Histoire des poids et mesures : le contrôleur était autrefois visiteur, et auparavant voyeur

Eh oui, avant d’être un sens assez négatif, le terme voyeur fut positif, et on voyait lors d’une montrée si tout était conforme, surtout les poids.

Selon le Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) sur le site atlif.fr

VOYEUR, subst. masc.
du latin videre
A. – « Celui qui regarde » : Uisor (…) : voierres (Aalma R., c.1380, 444).
B. – « Témoin entendu lors de la vue » : …la veue sera termée et le lieu monstré aux tesmoings et veeurs qui seront fais venir en jugement aux plès ou assises ou ladite matiere sera pendante. Et après que lesd. tesmoings et gens de veue auront esté passez sans saon, ilz seront enquis et examinez sur les fais, neances et deffenses de l’intendit de lad. preuve qui entendiblement et a trait leur sera leu. (Echiq. Normandie S., 1336-1497, 159).

Le voyeur est donc un témoin certifié, il va devenir un visiteur dans le cas des moulins.
Je vous ai déjà mis plusieurs actes sur les visiteurs des moulins, dont :

Sous-ferme de l’office de visiteur des moulins, aulnes, crochets, poids, balances du duché d’Anjou pour l’Outre-Loire : 1550

En effet le meunier pèse la farine et il doit donc avoir des poids conformes, sinon il peut tromper le client !!! Ses poids sont donc contrôlés.

    Le voyeur n’a rien à voir avec le voyer.

Selon le dictionnaire Littré

VOYER: Officier préposé à la police des chemins et à celle des rues. Les voyers de tel lieu, de telle ville.
étymologie : du latin viarius relatif aux routes, adjectif dont on a fait un substantif, de via (voy. VOIE).

Hier je vous mettais l’acquêt du pré fait par Henry Aubry huissier et voyeur des moulins d’Anjou

Henry Aubry est d’ailleurs aussi « huissier » métier de témoin certifié qui va garantir qu’il a bien VU telle ou telle chose. Le métier ressemble un peu à celui de visiteur, et ce Henry Aubry semble avoir eu un goût pour les termes du passé. Il s’intitulait donc encore VOYEUR alors qu’il aurait déjà dû utiliser le terme VISITEUR

Jeanne Lefebvre, épouse de Léon Marchandie, vend un pré : Montreuil sur Maine 1696

Je descends d’une Jeanne Lefebvre que je n’ai pu remonter à ce jour. J’ai travaillé beaucoup de Lefebvre, sans pouvoir entrevoir un lien quelconque.

En fait j’ai remonté avec d’innombrables preuves sa filiation maternelle qui est VILLIERS puis CRANNIER etc… Et ce jour je vous mets encore une preuve de cette ascendance maternelle, une preuve de plus, mais il ne faut pas hésiter quand cela se donne à enrichir les preuves.
Donc, Jeanne Lefebvre, épouse de Léon Marchandie, vend un pré à Montreuil sur Maine qu’elle tient de sa grand mère Anne Crannier, et ceci est clairement dit dans la vente qui suit.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 7 février 1696 avant midy, par devant nous Jean Portin notaire royal à Angers fut présent étably et soumis Me Leon Marchandie notaire demeurant au bourg de Méral tant en son nom que se faisant fort de Jeanne Lefebvre sa femme à laquelle il promet et s’oblige faire ratifier ces présentes et obliger solidairement à l’exécution du présent contrat par acte vallable qu’il en fournira en nos mains dans un mois prochain à peine etc ces présentes néanmoins etc lequel sieur Marchandie esdits noms et en chacun d’iceux seul et pour le tout sans division etc renonçant au bénéfice de division discussion etc ont par ces présentes vendu quitté céddé délaissé et transporté promis et promet garantir de tous troubles hypothèques évictions interruptions et autres empeschements quelconques et en faire cesser les causes perpétuellement dès maintenant et à toujours à Me Henry Aubry huissier et voyeur des moulins d’Anjou demeurant audit Angers paroisse st Maurice présent et acceptant qui a acquis pour luy ses hoirs et ayant cause scavoir est un morceau de pré en la prée des quartiers paroisse de Montreuil sur Maine contenant (blanc) joignant d’un côté le pré (blanc) abouté d’un bout la rivière d’Oudon et d’autre bout ainsi que ledit morceau de pré se poursuit et comporte et qu’il est écheu à ladite Lefebvre de la succession de deffunte Anne Crasnier son ayeule (f°2) par partages faits entre elle et ses cohéritiers par devant (blanc) notaire le (blanc) desquels ledit vendeur fournira copie ou contrat audit acquéreur ou les autres pièces concernant ledit morceau de pré vendu à sa possibilité ; à tenir par ledit acquéreur du fief et seigneurie dont il relève aux charges des cens rentes et devoirs seigneuriaux féodaux anciens et accoustumés que lesdites parties par nous enquises suivant l’ordonnance ont dit ne pouvoir au vrai exprimer, s’en informera ledit acquéreur et les payera pour l’avenir quitte par ledit vendeur des arrérages du passé ; transportant etc et est faite ladite vendition cession delais et transport pour et moyennant la somme de 80 livres sur laquelle ledit acquéreur en a payé contant audit vendeur esdits noms la somme de 14 livres qu’il a eu veu de nous receue en Louis d’argent et monnaye ayant cours s’en contente et les 66 livres restante ledit acquéreur pour ce établi et soumis sous l’hypothèque générale de tous ses biens spécial et privilège dudit morceau de pré cy dessus vendu a promis et s’est obligé payer audit vendeur esdits noms dans 6 mois prochains sans intérests jusques audit terme et cependant ledit acquéreur en jouira dès à présent : à laquelle vendition cession delais et transport et ce que dit est tenir etc à peine etc obligent etc renonçant etc dont etc fait et passé audit Angers en notre tabler présents Pierre Belleuse et Jacques Viot clercs audit lieu témoins ; et en vin de marché 4 livres payées contant par ledit acquéreur audit vendeur – Le 20 novembre 1696 après midi devant nous Jean Portin notaire royal à Angers fut présent ledit sieur Marchandye lequel a receu contant au veu de nous en Louis d’argent et monnoye ayant cours du sieur Aubry acquéreur au contrat cy devant la somme ce 66 livres restant du prix du morceau de pré … »