Rôle de l’impôt de l’ustencile en 1692 à Montreuil-sur-Maine (49) pour le logement des gens de guerre

Les actes notariés nous livrent parfois des rôles d’impôt, puisque le notaire était le plus souvent le greffier préposé à la rédaction du rôle, et je suppose qu’il contribuait non seulement à écrire le rôle, mais aussi à peaufiner les calculs savants de conversion en livres, sols et deniers, pas tellement commodes à utiliser pour tout un chacun, surtout pour nous, habitués au système métrique.
Montreuil-sur-Maine, proche du Lion-d’Angers, au Nord d’Angers, est située sur une très jolie rivière, touristique, autrefois transit fluvial permanent. J’avais déjà fait pour cette commune (paroisse d’antant) un rôle du sel.

L’impôt de l’ustencile est l’impôt perçu pour le logement des militaires. Il est perçu par paroisse, pour les paroisses qui n’hébergent pas physiquement de militaires, mais doivent contribuer à l’effort national.
Les montants sont très diversifiés, et surtout exprimés souvent jusqu’au denier. Afin de pouvoir établir une comparaison, il a fallu convertir chaque montant en deniers sur la base 1 livre = 20 sols, 1 sou = 12 deniers.
Lors de cette conversion, il est apparu que les montants étaient en fait exprimés d’abord en deniers par les collecteurs répartiteurs, puis convertis par le notaire greffier, Bodere, en livre, sol, denier. En fait le notaire, alias greffier du rôle, est là est là pour assister les collecteurs, auxquels on ne demande pas de savoir tout lire, écrire, mais seulement un peu compter, et surtout bien connaître les paroissiens, et avoir assez d’ascendant sur eux pour faire d’abord la répartition, puis aller physiquement prélever chez eux la somme due. C’est ainsi qu’on trouve des collecteurs qui ne savent pas écrire.

Le rôle comporte 164 items, sans doute proche du nombre de feux.

  • Le montant varie de 8 580 à 18 deniers, pour une moyenne de 1 157,7 deniers, soit 4,82 livres (exprimé en système métrique). C’est donc un impôt élevé, qui est du même ordre que la taille annuelle. Heureusement que cet impôt n’était pas annuel, car il représente bien un effort important des populations.
  • L’écart-type, reflet de la dispersion, est élevé : 1 869,8 deniers, soit 7,8 livres. C’est donc bien une dispersion très importante.
  • Le métier ne figure pas toujours, mais plus de la moitié d’entre eux. On ne peut donc établir de conclusions certaines.
  • Les métayers sont les plus imposés, suivis de meuniers et closiers, encore que ceux-ci soient en ordre dispersés.
  • Un tailleur d’habits et un couturier, 6 poupeliers, 4 filassiers, 6 tissiers, 3 lainiers.
  • Un hôte, un foulon, un forgeur, un cordonnier, un charon
  • 2 tourneurs de bois, payant peu. 4 charpentiers, aussi payant peu.
  • Les métiers de l’eau : un voiturier, un pontonnier, aucun pêcheur. J’ai remarqué que les paroisses en bordure de Loire ont le métier de pêcheur, et je ne le trouve pas sur la Maine, sans doute est-ce parce que la pêche n’y était pas un métier à temps plein. Le pontonnier quant à lui est l’homme de péage de la rivière, qui perçoit le droit de pontonage. Autrefois on circulait plus de marchandises sur eau que sur terre, normal donc que le bon vieux péage s’y retrouve… disons plutôt que le péage actuel ressemble fort à l’un de ces bons vieux droits bien féodaux…
  • C’est émouvant de pouvoir chiffrer ses ancêtres. Mais attention, il existe des homonymes, peu semblables dans l’impôt, ainsi René Bouvet, etc…
    Souvent ces rôles donnent des métiers qui ne figurent pas dans nos bons vieux registres paroissiaux, telle est du moins mon expérience, alors, ils sont non seulement un témoin d’histoire sociale locale, mais aussi des éléments individuels indispensables. J’ai beaucoup d’ancêtres à Montreuil-sur-Maine et c’est toujours un plaisir que de les revoir ainsi…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.