Recherche de fonds pour la construction du dôme de la collégiale Saint Quiriace, Provins 1663 : rente impayée des enfants d’Edmé Langlois

introduction

La collégiale Saint Quiriace de Provins a subi un incendie en 1662 et partie de la nef s’est effondrée. Les chanoines songent à y faire construire un dôme, et pour le financer recherchent les impayés parmi leurs revenus fonciers. Une famille Langlois de Provins, qui n’est pas la mienne, est poursuivie pour une rente impayée et la somme est assez élevée. Pour éviter les poursuites, une transaction évite le procès, et cette famille Langlois verse immédiatement 500 livres. Ce type d’acte donne la généalogie de cette famille, puisque la rente due était de leur ascendant dont les héritiers sont ici nommés. Les voici :
Edmé LANGLOIS †/1663 procureur des sièges royaux dudit Provins
1-Louis LANGLOIS avocat en parlement
2-Michel LANGLOIS garde des chevaux royaux de la Chancellerie de cette ville de Provins
3-Jean LANGLOIS praticien
4-Nicolas LANGLOIS mineur en 1663
5-Anne LANGLOIS mineure en 1663
et voici les miens, contemporains des précédents mais différents :
Valentin LANGLOIS †1637/ x Ayoule GUERIN mais cette femme, vivante en 1637, est sans doute une seconde épouse et non la mère d’Edmée
1-Edmée LANGLOIS †/1637 x ca 1615 Antoine CHARPENTIER †/1637
11-Louise CHARPENTIER x (contrat février 1637) Louis FAUCHON
2-Nicolas Langlois conseiller du roy esleu en ladite eslection, oncle maternel de Louise Charpentier à son mariage en 1637

retranscription

Cet acte est aux Archives Départementales de Seine-et-Marne, AD77-260E66 

Le 13 mai 1663  (devant Me Gangnard notaire) furent présents messieurs les vénérables doyen, chanoines et chapelains de l’église royale et collégiale Saint Quiriace de cette ville de Provins … faisant et réprésentant la plus grande partie d’iceux capituellement congrégés et assemblés en leurdit chapitre pour leurs urgentes affaires convoqués au son de la cloche ce jour en la manière accoustumée en présence de Louis Langlois advocat en parlement tant en son nom que comme ayant charge ainsi qu’il dit et soy faisant fort de Me Michel Langlois garde des chevaux royaux de la Chancellerie de cette ville de Provins, Jean Langlois praticien tous majeurs d’ans usant et jouissant de leurs droits, tant en leurs noms que comme héritiers en partie de deffunt Me Edmé Langlois leur père vivant procureur des sièges royaux dudit Provins, que comme ledit Me Michel Langlois tuteur de Nicolas et Anne Langlois ses jeunes frère et sœur, aussi héritiers dudit deffunt Edmé Langlois leur père d’autre part, lesquelles parties ont dit :  savoir lesdits sieurs vénérables de St Quiriace que cy-devant ils auroient pris … contre lesdits Langlois esdits noms pour les faire condamner restablir et faire construire et bastir une maison grange estables et autres logis au lieu de l’aire ou autrefois estoit construite et bastie la maison vulgairement appellée l’Hostel de Champeaux sise au village du Mé la Magdeleine paroisse de Sainte Colombe, chargée avec la quantité de 70 arpents de terre ou environ et encores lesdits vénérables de St Quiriace de la quantité de 14 septiers de bled froment de rente foncière annuelle et perpétuelle racheptable payable par (f°2) chacun an au jour et feste de la Saint Martin de 8 ans légués par feu Me Simon Berger vivant chanoine à ladite église à prendre sur lesdits lieux et héritages assis audit lieu et es environs ; sur laquelle instance lesdites parties auroient esté appointées endroit … du baillage de cette ville et le procès prêt à distribuer pour le faire juger ; pour lequel procès et différends terminer lesdites parties se sont accordées par ensemble par tel du : ledit sieur Langlois esditsnoms payera incessamment auxdits sieurs vénérables de Saint Quiriace la somme de droits censivement des arrérages de ladite rente 500 livres tournois et au moyen duquel payement ils demeureront quittes et déchargés du rétablissement de ladite maison et hostel de Champeaux grange et estables du lieu et en dépendant sans que pour l’advenir eux leurs hoirs puissent estre recherchés inquiétés poursuivis et contraints à ce faire en quelque sorte et manière et pour quelque cause et occassion que ce soit, lequel sieur Langlois esdits noms pour et affin d’effectuer le présent traité a présentement payé et mis sur le bureau dudit chapitre ladite somme de 500 livres qui a esté à l’instant receu par Me Pasquier Domenchin l’un desdits chanoines et au fabricier dudit chapitre, pour estre ladite somme employée au restablissement de ladite église de Saint Quiriace, de laquelle lesdits sieurs vénérables de Saint Quiriace ont quitté et deschargé quittent et deschargent ensemblement lesdits sieurs Langloys et tous aultres, et en ce faisant les ont aussy deschargés dudit restablissement de l’hostel et maison de Champeaux et lieux en déppendants comme est dit sans touteffois que pour raison dudit deschargement par eux ainsi fait de ladite somme de 500 livres ladite rente foncière de 14 septiers de bled froment par chascun an percepvable sur lesdits 70 arpents ou environ d’héritages … (f°3) puisse en aucune façon le diminuer car autrement lesdits sieurs vénérables de St Quiriace n’auroient jamais recongnu descharger dudit restablissement, et au moyen d’icelluy présent traité et accord ladite instance est demouré nulle et assoupie comme non advenue à l’exception et réserve des despens frais et mises de la poursuite d’icelle que ledit sieur Langlis esdits noms a promis payer auxdits sieurs vénérables de St Quiriace suivant l’arrest qui en sera fait entre les procureurs suivant la taxe, le tout sans préjudicier à l’instance entre lesdits Langlois esdits noms pour passer sentence et reconnaissance de ladite rente foncière de 14 septiers de bled froment et à la sentence intervenue sur icelle par laquelle ils sont condamnés à passer icelle sentence et payer l’arrérage, laquelle sentence ledit sieur Langlois esdits noms comme soy faisant et portant fort des autres détempteurs desdits héritages chargés d’icelle rente a promis s’est obligé et sera tenu en chascun desdits noms et qualités l’un pour l’autre et un seul pour le tout sans division ni discussion etc de passer ladite sentence d’arrérages incessamment icelle fournir es mains desdits sieurs de Quiriace à leurs frais et despens, comme aussy de payer les arrérages desdits 4 septiers de bled froment de rente foncière debus et escheus du passé jusques au jour et feste de St Martin dernière passée, comme aussi payer les frais et despens de ladite instance faite pour la passation de ladite sentence que ledit Lanclois esdits noms sera aussi tenu payer auxdits sieurs vénarables de St Quiriace aussy incessamment, car ainsi … obligent corps et biens, présents Me Fery Samson greffier dudit chapitre et Hierosme Chomomillet praticien tesmoins convoqués et appellés ce vendredi 16 mai 1663 audit chapitre

Les femmes de Provins (77) étaient si évoluées que certaine signait avec son patronyme féminisé : Jeanne Moreau 1599

Introduction

Je vous ai déjà mis mon enthousiasme devant les innombrables signatures de femmes à Provins début 17ème siècle, et même la jolie signature de Jeanne Bobe. Voici maintenant, celles qui signaient leur nom au féminin. Certes, j’ai déjà rencontré ailleurs ce phénomène de féminisation du patronyme, mais je ne pense pas encore l’avoir vu en signature. Décidément, ces femmes de Provins étaient des femmes très évoluées.

signature de Jeanne Moreau en 1599 à Provins Ste Croix

Jacques LANGLOIS x Françoise MEUSNIER
1-Edmé LANGLOIS °Provins Ste Croix 26 janvier 1599 « baptisé Jacques fils d’honorable homme Jacques Langlois procureur au siège royal de Provins et Françoise Meusnier parrain honorable homme Edmé Baizela (s), Gilles Roussin hostelier marraine Louyse Moreau (s Morele) femme d’Anthoine Rabigois sergent royal »

 

Jeanne Bobe avait une magnifique signature, Provins 1587

Introduction

Je suis depuis 8 semaines en admiration sur les innombrables signatures de femmes au 16ème siècle à Provins. Mais en voici une encore plus admirable car elle a ajouté une floriture et même assez extraordinaire

Mes ascendants FAUCHON étaient apothicaires de 1554 à 1668 dans la maison touchant l’Hôtel-Dieu de Provins.

Extraordinaire signature de Jeanne Bobe

Il y a 4 paroisses à Provins : Sainte Croix, Saint Pierre, Saint Quiriace et Saint Ayoul. Ici nous sommes à Sainte Croix en 1587. Les actes sont assez souvent difficilement lisibles, ainsi le prénom « Jeanne » semble curieux dans la rédaction du prêtre. Elle semble « femme d’Alexandre Legrand » et je ne la trouve pas dans les relevés du Cercle Généalogique de la Brie, pas plus que sur Geneanet et Roglo. Pourtant quelle magnifique signature :

à tout bien pensé, après relecture, je pense que la floriture après la signature de Jehanne Bobe n’est pas d’elle, mais du prêtre tout content d’arriver au bas de sa page et d’y porter sa marque !

Sydrac, un prénom rarissime

Introduction

Je descends de Sydrac FAUCHON °Provins St Pierre (77) 6 novembre 1557 x /1583 Elisabeth/Isabelle LECOURT
Ce prénom, rarissime, n’est pas celui d’un saint[1], mais d’un nom de l’ancien testament qui mérite la sainteté.

Voir mon étude de la famille FAUCHON de Provins (77)

[1] Même le « Dictionnaire hagiographique, ou Vie des saints et des bienheureux honorés en tout temps et en tous lieux depuis la naissance du christianisme jusqu’à nos jours avec un Supplément pour les saints personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament et des divers ages de l’Eglise…. par M. l’abbé Pétin… 1850 » ne donne aucun Sidrac ou Sydrac.

Ce prénom rare me rappelle mon enfance, je vous confie pourquoi.

Histoire de Sidrac

Sydrac fut l’un de ces 4 jeunes brûlés vifs pour avoir refusé d’adorer la statue d’or que Nabucodonosor avait fait ériger.
Leur histoire est mal exprimée sur Internet, et il convient de préférer la lecture de l’ancien testament, qui est bien plus clair surtout sur le site d’AELF. Voici les principales lignes concernant Sidrac :

  • LIVRE DE DANIEL
  • La troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabucodonosor, roi de Babylone, arriva devant Jérusalem et l’assiégea.
  • … Le roi ordonna à Ashpénaz, chef de ses eunuques, de faire venir quelques jeunes Israélites de race royale ou de famille noble.
  • … Parmi eux se trouvaient Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, qui étaient de la tribu de Juda.
  • … Le chef des eunuques leur imposa des noms : à Daniel celui de Beltassar, à Ananias celui de Sidrac, à Misaël celui de Misac, et à Azarias celui d’Abdénago.
  • … Et ces trois hommes, Sidrac, Misac et Abdénago, tombèrent, ligotés, au milieu de la fournaise de feu ardent.
  • … Or ils marchaient au milieu des flammes, ils louaient Dieu et bénissaient le Seigneur.

Beaucoup ont écrit, entre autres Voltaire[1] et Jean-Paul II, le 14 mai 2003 – Cantique d’Azarias dans la fournaise

Lorsque j’étais une toute petite fille, à l’école religieuse de St Jacques, on nous avait raconté ce passage de l’ancien testament, et j’avais été profondément marquée à l’idée de ces jeunes morts en chantant dans la fournaise ! Aujourd’hui, à 86 ans, je prie chaque jour pour tous les martyrs quotidiens actuels toujours nombreux et je les admire.

[1] Œuvres complètes de Voltaire, Garnier, 1880, tome 30 (p. 261-264).

Son chef d’oeuvre pour être maître cordonnier a été refusé : il a porté plainte et a été entendu, Angers 1526

Introduction

Le cordonnier était autrefois un artisan fabricant de chaussures, et pour devenir Me cordonnier il devait produire devant les Jurés de sa coorporation un chef d’oeuvre.  L’acte ci-dessous est une transaction car l’un d’eux a vu son chef d’oeuvre refusé, mais ensuite il a porté plainte, et un jugement a été rendu en sa faveur. Une transaction a donc ici lieu entre les jurés des maîtres cordonniers et Pierre Heurtebize qui avait fait un chef d’oeuvre refusé.
Vous allez découvrir comment le notaire a écrit le mot « chef d’oeuvre », et à cette occasion, je tiens à vous raconter comment je fais mes retranscriptions. Je suis sur un grand écran DELL, que je partitionne en 2 horizontalement, en haut WORD et en bas la vue a retranscrire bien agrandie. Mes doigts connaissent si bien le clavier depuis mes études de chimie en 1958 que je n’ai pas besoin de les regarder, et mes yeux ne regardent donc que la vue en bas de l’écran, mais je ne la lis pas seulement avec les yeux, je lis oralement dans ma tête. Cette lecture orale est un très grand outil, et vous allez pouvoir en juger avec ce chef d’oeuvre.
Et concernant ce chef d’oeuvre, je suis aussi très pensive, car je ne peux imaginer une chaussure seule. Pourtant, vous ne devez pas oublier que nos ancêtres n’ont connu les chaussures différenciées gauche et droite que depuis 1857 et auparavant les 2 pieds portaient la même chaussure, sans différenciation. A chaque fois que j’y pense, j’en ai mal aux pieds, et je me demande à quoi ces chaussures pouvaient bien ressembler pour ignorer pied gauche et pied droit. Et oubliez les films actuels car on a fait aux acteurs des chaussures qui ne font pas mal aux pieds, et on a respecté leurs pieds.
Par ailleurs, cet acte comporte les signatures du témoin Jean Gouyn maître cordonnier à Angers, pour lequel j’ai déjà mis un acte en ligne et j’en ai un autre encore qui est la prise d’un apprenti, aussi je vais vous la mettre, afin que vous puissiez admirer (il n’y a pas d’autre terme) l’extraordinaire signature de ce Jean Gouyn. Il a une magnifique signature digne d’un grand bourgeois ou officier de justice et pas d’un artisan. Il y met une splendide floriture, et curiosité absolue, il la met entre son prénom et son nom.

retranscription

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, AD49-5E121 

Le 2 mars 1525 (avant Pasques donc le 2 mars 1526) Sur les procès questions et différens (Nicolas Huot notaire Angers) qui estoient et sont pendant par appel par devant le sénéchal d’Anjou ou son lieutenant à Angers contre les maîtres jurés et gardes du mestier de cordonnier en ceste ville d’Angers appelant de certaine sentence donnée par le juge de la prévosté d’Angers ou son lieutenant audit Angers et anticipés d’une part et Pierre Heurtebize compagnon cordonnier anticipant[1] d’autre part, touchant ce que ledit de Heutebize anticipant au principal de la matière demandoit et requeroit au moyen du chef deuvre[2] qu’il avoit fait, estre receu et passé maistre dudit mestier en cestedite ville, ce qui eust esté impugné[3] et débatu par lesdits commissaire jurés et gardes par plusieurs faictz et raisons par eux alléguées audit procès, lesdites parties ont sur ce transigé et appoincté en la manière qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit Heurtebize a déclaré et sera tenu déclarer par devant le sénéchal ou son lieutenant qu’il ne veult et n’entend soustenir ladite sentence donnée en son proffilt par ledit juge de la prévosté (f°2) mais a consenty et consentira qu’elle soit mise au néant et en ce faisant lesdits maîtres jurés ont promis et seront tenus passer et recevoir ledit Heurtebize à maître dudit mestier en paiant valablement les droictz et autres choses selon les statuz dudit mestier à la peine de tous dommages et intérestz, et en faisant ung autre chef deuvre lequel lesdits maîtres jurés et gardes recepvront et auront pour aggréable, en soy pourtant 8 jours davant la feste de Penthecouste prochainement venant, et tous despens dommaiges et intérestz compensez d’une part et d’autre de leur consentement : ausquelles choses dessusdites tenir etc se sont soubmises lesdites parties et chacune d’icelle respectivement soubz la court royal d’Angers obligent etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc présents à ce Jehan Gouyn et Guillaume Lorgerie maistres cordonniers à Angers tesmoings faict et donné à Angers

[1] Anticiper un appelant. « Faire assigner un appelant pour accélérer le jugement »

[2] Chef d’oeuvre

[3] Impugner : Attaquer, combattre qqc., contester qqc., aller à l’encontre de qqc. (Dictionnaire du moyen français, ATLIF en ligne)