Et le maître parla. Il parla chaleureusement de fraternité profonde, d’égalité cordiale, d’union ineffritable. Il combla les coeurs d’espoirs, de bonheurs pacifiques. Son geste superbe semblait dessécher le lac qui les séparait du parfait domaine de justice, ses yeux poindre un horizon ensoleillé du cantique triomphal des travailleurs et des déshérités. Sur le silence respectueux et enthousiaste de la foule sa voix fripait des froufrous d’âmes réconfortées. Les coeurs s’élargissaient d’aimer ; les poings se serraient pour la lutte malheureusement imminente. La petite taille de l’amateur grandissait infiniment au choc des mots métalliques dont les étincelles emflammaient les autours. Sa main désignait la Ville. La Ville lointaine, un âté de toits moulés dans la gélatine grise, un volcan sourd où grondaient des laves d’idées contraires ; la Ville comme une citadelle à conquérir, un quartier malsain à pacifier de l’égoïsme et de la routine, une terre à défricher des mauvaises herbes de l’envie et de l’orgueil, pur y semer la bonté et la fraternité. Sa main leur montra le fleuve mousseux d’or et d’argent, la fiere brute qui ne supporte aucun obstacle, dévore les arbres, les navires et les hommes ; le fleuve qu’ils allaient dompter une fois encore à l’aide de leur travail commun : l’Hercule. Son hélice éperonnait l’au rageuse, soumise malgré sa force. Le Fleuve vaincu, au tour de la ville. Puisse l’Hercule porter un jour – précieuse comme un diamant – la victoire drapée dans les plis pourpres de leur flamboyant drapeau :
Des centaines de poitrines entonnèrent une ovation cordiale à l’armateur. Tous regardaient leur travail avec orgueil. La joie d’avoir mis la main à une oeuvre fraternelle et d’émancipation future les faisait acclamer l’homme qui les commandait, l’homme qui se dévouait pour leur cause, qui leur offrait leur formidable exécution, sa conception, sa pensée, lueur rouge de ralliement, bélier tranchant de l’avant-garde, pivot défiant les assises ancestrales du capitalisme. Et quand la masse descendit, faisant flamber les poutres à son frottement, le nez coupait les plèvres de la Loire, chassait l’eau loin derrière lui, l’écume ballonnait alentour, lasse d’une lutte désespérée entre le fleuve et le navire. Illeur parut être le conquérant d’une première bataille et se reposer sur les flots comme un guerrier las sur le champ de ses exploits. Les maisons de Tretemoult s’estompaient de brume, le port s’emmaillotait de brouillard, les grues surgissaient pareilles à des machines de guerre qui sèmeront des cadavres au lever de la lumière, les navires échelonnés le long des quais se transformaient en colossals canons, gueules bées, attendant le signal pour vomir la mort, les maisons repliaient leurs manteaux, fortifiaient leurs façades. Tout était gris, terriblement gris, symptôme de combat. Et l’Hercule impassible se dandinait, sa silhouette allongée démesurément sur le crépuscule.

Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

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La veuve du protestant assassiné : Henriette de Portebize, 1629

Lorsque j’ai travaillé la famille Hiret pour mon ouvrage l’Allée de la Hée des Hiret, gentilshommes campagnards mi Angevins mi Bretons, 1500-1650, j’ai découvert les tracas endurés par ceux de la religion prétendue réformée.
Philippe Du Hyrel, écuyer, Sieur de la Hée (en Villepôtz), l’un des Hiret de la branche aînée, fut un protestant armé, qui finit assassiné. Il laissait Henriette de Portebize, sa veuve, sans enfants, mais avec l’acte suivant je découvre qu’il lui avait par testament une donation. La donation est plafonnée à un tiers des propres de Philippe Du Hirel, mais les collateraux et héritiers de celui-ci ont eu du mal à accepter cette donation, et ont tenté de la remettre en question juridiquement.
Mais, la veuve a fait des frais hallucinants pour tenter en justice de pouruivre les assassins de son époux. Donc, elle entend que les héritiers payent une partie de ces frais. Et l’acte qui suit est la transaction devant notaire.

  • J’ai écrit des frais hallucinants car on apprend qu’ils transigent moitié pour la veuve moitié pour l’ensemble des cohéritiers, mais que la veuve leur fait cadeau de 1 500 livres qui sera une partie de cette moitié. Ce qui signifie que les frais sont bien supérieurs à 3 000 livres. Il y a franchement de quoi qualifier ces frais d’hallucinants, ils me donnent même le vertige !

Par ailleurs, cet acte m’apprend où la veuve a dû poursuivre en justice, et cela est encore plus hallucinant voire incroyable. Je croyais en effet que dans le cas d’un assassinat autrefois, la notion de territorialité prévalait, et que c’était la province du lieu d’assassinat qui était souveraine. Or, ici, il n’en est rien apparemment, car la malheureuse Henriette de Portebize aura dû aller en justice à la poursuite des assassins, en Bretagne, au Mans, à Poitiers et à Paris ! Je vous avoue franchement que c’est totalement incroyable !

  • D’autant qu’on connaît le nom des assassins, les frères Briand, mais cet acte nous apprend qu’entre-temps ils sont décédés, sans qu’on sache si c’est de leur belle mort, ou bien exécutés. Mais une chose est certaine, Henriette de Portebize n’a aucune indemnité, et au surcroît elle n’est pas indemnisé par la partie adverse des énormes frais de justice. C’est encore plus hallucinant.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5. Voici la retranscription de l’acte : Le 19 novembre 1634, devant nous Guillaume Guillot notaire du roy à Angers furent présents en personne soubzmis et obligez damoiselle Henriette de Portebize veuve et donataire de deffunt Philippe du Hirel escuyer vivant Sr de la Hée demeurant en cette ville paroisse de la Trinité d’une part
et Jan de Ballode escuyer Sr de la Rachère mary de demoiselle Hélye Hiret, Charles Hiret escuyer Sr du Greé tant pour luy que comme procureur et soy faisant fort de Pierre Hiret escuyer Sr de la Bissachère par procuration générale passé par Planté notaire à Pouancé le 5 mai dernier, Pierre Le Gouz escuyer Sr des Mortiers fils et procureur de demoiselle Renée Hiret par procuration passé par ledit Planté … les dessusdits héritiers par représentation du côté paternel dudit deffunct sieur de la Hée, demeurant ledit Sr de la Rachère paroisse de Noislet ledit Sr du Gré en la paroisse de Villepotz evesché de Nantes et ledit Le Gouz au lieu des Mortiers paroisse de Pouancé, damoiselle Marie Guyet dame de la Rablay héritière en partie du costé maternel dudit feu Sr de la Hée par représentation de feu demoiselle Jouachine Lesueur son ayeule maternelle, et damoiselle Suzanne Poisson veuve feu Pierre Davy aussy héritière maternel en partie soubz bénéfice d’inventaire dudit deffunt Du Hirel demeurant en cette ville d’autre part,
lesquelz sur les procès et différendz meuz et prest à mouvoir entre les parties tant sur ls demandes de ladite de Portebize du don à elle fait par ledit feu Sr de la Hée son mary par son testament receu par Lelouet notaire de cette cour le 24 juin 1629 et pour raison de quoy y aurait instance devant nos seigneurs de la cour du parlement, que sur le remboursement aussy demandé par ladite damoiselle auxdits héritiers des despends frais et mises ordinaires et extraordinaires par elle faictz aux procès et instance qu’elle a intentés et poursuivis à raison de l’assassinat et homicide commis en la personne de sondit deffunct mary tant au siège présidial du Mans, en cette ville, en la province de Bretagne, au grand conseil par devant nos seigneurs tenant les grands jours à Poitiers qu’elle auroit obtenu arrest de mort contre Jacques de Briant, avec adjudication de réparations et despens sur ses biens et pour raison duquel remboursement de frais ou contribution estre procédé à la taxe pourquoi elle aurait fait appeler lesdits héritiers par notre jugement des grands jours et sur les exceptions déffances et impugnements iceulx héritiers tant contre ledit don testamentaire prétendant le faire adnuller par les causes qu’ils prétendoient alléguer que contre la demande de contribution auxdits frais de procès faits pour raison dudit homicide, auxquels frais ils disoient n’estre aulcunement subjetcts y contribuer tant pour n’avoir esté partie ny joinctz esdits procès et n’avoir esté entrepris et poursuivis par ladite dame seule que pour avoir considération ou du moings les … ou elle avait emploi par divers frais et mises qu’elle prétend avoir faictz auxdits procès et dont elle ne scauroit justifier
et par ladite damoiselle de portebize soustenu contre chacuns desdits dessus dits par les raisons et moyens allégués de part et d’autre tellement que les parties estoient prestes d’entrer en grandz procès et après s’estre par diverses fois assemblées devant leurs conseils et amis pour adviser aux moyens convenables à terminer lesdits différends et vivre ensemblement en bonne amitié et alliance en ont de leur bon gré et volonté par l’advis desdits conseils et amis soubz le bon plaisir touttefois de nosdits jugements de la cour de parlement et des grands jours transigé et accordé par accord irrévocable comme s’ensuit
c’est assavoir que les dessusdits héritiers paternelz et maternelz esdits noms et chacun en leur égard se sont désistés et départis désistent et départissent par ces présentes de leur impugnements débatz et choses qu’ilz prétendoient et alléguoyent et prétendent et allèguent contre l’effet et validité de ladite donation testamentaire faite à ladite de Portebize par sondit déffunct mary par le testament cy dessus daté et de l’appel par eulx intenté au siège présidial d’Angers, accordé et accordent et ledit don bien et entériné pour plein et entier effet selon sa forme et contenu avec charge et condition y contenues, renonczant à jamais y contrevenir
et pour le régime desdits depends frais et mises faits par ladite damoiselle pour poursuivre l’homicide dudit deffunct Sr de la Hée a esté accordé que l’estat et déclaration qu’elle en fera dresser et présenter auxdits héritiers des impugnements et déductions sera modéré taxé et arresté par messieurs Eveillard juge de la prévosté, et Menard conseiller du roy au siège présidial de cette ville, desquels les parties ont pour cest effet convenus et promis en passer par où et ainsy qu’ils arresteront sans aulcune contestation ainsy que de mesme sy lesdits despends frais et mises estoient taxez et arrestez par le court de parlement et des grands jours, et que le sommaire à quoy lesdits frais seront arrestez par lesdits arbitres se portera moitié sur ladite de Portebize et l’autre moitié sur lesdits héritiers tant paternels que maternels dudit deffunt Sr de la Hée, sur laquelle part et moitié desdits héritiers ladite damoiselle a néanlmoings par forme de gratiffication et en faveur du passé donné quitté et remis, quitte et remet la somme de 1 500 livres tz partie d’icelle moitié de fraiz au désir de ladite taxe et liquidation qu’en feront lesdits sieurs arbitres desduction faite desdites 1 500 livres sera payée et baillée par tous les héritiers paternels et maternels tant présents que absents chacun en sa part et contribution, et ladite de Portebize en cette ville de d’huy en 2 ans prochain et jusques à ce intérestz au denier dix huit sur hypothèque spéciale et particulière des biens dudit deffunct Sr de la Hée en ce qui en appartiendra auxdits héritiers, sans que ladite de Portebize soict contribuataire ne tenue au paiement de ce qui demeurera auxdits héritiers soubz partie des choses qui luy appartiennent ains ladite poriton de frais pour le tout sur lesdits héritiers sauf et y contribuer par entre eulx en ce que chacun s’y trouvera subject et au moyen de ce et ce qui procèdde de ce qui est adjugé et peult appartenir à ladite veuve et héritière dudit feu Sr de la Hée sur les biens des accusez à raison de l’homicide tant pour réparation que despens sont demeurés et demeurent scavoir à ladite veuve pour une moitié et auxdits héritiers pour une l’autre et contribueront pour mesme portion aux fraiz qu’il conviendra faire pour la taxe et liquidation des fraiz adjugés contre lesdits accusés sy autre voye ne luy soit accordée,
sont aussi les parties demeurées d’accord que le don des tiers des propres dudit deffunt Sr de la Hée par luy fait à ladite damoiselle sa veuve par ledit testament aura sorti et sortira effet en propriété et à perpétuité sy elle se remarie et ont enfants, quand bien mesme elle seroit mariée avec personne d’autre religion que de la religion catholique apostolique et romaine, et que lesdits enfants fussent nourris et instruits à ladite religion jugeant que par ledit testament fut dit et semble debvoir estre entendu ledit don de propre avoir esté fait en propriété à condition que ladite damoiselle soit mariée à homme de ladite religion prétendue réformée et à la charge d’y faire nourrir et instruire ses enfants et à ceste fin ont les partyes dérogé et dérogent à ladite clause fors à l’égard des propres situés en Bretagne du tiers desquels elle ne pourra prendre la propriété avec seulement l’usufruit suivant la coutume et au surplus mesme à présent demeurent lesdites parties en tous lesdits jugements hors de cour sans avoir despends dommages et intérests de part et d’autre par ce que ainsy l’ont voulu stipullé et accordé et à ce tenir etc dont etc se sont respectivement obligés et obligent esdits noms et qualités que dessus
fait et passé audit Angers maison de ladite veufve présent maitre Pierre de Soroette escuyer Sr de Beaumont, noble homme Me Gilles Eslie, Sébastien Valtère, Ollivier Hiret et (blanc) Durant advocats audit Angers, adverties les parties de scellé suivant l’édit
** et scavoir comme deslivrance est faite par ces présentes à ladite damoiselle de tous et chacuns les biens meubles debtes actives actions et voyes mobiliaires acquets et conquets qui compétaient et appartenaient à sondit defunt mary pour en jouir et disposer par elle ses hoirs en privé et pleine propriété et du tiers des propres par usufruit le tout au désir des coutumes des lieux où lesdits biens sont situés et assis et aux chartes d’icelle en quelques lieux et endroictz que lesdits meubles acquets et conquets seront situé et assis, de laquelle tiers partie sera baillé à part à ladite de Portebize le présent commendement pour en jouir suivant ledit don et luy feront raison des fruits et revenus de ladite portion pour l’année dernière sans qu’elle soit contributaire d’aulcune voye aux rachapts …

1ère pièce jointe : Le jeudi 2 novembre 1634 après midy, par devant nous Jehan Planté notaire de la baronnye de Pouancé fut présent estably et soubzmis mesmes par prorogation de juridiction noble homme Pierre Hiret sieur de la Bissachère demeurant au bourg de Soudan en Bretaigne lequel a nommé et constitué par ces présentes (blanc) son procureur pour deffendre à la demande à luy faite et à ses cohéritiers paternels de la succession de deffunt Philippe du Hirel vivant escuyer sieur de la Hée, par damoiselle Henriette de Portebize veufve dudict deffunct sieur de la Hée suyvant la commission par elle obtenue de Nosseigneurs tenant la cour de parlement des Grands jours à Poitiers et assignation baillée en conséquence accordée et composée de ladite demande concernant les fraiz et mises faictes par ladite de Portebize tant par devant monsieur le prévost provincial d’Anjou Anjou, Nosseigneurs du grand conseil à Paris, monsieur le lieutenant général criminel au siège présidial du Mans, Messieurs tenant le siège présidial audit lieu et Nosdits Seigneurs du Parlement tenant les Grands jours audit Poitiers pour raison de l’assassinat commis en la personne dudit deffunct sieur du Hirel par deffunctz les Briands sieurs de Vaudurant et de la Choppinière à quelque somme qu’ilz se puissent monter et revenir et s’obliger au payement de la part et portion en quoy le constituant pourroit estre tenu sans préjudice de son recours et remboursement contre la succession desdits les Briands ainsy qu’il vera estre à faire et de ses autres droitz et prétentions contre ladite de Portebize et généralement soubz l’obligation et hypothèque de tous et chacuns ses biens présents et advenir avoir pour agréable tout ce qui serai faict par sondit procureur en vertu des présentes et ce qui en dépend et à l’entretement à quoy et à toutes choses il a renoncé et renonce dont l’avons jugé
fait et passé au forsbourg de Pouancé maison de la veufve Jehan Bellanger ès présence de Me René Gault Sr de la Grange demeurant audit Pouancé et Me Ollivier Turpin praticien Angers estant de présent audit Pouancé tesmoins requis et appelés

Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.

2e piece jointe : Le jeudy 2 novembre 1634 avant midy devant nous Jehan Planté notaire de la baronnye de Pouancé fut présente en personne establye et soubzmise damoiselle Renée Hiret veufve deffunct Nicolas Legoux vivant escuyer sieur du Boisougard demeurant aux Mortiers paroisse de St Aubin de Pouancé, laquelle a nommé crée et constitué par ces présentes (blanc) son procureur pour deffendre à la demande à elle faicte et à ses cohéritiers parternels de la succession de deffunct Philippe du Hirel escuyer Sr de la Hée, par damoiselle Henriette de Portebize veufve dudit deffunct sieur de la Hée suyvant la commission par elle obtenue de Nosseigneurs tenant la cour de Parlement des Grands jours à Poitiers et assignation baillée en conséquence accordée et composée de ladite demande concernant les frais et mises faites par ladite de Portebize tant pardevant Monsieur le prévost provincial d’Anjou Angers, Nossiegneurs du Grand Conseil à Paris, Monsieur le lieutenant général criminal au siège présidial du Mans, Messieurs tenant le siège présidial audit lieu et Nosseigneurs du parlement tenant les grands jours audict Poitiers pour raison de l’assassinat commis en la personne dudit deffunct sieur Du Hirel par deffunctz les Briands sieurs de Vaudurant et de la Chopinière à quelque somme qu’ils se puissent monter et revenir et s’obliger au payement de la part et portion en quoy la constituante pourroit estre tenu sans préjudice de son recours et remboursement contre la succession desdits les Briands ainsy qu’elle verra estre à faire et de ses autres droictz et prétentions contre ladite de Portebize et généralement par ladite procuration ladite constituante soubz l’obligation et hypothèque de tous et chacuns ses bisns présents et advenir avoir pour agréable tout ce qui sera faict par sondict procureur en vertu des présentes et ce qui en dépend et de ne contrvenir à quoy et à toutes choses elle renonce et a renoncé dont l’avons jugée
fait et passé au bourg de St Aubin de Pouancé maison de missire René Delanoe prêtre ès présence de noble homme Charles Hiret Sr du Grée demeurant au bourg de Villepotz et Me Pierre Cheruau le jeune commis au greffe du grenier à sel de Pouancé et y demeurant tesmoins requis et appelés

Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.
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Séparation de biens pour cause de mari en dettes, 1637

Attention, cet acte, apparement banal, comporte 2 points importants.

  • 1-la femme séparée de biens rachète les dettes de son époux
  • Nous avons eu déjà l’occasion de rencontrer la séparation de biens. Le cas étudié aujourd’hui est exemplaire car il est tout à faire moderne. En effet, après la retranscription mot à mot de ces textes, souvent peu clairs au premier abord, il s’avère que le mari a ses biens saisis, et la séparation de corps a été une nécessité pour le couple.
    Bon, jusqu’ici, vous connaissez le principe encore actuel ! Mais ici, cela se corse, car Madame vient à Angers, depuis Châteauneuf-sur-Sarthe, pour racheter la dette de son mari, histoire d’apurer les comptes négligés de son époux.
    Puis, arrivé à la fin de l’acte, on découvre un témoin inattendu, non cité tout au long de l’acte (plutôt long), le mari !
    Mais regardez bien les signatues, car après avoir joué le rôle du pot de fleur tout au long de l’acte, rôle ordinairement attribué aux femmes, il prend ses bons vieux réflexe de mâle, et il signe avant sa femme !

    C’est absoluement splendide, regardez bien : le pot de fleur reprend ses bons vieux réflexes !
    Enfin, il n’a pas servi que de pot de fleur, il a dû fermement convaincre sa femme de la chose, et par surcroît, il a surement conduit la charette à cheval pour faire les 28 km de Châteauneuf à Angers, ne laissant pas son épouse seule sur les chemins ! Bon mari qui jour les chauffeurs, car il a tout intérêt … !

  • 2-difficultés pour un un(e) protestant(e) à se faire payer
  • La dette due, assez élevée puisque se montant à 534 livres, somme assez coquette (rappelez vous, on pourrait presque acheter une petite closerie avec cette somme !), est due à une famille protestante, impayée depuis plus de 15 ans des annuités d’un prêt !
    Lorsque j’ai étudié Philippe Du Hirel et Henriette de Portebize son épouse, pour mon ouvrage l’Allée de la Hée des Hiret, 1500-1650, j’ai découvert les tracas au quotidien infligés aux protestants, en particulier en matière financière. J’ai été ahurie de tout ce que je découvrais dans les actes notariés, quand on les épluche mot à mot et qu’on voit la différence de traitement !
    Donc, ici, Henriette de Portebize, veuve, doit se battre, comme devait le faire son époux, pour se faire payer, et ce combat était sans équivalent avec ce qui se passait normalement avec un impayé.
    Avec ces actes, j’ai eu l’impression de pénétrer plus intimement devant leurs difficultés journalières … et j’ai découvert tout un volet de ce que les protestants ont enduré…

  • 3-La dette au travers de 2 actes notariés : 1er acte en 1636
  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 7 avril 1636, après midy, par devant nous Guillaume Guillot notaire du roy Angers, fut présente en personne soubzmise et obligée damoiselle Henriette de Portebize veuve et donataire de deffunt Philippes du Hirel escuyer vivant Sr de la Hée demeurant en cette ville paroisse de la Trinité d’une part
    et Me Jan Allain Sr de la Marre demeurant audit Angers paroisse Sr Pierre d’autre part,
    lesquels procédant au compte et apurement des sommes de deniers qu’ils se debvoient respectivement à scavoir
    de la somme de 1 200 livres que leddit deffunct du Hirel debvoit à deffuncte Anne Lemercier veuve en dernieres nopces de deffunct Mathurin Jousselin par cédule et jugement donné au siège présidial d’Angers le 5 juillet 1627 ceddée audit Allain par Me Gabriel Chesneau et Pierre Huet son beau-frère héritiers par représentation de deffuncte damoiselle Anne Lestre roe ? de ladite Lemercier par acte passé par ledit Chesneau noraire de cette court le 15 janvier 1635, et intérests de ladite somme
    et aussi de la somme de 800 livres tz en quoy ledit Allain Isac Allain et deffunt Pierre Quentin estoient redevables et obligées vers deffunct François Coustard par obligation passée par Richoult notaire de cette cour le 16 février 1613 ceddée audit Du Hirel par ledit Coustard et interests d’icelle (c’est cette somme qui n’a jamais été honorée depuis le temps, et dont sera encore question dans l’acte ci-après)
    et sur lesquels debtes seroient intervenus au siège présidial d’Angers le premier jour de mars dernier pour demeurez d’accord de ce qui s’ensuit, c’est à savoir que les intérests de ladite somme de 1 200 livres due audit Allain audit nom … etc… (encore plusieurs pages de détails)

  • 3-La dette au travers de 2 actes notariés : 2e acte en 1637
  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 26 janvier 1637, après midy, par devant nous Guillaume Guillot notaire du roy Angers, fut présente en personne soubzmise et obligée damoiselle Henriette de Portebize veuve et donataire de deffunt Philippes du Hirel escuyer vivant Sr de la Hée demeurant en cette ville paroisse de la Trinité laquelle a confessé avoir ceddé et transporté,
    cèdde et transporte à honneste femme Françoise Acquet espouse de Me Pierre Quentin Sr du Clos, séparée de biens d’avec luy et authorisée par justice à la poursuite de ses droits demeurant à Châteauneuf-sur-Sarthe, présente et acceptante, la somme de 534 livres 10 sols due à ladite damoiselle de la Hée par ledit Quentin et ses cohéritiers héritiers de deffuncts Pierre Quentin et Adrienne Accaris sa femme pour ses intérests au denier seize des sommes de 800 livres de prêt enquoy lesdits deffunts Quentin et femme et autres coobligéz estoient solidairement obligez vers François Coustard Sr de la Michallière pour cause de pest par obligation passé par Richoust notaire de cette cour le 16 février 1613 laquelle debte appartenoit audit deffunct Du Hirel à compter les intérests depuis le dernier jour de mars 1622 jusques au 16 dernier 1632 qui sont 10 années 8 mois 11 jours revenant à la somme de 534 livres 10 sols lesquels intérests seroient restés à payer à ladite damoiselle de la Hée pour s’en pourvoir contre ledit Quentin et cohéritiers par l’accord fait avec Me Jean Allain Sr de la Marre devant nous le 7 avril dernier, n’ayant ledit Allain par iceluy payé à ladite de portebize que le prix de ladite debte et les intérests depuis septembre 1632 suivant le jugement pour ce donné au siège présidial d’Angers le présent jour et mois dernier,
    et est fait réserve contre ledit Quentin aussy payer à ladite damoiselle de la Hée la somme de huit vingt dix livres (170 livres) 5 sols de despends des taxes contre ledit Quentin par sentence de la cour de parlement du 5 février 1635 et les despends et frais faits par icelle contre ledit Quentin à la poursuite et recouvrement desdits intérests,
    mesme de la saisie réelle faite à sa requeste sur les biens d’iceluy Quentin bail à ferme judiciaire et autre procédures généralement tout ce que lui compètte à raison de ladite debte contre et sur les biens dudit Quentin (Henriette de Portebize a dû aller jusqu’à la saisie)
    pour par ladite Acquet faire poursuite et recherche desdits deniers et avoir et prendre la créance et esmolluement à quelque somme qu’ils puissent monter, et en disposer ainsi que bon luy semblera, et comme feroit et eust fait et peu faire ladite damoiselle de la Hée, qui luy en cedde tous ses droits noms raisons actions et hypothèques … (et cela continue encore sur 5 pages)

    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    Cession de dette

    Henriette de Portebize vécut les dernières de sa vie à la Maison Blanche à Saint-Aubin de Pouancé.
    Durant ces années, éloignée de ses affaires qui étaient à Angers, elle dû se rendre de temps à autre à Angers pour régler celles-ci.
    Ici, elle doit céder une créance qu’elle a et dont manifestement elle ne peut se faire payer étant trop éloignée. Elle avait un autre handicap que l’éloignement, pas tant le fait qu’elle soit une femme, qui devait pourtant bien être un handicap dans ces cas, mais surtout du fait de sa religion, qui était celle de la religion prétendue réformée.
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    Ce bref acte montre qu’elle ne venait pas seul, mais accompagnée du notaire de Pouancé et son clerc.

    Enfin, celui qui achète sa dette n’est autre que l’époux de Catherine Hiret, soeur de mon ancêtre, notaire à Senonnes.

    L’acte qui suit est extrait des archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici la retranscription de l’acte : Le 23 janvier 1647 par devant nous Jacques Caternault notaire royal à Angers fut présent en personne estably et dument soubzmis damoiselle Henriette de Portebize veuve de deffunt Philippe du Hiret vivant escuyer Sr de la Hée demeurant au lieu seigneurial de la Maison Neufve paroisse de St Aubin de Pouancé,
    par ces présentes acquitte cèdde délaisse transporte et promet garantir à Me René Pétrineau advocat au siège présidial de ceste ville à ce présent et acceptant la somme de 280 livres tz à prendre et recepvoir des héritiers de deffunts Jacques Fourmont et Guillaume Lemareschal à valoir sur plus grande somme qu’ils luy doibvent par acte passé par (blanc) pour de ladite somme de 280 livres tz cy-dessus céddée se faire payer par ledit Pétrineau et icelle recepvoir desdits héritiers Fourmont et Lemareschal ainsy qu’eut fait et pu faire ladite damoiselle céddante laquelle a mis et subrogé ledit Pétrineau en ses droits et hypothèques noms raisons et actions consentant qu’elle s’y face subrogée en jugement sy bon luy semble à l’effet de quoi a baillé et mis entre mains copie dudit acte cy-dessus …
    fait et passé audit Angers à notre tablier présents Me Jean Gastineau, Jean Gault et Pierre Boullay clerc dudit lieu

    Prison pour dettes, René Lemesle laboureur à bras, Marigné près Daon, 1625

    Autrefois les dettes étaient sévèrement punies.
    Nous avons vu dans le dernier chapitre de Nantes la Brume, paru le 2 octobre, le suicide d’un banquier (les temps ont changé !)
    et voici la prison pour dettes, et soyons claire pour dettes infimes.

    Mais, dans ce cas, on était solidaire en famille. Ici, René Lemesle laboureur à bras à Marigné est emprisonné pour avoir touché 120 livres pour livrer du blé qu’il n’a pas livré. Son frère, Jacques Lemesle, demeurant à Querré, vient le faire libérer en se portant caution solidaire avec lui du remboursement.

    L’acte suivant est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire – Voici la retranscription de l’acte : Le mardy 21 mars 1625 après midy devant nous Pierre Bechu notaire royal Angers fut présent estably et soubsmis chacun de Maurice Edin marchand demeurant audit Angers paroisse de la Trinité au nom et comme soy faisant fort de René Alleaume marchand baptelier demeurant audit Angers dite paroisse auquel il a promis faire ratiffier et avoir agréable ces présenes dans 2 jours prochainement venant à peine de toutes pertes dommages intérests et depends ces présentes néanmoins d’une part et Jacques Lemesle laboureur à bras demeurant en la paroisse de Querré et René Lemesle son frère aussi laboureur à bras demeurant en la paroisse de Marigné près Daon à présent prisonnier ès prisons royaulx dudit Angers pour ce mandé et fait descendre en la chapelle desdites prisons d’autre part, lesquels et lesdits Jacques et René Lemesle chacun d’eux seul et pour le tout sans division de personne ni de biens confessent avoir fait et font entre eulx ce qui ensuit sur la prière et requeste présentement faire par lesdits Lemesle audit Edin de vouloir consentir à l’élargissement de la personne dudit René Lemesle emprisonné soubz son nom à défaut d’avoir par ledit René Lemesle fourni et livré audit Edin quoique soit audit Alleaume ayant les droits dudit Edin, le nombre de bled par le jugement donné par les juges civils de ceste ville le (blanc) dernier et en vertu duquel il aurait esté emprissoné, offrant lesdits Lemesle s’obliger solidairement payer audit Alleaum ayant les droits ceddés dudit Edin la somme de siw vingt livres que ledit René Lemesle auroit receue dudit Alleaume par advance sur le reste du prix dudit nombre de bled et dont il ne luy auroit fourni et livré aulcun bled pour ladite somme, leur donnant par ledit Edin audit nom et d’iceluy Alleaume terme et délay de payer ladite somme dans d’huy en 7 ans prochainement venant par chacuns ans à pareil jour des présentes la somme de 17 livres 2 sols 10 deniers et jusques à l’entier payement de ladite somme de six vingt livres icelle payée par chacuns ans,
    à laquelle prière et requeste ledit Edtin audit nom a pour éviter la détention de la personne dudit René Lemesle accepté et accepté ladite offre par lesdits Lemesle faire, au moyen de quoy ont lesdits Jacques et René Lemesle solidairement sans division de personne et d ebiens promis et promettent rendre payer et bailler audit Alleaume la somme de six vingt livres dans ledit temps de 7 ans savoir par chascuns ans la somme de 17 livres 2 sols 10 deniers le premier payement commenczant savoir du jourd’huy en un an et à continuer d’an en an jusques à l’entier payement sans desroger comme dit est …

    PJ Contre lettre de René Lemesle : Le 21 mars 1625, devant nous Pierre Bechu notaire royal Angers, furent présents et personnellement establis et soubzmis René Lemesle laboureur à bras demeurant en la paroisse de Marigné près Daon, lequel a recogneu et confessé que ce jourd’huy devant nous que c’est à sa prière et requête et pour lui faire plaisir seulement que Jacques Lemesle son frère aussi laboureur à bras demeurant en la paroisse de Querré à ce présent et acceptant se seroit avecq luy solidairement obligé payer à Maurisse Edin au nom et comme procureur de René Alleaume la somme de six vingt livres dans du jourd’huy en sept ans scavoir la somme de 17 livres 2 sols 10 deniers par chascuns ans à pareil jour et dabte des présentes jusques au parfait payement le premier payement commenczant du jourd’huy en un an comme du tout est porté par l’accord fait entre eux, lequel a esté par ledit Jacques Lemesle fait pour parvenir à l’eslargissement de la personne dudit René Lesmesle qui avoit esté prisonnier à la requeste dudit Edin ès prisons de ceste ville, et desquelles il a esté ce jourd’huy avec ces présentes eslargi au moyen dudit accord, et comme il est par iceluy porté, c’est pourquoi ledit René Lemesle a promis et promet par ces présentes tirer et mettre hors ledit Jacques Lemesle son frère de ladite convention et intervention payer pour le tout de ses deniers ladite somme de six vingt livres et en fournir acquits et quittances vallables de toute ladite somme di jourd’huy en 6 moix prochainement venant à peine de toutes pertes dommage et intérests et despends, à quoy faire ledit René Lemesle a voulu et consenti estre contraint par toutes voyes et manières deues et raisonnables mesme par emprisonnement de sa personne en vertu des présentes …
    fait et passé audit Angers en nostre tablier en présence de Me René de Lalande et René Sallays sergents royaux et Mathurin Rigault sarger demeurant ledit Delalande audit Angers ledit Sallays au bourg de Cantenay et ledit Rigault audit Querré
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