sainte Émerence et sa chapelle à La Pouèze, Maine-et-Loire

sainte Émerentienne, en latin Emerentiana, vierge et martyre à Rome, n’était encore que catéchumène lorsqu’elle alla prier sur le tombeau de sainte Agnès, qui avait été sa sœur de lait et qui venait de verser son sang pour la foi. Elle y fut assommée à coups de pierres par les païens, vers l’an 304. Honorée le 23 janvier. (Abbé Pétin, Dict. Hagiographique des saints, f°841)

Émerence est le même prénom qu’Émerentienne. En Anjou, où la chapelle fondée à La Pouèze par Louis XI, a perpétré son culte, elle est le plus souvent écrite Émerance. En latin, Emerentiana, qui signitie « qui mérite »

La chapelle Sainte-Émerance, à la Pouèze, village attenant au bourg vers S. et se prolongeant jusqu’aux abords d’une petite chapelle dont la construction paraît en l’état actuel remonter à la fin du 15e siècle.
Louis XI, pris de coliques dans une chasse au Plessis-Macé, se voua, dit-on, à la sainte, honorée dans la chapelle la plus voisine, et après guérison, comblé le petit édifice de ses libéralités. Jean Duverger, bourgeois d’Angers, son agent en plusieurs affaires, reçut 1 200 écus d’or pour les employer à la dotation nouvelle. Cette somme fut appliquée notamment à l’achat de la seigneurie d’Arquenay, que le roi ratifia par lettres patentes de décembre 1466 et qui, attribuée au profit de la cure, pour subvenir à la desservation de la chapelle, donnait au curé la seigneurie de la paroisse de la Pouèze.
Le roi envoya de plus des reliques et une statue en argent de la sainte, mesurant 2 pieds 6 pouces de hauteur, qui fut fondue pendant la Révolution. Il annonçait aussi, s’il faut en croire Hiret, l’intention, qui n’eut pas de suite, d’y fonder un Chapitre.
L’édifice porté sur 4 assises en moyen appareil régulier, forme un vaste rectangle avec portail couronné d’une belle accolade à chou frisé, entre deux montants fleuronnés ; au-dessus, un large oeil-de-boeuf et le pignon tout refait à neuf, autrefois éclairé de deux baies plein cintre gminées, aujourd’hui avec niche, statuette et petit clocheton. Vers Sud s’ouvre une porte latérale de décoration identique ; à l’intérieur, deux travées, voûtées en croisées d’ogive à saillie plate, avec les armes de France à une clé, écartelées, à l’autre clé, des armes du dauphin ; sur les murs, les croix de consécration. Dans la seconde travée un retrait forme une chapelle secondaire avec autel aujourd’hui de la Vierge, autrefois de Sainte-Anne. Une troisième et large travée forme le choeur, dont le fond par une singularité bien rare se termine en angle aitu, contrebutté d’un puissant contrefort, des deux pans, éclairés chacun par une fenêtre à double meneau, décorée autrefois de beaux vitraux où figuraient notamment le portrait de Louis XI, actuellement, si je ne me trompe, dans la collection de M. Mordret ; à gauche, la porte d’un sacraire, en accolade fleuronnée. L’autel conserve son ancien rétable en pierre, flanqué de deux pinacles fuselés, avec large bordure fouillée des plus délicates guirlandes de fleurs, de pampres et d’arabesques. Le tombeau seul est relativement moderne et provient de l’autel de Sainte-Emerance, dans l’ancienne église de Vern.
On s’y rendait en grand pélerinage le 23 janvier.
Tout autour de la chapelle se sont rencontrées des sépultures jusqu’aux rebords de la mare, qui s’étend devant le portail.
La maison, vis-à-vis, au premier coin du chemin, s’appelle l’Oie Blanche et porte à sa cheminée des sculptures qui rappellent celles du rétable. Une vue de la chapelle, antérieure à la restauration récente, est donnée par Hawke dans l’Anjou et ses monuments de M. Godard. (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire, 1876)

La porte du sacraire, le retable et la statue de sainte Emerance sont classés Monuments historiques.

Et pour en lire plus sur le roi faux pingre que fut Louis XI, voici un ouvrage récent sur ce point de sa personnalité.

Louis XI ou Le mécénat bien tempéré
Cassagnes-Brouquet, Sophie
Presses universitaires de Rennes , Rennes
collection Art & société
Parution : Novembre 2007

Résumé : Reposant sur un plaidoyer en faveur de la générosité calculée de Louis XI, cet ouvrage éclaire sa personnalité et corrige l’image négative d’un roi pingre et reclus pour lui conférer le titre de mécène dispendieux, quoique toujours intéressé.

Les cochons de ville autrefois : du recyclage des déchets verts à l’orgue à cochons de Louis XI

J’ai eu la chance il y a 15 ans de faire partie de l’équipe bénévole qui retranscrit les délibérations municipales de la ville de Nantes au 16e siècle. C’est ainsi que j’ai pris conscience de l’hygiène des villes d’alors, en particulier de l’égoût à ciel ouvert que constituaient les ruelles, et des cochons qui allaient et venaient librement. J’avais écrit un article sur ce sujet énorme, et je vous le publierai bientôt, c’est promis.
Ainsi, une grande partie des ordures, étaient recylées directement ! Ne parlons pas de l’hygiène, inexistante !

Plus récemment, toujours à Nantes, j’ai travaillé à la Biscuiterie Nantaise, alors située place François II, c’est à dire proche du centre ville. Une ancienne ouvrière me racontait avoir connu les cochons place François II, rassurez vous, ils n’étaient pas sur la place François II elle-même, mais sur la terrasse de l’usine. En effet, toute industrie alimentaire, autrefois comme de nos jours, génère des déchets exactement comme toute ménagère. Donc, je peux témoigner que jusqu’au milieu du 20e siècle, les cochons étaient encore sur place…

Ceci dit, les cochons, largement utilisés dans ce but de recyclage par nos ancêtres, ne sont pas silencieux. Et c’est ainsi que j’en arrive à l’anecdote célèbre de Louis XI et les cochons. Cette anecdote suit le jour maudit de la fête de la musique, diversement apprécié en France : béni par certains, mais maudit et très mal supporté par d’autres, dont je suis, car peu amateur de décibels imposés. Les plus chanceux ayant la possibilité de choisir alors une éclipe sur la côte… pour fuir le bruit…

Or donc, Louis XI aimait prendre des bains de foule à travers la France, et vint souvent en Anjou, pas uniquement à Béhuard, comme nous l’avons vu hier. Il aimait alors passer par dessus ses conseillers, et questionner directement les notables du coin, histoire d’entendre par lui-même les problèmes des Français… Sur ce point, il ne lui a manqué que la télévision pour être plus moderne que les autres….

Louis XI, importuné du grognenement des cochons qu’il rencontra dans une de ses promenades angevines, en allant de Beaugé ou de Segré à Pouancé, dit, en plaisantant, à l’abbé Baigné qui le suivait ordinairement « faites-nous donc quelque belle harmonie avec le chant de ces oiseaux ». L’abbé n’y manqua par, et fit construire une vaste machine imitant l’orgue, mais élevée sur une base divisée par cases, dans lequelles il logea des porcs, depuis le cochon de lait jusqu’au pourceau. Des pointes de fer placées sur ces cases et mises en jeu par un clavier, piquant ces animaux, leur arrachaient des cris qui ressemblaient pas mal aux sons de l’orgue de cette époque reculée. Cette singulière invention amusa le roi, et, par conséquent la cour. Louis XI récompensa l’abbé, mais l’histoire nous dit que l’ayant rencontré peu après, il lui redemanda l’abbaye qu’il lui avait donnée depuis quelques années ; l’abbé Baigné répondit au roi qu’ayant été quarante ans à apprendre les deux premières lettres de l’alphabet A, B, il le priait de lui accorder autant de temps pour apprendre les deux suivantes C, D (abbé cédez). Le roi, enchanté, lui accorda sa demande et y ajouta d’autres bénéfices. (selon J. Bouchet, Annales d’Aquitaine, t77). »

Ouf, la fête de la musique 2008 m’a épargnée car la municipalité avait opté pour d’autres quartiers cette année… Pour celle de 2009, mon plan sera soit l’hôtel extra-muros, soit la voiture au vert, soit le casque anti-bruit… Les municipalités devraient distribuer gratuitement des casques antidécibels… ou un hébergement au vert…

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PS : voici la vache tueuse (relevée par Marie), rue Toussaint à Angers, 1650 :

Fondation de la chapelle de Béhuard par Louis XI

(Archives Départementales du Maine-et-Loire série 5E), avec cartes postales personnelles, et forum

Cartes postales de collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site Cliquez sur l’image pour l’agrandir

  • Titre de Béhuard faict par le roy Louis onziesme et Charles huict :
  • Aujourd’huy 25 septembre 1688 après midy sur les 2 heures de la relevée, nous Estienne Charlet notaire royal à Angers sommes le requérant messire Baltazard Fouyer prestre chanoine de l’église de Nantes, prieur commandataire de Pont Briant, recteur curé de Denée et de Behuard, en personne transporté en ladite église de Beshuard en conséquence de l’ordonnance de monsieur le lieutenent général dudit Angers du 10 septembre 1687 signée Boyslesve estant au bas de la requeste dudit sieur de Pont Briant portant permission audit sieur curé de Denée et de Behuard de compulser et de faire procès verbal et description de la fondation faite par Louis unziesme confirmée par le roy Charles huictiesme son fils, qui est escripte sur une pierre attachée au mur du costé de l’évangile de l’autel de St Jean, dans ladie chapelle de Notre-Dame de Behuard, qui règle le service qui se doibt dire et célébrer, le tout ainsy qu’il est porté, et plus amplement spécifié dans ladite requeste demeurée cy-attachée pour y avoir recours et ce par nous notaire pour le commis pour valloir ainsy que de raison à laquelle requeste obtempérant sommes comme dit est transporté en ladite église de Beshuard ou estant avons vu une pierre fort ancienne attachée et enfoncée audit mur de 2 pieds et demy de hauteur et presque autant de largeur sur laquelle au commencement de l’inscription d’icelle pierre est un escussion dessus chargé de trois fleurs de lys d’or, sur laquelle pierre sont escripts ces mots en lettres gothiques fort longues et anciennes ainsy qu’il ensuit le roy Charles huictiesme voulant accomplir les bonnes affections et intentions du feu roy Louis son père, dès le mois d’octobre l’an mil quatre cent quatre vingt trois, a donné et baillé délaissé et admorty à cette chapelle la terre, baronnie et appartenances de Denée qui par ledit feu roy Louis son père avait esté acquise, et sur le fait expédié ses lettres en forme de chartes par la visitation desquelles les gens des comptes à Paris ont ordonné estre dites et célébrées en ladite chapelle par le curé dudit lieu de Denée ou autres de par luy le service qui s’ensuit c’est à savoir trois messes basses par chacune semaine de l’an pour l’âme dudit feu roy Louis unzième au dimanche l’autre au samedy et la tierce messe sur semaine, et à chacune desdites messes avant le lavabo, dire un de profonfis avec les oraisons acoustumées estre dit pro defunctis, en faisant prière et commémorations d’iceluy feu roy Louis qui fit don et augmenta à ladite chapelle et outre à chacune des festes sollemnelles de Nostre-Dame qui sont la Conception, Nativité, Annonciation, Purification, et Assomption Notre-Dame, dire et célébrer ou faire dire et célébrer en icelle chapelle messes solemnelles à mothé diacre et sous-diacre avec matines, vespres et faire suffrages et commemoration pour ledit feu roy Louis, et autres roys de France, et aussy dire et célébrer chacun an en ladite chapelle messes hautes à diacre et sous-diacre vigiles et recommandation pro defunctis pour le XXIXe jour d’aoust, qui est le jour que ledit feu roy Louys alla de vie à trépas, et avant lesdites messes et services des susdites faire sonner et tinter les cloches de ladite chapelle à l’heure de huit heures du matin auxquelles charges et service faire et accomplir et entretenir perpétuellement le curé de Denée et son temporel son tenus et obligés à la fin desquels mots se trouve un écusson dessiné que l’on dit estre les armes de Me Alexandre Fournier curé dudit Denée qui sont un écusson écartelé au premier franc quartier en fonds d’azur une barre dentelée, deux molettes d’esperon d’or, le second quartier trois testes de mort fonds d’or.
    Qui est tout ce que nous avons vu sur ladite pierre et lu sur icelle, de tout quoy nous avons au désir de ladite ordonnance dressé le présent procès verbal enladite chapelle de Béhuard en présence de noble et discret Messire Pierre Bibard pretre vicaire dudit lieu de Behuard noble homme René Desmazières bourgeois de la ville d’Angers, Charles Cady marchand habitant de l’isle dudit Behuard, Jean Baudonnière filassiser aussy y demeurants, Jacques Guillon pescheur, Jean Cady laboureur à bras, et François Collinlaboureur, et encore Charles Cesbron aussi tesmoins tous demeurant en ladite île et habitants d’icelle, lesdits Jacques Guillon, Jean Cady et François Collin ont déclaré ne scavoir signer de ce enquis tous témoins à ce requis et appelés sont signé la minute

  • Ensuit la teneur de ladite requeste et ordonnance
  • Monsieur
    Monsieur le lieutenant général d’Anjou à Angers supplie humblement noble et discret Baltazard Fouyer prestre chanoine de l’église de Nantes prieur commendataire de Pont Briand, recteur curé de Denée et de Behuard en personne, disant que par le changement des curés la plupart des titres de ladite cure de Denée et de Behuard et son annexe ont esté divertis et perdus, ce qui croit la perte des droits tant féodaux que fonciers que pour les rétablir il luy est nécessaire de compulser les titres papiers et enseignements qui sont entre les mains des particuliers et personnes publiques qui sont refusantes de les luy délivrer même de faire faire procès verbal et description de la fondation faire par Louis unziesme confirmée par le roy Charles huitiesme son fils qui est escrite sur une pierre attachée au mur du costé de l’évangile de l’autel de St Jean dans ladite chapelle de Notre-Dame de Behuard qui règle le service qui se doit dire et célébrer par chacun an, et ce par le premier notaire royal qu’il vous plaira commettre et pour en être délivré copie audit Sr Fouier en crainte qu’à l’avenir on ne puisse lire ladite fondation et pour servir d’original requérant sur ce votre ordonnance et faire justice, signé Fouier recteur curé, et de Bruneau pour le suppliant

    Vu la requeste cy-dessus nous avons permis et permettons audit sieur curé de Denée et de Behuard de compulser, de faire faire procès verbal et description de ladite fondation du roy Louis unziesme, confirmée par Charles huitiesme son fils qui se trouve escripte dans le mur de ladite chapelle de Behuard par Charlet notaire royal à Angers qu’à ce faire avons commis, et pour en estre destinée copie audit sieur curé et pour luy servir et à ses successeurs ainsy que de raison, mendant … donnée à Angers par devant nous dit lieutenant général susdit le 10 septembre 1687 signé Boylesve.
    Délivré la présente copie par nous Pierre Charlet notaire royal à Angers sur une autre copie délivrée audit Fouyer curé de Denée et de Behuard son annexe par defunt Me Etienne Charlet vivant notaire de cette cour des minutes duquel nous dit Pierre Charlet sommes garants ladite copie demeurée attachée à la minute originale attendu qu’elle avait esté pour la plus grande partie rongée et déchirée et après qu’elle a eseté signée et paraphée par ledit Sr Fouyer pour plus grande approbation à Angers le 22 juin 1691. Signé Charlet notaire royal garde note de la minute.

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