Nous avons vu le 12 janvier quand les prêtres devaient, ou ne devaient pas baptiser un foetus, un embryon ou un enfant. Je vous avais promis la suite, c’est à dire le point concernant l’opération Césarienne.
Voici donc en trois paragraphes la Césarienne
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1° l’extrait du Rituel du diocèse de Nantes de 1171, en ma possession.
2° qui avait droit de pratiquer la Césarienne
3° cerise sur le gâteau, un extait de registre paroissial, assez hallucinant (courage, c’est pour la fin, lisez d’abord les § 1 et 2)
Quand on second objet, c’est-à-dire, à la nécessité de l’opération Césarienne, lorsque par des voies plus naturelles on ne peut extraire l’enfant du sein maternel, les maximes de notre Auteur ne sont ni moins importantes, ni moins solidement établies. Il commence par observer que cette opération peut se faire sur une femme morte, ou sur une femme vivante.
A l’égard du premier point, il décide avec les Théologiens qui ont traité cette matière, qu’on est obligé, sous peine de péché mortel, de faire cette opération sur toute femme morte sans être déchargée du fruit qu’elle portoit dans son sein : S. Charles Boromée et le Rituel Romain y sont formels. Il faut sans doute s’assurer de la mort de la femme sur qui doit se faire l’opération ; mais il faut aussi se contenter sur ce point d’une certitude morale, comme on fait dans tous les autres cas qui intéressent le plus. Les signes par où l’on peut juger à coup sûr de la mort des personnes dont il s’agit, sont entr’autres
1° le changement de visage : dans une mort apparente, le visage reste à peu près le même, quand elle est réelle, la couleur s’affoiblit, devient pêle, plombée et jaunâtre.
2° la pesantaire extraordinaire du corps
3° la roideur et l’inflexibilité des membres, à moins qu’elle ne soit convulsive
4° la mollesse ou la flétrissure des yeux, et surtout la cessation de transparences dans la cornée, c’est-à-dire, lorsque les yeux ne sont plus comm espèce de miroir, et que ceux qui les regardent n’y voyent plus leur image. M. Louis, si célèbre par son érudition dans ces matières, adopte ce dernier signe comme infaillible et caractéristique.
Quand tous ces signes, ou même la plupart se trouvent réunis, et qeu la personne n’a plus de mouvement, de respiration, de sensibilité, on peut prononcer hardiement qu’elle n’existe plus ; et dès lors il en faut venir tout de suite à l’opération, sans perdre un seul instant, parce que la vie de l’enfant est dans le plus grand danger, pour les raisons que l’on voit assez.
A l’égard du second point, c’est-à-dire de l’opération Césarienne pour les femmes vivantes, M. Cangiamila en parle avant tant de nettté, de profondeur et d’érudition, qu’il ne laisse rien à désirer. On se borne ici à rapporter quelques maximes, qui ont paru contenir en substance tout ce qu’il a écrit sur cette vaste matière.
Première maxime : L’opération Césarienne n’est pas mortelle de sa nature. Les exemples sans nombre de l’heureux succès qu’elle a eu, ne laissent aujourd’hui là-dessus aucun doute. Voyez les Mémoires de l’Académie de Chirurgie.
Seconde maxime : Lorqu’au jugement d’un Médecin ou d’un Chirurgien, dont les lumières et la probité sont connues, l’opération Césarienne doit causer par accident à la mère une mort certaine, eu égard à son extrême foiblesse ou à quelque autre circonstance, on ne pourrait sans crime hazarder cette opération, quand même il n’y auroit pas d’autre moyen pour procurer le Baptême à l’enfant, n’étant jamais permis, selon l’Ap. de faire un mal dans la vue de procurer un bien.
Troisième maxime. Quand l’opération Césarienne n’est pas mortelle pour la mère, et qu’elle est nécessaire par rapport à l’enfant, la mère est obligée, non seulement de la souffrir, mais encore de la demander. Cette doctrine, qu’enseigne S. Thomas, est fondée sur le précepte de l’amour que nous devons au prochain : la charité en effet, qui nous ordonne de le secourir, même à notre préjudice, dans une grande nécessité, permettroit-elle à une mère, pour éviter une douleur momentanée, d’abandonner le fruit de son sein dans le plus grand des périls ?
L’opération Césarienne est encore à plus forte raison de droit étroit, quand est nécessaire pour conserver la vie et de la mère et de l’enfant ; ce qui arrive toutes les fois que l’accouchement naturel devient impossible par certaines circonstances qui sont connues des maîtres de l’Art, et dont la discussion ne nous appartient pas.
L’historique de la Césarienne atteste un histoire récente touchant nos ancêtres au 16e et 17e siècles.
A cours des 16e et 17e siècles, la chirurgie s’organise et nous avons déjà vu la réception à la maîtrise de chirurgie, 1741
Or, dans cette réception à la maîtrise, il est fait interdiction à tout chirurgien qui ne soit pas chirurgien d’Angers de pratiquer ce type d’opération.
Donc, tout chirgien de campagne, lorsqu’il y en avait un dans les parages, devait alors envoyer un messager à cheval à Angers chercher un confrère d’Angers.
Bonjour les urgences !!!
C’est ce qui va se passer en 1705 au Loin-d’Angers pour la première épouse de Jean Fourmond mon ancêtre par la seconde épouse.
Le jour où j’ai trouvé la sépulture de la première épouse de Jean Fourmond est gravé dans ma mémoire. Un tel acte ne s’oublie pas :
« le 8.4.1705, a eté ensépulturée en l’église du Lion-d’Angers par nous curé de cette paroisse le corps de honorable femme Anne Bonneau épouse d’honorable homme Jean Fourmond en présence dudit Fourmond et autres parents signé Fourmond, et son enfant, qu’un nommé Boucher (sic, cela ne s’inventa pas ! ) chirurgien demeurant à Angers assistant la mère cy-dessus desnommée en ses couches, qui y est morte, lui fit l’opération d’ouverture de son corps, ainsy donna la vie du corps et de l’âme dudit enfant en le baptisant, qui est mort après la mère, ce qui est véritable en foy de quoi j’ay subscrit ces présentes d’autant que j’ay assisté la mère en luy administrant les sacrements. »
Vous avez bien lu ! Cela ne s’invente pas !
Le chirurgien venu d’Angers, appelé in extremis par son confrère local, car il y avait un chirurgien au Lion-d’Angers, porte un nom prédestiné.
Pourtant, il s’agit d’un grand chirurgien selon tous les ouvrages d’histoire de l’Anjou.
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.
A cette lecture, je pense à la souffrance de ces temps-là … Rien ne la décrit, rien sur leurs sentiments, leurs espoirs !
Note d’Odile : ma maman, qui transmettait peu, racontait cependant que son oncle Adrien, né dans années 1880, avait subi dans son enfance, l’opération d’appendicite sans anesthésie, celle-ci n’existant pas encore à l’époque. Le fait avait marqué la mémoire de la famille, car je répète ici, ma maman transmettait peu, donc il s’agit d’un fait très marquant. Il faut dire que les parents d’Adrien avaient déjà perdu 4 enfants en bas âge, et étaient assez désepérés pour les suivants…
Andard (1676-1700) vue 19.AD.
Sépulture d’Olive Allain femme de Jacques Cousin et de son enfant, baptisé à la maison, agée de 37 ans ou environ, ou il est dit « l’opération de césarienne ayant été faite sur la dite défunte après son décès »