Erreurs d’état civil dans les minutes notariales anciennes

Ce billet fait suite à l’échange relatif au prénom du prieur curé de Cherré en 1632, paru dans les commentaires de mon livre d’or en date du 1er octobre 2009.

    Et fait suite au billet paru sur ce blog le 8 novembre 2009 concernant Louis Pancelot en 1632 devant Louis Couëffé notaire royal à Angers

    Et fait suite à mon étude des familles Pancelot parue sur mon site il y a quelques années

Après la seule vérification qui s’impose, c’est à dire le registre paroissial de Cherré pour voir ce prieur nommé intégralement en tant que parrain et signant sous son nom, voici son prénom tel qu’il le donnait :

Le prieur curé de Cherré est donc bien François Guyet, et Louis Pancelot et ses compères ont donné à Louis Couëffé, le notaire, un prenom erroné, à savoir René.

Un notaire d’alors (j’ignore comment ils procèdent actuellement) devait se contenter de noter les états civils de toutes les personnes nommées, en fonction de ce qu’elles disaient oralement. Si ces personnes sont présentes, il y a peu de chances pour qu’il y ait une erreur sur leur nom et prénom, mais je précise tout de même que leur lieu d’habitation relève aussi de la déclaration orale, donc non vérifiée, et qu’à la limite elle pourrait être parfois erronnée. D’ailleurs, dans certains actes, si vous suivez ce blog, vous aurez remarqué que le notaire après la mention du lieu d’habitation, ajoute la remarque « comme il dit ».

Si les personnes nommées ne sont pas présentes, ceux qui donnent leur identité ont pu faire une erreur. Dans le cas qui nous préoccupe, les marchands, dont Louis Pancelot, connaissent bien leur prieur curé, par son nom de famille, moins par son prénom. Autrefois on n’appelait pas comme maintenant les prêtres par leur prénom ! Ils ont commis une erreur de prénom en disant René Guyet au lieu de François Guyet.

Lorsque je retranscris, je ne peux pas vérifier toutes les identités pour ajouter en exergue une remarque. Si vous-même vous remarquez que le notaire a commis une erreur d’identité, merci de nous le signaler en dessous de la retranscription incriminée, avec preuves, et j’appelle preuves autre chose que Célestin Port, qui n’est pas une preuve car il a fait quelques erreurs, et il est une source secondaire non une source primaire. Une source primaire c’est le document d’origine, ici le registre paroissial détenu en la commune de Cherré.

Tables, marges… autant de sources d’erreurs dans l’état civil

En voici une qui cumule les erreurs.

Château-Gontier a le bonheur de posséder une table manuscrite des BMS. Elle donne le 22 août 1611 le B de Jean Jussé.

En fait de Jussé, ce sont des Juffé. Ceci n’est pas grave car la confusion est facile à faire entre SS et FF. Donc erreur pardonnée, d’autant plus que moi-même, après tant de lectures, j’avoue douter parfois avant de trancher.
Maintenant, voyons l’acte.

La marge donne Jehanne. Ainsi, la table a transformé Jehanne en Jean. Le transformisme n’est pas une nouveauté ! Quoique pour établir une généalogie et prendre ce B pour celui de votre arrière… grand-père, c’est amusant, voire inquiétant.
En final d’un mot, un N a toujours la queue en bas, pas en l’air ! Souvenez-vous en : Jehan a toujours la queue en bas ! Cette règle mnémotechnique ne doit pas être difficile à retenir, alors vous voici devenu un grand paléographe, en vous amusant. Félicitations.
Lisons maintenant l’acte lui-même correctement :
« Le XXe desdits moys et an a esté baptisée Marye fille de Mathurin Juffé et de Jehanne Foureau sa femme parain Mathurin Delanoé, maraine Jehanne Trochon. »
La personne qui a écrit en marge a pris le prénom de la mère ou celui de la marraine, et adieu Marie ! Ce type de confusion est fréquent dans les marges.
Voici comment Marie s’est trouvée grand-père d’une nombreuse descendance…
Et vous, avez-vous tout vérifié ? Si cela n’est pas fait, vous n’êtes sur de rien.

erreurs dans les actes

Débutante, je croyais qu’un acte était une source fiable. J’ai vite changé d’avis, et 40 ans plus tard, après tant de retranscriptions d’actes

Débutante, je croyais qu’un acte était une source fiable. J’ai vite changé d’avis, et 40 ans plus tard, après tant de retranscriptions d’actes, j’ai rencontré une multitude d’erreurs.
La dernière date d’hier soir, poursuivant ma retranscription de Lonlay-le-Tesson.

Eh oui ! il est bien écrit « a été baptisé Jacques Langlois fille de Jacques Langlois »
L’erreur d’inattention, très humaine, porte manifestement sur le prénom. Le prêtre a confondu le prénom du père et celui de l’enfant. Il y a de fortes chances pour que l’erreur ne porte pas sur le sexe de l’enfant, qui était verbalement indiqué par le parain et la maraine, en renfort du père.
Alors me direz vous, comment s’en sortir.
La reconstitution totale des familles et des familles homonymes est la seule solution. On peut y déceler par exemple l’absence de baptême pour une fille….
C’est pourquoi je suis une fervente de la reconstitution totale et je fuis les bases de données qui ne font que du point par point au risque de multiplier les erreurs.
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.