Jean Lecoq marchand de peaux de veau et de mouton, Villevêque 1591

Vous avez beaucoup d’actes sur mon site et mon blog concernant les peaux et le cuir, sur les tanneurs, mégissiers, corroyeurs et baudroyeur, mais je crois bien que ces métiers ont disparu de France, et que nous ne traitons plus beaucoup de peaux en France. Autrefois le cuir avait bien plus de place…
Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E121 :
Le 6 mai 1591 avant midi, en la court du roy nostre sire Angers endroit par devant nous (Chuppé notaire) personnellement estabyz Jean Lecoq marchand boucher demeurant à Villevesque d’une part, et Symon Coustard Me baudraier en ceste ville d’Angers et y demeurant paroisse de St Maurille d’autre part, lesdites parties respectivement confessent avoir fait et font entre eulx le marché et convention qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit Lecoq a vendu et promet bailler et livrer audit Coustard toutes et chascunes les peaulx de veaulx et de mouton que ledit Leccoq abillera et achaptera d’autres peaulx toutes bonnes loialles et marchandes à commencer du premier jour du présent mois et finiront au jour du mercredy des Cendres prochain, et baillera lesdites peaulx à la douzaine et treize pour douze et les peaulx de mouton … qu’abillera et achaptera jusques au jour de la Magdeleine prochaine en baillera deulx pour une et après ledit jour de Magdelaine peau pour peau et si ledit Lecoq baille des Peaulx d’aigneau baillera deulx peault pour une et treize pour douze pendant ledit temps cy dessus, et est ce fait pour en paier et bailler par ledit Coustart audit Lecoq la somme de (f°2) 100 sols tz chacune douzaine et en livrant ladite marchandie ledit Coustard la payera tellement que en livrant paiant et prendra et baillera ledit Lecoq lesdites peaulx au faulxbourg de St Michel du Tertre de ceste ville, tout ce que dessus stipullé et accepté par les parties, auquel marché et tout ce que dessus tenir etc obligent lesdites parties respectivement etc biens à prandre etc et par deffault etc foy jugement etc fait et passé audit Angers en notre tablier en présence de Thomas Camus et Jacques Cosnier praticiens

Au coeur des villes autrefois les tanneries malodorantes mêlaient leurs effluves à celles des corps et linges pas lavés mais notre nez est heureusement muni d’un seuil !

J’avais publié il y a 5 ans ce billet, et si je le remets ce jour, c’est pour vous annoncer que j’ai fait une énorme découverte concernant mes tanneurs, et que je suis en train de vous préparer leur histoire, mais promis sans l’odeur… 

Ceux qui ont connu le quartier de Pirmil et Pont Rousseau à Nantes autrefois se souviennent des odeurs puissantes des tanneries le long de la Sèvre, des savonneries et autres usines traitant le suif.
Pestilentiel !

Nantes n’était pas une exception, car autrefois bon nombre de ces artisans malodorants étaient au cœur des villes. Allez au musée d’Angers et vous verrez ce magnifique tableau des tanneries sur la Maine côté de la Trinité, que je ne retrouve pas sur Internet.

Pour ma part, je possède le droit de vous montrer ma carte postale de la tannerie à Clisson. Les tanneries d’autrefois sont reconnaissables à leurs séchoirs à claire voie.

J’ai aussi connu le temps avant la machine à laver, où changer de culotte chaque jour n’était pas encore universel, et je ne parle pas des chaussettes etc… Michel Serres, qui a 7 ans de plus que moi, s’en souvient dans « C’était mieux avant ! », à lire absoluement, bien entendu pour clamer que ce n’était pas mieux.

Je prenais alors chaque jour l’autobus pour le Lycée Guist’hau. On entrait dans l’aurobus par l’arrière, on passait devant la dame (je n’ai jamais vu d’homme !) pointeuse, et on remontait en se poussant dans une odeur que la génération actuelle n’imagine même pas !
Que de culottes, que de chaussettes et que de corps pas lavés !!!
Mais les yeux fermés, on savait qu’on franchissait le pont de Pirmil, quand notre nez enregistrait soudain une autre nuance, encore plus désagréble : la tannerie n’était pas loin !

J’ignorais à l’époque que plus tard, penchée sur la recherche de mes racines, je me retrouverai descendante de plusieurs lignées de tanneurs, dont les Jallot à Noëllet, et les Rousselot à Clisson. J’avoue que mon nez a immédiatement « ressenti son souvenir » lorsque j’ai découvert ces ascendants odériférants. Et j’y repense souvent, car je vais ces jours-ci vous illustrer leur aisance, mais vous n’oublierez pas au prix de quel nez !!!

Jean-Louis Beaucarnot « Nos ancêtres étaient-ils plus heureux » nous décrit l’ambiance à la cour, dont les costumes somptueux sont tout sauf lavables, et où on rajoute par dessus les odeurs corporelles des parfums, mais aussi le reste de la population, où même les odeurs de cuisine s’ajoutaient à celles des vêtements et corps pas lavés.
Selon les inventaires après décès que j’ai pu déjà faire, la chemise n’était pas le lot de tout le monde, mais le nombre de chemises indique bien un rang social, et je vai vous en donner un exemple ces jours-ci. Et selon Quynh Delaunay « Histoire de la machine à laver », Puf, 1994, elle est apparue tard.

Mais rassurez-vous, même si on raconte que Louis XIV lui-même empestait à 3 m à la ronde, notre nez est ainsi fait que
« Notre sens de l’odorat est semblable à notre perception des corps chauds ou froids: l’intensité de l’odeur perçue est très forte au début puis se produit une adaptation et une baisse progressive de la sensation ressentie. Pour chaque composé odorant, il existe un seuil en dessous duquel le composé n’est pas détecté. Au-dessus du seuil, l’intensité perçue n’est pas proportionnelle à la concentration, car un effet de saturation est observé: la loi de puissance de Stevens permet de décrire cette dépendance. »

Donc, en fait nos ayeux percevaient beaucoup moins que nous les mauvaises odeurs, car ils baignaient dedans et ne les percevaient plus si intenses. En outre, l’effet de seuil épargne au nez humain de très fortes odeurs.

Mais la majorité de nos ancêtres n’a pas connu l’absence d’odeur, et encore plus l’odeur du parfum.

Et je peux vous parler ces jours ci d’odeurs, car en haut de ma tour, je viens de vivre la semaine passée sans eau, puis eau samedi, puis coupure dimanche et à nouveau eau lundi soir, mais entre temps une fuite en bas a noyé l’ascenceur, et je suis en haut avec à nouveau de l’eau et linge lavé, mais plus d’ascenceur.
Je peux témoigner que sans eau en appartement cela n’est pas terrible, au niveau de la chasse d’eau, malgré le grand nombre de bouteilles plastiques que j’avais précautionneusement remplies avant la coupure (ils refaisaient à neuf la colonne d’arrivée d’eau). Une douche aussi c’est bien !!! et ne parlons pas de la machine à laver, alors j’ai beaucoup pensé à nos ancêtres, sans notre confort habituel.

PS. Je ne vais pas mieux : douleurs comme de myalgie, frissons de glaçon permanent, céphalées etc…

Histoire de l’industrie à Nantes après la Révolution

Selon A. Guépin, Histoire de Nantes, 1839 p 506

« L’industrie avait en général moins souffert que le commerce de nos orages politiques. En l’an XI, les mines de Nort et de Montrelais livrèrent 108, 125 hectolitres de charbon de terre. Les salines nous offrent, pour 1802, un produit de 44 à 48 mille tonneaux. La fabrication des clous, liée à nos relations d’outre-mer, avait été réduite de 80 mille quintaux métriques à 10 mille ; la fabrication des toiles n’occupait plus que 230 métiers, au lieu de 500, dans la ville de Nantes. La blanchisserie au chlore avait cessé ; 7 établissements s’étaient formés pour la filature mécanique du coton. Les corderies occupées pour le compte de la marine nationale n’avaient ni prospéré, ni déchu. La chapellerie ne fournissait plus qu’a la consommation locale. La concurrence des indiennes de fraude avait entièrement ruiné nos fabriques. La verrerie ne fabriquait plus que moitié de ses anciens produits ; les raffineries et les distilleries avaient subi l’influence d’une guerre maritime. Parmi les établissements de notre ville se trouvaient : une fabrique de pipes occupant 8 ouvriers, une autre de faïence, servi par 50 ; une manufacture de porcelaine qui en employait 40. Les diverses tourbières , exploitées par 4 mille 247 ouvriers, produisaient 3 millions 247 mille centaines de mottes, au prix de 0,10 le cent. La clouterie, à Nantes, occupait 240 ouvriers ; les fonderies, 30 ; les toiles peintes, 1300 ; la verrerie , 31 ; la raffinerie , 144. On comptait, à cette époque, pour tout le département, 14 pharmaciens , 13 architectes , 174 aubergistes , 213 boutiquiers , 241 bouchers, 52 charcutiers, 243 boulangers, 1 brasseur, 4 bouquinistes , 8 constructeurs de navires, 284 maîtres-charpentiers, 247cordonniers, 1 441 cabaretiers , 35 commissionnaires de marchandises , 10 droguistes, 1 entrepreneur de roulage, 8 fabricants de mouchoirs , 24 de cotonnades , 182 épiciers , 7 fabricants d’eau-de-vie , 9 de chandelles , 1 facteur d’instruments, 4 luthiers , 25 ferblantiers , 23 fariniers , autant de grainetiers, 4 imprimeurs-libraires,3 libraires, 12 limonadiers, 24 horlogers, deux manufactures de brosses , 6 d’indiennes, 2 marbriers , 86 marchands de bois à brûler, 41 de draps, 188 de vin en gros, 142 négociants, 124 médecins , 3 dentistes , 74 perruquiers, 4 poêliers , 84 propriétaires de bâteaux caboteurs, 42 quincailliers, 32 revendeurs, 37 rouliers, 75 tanneurs. Sans doute, le plus grand vice de ce tableau , ce n’est pas d’être incomplet, mais bien d’être fautif. Cependant, il serait à désirer que, pour chaque époque , ou pût en dresser de semblables ; ils donneraient matière à des rapprochements curieux, et jetteraient un jour tout nouveau sur la distribution des produits, partie de l’économie politique que jusqu’ici l’on n’a pas encore étudiée. Les prix de la main d’oeuvre en l’an XI , étaient de 2 fr. 50 pour les tailleurs de pierre , les charpentiers , les plombiers et les menuisiers ; de 2 fr. 25 pour les maçons et les marbriers ; ils variaient de 90 c. à 1 fr. 75 c. pour les manœuvres; les serruriers étaient payés 3 fr. , et les sculpteurs 5 et 6 fr. par jour. En général, 100 fr. placés en immeubles rapportaient, à cette époque, de 5 fr. à 5 fr. 55 c. pour les prairies, de 5 fr. 60 à 5 fr.80 c. pour les terres labourables , de 5 fr. 80 c. à 6 fr. 25 c. ,pour les vignes, de 8 fr. 33 c. à 10 fr. pour les maisons de ville. Prêtés , 100 fr. rapportaient sur billet de 9 a 10 fr. 50 c. ; sur hypothèque de 6 à 9 fr. ; à la grosse, pour les Antilles de 15 à 18 fr. »
Donc 75 tanneurs en Loire-Atlantique en 1800, mais il y en avait encore à Nantes, et c’est Guépin, dans son « Histoire de Nantes » qui nous offre cette vue de l’Erdre à Nantes avant la création du quai des Tanneurs :

Création du quai des Tanneurs

Son nom lui vient des tanneries qui y sont établies. En 1790 le quai des Tanneurs est commencé (Verger, Archives I, 23) – En 1792 on a commencé les deux extrémités d’un quai, dit le Quai-Neuf, qui, devant régner de ce côté de l’Erdre, contribuera peut-être à l’utile projet d’écarter ces tanneries dont les exhalations ne peuvent qu’être pernicieuses aux habitants des environs. (Nouvelles Etrennes Nantaises, Guimar, 1792) – En 1836 par sa délibération du 9 novembre 1835, le conseil municipal a décidé que le quai des Tanneurs, rive droite du canal, sera prolongé dans la partie comprise entre la rue Le Nôtre et la route de Rennes, en acquérant soit à l’amiable, soit par expropriation pour cause d’utilité publique, les portions de propriétés qui doivent entrer dans ce quai, En mairie de Nantes, le 13 avril 1836 (Le Breton, p. 1) – 1836 Des remblais sont jetés sur les deux quais de l’Erdre qui joignent le pont du Port-Communeau à l’entrée de la route de Rennes : on assure que le quai des Tanneurs ne tardera pas à être entièrement ouvert (Le Breton, 20 octobre 1836, p.1) – 1837 L’installation de l’Etablissement du Gaz sur le quai des Tanneurs avance rapidement (Le Breton, 30 juin 1837, p.1)
Née en 1938, j’ai beaucoup connu le quai des Tanneurs car les cars Drouin 7 y avaient leur départ pour Guérande, et on me confiant petite au chauffeur, et je restais bien sage derrière lui, ma petite valise sur moi, sans la lacher. J’ai aussi connu l’usine de Gaz, et j’ai toujours été totalement surprise d’une telle usine au coeur de la ville, mais rassurez-vous cette usine n’était là que dans mon enfance, et elle n’est plus là… mais tout de même comment a-t-on pu remplacer les tanneurs par l’usine à gaz au coeur de la ville, je me le demande toujours…

Les tanneurs de Nantes étaient liés à ceux de Clisson au 17ème siècle

Et j’en descends, et je viens ce jour, 8 novembre 2022, vous conter l’incroyable relation entre tanneurs de Nantes et Clisson.

Les boeufs pour mettre à l’eau le bateau : Le Pouliguen 1910

C’est Noël, et nous sommes nombreux à avoir chanté :

Entre le boeuf et l’âne gris, dors, dors, dors l’enfant Jésus …

Alors, en ce jour où le boeuf tient sa place dans toutes vos crèches, voici le plus inattendu des attelages de boeufs. Nous sommes dans les années 1910. Les boeufs sont sur la place du Pouliguen, au bas de la jetée et de son phare, à l’entrée du port du Pouliguen. Les curieux, estivants bien habillés, pour ne pas dire habillés mondainement, car à cette époque le Pouliguen n’est pas socialement accessible à tous, sont là, pour assister à la mise à l’eau du bateau du passeur, ce bateau qui assure la navette entre La Baule et le Pouliguen, pour les piétons un peu pressés, et surtout trop fatigués pour faire à pied le long détour par le pont si loin !!!

Cette carte postale figure dans l’excellent ouvrage « Le Pouliguen d’antan, à travers la carte postale ancienne » d’Yves Moreau, ouvrage qui m’a été offert par Mme Lucas, elle-même du Pouliguen.

Ici, les boeufs travaillent dans les années 1930 à la Turballe. Ce grand jardin bord de mer, venté, était peu propice à la culture et mon oncle (ici conduisant le boeuf) s’efforçait d’entretenir cette terre inculte en ces W.E., car dans la semaine il avait son commerce d’épicerie quincaillerie en gros FAGAULT rue Saint Michel à Guérande, et descendait en voiture à Belmont à la Turballe le W.E. Cette photo est donc un témoignage du travail des boeufs à la Turballe, dans les années 1930, et j’ignore tout après la guerre… Si vous savez si après la guerre on les utilisait encore, merci de faire signe.

Alors, je dédie ce Noël à ce boeuf de l’enfant Jésus, et à tous les boeufs qui oeuvrent toujours en France. Allez-voir le site sur tous ces boeufs actuels, il vaut la peine tant il est riche de données.

Et surtout chantez :

Entre le boeuf et l’âne gris, dors, dors, dors l’enfant Jésus

Joyeux Noël à tous

Odile

 

 

Inventaire après décès des peaux et cuirs de PINSON tanneur : Armaillé 1662

Je descends des ALLANEAU et ceux qui me suivent depuis longtemps savent combien j’avais travaillé cette famille Allaneau.

Ici, une Allaneau a épousé un marchand tanneur PINSO, tout comme d’ailleurs je descends d’une autre Allaneau ayant épouse un autre marchand tanneur JALLOT car les tanneurs étaient nombreux dans la région, et surtout tous liés.

Vous avez déjà sur mon site et mon blog de tels inventaires, dont celui de mon ancêtre Julien Jallot en 1724. 

L’inventaire de Pinson que je vous mets ce jour est cependant fait 62 ans plus tôt, ce qui signifie en clair qu’il n’existe plus d’archives notariales de la région de Pouancé à cette date de 1662. Car bien entendu l’inventaire est fait sur place par des gens compétents en peaux et cuirs sous la plume d’un notaire local. Donc, si on retrouve encore l’inventaire qui suit c’est dans les papiers de famille aux Archives Départementales, sous la série E, qui donne parfois d’heureuses surprises, et même si ce sont des copies et non des originaux comme les séries notariales, on peut penser qu’il y a peu d’erreurs dans ce décompte des peaux.

Un tanneur est un petit bourgeois local, et vous allez voir que ses peaux et cuirs se montent à plus de 6 000 livres, ce qui est une petite fortune. Bien que je ne sois jamais parvenue à estimer le personnel d’un tanneur, je suis certaine que compte tenu des activités proprement commerciales que cela engendre pour acheter et vendre, en se déplaçant partout à cheval, et sur tous les marchés de la région, sur beaucoup de km, il est manifeste que le travail manuel, assez pénible, était effectué par des ouvriers, qui n’en portaient pas encore le nom, mais celui de domestiques.

Donc à Noëllet, on fabrique des longes (pour attacher les bêtes), des baudriers, différents cuirs pour les différentes chaussures. Et l’acte montre que pour ventre il avait en dépôt jusqu’à Craon chez des hôteliers ou autres. Le tanneur avait donc des points de vente relais, et ce, assez loin, à plus de 20 km.

Les experts pour évaluer les peaux et cuirs sont bien sûr ses concurrents, mais je reste persuadée qu’ils étaient tous solidaires, car même liés de famille. Voyez ma page sur Armaillé – et celle sur Noëllet.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, E3616 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle)

Je vous ai mis en GRAS ROSE les totaux intermédiaires.

Le 18 janvier 1662 inventaire des peaux et cuirs demeurés après le décès de defunt honnorable homme Jacques Pinson vivant marchand tanneur trouvés en la tannerie dudit deffunt au lieu de la Basse Jaille paroisse d’Armaillé où seroit décédé ledit defunt, ledit inventaire fait à la requeste de honnorable femme Marguerite Pinson veuve de honnorable homme Mathurin Lenfentin, fille et unique héritière du premier mariage dudit defunt et de Marguerite Leroy ses père et mère, laquelle Pinson a déclaré accepter ladite succession de sondit père soubz bénéfice d’inventaire, et encores à la requeste de honnorable femme Claude Allaneau veuve en second mariage dudit defunt mère et tutrice de Claude, Françoise, Renée et Catherine les Pinson leurs enfants dudit second mariage. Auquel inventaire a esté vacqué par nous Pierre Bruneau advocat et notaire de la baronnie de Pouancé (f°2) en vertu de la permission à nous donnée par monsieur le lieutenant général de la sénéchaussée et siège présidial d’Angers en date du 21 décembre dernier, avec moy pour adjoint Me Julien Debediers aussi notaire de ladite baronnie de Pouancé et en présence de honneste personne Guillaume Cheussé et Guillaume Jallot marchands tanneurs demeurant en la paroisse de Nouellet et Guillaume Viel aussi marchand tanneur demeurant en la paroisse de Pommerieux experts convenus pour procéder audit inventaire. Auquel a esté vacqué comme ensuit : du mercredi 18 janvier 1662 (f°3) En la salle basse et entrée principale de ladite maison a esté trouvé de cuir sec et coupé estant en détail pour la somme de 118 L – Dudit lieu transportés en la tannerie où aurions trouvé nombre de virailles[1] et baudriers[2] prisés 85 L 203 – Item dans la haulte chambre où est décédé ledit defunt nombre de vaches[3] feillets et molleteris[4] 145 L 348 – Plus ung aultre lot de feillets de veulie et une vache le tout de courairie 24 L 372 – Item quantie de vaches gressées prisées 130 L 5 S 502 – Un nombre de vaches dans la coudrouère 120 L 622 – (f°4) et de ces lieux transportés où sont les eauges à une fort et moleterie avons trouvé 41 cuirs garnis qui sont en troisième prisés 18 L chacun soit 738 L 1 360 – Plus 4 longes non garnies 32 L 1392 – Item 24 cuirs en seconde prisés 16 L pièce dont il y a ung d’habillage 384 L 1 776 – Plus le nombre de 45 cuirs en première prisés 15 L chacun soit 675 L 2 451 – Item 16 cuirs à fort prest à tanner et une tranche prisée 19 L pièce et ladite tanche et collet à 13 L soit 357 L 2 808 – Item 23 peaux de tore et vache prisées 7 L pièce soit 161 L 2 969 – Et desdites auges transportés sur les pelaires qui sont dans la grange et une petite (f°5) pille montant 11 peaux de boeufs prisées 150 L 3 119 – Item 26 peaux de vache et tore 164 L 3259 – Item 40 peaux de boeufs et une pille 500 L 3 759 – Plus une autre petite pille dont il y en a 12 et ung long tant boeuf que vaches 130 L 3 889 – Item dans ledit peloire le nombre de 26 longes, feillets prisés 6 livres 6 sols pièce, doit 169 L 4 058 – Plus dans lesdits peloires 20 peaux de boeufs prisées 11 L pièce soit 220 L 4 278 – Item sur lesdits pelaires une autre (f°6) pille de 30 peaux de boeufs prisées 13 L pièce soit 345 L 4 623 – Dudit lieu transportés sur les peloires qui sont en la maison principale où a esté trouvé une pille de 30 peaux de boeufs proche la cheminée prisées 12 L 10 S pièce soit 390 L 5 013 – Item audit peloire 10 peaux fresches et une pille 120 L 5 133  – Plus 11 longes[5] à 7 L pièce soit 77 L 5 210 – Item une autre pille de peaux font il y en a 31 de boeufs qui est contre la porte dudit logis 465 L 5 675 – Plus une autre pille proche la porte dudit logis qui sont tant de boeufs que (f°7) vaches qui sont planées jusques au nombre de 35 à 11 L pièce soit 385 L 6 060 – Item 5 peaux de vache 25 L 6 085 L 5 S – Le présent inventaire monte et revient à la somme de 5 586 L 5 S – Décerné acte aux parties ce que lesdits experts ont parachevé, et attendu que le surplus des eauges qu’ils ne peuvent estimées que les faisant lever et nombrer pour icelles apréter au veron et que n’aiant lesdites parties des matières pour icelles traiter causeroit une notable perte a esté dit attendu les rigueurs de l’hiver à lever lesdites eauges et à (f°8) continuer ledit inventaire, et pareillement décerné acte auxdites parties de ce que lesdits experts ont dit concordément avoir veu en la ville de Craon en la maison de Jehan Guion hoste au Chaperon Rouge soubz la presse pour la somme de 160 L de cuir à vendre et lesdits Cheussé et Jallot de ce qu’ils ont dit avoir veu soubz la presse de la ville de Pouancé en la maison de noble homme Jehan Geslin conseiller au grenier à sel de Pouancé pour la somme de 80 L de cuir. Fait et arresté audit lieu de la Basse Jaille en présence desdites parties et en présence de Louis Fromont et Jehan Cochin demeurant audit lieu de la Basse Jaille »

[1] viraille : courroie, fouet de cuir (http://www.atilf.fr/dmf/)

[2] baudrier : cuir de grain de vache, luisant, poli et lissé, épais et teint. On en faisait des ceintures, des bandoulières, des collets de dogues (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)

[3] vache : peau de vache, corroyée et dont on fait des chaussures, des harnais etc… (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)

[4] mollèterie : sorte de cuir de vache servant de semelles aux chaussures légères (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)

[5] longe : corde ou forte lanière de cuir plus ou moins longue, destinée à attacher les animaux (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)

Chapeau verni : la petite fabrique de monsieur Legué route de Clisson, Nantes 1851

Au début du 19ème siècle, la route de Clisson, partie nantaise, était « PARTIE RURALE » de Nantes, selon le vocabulaire utilisé lors des recensements. Elle commençait au cimetière Saint Jacques pour se terminer par une petite maison servant d’atelier pour fabriquer des chapeaux vernis.

En effet, le lieu-dit que nous nommons aujourd’hui « CHAPEAU VERNI », était en fait alors l’ultime maison de cette route de Clisson. Là, un certain LEGUÉ possédait une petite maison servant de fabrique de chapeaux vernis.

Mr Legué demeurait 8 rue du Château. Il n’avait pas boutique de chapelier, à cette époque où le chapelier était aussi fabricant. Les chapeliers étaient nombreux à Nantes, tous situés sur Vertais, sur ce que nous appelons maintenant l’île Beaulieu. En fait leur petite industrie était assez chimique, peu agréable pour le voisinage. Aussi quand vint l’art de fabriquer le chapeau verni (cf ci-dessous) Mr Legué eut l’idée d’aller les fabriquer « hors Nantes », enfin dans la partie rurale de Nantes. Il devint donc sous-traitant des chapeliers nantais. Et tout le monde portait alors chapeau.

Son atelier tournait dans les années 1850, mais semble bien avoir cessé le chapeau dans les années 1870, sans doute sous la concurrence.

Sans toute Mr Legué ignorait-il à quel point son petit atelier allait marquer Nantes. En effet, en 2019, la TAN (transports urbains) et GOOGLE ne connaissent que lui. Ou plutôt, ils connaissent le « chapeau verni »  mais pas Mr Legué. Alors, je me permets ici de rappeler la mémoire de ce monsieur Legué qui a laissé à Nantes un lieu-dit si bien connu.

Et voici ensuite cet art, ou plutôt « mode », du chapeau verni, techniquement :

chapeaux vernis, Paris 1835

Bulletin de la société d’encouragement pour l’industrie nationale, 15 avril 1835

Rapport fait par M. Labarraque, au nom du Comité des arts économiques, sur la fabrique de chapeaux et visières de casquettes vernis, du sieur Vincent, impasse Duris, à Belleville.

Messieurs, le sieur Vincent, fabricant de chapeaux et de visières de casquettes vernis, vous a adressé les produits de sa fabrication, et vous avez renvoyé leur examen à votre Comité des arts économiques.

Le Comité, dont j’ai l’honneur d’être l’organe, a dû considérer ce genre d’industrie sous deux points de vue : 1° s’il est nouveau ; 2° quelle est son utilité.

La fabrication du cuir verni est connue depuis longtemps, et, assez généralement, on a cru queles chapeaux et visières de casquettes vernis étaient faits avec du cuir ; cependant, et depuis plusieurs années, on a substitué au cuir le feutre plus ou moins bien fait, et au moyen de procédés fort simples, et dont nous croyons devoir vous donner un aperçu exact, puisque toutes les opérations ont été pratiquées en notre présence, les ouvriers sont parvenus à livrer des produits solides, durables, et à très bon marché. Le sieur Vincent ne se déclare pas inventeur de son industrie, mais il a simplifié le travail de manière à le rendre profitable à un très grand nombre de consommateurs.

Pour confectionner un chapeau verni, l’ouvrier prend une calotte de feutre qui a été faite avec la laine la plus commune, de la bourre de vache, ou autres poils d’une très médiocre valeur. Ce feutre est mouillé et placé sur une forme ou moule en tôle : cela fait, on enduit d’une forte couche de colle de farine le feutre qu’on étend et fixe convenablement pour lui faire prendre la tournure voulue, et on porte le moule à l’étuve. La dessication effectuée, et si le feutre offre assez de consistance, on le recouvre avec une couche d’huile de lin rendue très siccative, et le chapeau est encore remis à l’étuve. Cette dernière opération est répétée plusieurs fois ; ensuite le chapeau est enlevé de dessus le moule en tôle, placé sur un moule en bois, qui lui-même est adapté à un tour, où l’ouvrier passe la pierre ponce pour donner au chapeau un poli convenable ; cette opération exige du temps et de l’attention ; cependant l’ouvrier qui travaille aux pièces, a un prix excessivement faible, peut encore gagner plus de trois francs par jour. Pour terminer le chapeau, il ne faut plus qu’appliquer le vernis, et c’est le travail du sieur Vincent, qu’il a exécuté en présence des membres du Comité. Il a pris pour cela un chapeau poncé ; il l’a brossé et essuyé ; puis, avec un pinceau dit langue de morue, il a étendu le vernis avec soin pour qu’il fût d’égale épaisseur dans toutes les parties, et il a accroché le chapeau dans une étuve. Au bout de 24 heures, ce chapeau a été livré à la consommation.

… (je vous passe le § sur les visières) …

D’après ce que nous venons d’exposer, on voit que l’art de fabriquer des chapeaux et visières de casquettes vernis a été formé par des emprunts faits à d’autres métiers, et le sieur Vincent, simple ouvrier, a modifié ces opérations de manière à travailler vite, bien et avec économie, dans le but de livrer ses produits à très bas prix ; ce qui, suivant nous, est très appréciable, puisque ces objets sont d’une si grande utilisé à la classe la plus nombreuse de la société ; et, pour le démontrer, il suffit de dire qu’un chapeau rond en feutre verni est livré en fabrique pour la somme de 1,60 F, et à un moindre prix encore si la forme en est plus faible en toutes ses parties. Les visières de casquettes vernies se vendent, suivant leurs formes et grandeurs, depuis 0,90 F jusqu’à 2 F la douzaine. Ainsi, un homme du peuple, voiturier ou autre, exposé aux intempéries des saisons, peut être préservé de la pluie et coiffé proprement pour 32 sous, et la durée de son chapeau peut se calculer à plus de deux années, de sorte que, pour 5 centimes par mois, il peut suffire à cette partie de son habillement sans avoir besoin de recourir, par économie, à l’achat de vieux chapeaux de feutre, qui peuvent avoir précédemment servi à des individus affectés de maladies de peau. Le possesseur d’un chapeau verni apprendra que, pour lui rendre son lustre, il n’aura qu’à le laver avec un peu d’eau pour enlever la boue et la poussière, l’essuyer avec un linge et le frotter ensuite avec quelques gouttes d’huile.

Le sieur Vincent, en fabriquant des chapeaux vernis à très bas prix, seconde nos vues. Sa modestie, en outre, mérite nos éloges ; car, s’il a osé solliciter votre bienveillance, cela tient à une particularité que le Comité des arts économiques m’a prescrit de vous faire connaître, et je remplis ce devoir. L’autorité locale a cru devoir ordonner, dans l’intérêt de la santé publique, la fermeture de la fabrique du sieur Vincent, lequel s’est soumis et a réclamé auprès de M. le préfet de police. Le Conseil de salubrité a été chargé de l’examen de cette affaire ; il a délégué un de ses membres, qui, en présence de M. le maire de la commune de Belleville, a fait exécuter toutes les opérations auxquelles se livre le sieur Vincent ; il en a démontré leur inocuité, et il a eu le bonheur de rendre, jusqu’à plus ample informé, le travail à huit ou neuf ouvriers que la misère allait atteindre. Ce délégué du Conseil de salubrité a dû s’informer du prix des chapeaux, de leur utilité, et la Comité des arts économiques, dont il a l’honneur de faire partie, l’a engagé à vous les soumettre, parce qu’il a cru que le fabricant et l’objet fabriqué méritaient votre intérêt, ce que leur examen a démontré.

En conséquence, votre Comité des arts économiques a l’honneur de vous proposer de remercier le sieur Vinvent de l’envoi de ses produits, de renvoyer le présent rapport à la Commission des médailles, et d’en ordonner l’impression dans le Bulletin de la Société. Approuvé en séance le 15 avril 1835.

chapeaux vernis, beaucoup de brevets

dont :

274 – 28 janvier 1845. Application, aux chapeaux, d’un réseau imperméable : Brevet d’invention de 15 ans, pris le 22 octobre 1844, par Allié aîné, fabricant de chapeaux à Paris, 21 rue Simon-le-France

495 – 14 février 1845. Chapeau mi-feutre verni drapé : Brevet d’invention de 15 ans, pris le 2 décembre 1844, par Guyot-Brun, fabricant de chapeaux, à Paris, 14 rue des Vielles Etuves Saint Honoré.

700 – 19 mars 1845. Procédé de fabrication de chapeaux vernis dit chapeaux vernis sur tissu delaine, fil ou coton, dit chapeaux rouennais : Brevet d’invention de 10 ans, pris le 9 janvier 1845, par Papion frères, fabricants de chapeaux vernis, à la Villes en Bois à Rennes.

etc…

 

PS : la chimiste que je fus ajoute que j’ai de sérieux doute sur l’inocuité des vernis utilisés alors.

 

 

Pelissonnier : métier à Vertais (Saint Sébastien) en 1710

Dans le faubourg artisanel très dense de Vertais on trouvait en 1710 un pelissonnier, et il était très aisé, infiniement plus aisé qu’un cordonnier etc…
Donc son métier rapportait très confortablement sa vie.

Mais hélas, les dictionnaires anciens ne donnent rien sur pelissonnier ou même pelisson, si ce n’est que je trouve sur le Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf/definition/pelisson

PELISSON, subst. masc.
COST. « Vêtement de dessous, porté par les hommes et les femmes, fait d’une pelleterie cousue entre deux tissus, en sorte que la fourrure n’apparaît que sur les bords »

Cette fantaisie me paraît tout à fait excessive, mais la piste de la fourrure me semble bien plus probable, et je suppose donc que ce pelissonnier n’était autre qu’un fourreur et qu’on portait déjà des manteaux de fourrure.
Merci de vos avis et de me signaler si vous avez déja rencontré ce terme.