Thebaude Gaignard se retire de l’hôtellerie de l’écu de Bretagne en louant à son gendre, Angers 1606

table des autres actes traitant de retraite

Autrefois aucune retraite et René Delahaye a vécu plus de 83 ans, d’où un inventaire après décès assez pauvre : 1721 –    Autrefois la vie était courte, mais sans retraite on travaillait souvent jusqu’à la mort : Nicolas Laloy 72 ans, mort au travail   –    Retraite d’une veuve chez son gendre, Jacques Justeau, maréchal en oeuvres blanches, 1708   –    Les personnes âgées, sans retraite, isolées ou regroupées entre elles : Nantes Sud Loire 1846

introduction

La retraite de nos jours signifie s’arrêter de travailler et toucher une pension, mais née en 1938 j’ai connu des générations sans pension. La pension de retraite n’a été instituée qu’en 1945, encore fallait-il cotiser, ce qui ne fut pas le cas de tout le monde au départ. Auparavant on ne survivait que grâce à son bien propre, quand on en avait un peu. Mais la majorité des Français survivaient seulement avec un lit dans un coin chez ses enfants, quand on en avait, sinon dans la pauvreté la plus extrême.

L’acte qui suit traite d’hôtelleries d’Angers, et je vous ferai bientôt un récapitulatif de toutes les hôtelleries que j’ai traitées sur ce blog.

Retranscription de l’acte avec l’orthographe originale 

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – 

Le samedi 18 mai 1606 avant midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers honneste femme Thebaude Gaignard veufve du deffunct sire Mathieu Bruneteau demeurant en l’hostellerye ou pend pour enseigne l’escu de Bretaigne forsbourgs Sainct Jacques, René Levieil mary de Charlotte Bruneteau et Michelle Bruneteau filles dudit deffunct Bruneteau et de ladite Gaignard se sont adressés vers et à la personne de honneste homme sire Pierre Jary mary de Sébastienne Bruneteau aussy fille de ladite Gaignard auquel ils ont remonstré que pour la vieillesse maladie et indisposition de la personne d’icelle Gaignard elle ne peult plus tenir et exercer ladite hostelerye de l’escu de Bretaigne tellement qu’elle est résolue de quicter et se demettre de l’exercice de ladite hostelerye qui aporteroit grand préjudice et dommage au bien de ladite Gaignard en … pour … ledit Jarry de prendre afferme ladite hostelerye à ce qu’elle soit continuée et exercée, à quoy par ledit (f°2) Jary a esté dict qu’il est hoste de l’hostelerye des Troys Trompettes de ceste ville et que son marché de louage d’icelle maison dure encores de la Sainct Jehan Baptiste prochaine en deux ans, que pendant ledit temps il ne sauroit aller demeurer en ladite hostelerye de l’escu de Bretaigne sinon que ladite Gaignard luy promis l’acquiter des dommages et intérests qu’il pourroit soufrir s’il ne pouvait ne louer ladite maison des Troys Trompettes le prix qu’il est obligé en payer par chacun an montant sept vingts treze (153) livres tz ce que ladite Gaignard auroit bien voulu et sur ce a esté faict et accordé entre lesdites partyes le marché qui s’ensuit c’est à savoir que ladite Gaignard en présence et du consentement desdits Levieil et Michelle Bruneteau à ce présents soubmis soubs ladite court et qui ont promis ne contrevenir à ces présentes, a baillé et baille à tiltre de louage et non autrement audit Jarry qui a pris et accepté tant pour luy que pour ladite Bruneteau sa femme audit tiltre pour le temps (f°3) et espace de 9 années qui commanceront au jour et feste de Sainct Jehan Baptiste prochainement et finiront à pareil jour savoir est ledit logis cours jardin et appartenances de l’escu de Bretaigne avecques la grange estable et superficie d’icelle sur la rue Barault forsbourgs St Jacques, ainsy que lesdites choses se poursuivent et comportent et comme en jouist à présent ladite Gaignard sans rien en retenir ne réserver pour desdites choses jouir et user par ledit Jary comme un bon père de famille et y tenir et entretenir pendant ledit temps l’hostelerye ainsy qu’il a esté accoustumé sans la pouvoir délaisser, à la charge dudit preneur esdits noms de tenir et entretenir lsdites maisons grange et estable en bonne et suffisante réparation de couverture terrasse careau et vitre et les y rendre à la fin dudit temps ainsy qu’elles luy seront baillé au commancement du présent bail et outre entretenir et rendre à la fin dudit temps les trilles (qui sont les treilles) dudit jardin ainsy en tel estat qu’elles luy seront baillées, payer et acquiter par ledit …

Le musicien loue une chambre avec droit d’aller et venir la nuit, et y recevoir des étudiants pour danser, Angers 1548

table des autres actes traitant des musiciens

Musique autrefois, dans nos campagnesContrat de compagnie de musiciens, Angers, 1557
Françoise Delestang et Gilles Bouvier, joueur de luth, son mari ont acheté 2 pipes de vin, Angers 1582Testament de Marc Langlais, violon du roi : Angers 1591Psalteur : joueur de psaltérion, ou bien chanteur de psaumes ?Contrat d’apprentissage de joueur d’instruments de musique, Angers 1605Contrat pour 5 joueurs de hautbois à la fête du Sacre, Angers 1617
Jean Auvinet, joueur de luth à Chinon, venu à Angers pour le 1er de l’an 1602 –  Claude Delacamucière, joueur d’instruments, loue maison et jeu de paume, Angers 1552  –  Pierre Savin, musicien déficient visuel, venu de Loudun à Angers, 1622  –  Le musicien loue une chambre avec droit d’aller et venir la nuit, et y recevoir des étudiants pour danser, Angers 1548

introduction

Voici le plus bel acte que j’ai pu trouver en tant d’années d’heureuses et fructueuses recherches. Cet acte est un moment de vie avec musique et danse, et mieux, il n’est que la location d’une chambre pour une année, il y a près de 5 siècles. C’est donc un acte peu important, mais si beau, si touchant… N’oubliez cependant pas que le terme « chambre » n’a rien à voir avec notre chambre à coucher actuelle et ses 9 m2. Il y a 5 siècles c’est une très grande pièce à tout faire. Le musicien aura aussi le linge blanchi, la viande cuite etc… mais surtout le droit d’aller et venir même la nuit et surtout le droit d’y faire danser des étudiants… Heureux étudiants, qu’on appelait aussi écoliers à l’époque. Angers est une ville universitaire où manifestement les étudiants avaient la vie assez belle !!!

mes 21 années en chambre meublée

Mon émotion en lisant cet acte est surtout due au fait que j’ai moi-même vécu 21 ans en chambre meublée : 2 ans étudiante à Angers au 2ème et dernier étage d’une maison Renaissance, sans eau ni toilettes, je remontais chaque soit mon broc d’eau propre et mon seau hygiénique vide et les redescendais le lendemain matin, et jamais je n’ai eu accès à des toilettes et je n’ai su où elles étaient et mon seau était vidé je ne sais ou, sans doute dans des toilettes de jardin comme encore beaucoup de maisons de cette époque alors. La chambre, mansardée, était si petite qu’au pied du lit il y avait à peine de quoi passer, aucune table pour étudier mais par contre une petite table de toilette en marbre et sa cuvette de faïence. Le plus dur n’étai pas la toilette de chat à l’eau froide, mais les cheveux car je n’avais rien pour manipuler l’eau ou la réchauffer… et j’avais appris petite fille à laver les cheveux chaque semaine… Puis, durant 19 ans, avec cabinet de toilette à l’étage inférieur, partagé, et contenant seulement un lavabo, et sans cuisine avec un réchaud à alcool pour en faire un peu dans la chambre, et le dimanche j’allais au restaurant pour manger de la viande. Jamais je n’oublierai ma première salle de bain dans mon premier logement appartement, en 1969, soit après 21 ans sans vrai logement.

Retranscription de l’acte avec l’orthographe originale 

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – 

Le 15 mai 1548 en la cour du roy notre sire à Angers endroit par davent nous Marc Toublanc notaire de ladite court personnellement establys chacun de Jehan Collas marchant et Jehan Allain joueur d’instrument demourants en en ceste ville d’Angers soubzmectans d’une part et d’autre leurs hoirs etc confessent etc avoir ce jourd’hui faict et font entre eulx les accords pactions et conventions qui s’ensuyvent c’est à savoir que ledit Collas a baillé et baille audit Allain qui a prins et prand à tiltre de louaige et non autrement du jour et feste de Sainct Jehan Baptiste prochainement venant jusques à ung an entier et parfait icelluy révolu, une chambre haulte de maison sise et située et estant des appartenances et dépendances de certaine maison sise en la rue de la Poissonnerye de ceste ville d’Angers comme ledit Collas a par cy davent à tiltre de louaige d’ung nommé Bouvet, à la charge que ledit Collas sera tenu et a promis fournir et garnir ladite chambre de tout bon mesnaige tant d’un lit garny table traicteaulx banc coffre chaires et escabeaulx et autres nécessaire qui s’ensuit (f°2) et commode à ladite chambre, outre fournira ledit Allain de tout linge tant de table draps de lit serviettes que de tous autres linges nécessaire et commode pour ledit Allain, aussi tenu ledit Collas cuire la chaire et poisson et autre viande … le boire et menger dudit Allain bien et honnestement pendant ledit temps, et servir et faire servir ledit Allain de toutes choses, blanchir et nectoier les chemises et autres linges dudit Allain bien et honnestement selon qu’à son estat et quallité appartient, et ne pourra empescher ledit Collas que ledit Allain ne sorte, aller et venir à ses affaires tant de jour que de nuit et pourra aussi pendant ledit temps ledit Allain mener escolliers et autres gens honnestes en ladite maison et en icelle les faire dancer et instruire de sondit estat ; et est fait ledit présent bail et prinse à louaige pour le prix et somme de 12 livres tournois poyable par ledit preneur audit bailleur aux termes de Nouel et Sainct Jehan Baptiste par moitié le premier payement commenczant à Nouel prochainement venant et à a esté à ce présent honneste personne Jouachain Langevyn demeurant en ceste ville lequel de son consentement (f°3) deuement soubmis et obligé par foy et sement soubz ladite court royal d’Angers a promis et promet poier ladite somme cy dessus audit Collas avecques ledit Allain et en a fait et fait son propre faict et debte et ce dedans les termes cy dessus, auquel marché et tout ce que dessus est dit tenir etc et lesdites choses cy dessus baillées audit tiltre garentir etc ensemble pour ladite somme au terme que dit est ont obligé et obligent lesdites parties d’une part et d’autre leurs hoirs etc renonçant etc foy jugement condemnation etc fait et passé en ceste ville d’Angers

Pierre Savin, musicien déficient visuel, venu de Loudun à Angers, 1622

table des autres actes traitant des musiciens

Musique autrefois, dans nos campagnesContrat de compagnie de musiciens, Angers, 1557
Françoise Delestang et Gilles Bouvier, joueur de luth, son mari ont acheté 2 pipes de vin, Angers 1582Testament de Marc Langlais, violon du roi : Angers 1591Psalteur : joueur de psaltérion, ou bien chanteur de psaumes ?Contrat d’apprentissage de joueur d’instruments de musique, Angers 1605Contrat pour 5 joueurs de hautbois à la fête du Sacre, Angers 1617
Jean Auvinet, joueur de luth à Chinon, venu à Angers pour le 1er de l’an 1602 –  Claude Delacamucière, joueur d’instruments, loue maison et jeu de paume, Angers 1552  –  Pierre Savin, musicien déficient visuel, venu de Loudun à Angers, 1622  –  Le musicien loue une chambre avec droit d’aller et venir la nuit, et y recevoir des étudiants pour danser, Angers 1548

introduction

C’est la première fois, après plus de 7000 actes notariés et chartriers retranscrits que je rencontre la mention d’une carence de vue. Je pense souvent à nos ancêtres déficients visuels qui ne devaient pas avoir la vie facile autrefois et j’y pense d’autant plus qu’avec lunettes puissantes je n’ai que 7/10 pour cause de grande hyperpermétropie, astygmatisme et presbitie alors je songe souvent aux déficients visuels. Si je vous retranscris tant d’actes c’est que j’ai un très grand écran, un vrai poste de bureau géant et je sais surtout bien jouer du zoom.
Le déficient visuel qui suit est joueur d’instruments, terme utilisé autrefois pour désigner un musicien, et il vient louer une chambre à Angers. Manifestement la chambre n’est pas terminée car le bailleur a encore un évier à y faire ajouter. Le terme chambre désignait autrefois ce que nous appelons appartement, c’est à dire une pièce  qui fait tout aussi bien la cuisine que le coucher etc…
Je vous mets la liste des actes concernant les musiciens que j’ai mis sur mon blog, et je reconnais qu’ils sont tous à Angers et que j’ignore les itinérants qui devaient aller de village en village… J’ai encore un acte concernant les musiciens puis je vous mettrai à jour cette liste.

Retranscription de l’acte avec l’orthographe originale 

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – 

Le mardi 24 mai 1622 après midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers fut présent et personnellement estably René Bachelier maître boulanger en ceste ville y demeurant paroisse St Pierre d’une part et Pierre Savin joueur d’instruments demeurant à Loudun et de présent en ceste ville d’autre part, lesquels ont fait et font entre eux le marché de louage qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit Bachelier a baillé et baille à tiltre de louage et … audit Savin qui a pris et accepté audit tiltre pour le temps et espace de 3 années entières parfaictes et consécutives qui commenceront au jour et feste de St Jehan Baptiste et finiront à pareil jour une chambre à cheminée estant au derrière du logis dudit bailleur au segond estage sittué sur la rue de Legullerie paroisse Ste Croix, avec le grenier sur ladite chambre pour en jouir et user par ledit preneur comme ung bon père de famille sans rien y desmollir ne desteriorer et les tenir entretenir et rendre à la fin dudit temps en bon estat et réparation de terrasse vittre et carreau comme elle luy seront baillées, aura oultre ledit preneur usage aux garderobes et degrés[1] de ladite maison ; le présent bail fait pour en payer et bailler par ledit preneur audit bailleur par chacune desdites années la somme de 14 livres aux termes de Nouel et St Jehan Baptiste par moitié le premier (f°2) payement commanczant à Nouel prochain et à continuer ; ne pourra ledit preneur cédder et transporter le présent bail à autre personne sans le consentement dudit bailleur et d’aultant que ladite chambre et grenier ne sont encore en l’estat et qu’il est besoin y faire faire ung esvier, a esté accordé que ledit bailleur la rendra prestre dedans la St Michel prochaine, auquel jour ledit preneur pourra exercer le présent marché et payera seulement la première demye année à proportion du temps à compter dudit jour et à ce tenir etc et aux dommaes etc obligent lesdites parties respectivement etc renonçant etc foy jugement condemnation etc fait et passé audit Angers maison de nous notaire en présence de Me Jehan Granger et Nicolas Jacob praticiens demeurant Angers, ledit preneur a déclaré ne pouvoir signer à cause de sa carance de veue

[1] escalier

Claude Delacamucière, joueur d’instruments, loue maison et jeu de paume, Angers 1552

table des autres actes traitant des musiciens

Musique autrefois, dans nos campagnesContrat de compagnie de musiciens, Angers, 1557
Françoise Delestang et Gilles Bouvier, joueur de luth, son mari ont acheté 2 pipes de vin, Angers 1582Testament de Marc Langlais, violon du roi : Angers 1591Psalteur : joueur de psaltérion, ou bien chanteur de psaumes ?Contrat d’apprentissage de joueur d’instruments de musique, Angers 1605Contrat pour 5 joueurs de hautbois à la fête du Sacre, Angers 1617
Jean Auvinet, joueur de luth à Chinon, venu à Angers pour le 1er de l’an 1602 –  Claude Delacamucière, joueur d’instruments, loue maison et jeu de paume, Angers 1552  –  Pierre Savin, musicien déficient visuel, venu de Loudun à Angers, 1622  –  Le musicien loue une chambre avec droit d’aller et venir la nuit, et y recevoir des étudiants pour danser, Angers 1548

introduction

Voici encore sur mon blog un joueur d’instruments, c’est ainsi qu’on appelait au 16ème siècle les musiciens. Il a le bail à rente c’est à dire location, d’une maison et d’un jeu de paume, et sous loue le tout. Je vous ai mis les liens vers les autres actes que j’ai déjà sur mon blog concernant des musiciens, et j’ai encore un acte concernant un musicien que je vous mets prochainement, en l’amour de la musique, que nos ancêtres n’ont pas dû beaucoup entendre et j’y pense souvent. En outre, je vous mets demain tout ce que j’ai sur les jeux de paume en Anjou car j’en ai aussi plusieurs.

Retranscription de l’acte avec l’orthographe originale 

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – 




Le 6 may 1552 en la court du roy notre sire à Angers, endroit, par devant nous (Marc Toublanc Notaire Angers) personnellement establyz Claude de la Camechière (signe Delacamucière, type de signature non noble) le Jeune joueur d’instrumens demeurant en ceste ville d’Angers sieur et possesseur d’une maison en appentiz avecques ung petit jardein et un jeu de paulme par et au moyen de certain bail à rente amphitéotique à luy faict par révérend père en Dieu monseigneur Oudet de Bretagne abbé commandataire de Toussaint d’Angers d’une part, et honneste personne Françoys Dehayes … demeurant audit Angers d’autre part, lesquels et chacuns d’eulx soubmis et obligés d’une part et d’autre par foy et par serment soubz la court royale d’Angers eulx leurs hoirs etc confessent etc avoir fait et font entre eulx les marchez de beil et prinse à louaige trouchant les choses heritaulx cy dessous et après déclarées en la manière que s’ensuit (f°2) s’est à savoir que ledit Delacamechière a baillé et baillé par ses présentes audit Deshayes et Renée sa femme absente qui a prins et prend tant pour luy que pour sadite femme pour eulx et leurs hoirs audit tiltre de louaige et non autrement du jour et feste de St Jehan Baptiste prochainement venant jusques à 9 ans et 9 années à venir consequitives l’une l’atre sans intervalle de temps et finissant à pareil jour icelles révolleues, ladite maison en appentiz avecques ledit petit jarderin et ledit jeu de paulme le tout en ung tenant, sise sur la rue courte de la ville d’Angers et depéndante de ladite abbaye de Toussains joignant d’un cousté aux appartenances de la maison Barault d’aultre costé à une maison dépendant d’un couvent de ladite abbaye à ung jarderin dépendant d’icelle abbaye abouctant d’un bout aux jarderin dudit couvent une allée entre (f°3) deulx d’autre bout à la rue courte et tout ainsi que lesdites maison jarderin et jeu de paulme dessus déclarés et confrontés se poursuivent et contiennent o leurs appartenances et dépendances, pour jouyr par ledit preneur desdites choses audit tiltre de fermage y commerser et habiter bien et honnestement et user du tout comme ung homme de bien bon louaigez et … est tenu faire, à la charge de tenir et entretenir toutes lesdites choses cy dessus en bonnes et suffisantes réparations et les y rendre ladite ferme finye, et est faicte ladite baillée prinse et acceptation de fermaige cesdites choses par ledit bailleur audit preneur pour en poyer et bailler en oultre ce que dessus par ledit preneur audit bailleur ou à sa femme et ou à leurs hoirs etc ou à leur certain communauté par chacunes desdites années la somme de 40 livres tz par chacun des jours et festes de Nouel et St Jehan Baptiste par moitié le premier terme et (f°4) poyement commanczant à Noueil prochainement venant et à continuer lesduts autres poyements de terme en terme ledit temps durant, et a esté dict et expressemend accordé entre les partyes que ledit Deshayes sera tenu et a promis poyer audit Delacamechière ou à sadite femme ou à leurs hoirs etc la somme de 20 livres tz dedans ledit jour et feste de St Jehan Baptiste prochainement venant icelle somme faisant moictié de 40 livres pour la moictié du louaige desdites choses qui avoient esté baillées auparavant à pareil tiltre de louaige audit Deshayes par frère Pierre Devaulx chambrier dudit moustier et abbaye de Toussains et Me Pierre Couiz recepveur dudit révérend abbé et lequel Delacamechière bailleur a promis et ce faisant faire contant lesdits Devaulx et Couis faire quite ledit Deshayes du contenu audit bail afferme à luy fait (f°5) par lesdits Devaulx et Couyz passé par devant Estienne Quetin aussi notaire à Angers le 6 mars 1550, aussi a esté dict et accordé que ledit Delacamechière ne sera tenu au garentaige desdites choses que pour le temps qu’il en sera seigneur et que ledit reverend abbé sera abbé de ladite abbaye et poyera ledit Deshayes les sommes deues audit louaigeg au prorata du temps qu’il en aura jouy et de tout ce que dessus lesdites partyes sont demeurées à ung et d’accort tellement que à se tenir et accomplir et à garentir lesdites choses baillées par ledit bailleur audit preneur de tous troubles et empeschements envers et contre tous aussi et en la manière cy dessus est dict seulement et ensemble ledit preneur poyer et bailler lesdits sommes aux termes et ainsi que dict ests et aux dommaiges etc ont obligé et obligent lesdites partyes d’une part et d’autre eulx et leurs hoirs et ledit preneur ses biens à prendre vendre etc (f°6) renonçant etc foy et jugement condemnation etc ce fut faict et passé audit Angers es présence de René Jedon et Estienne Cuppif marchans en ceste ville d’Angers

 

 

 

 

Une pauvre, décédée dans le four, à Mouret en Chalinargues (Cantal), 1693


Chalinargues (Cantal, près de Moissac) « Le 19 dudit (janvier 1693) a été ensevelie une pauvre fille du Limosin agée de 12 à 14 ans d’assez haute taille, les cheveux blonds, décédée dans le four de Mouret le jour precedant sans avoir receu les sacrements à sa sépulture ont assisté Etienne Verni, et Jean Mauret dudit Mouret »

Je suis depuis quelques semaines (virtuellement) dans le Cantal, et près de Moissac, là où les routes ne comptent pas que des pélerins, aussi des pauvres…

Mémoire des victimes du naufrage du Saint-Philibert 14 juin 1931


Au cimetière Saint-Jacques à Nantes, il y a une immense tombe à la mémoire du naufrage du Saint-Philibert qui fit près de 500 victimes au retour de Noirmoutier le 14 juin 1931. Quand j’étais petite, chaque Toussaint mes parents s’y arrêtaient car elle était sur notre chemin, et nous contaient ce drame.

Cette tombe est toujours entretenue et fleurie par les services municipaux (photo en 2011). En fait cette tombe contient les 54 victimes non réclamées par de la famille. Ces victimes « sans famille » avaient d’abord été inhumées dans divers cimetières Nantais, dont Toutes-Aides, puis la ville de Nantes eu la bonne idée de les regrouper et rassembler toutes les 84 au cimetière Saint-Jacques.

Le 14 juin 1931 naufrage du Saint-Philibert sur le site de la Cote de Jade, très riche de photos et documents
et plus bref sur Wikipedia

les loisirs en 1931 

Les ballades en voiture n’existent pas encore, car la France ne compte que 201 000 voitures en 1931, dont celle d’Edouard Halbert, le premier et seul en 1930 à posséder une voiture à Nantes Sud Loire St Jacques.
Mais le train existe, entre autres pour Pornic… ou l’été on peut prendre un bateau pour Noirmoutier.
Le Gois n’est pas encore pavé :
« Après un premier empierrement réalisé en 1868, le Gois est consolidé, balisé puis empierré dès 1924. Le pavage de la chaussée et la construction des balises-refuges interviennent entre 1935 et 1939 achevant de transformer le gué d’origine en voie d’accès à l’île mais aussi aux parcs ostréicoles de la Baie de Bourgneuf proches de cette voie. Le passage du Gois entre alors définitivement dans la légende attirant, chaque année, une foule impressionnante de curieux et de pêcheurs à pied. » 
On se déplace souvent en bateau et les Messageries de l’Ouest assurent beaucoup de liaisons par eau, plus nombreuses en été, et elles offrent même aux Associations des voyages spéciaux, à partir de Nantes, comme ce sera le cas avec l’association Loisirs au départ de Nantes sur le Saint Philibert.
Vous voyez sur leur annonce ci-contre qu’elles offrent plusieurs excursions qui étaient alors une découverte de loisirs pour la population Nantaise.

Nantes est une ville ouvrière, avec entre autres l’usine des Batignolles « offrant à une partie de son personnel des maisons individuelles avec jardin, l’accès à une école primaire, à un cinéma ou à un dispensaire. Alors que les cadres prennent possession de bâtisses en pierre, les ouvriers héritent de pavillons en bois au confort rudimentaire, et les célibataires, souvent étrangers, occupent des chambres dans des bâtiments collectifs ou des wagons désaffectés. Car l’Europe s’est donnée rendez-vous aux Batignolles, l’usine ayant recruté une partie de son personnel qualifié au-delà des frontières nationales, en Pologne comme en Allemagne, en Italie comme en Tchécoslovaquie ou en Autriche. »

 

 

Un dimanche à Noirmoutier, 1924 

Ma tante Odette Guillouard 15 ans est pensionnaire à Châvagnes à Nantes en 1924 et on lui impose la rédaction  : « racontez une belle journée »….  Je suppose que le temps employé était aussi imposé, car ce passé  que nous ne parlons plus me semble venu de très loin… Pour avoir bien connu ma tante, je puis vous certifier qu’elle ne parlait jamais ainsi, mais que ne lui a-t-on faire faire à l’école. J’appartiens à la génération qui n’a pas utilisé ce passé.
A travers ce récit je comprends pourquoi ma famille avait gardé un si grand souvenir du Saint Philibert, puisque mon grand père l’utilisait avec ses enfants, par chance, par beau temps… En 1924 Odette 15 ans, Robert 13, Thérèse 10 et Monique 4.

Mon premier voyage à Noirmoutier

Longtemps déjà papa nous avait promis un voyage sur mer, celui de Noirmoutier, et nous brûlions d’impatience depuis cette promesse de connaître ce nouveau pays et voici que ce jour si heureux et si ardemment attendu arriva.
Après avoir entendu la messe[1] de sept heures à la Bernerie, nous montâmes, papa, mon frère et moi à la gare  où nous devions prendre le train[2] de huit heures et demie.
Les billets pris, nous allâmes nous asseoir sur un banc car nous étions en avance de quelques minutes. A huit heures et demie le train arriva chargé comme de coutume de nombreux voyageurs. Après avoir freiné le train s’arrêta et le chef de gare cria de sa voix rude : « les voyageurs pour La Bernerie descendent , La Bernerie ». Les portières s’ouvrirent en grand nombre pour laisser passage à des gens descendant à La Bernerie. Nous montâmes donc dans un wagon[3] vide et nous entendîmes bientôt le sifflet, signal du départ. Nous ne fîmes qu’un petit voyage dans le chemin de fer, car nous ne nous sommes arrêtés qu’au Clion et puis ensuite à Pornic où nous devions descendre.
A la descente du train, nous nous sommes dirigés vers la porte de sortie, puis nous avons pris le chemin du bateau.
Nous passâmes par le port où les bateaux allaient et venaient sans cesse. Après avoir pris une sucette chez le patissier nous arrivâmes au bateau.
Neuf heures sonnaient lorsque nous prîmes place que le pont supérieur du bateau où déjà un certain nombre de personnes prenaient place. Nous attendîmes quelques minutes avant le départ du bateau lorsque tout à coup, le capitaine monta dans sa petite cabine. Le bateau siffla plusieurs fois, puis il démara. Nous sortîmes du port à une faible vitesse car nous accostâmes à la Noëveillard afin de prendre quelques personnes.
Vers neuf heures un quart, nous partîmes, en pleine mer pour ne plus s’arrêter qu’à Noirmoutier.
Le temps était radieux, la journée s’annonçait belle. Le ciel, couleur d’azur, ne présentait aucun nuage. La mer, loin d’être fougueuse et déchaînée semblait d’huile et le bateau ne secouait pour ainsi dire pas. Le trajet se fit sans encombre. Nous étions assis non loin des cheminées et de la chaudière, et nous voyions très bien le capitaine. La mer, boueuse à La Bernerie, moitié bleue à Pornic, devint bleu couleur du ciel, de plus en plus que l’on se rapprochait de l’île.
Plus le bateau avançait, plus l’île se découpait. En avançant toujours nous pûmes distinguer le bois de la Chaise, le grand Hôtel Beau Rivage. Le chemin se continuait toujours. Enfin nous voici arrivés. Le bateau fit une grande manœuvre et nous débarquâmes. Là, se trouvait des gens, un certain nombre, qui attendaient des voyageurs. Arrivés sur l’esplanade, une petit garçon, chargé de donner pendant la traversée des feuilles de réclame pour une hôtel, laissa tomber par mégarde sa casquette dans la mer, mais un bateau vint la prendre.
A la sortie de l’esplanade nous fîment notre entrée dans le bois. C’était charmant, ce petit coin était très pittoresque. A la sortie du bois, nous vîmes une grande plage s’étaler sous nos yeux occupée par quelques baigneurs.
Nous louâmes un sapin[4] qui devait nous mener au bourg même de Noirmoutier, mais il devait auparavant nous descendre à l’hôtel St Paul (ci-contre).
Arrivés à Noirmoutier, nous furent descendus auprès de l’église. Nous y entrâmes quelques secondes car c’était la grand’messe. Nous firent une petite promenade dans le bourg et nous visitâmes l’église la messe terminée, elle était très jolie. Elle renferme les restes de St Philibert mais comme la crypte était fermée nous n’avons pu visiter son tombeau. Ensuite nous avons pris le chemin de l’hôtel, car, je l’avoue, nous avions bien faim. Après avoir bien mangé, nous allâmes faire une promenade à pieds dans le bois. Il y faisait frais, il y faisait bon y respirer la suave odeur émanée par les pins ; nous avons examiné de près le phare rouge, nous avons vu un beau bateau à voile accoster.
Après s’être ainsi promenés, nous allâmes louer des ânes. L’on fit monter papa sur « La Parisienne », mon frère sur « Caroline » et moi sur « Martin ». Mon âne ne voulait faire que du trot et je l’avoue encore je n’étais pas très rassurée là-dessus.
Notre promenade à âne finie, nous nous sommes rafraichis puis nous envoyâmes des cartes postales. Quatre heures arriva bientôt, heure où le bateau retourne à Pornic. Nous partîmes très tranquillement prendre le bateau St Philibert. Assis sur le St Philibert, nous attendîmes le départ un bon moment. Notre attention se tourna vers la place près de laquelle sur la mer dormante de nombreuses périssoires[5] évoluaient. Une course de périssoires s’engageait, une dizaine participait au concours, mais les périssoires tournèrent près des rochers et ceux-ci nous interdisaient de suivre la course des yeux.
Après avoir fait entendre son appel, le bateau démarra et nous partîmes sur la mer encore plus tranquille et plus dormante que le matin.
Plus le bateau s’éloignait, plus l’île faiblissait à nos yeux, et, au contraire plus le bateau avançait plus la côte opposée devenait apparente.
Partis de Pornic sur le petit St Nazaire, nous revinrent à Pornic sur le grand St Philibert. Enfin après une heure de bateau nous accostâmes à Pornic à la Noëveillard. Nous allâmes à pieds jusqu’à la gare de Pornic où nous prîmes le train pour La Bernerie. Après un petit parcours de vingt minutes à peine nous entrâmes en gare de La Bernerie. De nouveau l’employé de gare crie : « les voyageurs pour La Bernerie descendent, La Bernerie ». Nous ouvrîmes la portière et nous descendîmes du train, nous sortîmes et nous partîmes heureux et contents du beau voyage de Noirmoutier.
Comme Noirmoutier est en face La Bernerie, j’essaie tous les jours à retracer les différents lieux où je suis passée car on voit très bien Noirmoutier de La Bernerie.
Odette Guillouard, non daté (mais ma famille situe ce voyage en 1924).
[1] Odette Guillouard est élève à Chavagnes, donc dans sa rédaction elle prend soin de noter un zèle religieux
[2] ce train existe toujours (voyez le site des TER Pays de Loire)
[3] non un « compartiment vide », car les wagons voyageurs de l’époque avaient de multiples portes latérales, une par compartiment.
[4] nom populaire du fiacre hippomobile, qui tire son nom du bois du véhicule
[5] canot

Un photographe de rue à bord 

Y avait-il un photographe de rues à bord du Saint Philibert lorsqu’il quittait Nantes à 6 h 30 pour Noirmoutier ? En effet, la France est pionnière de la photo de rues en 1930, et cette photo, transmise par Elisabeth, atteste une pose exceptionnelle car l’homme est seul (généralement en famille), il a une pose inhabituelle à l’époque, enfin la photo montre la bouée portant le nom SAINT PHILIBERT et est manifestement prise du pont inférieur, ce qui serait tout à fait un travail très rare en famille.
J’ajoute que ma famille a des photos de cette époque, mais bien moins nettes et plus posées en famille, donc j’émets cette hypothèse. Donc, je suppose qu’il y avait un photographe professionnel à bord, et que d’autres familles ont des photos de ce type. Si vous en avez vous pouvez les adresser (en supprimant les espaces : odile h @odile-h a lbert.com

Nombre et liste des naufragés 

Autrefois, seuls les adultes étaient comptés à l’embarquement, et ils étaient 457 à  bord, mais ils avaient avec eux des enfants, et même beaucoup, d’où le nombre plus élevé de victimes car les enfants étaient nombreux.
Liste des victimes sur Geneanet

Identification des victimes 

Certaines victimes ne furent identifiées que des mois plus tard. Voici l’exemple de Charlotte Martinetti épouse Tableau dont le père, corse né à Tasso fut gendarme à Douarnenez :


Etat-civil de Nantes 4°C : « Le 26 décembre 1931 nous retranscrivons le décès dont la teneur suit : Extrait du registre des actes de décès de la commune du Croisic (Loire-Inférieure) le 26 juin 1931 à 13 h 30 minutes nous avons constaté le décès d’une personne de sexe féminin qui a été trouvée ce jour en mer au large du phare de la Banche, par le bateau de pêche « Sam Both » n°612 de St Nazaire-Le Croixic, patron Jean Lehuédé, domicilié au Croisic, et dont l’identité n’a pu être établie. Le signalement est le suivant …. Dressé le 26 juin 1931 à 14 h sur la déclaration de Pierre Belliot, 41 ans, garde-champêtre, domicilié au Croisic, qui, lecture faite, a signe avec nous Auguste Masson, maire du Croisic – Mention en marge : Rectifié par jugement du Tribunal Civil de première instance de l’arrondissement de Saint-Nazaire, rendu le 4 décembre 1931, en ce sens que l’acte de décès ci-contre s’applique à Charlotte Martinetti, née le 3 octobre 1891 à Douarnenez (Finistère) de François et de Marie Antoinette Moracchini, épouse de Tableau Félix Joseph, institutrice publique, domiciliée à Nantes 25 avenue du Grand Clos, décédée en mer le 14 juin 1931 lors du naufrage du vapeur Saint-Philibert » Son corps est donc retrouvé le 26 juin au large du Croisic et on trouve son inhumation le 29 octobre 1931 au cimetière Miséricorde à Nantes, mais le jugement civil  n’est que le 4 décembre. J’ignore comment la famille a participé à l’identification… et je suppose que les frais, certainement élevés de transport des corps etc… étaient pris par les pouvoirs publics…

Seconde vie du St Philibert 

Renfloué et transformé en remorqueur sans les 2 ponts pour passagers en promenade, et rebaptisé « les Casquets », il part d’abord à Bayonne transporter des marchandises sur l’Adour. Il n’y restera pas, regagnera la Bretagne, sous divers noms, et ne sera désarmé qu’en 1979, soit 48 ans après son naufrage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le procès


Malgré une certaine lucidité en cour d’appel : « le Saint-Philibert était un bateau de rivière et d’estuaire, qui ne  possédait aucune des qualités nautiques pour effectuer par gros temps une excursion en mer avec un aussi grand nombre de passagers à bord »
la Cour d’Appel ne fera qu’enterriner purement et simplement la parodie de justice du tribunal civil de Saint-Nazaire et aucun responsable ne sera poursuivi…