Au son des fifres et tambours, une armée quitte Angers avec boeufs et canon, en septembre 1609 pour le Bois Bernier (Noëllet, 49)

 

Le Bois Bernier est un petit château entouré de douves, situé à Noëllet, soit à 55 km d’Angers, où Claude Simon, brigand « méchand » s’est installé avec sa petite troupe (sans doute une douzaine d’individus), non sans en avoir chassé ses beaux parents, repliés à Angers.
Vous avez son exécution sur ma page du 19 septembre, et il est mon ancêtre

Mais avant de le rompre vif et le mettre sur la roue, il a fallu l’arrêter.
Et à cette époque, chose que j’avais personnellement totalement oublié, c’est le corps de ville qui a canon, capitaines de la ville armés et soldats, et poudre, et vous allez même voir fifres et tambours. Pour les boeufs, pour tirer le canon, et sans doute sa poudre, il faut les réquisitionner (ou louer à des habitans).

Je vous livre ce jour la délibération du corps de ville d’Angers qui donne même la rénumération de chacun ainsi que la quantité de munitions octroyée à chacun.

Depuis 30 ans que « j’habille » (façon de parler) grâce à mes recherches tous nos ancêtres et leurs modes de vie, j’avoue avoir eu de multiples joies lors de spendides découvertes de textes qui illustraient tellement leur vie, et comme je le dis vulgairement depuis 30 ans « je les habille », afin que nul ne soit une date froide, mais un individu pleinement restitué à nous et presque vivant.

Mais la joie de la lecture du texte qui suit dépasse, et de loin, toutes les immenses joies que j’ai eu, de découvrir tous les détails de ce qui s’est passé.

Car là, avouez que tout y est :

le canon
la poudre
les capitaines de la ville
et leurs soldats
les fifres et tambours
et même les boeufs !!!

Et tout cela pour arrêter mon ancêtre. Désormais lorsque je verrai à la télé l’IGN, en nombre, procéder à des arrestations à grand renfort de gilets pare balle, armes à feu, casques etc… je me redirai en mémoire les lignes qui suivent que je ne suis pas prêtre d’oublier.

Enfin, rassurez vous : le canon n’a pas démoli le petit château, car un des brigands retranchés avec leur chef Claude Simon a, sans doute pour marchander sa peau, ouvert la voix à l’arrestation.

Cet acte est aux Archives Municipales d’Angers – Délibérations du corps de ville BB56 – f°37 – vue 48) – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

téléchargement de la vue en fichier.PDF

  • Du mardy 4 août 1609

En l’hostel de ville où estoient messieurs Dumesnil maire, le lieutenant général Foussier grand doian de l’église d’Angers, Ayrault lieutenant criminel, Louet particulier, Bautru assesseur, Monceau, Ernault, Gohin, De Crespy eschevins, Bellenger, de Chevrue, de Beaurepère conseillers de ville, Froger procureur
Mondières, Alain capitaines de ville

  • La maison du Boys Bernier investie

Lecture faite des lettres escriptes par monsieur de la Varenne gouverneur à monsieur le lieutenant général et à monsieur le maire par lesquelles il donne advis d’avoir investy la maison du Boys Bernier par le commandement du Roy et en vertu de commission à luy expédiée pour cest effect, et qu’il est nécessaire de l’assister d’hommes et de commodités pour mener le canon au désir du mémoire envoyé par monsieur de la Valllée lieutenant de monsieur le grand maistre et chargé de l’artillerie et voirie en Bretaigne et adjoinct en la commission de mondit sieur de la Varenne duquel mémoire a esté pareillement fait lecture.

  • Pour secourir d’hommes et commodités monsieur le gouverneur

Sur quoy les opinions prinses, a esté conclud qu’il sera obey au commandement de mondict sieur le gouverneur et que pour l’effect d’iceluy sera mandé aux capitaines de ceste ville de faire armer chacun 10 soldats en leur compagnie à peine d’amande (sic) et de prinson, que monsieur Mondières sera prié de conduire lesdits soldats et pour faire leur despence luy sera délivré par le recepveur de céans ou Me Josef Jolly son commis la somme de 400 livres, sur laquelle il sera délivré à chacun desdits soldats estant à chemin hors ville un escu pour leur despence et à chacun sergent et bande un escu et demy, et à chacun des fiffres et tambours un escu ; oultre lesquelles sommes sera aussy délivré à chacun desdits soldats 6 brasses de corde, une livre de pouldre et une livre de plomb, et audict sieur Mondières 100 livres de pouldre et 100 livres de plomb, et pour arrester ce qui se trouvera de beufs en ceste ville a esté commis le sieur de Crespy, lequel pour cest effect prendra donc des huissiers de céans.

Etude des parrainages des enfants de Claude Simon : le sieur de Fontenelle

Hier, je vous disais que je souhaitais encore approfondir l’étude de mon ancêtre Claude Simon « rompu vif et mis sur la roue le 19 septembre 1609 à Angers », et je tente de revoir ici et là tout ce qui pourrait sans doute encore parler.
J’avais étudié les parrainages, mais je m’aperçois qu’on peut encore tenter d’approfondir, et je viens d’en découvrir 3 points, donc l’un ce jour, les 2 autres suivront, troublants. Voici ce jour donc un second point troublant.

Voici le baptême que je vous décortique ce jour.

« Chérancé, le 20e dudit mois an susdit (mai 1606) baptisée Helizabeth fille de Claude Symon et damoyselle Marguerite Pelault parrain le sieur de Fontenelle [Michel de Beauvois, voir ci-après] et marraine Marye Symon [soeur] » – Notez qui sont habitués à mes méthodes savent que je ne mélange jamais ce que j’ai ajouté avec ce que l’acte a dit, et en conséquence, et ce point est toujours expliqué dans la légende de mes études familiales, je mets mon commentaire perso entre crochets et couleur bleue foncée. Donc, nous sommes bien d’accord, le prêtre à noté « le sieur de Fontenelle » et c’est moi entre crochets qui tente de définir qui est ce sieur de Fontenelle.

Une chose est certaine cela n’est pas Guy Eder dit la Fontenelle, qui a bien croisé Claude Simon à la bataille de Craon, ce que je vous explique demain, avec textes à l’appui, car Guy Eder a précédé, si je puis m’exprimer ainsi, mon ancêtre Guy Eder, sur la roue, mais il est plus connu car la roue était en place de grève à Paris en septembre 1602, soit 4 ans avant le mien. Ceci dit les pratiques de ces 2 brigands étaient tout à fait semblables.  Dire qu’ils ont participé à la bataille de Craon sous le duc de Mercoeur, qui savait pertinnement quel type de brigands il recrutait, mais savait à temps se soumettre et échapper à la roue.

Il existe plusieurs lieux « Fontenelle » en Mayenne et aussi en Maine-et-Loire. Je connaissais la famille Cormier sieur de la Fontenelle, or, je pene qu’il faut oublier cette piste, même si j’ai longtemps pensé à eux. En effet, je viens (en août 2017) de faire le recoupement avec l’acte disparu cité par Audouys (cf preuves ci-dessous en 1600) :

• AD49-E3557 : « Le 1er juillet 1600, devant Jean Bauldry notaire à Angers, acquit de de la somme de 588 écus, reçue par Christophe Dolbeau écuyer sieur de la Garanne, curateur des enfants mineurs de feu Pierre Lebel écuyer Sr de la Jallière et de demoiselle Perrine du Chastellier sa femme, de demoiselle Marguerite Pellault femme séparée de biens de Claude Simonnyn, écuyer sieur de la Fosse, pour la ferme de deux années du lieu seigneurial du Chastellier situé paroisse de Charencé en Anjou suivant le bail judiciaire qui en a été fait audit Dolbeau devant le sénéchal de Craon, lequel il aurait cedé audit Simonnin et à sadite femme et à n.h. Michel de Beauvois sieur de Fontenelle »

Cet acte atteste que mon ancêtre Claude Simon et sa femme Marguerite Pelault, connaissaient Michel de Beauvois sieur de Fontenelle. On peut donc conclure que ce sieur de Fontenelle est Michel de Beauvois , et le dictionnaire de la Mayenne de l’abbé Angot donne ce lieu Fontenelle à Loigné :

• « Fontenelle : commune de Loigné – Fief avec haute justice, mouvant de Briolay et pour quelques parties de Château-Gontier – Seigneurs : Hamelin de Fontenelle, chevalier, cité dans les titres du prieur d’Azé, 1253, 1583, bienfaiteur de l’aumônerie st Julien – Guillaume de Neuville du chef de Jeanne sa femme. Il eut procès avec le seigneur de la Frezelière au sujet de garennes qu’il avait innovées – Jean de N. 1419 , 1454 – René de N. 1480 ; Perrine Du Bois, sa veuve, 1501, 1504 – … Elisabeth de Fleurville, veuve de Jean Bonvoisin, par acquisition de Michel de Beauvais 1603 – Lancelot de Quatrebarbes, mari de Renée Bonvoisin et ensuite les Quatrebarbes… »

l’armorial de l’Anjou de Denais, que je vous indiquais désormais disponible sur Gallica, quoique pas tout à fait en entier, ne donne rien d’autre que les familles alliées dans lesquelles les de Beauvais angevins se sont  manifestement éteints :

Beauvais : Voir Beraud, de Cherité, Gurye, Herbereau, de Melay, Nepveu, Ogier, Seguin, Lambalais, Paillard, de la Rainaie, Gilles, Binet.