NANTES LA BRUME, Ludovic GARNICA DE LA CRUZ, Paris, 1905, CHAPITRE VII. LABYRINTHE URBAIN suite

Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

Suite et fin du chapitre commencé hier

Un jour qu’il faisait clair — par hasard — Lolette voulut voir ce qu’on appelait les Ponts.

  • Les Ponts, lui expliqua d’abord René, c’est un immense quartier formé d’îles sur la Loire. habité presque exclusivement par des ouvriers, des viveurs de curieuses industries. Quartier croquemi¬taine des gens peureux. Passé minuit les détrousseurs de goussets sont les rois absolus du passage. Ils font payer les droits à la barbe des agents solidement armés de prudence.
  • Nouveau pèlerinage. Ils prirent par le pont de la Rotonde sur le canal St-Félix ondoyant du reflet de la gare d’Orléans. L’usine de la biscuiterie Lefèvre-Utile croupissait un bouddha gourmand — manteau bleu et rouge — endiadémé d’un Petit Beurre Lu. Le Champ de Mars. Cadavre nu, crevassé de fentes, suppurant de vieux déchets, percé de kystes : chroniques cadeaux des expositions et des attractions extraordinaires. De pauvres diables y fumaient leur soupe, d’autres battaient une manille crasseuse. Au delà, les ponts de la Vendée barraient l’horizon. Des senteurs frigides soufflaient des réservoirs des maisons de fruits et primeurs. Après l’ellipse des rues Baron et avoisinantes déchiquetées de biscornements, une série interminable de quais, de dentelures, de prairies soudées les unes aux autres par les ponts.
    Le quai Magellan écrasé de troncs d’arbres abattus comme des moignons géants. En face, la prairie de Biesse étale ses vertes gencives où se crispent des tétards errants, des chaudronneries bâtardes. Le phtisique pont de la Madeleine les sépare des quais Moncousu et André Rhuys. La cale aux foins, vide, chevelue d’herbe en paix qu’oppressent des tiges de fer roussi ou des blocs de bois écorché, semblant des cuissards saignants de moutons. Une dizaine d’hommes halent un train de planches aux crocs d’une longue corde. La tristesse décemnale modulé l’aile terne de l’hôpital planant sur l’angle sournois de la morgue. De l’autre côté l’église de la Madeleine pointe par dessus les toits jaunâsses sur les pierres la silhouette effilochée de son clocher. Plus loin le pont vieillot des Récollets enseveli de bure : extase solitaire parmi la boue et le cloaque morbide des bavures gluantes de ses rives. Aux claques des battoirs on débarbouillait les linges dans un courant chiche sur le seuil du pré du Bois-joli inquiet cependant d’être négligé de la main défonceuse des hommes. Serpent lamentable de masures enfumées, de boutiques étroites où le jour est mal à l’aise. Il est monté de l’eau ceinturant la rue de Vertais une gâteuse torpeur charpissant des guenilles de pestilences malheureuses.
    Subitement une lumière éclaircie s’affole ! Le Pont de Pirmil ! Huit arches, huit pieds formidables d’éléphants immobilisés au coeur de la Loire majestueuse d’insolence. Ciel immense ! Regards d’acier ! Elle se ballade entre la prairie d’Amont bordée de chalets enrubannés et d’usines et la côte de Saint-Sébastien inaugurée par l’hôpital Saint-Jacques, puis se meurt au lointain du brouillard dans des estampes de rives artistiques. Une phalange de bateaux plats se tassent sous les arches. On dirait, avec leurs bras noirs en équerre enlacés de filets, les cadavres enfumés d’un incendie des au-delà séchant les suaires transparents des pêcheurs d’alose. Lolette, que le vent fou d’espace glace et enrage, s’enthousiasmait :

  • L’été, qu’il doit faire bon ici !
  • Nous viendrons, mignonne, répondait René.
  • Il évoquait des souvenirs futurs d’idylles printanières, des beurre-blanc et des plats de grenouilles.
    L’hiver est long ! L’hiver est cruel ! Prenez garde ! Il gèle les mailles humides de baisers de nos rêves d’amour Elles cassent comme le verre à la moindre pesée !
    Ils s’en revinrent par le boulevard Victor-Hugo, au travers le pré des Récollets et la Prairie-au-Duc. Les moustiquailles des chemins de fer des gares de Lege et de l’Etat agacent le repos, la tête sur les marches de l’Institut Pasteur, une de ces oeuvres utilitaires chères à l’auteur de l’Homme qui rit, et qui ricanerait de la maigreur ridicule de la place de la République.
    René s’arrêta à l’orée du Pont Haudaudine et descendit sur le quai André Rhuys avec son amie. Des manœuvres transportaient des planches sur leurs épaules à la queue leu leu. Fourmilière en chaînons s’engouffrant sous des toits volcaniques en poussières pailletées.

  • Regarde, chérie, le déroulement splendide de ce pont. Quelle structure Et des nantais restent indifférents devant ce lumineux soleil des eaux, réservant leur admiration pour des cochonneries patriotardes. Ne semble-t-il pas un étalon-chimère qui se cabre sur l’arène miroitant de la Loire ? Pégase fabuleux aux flancs minces l’écrasant de sa beauté, qui grince d’avoir le licou rivé aux quais. Des enjolivures d’images comme des couronnes de triomphe l’enlacent de féeries : ces remorqueurs à roues et à hélices brillants comme des carosses de princes, ces grues comme des clowns les pattes en l’air, ces doubles dragues grattant de leurs ongles creux le lit du fleuve rapetissé par la folie éclatante du Pont.
  • Des hommes jurèrent de les sentir sur leur passage. Un train raillonnait sur le quai, faillit les écraser. Ils s’en allèrent.
    Maintenant on apercevait distinctement le premier pylône du Pont transbordeur qui devait relier la Fosse à la gare de l’Etat. Il était à l’ordre du jour ; on supputait la hauteur ; 76 mètres et la grue là-haut piquait le ciel. Il serait terminé l’an prochain. René dans ses explications en oublia le pont Maudit, appelé ainsi la suite de nombreux crimes, et le Pont de la Belle-Croix qui se dessinait au bout du quai Turenne, derrière un gigantesque lavoir on séchait du linge. Le marché couvert de la Petite Hollande, comme une verrue enflée en sa presqu’île, avec des vitraux minces enchâssés par les serpentins de plomb. La lumière indécise des tons et des demi-tons l’épanouissait ainsi que l’éventail caudal d’un paon. Les maisons aïeules de l’île Feydeau se penchaient vers le centre — la rue Kervégan. Elles approchaient leurs fronts pour un baiser chaste de nonnes, tirées en avant par leurs gorges énormes de balcons ouvragés d’art ancien.
    Le Pont de la Bourse franchi et ses embarras de voitures au passage à niveau esquivés, ils furent repris par le brouhaha crépusculaire de la ville. Les becs de gaz s’allumaient auprès des électricités mâles. La foule devenait compacte, bavarde, enlizée de flâneries au long des devantures épanouies. Ils glissaient, le rêve égaré dans le houleux tic tac du déversoir des futilités !
    Un soir René rentra de leurs excursions de fort méchante humeur. Il s’était aperçu des sourires malveillants qui soulignaient leur passage. D’aucuns s’étaient détournés avec des rictus de haine. La racaille des préjugés s’agitait dans l’ombre ; les langues venimeuses se délectaient, parmi le suc de leurs calomnies. La nouvelle grossie, contournée, estropiée bassement, se répandait comme une fumée intarissable. Quelle impudence ! Promener son amour avec sérénité au centre de nos moeurs hypocrites ! Quelle audace ! Avouer à nos yeux honnêtes un bonheur inavouable ! A-t-on le droit d’être heureux lorsque l’on se baigne ainsi ouvertement dans le vice ? Mêlant le besoigneux du bas ventre qui cherche une satisfaction charnelle, avec celui qui aime, ils auraient voulu, ces pharisiens de la Basilerie, qu’ils rasent les murs, qu’ils se terrent comme des criminels proscrits. Allons donc ! Pourquoi rougir du plus noble des sentiments ? Rougir et devant qui ? Les prostituées du bouge, du mariage et du qu’en-dira-t-on. Les femmes du plaisir grossier, du mensonge et de l’hypocrisie.
    Maintenant qu’ils sortaient encore ensemble, René entendait gronder l’ennemi lâche et insaisissable dans l’ambiance, la sourde hostilité des jaloux et des imbéciles. La bande jacassait par le vaste champ de foire de la ville, un vaste champ de foire à potins. Une meute de choix, de derrière les fagots, aiguisait ses crocs de roquets empoisonneurs.
    II était surtout une marchande de meubles anciens et modernes qui les couvait de sa rage baveuse. Quand elle les voyait, elle sortait au pas de sa boutiques et les regardait sournoisement ; hideux masque bouffi. Elle appelait parfois une commère pour montrer du doigt et croquer de bon coeur un morceau d’insanes malédictions. Ce droit de critique lui venait, disait-elle, de ce qu’elle avait connu M. de Lorcin. « Songez donc, son fils, de si bonne famille, mener avec une pareille saleté. (Elle ne l’avait tant vue.) Je ne comprends pas que l’on tolère pareil scandale ! Que fait sa famille ? » Une fois, René voulut aller cracher à la figure de la grosse femme, Lolette l’en empêcha. Ces gens-là, on les méprise simplement. S’arrête-t-on parce qu’une ordure barre le caniveau de sa mauvaise odeur ? C’était la race bâtarde de jalousie qui déversait son coeur furieux contre les indépendants en dehors de leurs mesquineries grotesques. C’était la synthèse du troupeau des envieux, ayant un moyen de tenter l’avilissement de leurs dominateurs et par le sang et par l’esprit. Le ruisseau bourbeux voulant salir le grand fleuve clair.
    René s’emporta contre cette Mme Derrin, marchande de meubles. Celle-là vit de la misère de son prochain, de sa ruine, elle aide à détrousser les faibles de la rue. Si l’on prenait un par un le bric à brac de ses marchandises, combien gardent les traces de l’amour, de ces pauvres individus assez fous pour se ruiner ? Elle et ses pareilles en profitent, elles en vivent, elles s’engraissent du mal qu’elles critiquent. Un jolimétier de bandit honnête, qui consiste à s’en¬richir des derniers restes du malheureux. Peut-être même mendie-t-il un sou à la vitrine où brille un souvenir cher sacrifié à la faim, un sou que les mégères lui refusent ? Peut-être sent-il la cervelle pourrie d’un désespéré, ce piano dont le son éclate à leurs yeux avares comme des tintements, joyeux d’écus ? Et celui-là, pourquoi pleure-t-il en voyant des doigts impies palper le collier d’or blond et ce cachet finement armorié ? Leurs breloques, leurs montres, leurs meubles où se prélasse un luxe singé, où les ont-ils achetés ? Sots vaniteux parés des plu¬mes du paon recueillis chez les entremetteurs de déchéances.
    L’âme de René s’entichait. Il brava la censure muette de ses concitoyens. Le sourire tristement narquois aux lèvres, il pavoisa son amour à la plus visible lumière. Il s’aigrissait à ce combat perfide de moqueries dédaigneuses. Il épiait les visages, fixait les faces d’un regard énergique. Il acheta même une cravache et ne sortit jamais sans elle. Il l’agitait d’un coup de main agressif. Oh ! fouailler comme un russe le monceau perfide qui le heurtait à tout moment !
    Au théâtre ils allèrent applaudir « Louise ». Lolette était un peu gauche dans son fauteuil parmi les grandes dames d’alentour. René souffrit des dédains.
    Les doigts crispés il résista jusqu’à la fin à l’envie de fuir, vaincu par la raillerie hautaine qu’il voulait défier. Le poème de Charpentier lui soufflait la vaillance. Dans le rythme divinisant, la révolte naturelle des prisonniers de la coutume et de la famille chantait une corde attardée sur son coeur. Sa lutte aussi à lui qu’on mettait en scène. Les paroles de Julien dénudaient sa soutfrance actuelle ; le père, le préjugé, la mère, la routine. Paris s’illuminait. Par delà le cycle féerique des lumières, il entrevit Nantes se parant de clartés nocturnes, appelant d’une voix plus faible le monde des plaisirs : un monde multitudineux, engoué, tremblotant sa folie comme une veilleuse dans le silence de la chambre tranquille.
    Le lendemain que dimanche sortait ses habits de fête, ils flegmardèrent le long des devantures, entourées de curieux le matin à la sortie des messes paresseuses, le tantôt après la musique du Jardin des Plantes. Plus frondeurs, plus osés. Hardis condottieri d’une vengeance en sourdine. Alors ils purent admirer la place Royale dominée par sa fontaine colossale en granit bleu. Pièce montée d’une table gigantesque de noces. Hérissant des seins durs ou des thorax sombres, les statues de la Sèvre, de l’Erdre, du Cher et du Loir, forment une cour rigide au bronze de la Loire, versant de ses deux bras des urnes pleines, un long voile encadrant son orgueil frontal. L’eau jaillit de toutes parts ; huit petits génies épanouissent leurs jets ténus comme des aiguilles sur les pieds de la statue de la ville de Nantes. Au sommet du disque enchevêtré de fils d’eau, elle appuie sa superbe prestance sur un trident, relevant de sa main gauche les plis de son royal manteau, et sa chevelure s’écrase sous une tour de diadème. Un tourbillon siffle, ondule, rugit ; les jets semblent les vipères du crâne d’une Méduse, une mine ouvragée patiemment au-dessous d’elle. Splendide allégorie de la Ville des brumes à mi-corps dans l’eau, d’où s’élèvent des buées grises de vapeurs qui l’enveloppent, la tête haute, satisfaite de sa puissance indestructible, sublime d’une humide indifférence.
    Le café Continental s’emplissait de bourgeois en famille venant écouter les fantaisies musicales d’un orchestre de Dames Viennoises. C’était le plaisir permis, peu coûteux, où rien ne troublerait la chasteté des vierges humant cinq centimètres de sirop sous l’oeil paternel. Les vastes vitres des portes d’entrée ruisselaient sur le trottoir un feu blafard jusqu’aux fiacres impassibles, jusqu’aux songes des maigres rosses. Du dehors on voyait de longues files de consommateurs fumant près des soucoupes ; les garçons en tabliers blancs papillonnaient de-ci, de-là. Les deux amants regardaient pensivement arrêtés au bord de la fontaine. L’eau chansonnait sa bataille caressante.

  • Allons les voir de plus près, dit René.
  • A leur apparition un silence brusque de conversation s’unifia. Seul l’orchestre dégringolait une mélodie plaintive. D’un ton fier René réclama un coin de table et deux sièges. Le garçon s’empressa, dégagea une famille. Ça grogna. René conservait son sourire insolent, courbant sa cravache en ses deux mains. Il promena son regard de défi moqueur sur l’hostilité ambiante des moeurs apprivoisées, posa lentement la cravache sur la table pour enlever ses gants.

  • Deux byrrhs !
  • Lolette pouffa de rire au nez des voisins interdits et retrouvant son jargon de gamine d’autrefois :

  • Ça, ça leur coupe la chique !
  • Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

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    NANTES LA BRUME, Ludovic GARNICA DE LA CRUZ, Paris, 1905, CHAPITRE VII. LABYRINTHE URBAIN.

    Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

    Lolette, l’insinuant joujou d’amour ! Si la nuit n’avait pas été si longue, ils ne dormiraient pas encore quand midi claironna l’horloge de la cathédrale. D’entre la blancheur chaude des draps sortaient à peine leurs deux têtes. Lolette se reposait sur la poitrine de son ami, son petit corps frileux doucetement enseveli au creux des bras calins. Soudain la voix de Mme Demeux les tira de leur sommeil.

  • Etes-vous malade ? Monsieur René, cria la dame à travers la porte.
  • Non, non, madame Demeux, nous dormions.
  • Vous dormiez ? s’exclama-t-elle stupéfaite de ce pluriel.
  • Ah ! dit. René en riant, j’ai de la compagnie. Entrez tout de même.
  • Quand il eut ouvert la porte :
    Voyez… une jolie petite amie.
    Il montrait Lolette, ou plutôt un nez fluet et deux yeux timides, l’ensemble noyé dans le grand lit. Sur l’oreiller les boucles noires mettaient comme un essaim de mouches.

  • La jeunesse… la jeunesse, soupira Mme Demeux. On dirait qu’elle a peur de moi votre connaissance. Je n’ai pourtant pas un visage terrible malgré mon âge.
  • Elle est intimidée… pour la première fois, répliqua René en enfilant son pantalon.
  • Je vous laisse, reprit Mme Demeux. Habillez-vous vite… Je vais mettre un couvert de plus.
  • Mais, voulut dire René…
  • Dépêchez-vous, interrompit la vieille dame en s’enfuyant… dépêchez-vous, le déjeuner sera froid.
  • Comme elle est aimable ta propriétaire, je l’aime déjà, s’écria Lolette franchement étonnée !
  • Une très bonne femme dévouée pour moi.

  • Vous serez avant peu une paire d’amies… car je te garde… n’est-ce pas ?
  • Il s’était penché sur le lit ; ses mains sous les draps attiraient le corps brûlant de l’aimée ; leurs bouches se melèrent longuement. Ne connaissait-il pas encore suffisamment l’écrin précieux de sa maîtresse ? Pas un duvet cependant de sa chair n’avait échappé à ses caresses avides des mystères les plus secrets. Se lasserait-il jamais de sucer aux pores du fruit nouveau de son verger de délices la savourance des voluptés nouvelles ? Ce baiser inconnu jusqu’alors à ce contact de lèvres à lèvres, quelle inoculence de flammes lancéolantes au travers des fibres les plus lointaines ! Il pleut une averse de plaisirs aveuglants. Un tourbillon insensé passe . . ……
    Quelle bastonnade étrange moule ainsi le corps dans ses moindres replis ? Quel travail colossal s’est effectué en nous ? Avons-nous mis la main au moteur formidable de la machine des humanités? Peut-être ? Avons-nous quitté le monde terrestre pour quelque ciel éblouissant d’ordre divin ? Qui sait !
    Il eut le désir de lui montrer sa ville à elle qui ne la connaissait que depuis une dizaine de jours.

  • Nous irons voir la maison où sont morts mes parents, avait-il dit.
  • Colette se fit élégante. Suspendue à son bras, ils descendirent la rue de Strasbourg sur le large trottoir. Place du Port-Communeau, alignée d’arbres, des voyous jouaient aux palets, d’autres dormaient au maigre soleil masqué trop souvent de nuages lourds ; alentour la petite fontaine d’approvisionnement des gamins braillaient une partie de saute-mouton dans le sable. Ils s’arrêtèrent une seconde au milieu du Pont-Morand dômant l’Erdre silencieuse. À droite, René montra la rivière descendant entre les quais Ceineray et de Versailles du quartier populeux de Barbin où gîtaient une quantité considérable d’ouvriers, de lingères et de laveuses. Toute une flottille en bérets gris de bateaux à laver agitaient des linges comme des signaux de passeurs ; les battoirs tapaient, grondements de dogues pris de laryngite ou bourdons des bavardes intarissables. Le quai Ceineray, – sombre du dos de la Préfecture, vésiqué d’affiches multicolores, touffu des accacias jaunis par la fumée des frêles vapeurs qui font les excursions à la Jonnelière et à Sucé, alors au repos près les meules de fagots débarqués, – finissait le long du square Saint-André, le paradis coquet des bambins et des vieilles s’attristant de l’hiver. Le quai de Versailles, pôrtefaix des blocs de tuffeaux blêmes comme des visages de pierrots morts, des tas de sable brunissant à l’ombre des grues pompant pour vomir ce sable des chalands dans les gueules des tombereaux attelés ; d’autres attendaient le cul à terre, les brancards hérissés de désespoir, et, les chalands s’hébétaient au bord de ce dos bossu de quadrilatères et de cônes, ayant inscrit sur leurs fronts : chaux vive à vendre. Là bas par dessus les ateliers et les toits les deux tours de St-Donatien coulaient de clairs regards sur l’aiguille de la Psalette. A gauche, l’Erdre s’en allait jeter son eau lourde et noirâtre dans la Loire par delà le pont de l’Hôtel de Ville. Sur ses quais serpentait un cordeau régulier d’arbres ; les visages se crispaient au fond de l’eau. Là, les chalands nageaient cornme de gros canards, poussés par des perches, ou cramponnés aux anneaux des rives vidaient leurs ventres enceints à tenue de planches ou de barriques. Longeant le quai des Tanneurs, l’Usine à gaz, le manteau blanc fendu d’un nombril transparent laissant voir une exposition de moteurs en grande toilette, ramassés sur eux-mêmes dans la lourdeur de leurs masses, prêts à rugir au moindre signal. Un grand bras noir était descendu se figer an dessus de la voie à la peau du quai, et des tentacules se baissaient, suçaient au fond des bateaux les tonnes de charbons pour les engouffrer d’un va-et-vient bruyant au coeur de l’usine vorace de sa nourriture quotidienne.
    Ils montèrent lentement la spacieuse rue de Rennes au thorax vallonné comme les montagnes russes d’un champ de foire dont les trams à air comprimé seraient les traîneaux. Sont-ce ses soupirs que les râles des charrettes de commissionnaires échelonnées devant les auberges, la bâche boursoulliée de provisions les plus hétéroclites ? René remplissait à merveille son rôle de cicerone ; pas un détail n’était épargné à sa petite amie qui l’écoutait attentivement. Voici collés aux flancs de la rue Jeanne d’Arc les deux tronçons du marché Talensac. Le vendredi s’y entassent les pauvres animaux que notre cruauté condanme à mort après le jugement du gourmand. On les martyrise à l’avance à coups de pieds et de poings. Des brutes humaines maltraitent les humbles veaux liés cinq ou six par le cou ; affolés, ils n’ont même pas la force de pleurer ; ils tombent, se relèvent sous un calvaire de claques marquetant leurs faibles échines. Nombre de passants s’indignent de cette barbarie, qui demain se repaîtront d’une côtelette saignante, sans se soucier qui a payé les bourreaux. Le samedi, les martyrs de nos appétits, sont remplacés par une foule de marchands et de marchandes. Des bonnes femmes de campagne tendent, pendant deux ou trois heures appuyés sur leur ventre des paniers plats complets d’oeufs et de beurre frais. Entre les rangs passent les domestiques, les ordonnances à qui manque le tablier blanc et que Madame met à toutes les sauces, les jeunes demoiselles en mal de maîtresses de maison. Sous les halles les grosses commères lippues trônent parmi les blocs de margarine surnommés beurre, les pâtés dégoulinant leur graisse jusqu’au sol, les quartiers sanglants de lapins et de volailles à moitié plumées. D’autres jacassent au centre d’un fouillis de carottes et de navets, se mouchent des doigts dans le persil et la porée.
    Plus loin ce sont les trois gazomères : les cylindres blancs pressent le gaz alimentaire d’une grande partie de l’éclairage de la ville. Le pâle dortoir des fées Lumières.
    Au bout d’une étroite rue sombre Lolette remarqua un portail sévère.

  • Un hôpital ? questionna-t-elle.
  • Presque….. un collège.
  • Marche inarrêtée le long des multitudineuses boutiques d’épiceries, — devantures peinturlurées de vert foncé — des buvettes, — devantures badigeonnées de vert clair. Les arbres humides décharnaient leurs ongles jusqu’aux troisièmes étages, 0 le vasque délicieux de boue de l’avenue Blanche, ses coquettes maisons, figures fraîches de nouvelles nées, quartier à peine éclos du ventre de prairies et de jardins potagers ! L’accoucheur ceint du cordeau, armé de pics est venu, et, ont apparu des toits bleus et des toits rouges. Les treuils battent les heures d’un futur demain; les scies nasillardent ; les outils comme des chirurgiens s’acharnent à transformer la vie du cadavre de la campagne qui se fait lointain, On crée des rues. Les célébrités auront leurs noms sur de petits carrés bleus : Carnot, Casimir Périer, Villebois-Mareuil… On pourra peut-être en écouler un certain nombre sur les urinoirs et les kiosques de nécessités.
    La Route de Vannes, téton par où arrive une source précieuse de lait. La Rue de la Pelleterie. Quelles florales émanations des parcs d’horticulteurs ! Ça embaume la taciturne utilité d’un asile de nuit et la chambre du silence et des muettes désespérances ; le cimetière de Miséricorde. Le calme croasse. Rares les passants, rares les bavards. Les maisons closent leurs volets. La mort peut-elle les effrayer ? Allons, amoureux, hardi la volée de baisers exquise comme des primeurs ! Les voilà place Charles Monselet. Une place Charles Monselet sans buste. Il l’aurait sauf l’esprit bric administrateurs. Le poète des gourmets a sans doute une célébrité qui ne craint pas quelque saut dans l’oubli. Il est mille fois préférable de consolider la gloire moins certaine d’illustres inconnus ou de soldats. Des siècles pour honorer le génie d’un poète, quelques jours pour ramasser la monnaie des bourgeois nécessaire à l’érection d’une statue, avec un drapeau, sur le tablier de la Bourse. Oh ! la Bourse, le volontaire chérubin de Mme la renommée !
    Oubliant l’aimable ami du « cher ange cochon, » ils se trouvèrent enfin dans les Dervallières après avoir frôlé l’église de N.-D. de Toutes-Joies, fraîche comme un pavillon virginal de procession. René désigna de la main la maison de son enfance habitée par de nouveaux maîtres. Flots d’objets regrettés qui l’ont vu grandir, nombre souvenirs de frêle jeunesse, capricieux récital d’heures vécues aux temps folâtres des culottes courtes et des sarreaux à carreaux rouges ! Douces, les confidences à l’aube d’un amour ! Pas d’oreilles plus attentives aux banalités que celles de l’aimée. Elle aussi conta sa vie de misère à Bordeaux. La vie pénible d’une famille nombreuse sans le père. Le travail douloureux, mal payé ; la souffrance des jalousies et des haines rivales. Ils apprenaient mutuellement des lambeaux inconnus de passés différents. Avaient-ils le temps de songer au chemin ? René fut stupéfait de se trouver sur la place Canclaux au talon du glacial couvent des Récollets. Un tram descendait serrant les genoux sur la pente à pic de la rue de Gigant. Lolette demanda : les bâtiments sinistres que l’on voit derrière ?

  • Les Dames Blanches, une maison de refuge, un pénitencier à l’usage des filles amoureuses trop jeunes d’après le code, dont les garde-chiourme portent cornettes et ont des crucifix pour matraques.
  • En ascensionnant le splendide boulevard Saint-Pern ils sentirent leurs jambes piccoter de lassitude.

  • Si l’on s’asseyait ?
  • Avec plaisir même…
  • Il y a des bancs sur la place Mellinet. Ronde. Un soleil de sable fusant les rayons de ses quatre grands boulevards séparés par d’autres rues plus simplices, rayons moins orgueilleux du ventre central où surgit la statue du général Mellinet, le geste brutal. L’alentour de ses huit hôtels identiques comme les coulisses d’un décor de théâtre.
    Un misérable boiteux joua de l’orgue de barbarie. La manivelle tournait les « larmes de Martha », la « valse des roses ». Ils se reposaient ainsi au rythme égrillard de la boîte à musique, sans mot dire. Leur pensée voguait imprécise ainsi qu’un extraordinaire papillon d’automne. Sous les vastes arceaux de l’avenue de Launay leur route se reprit, avec la chanson intime de ces riens roses qui sont les ruelles inexplorées du bonheur. Le soir glissait ses coudes persistants dans le jour, cassant les vitres de la lumière. Leur étreinte se resserrait. Ils n’avaient plus la force de regarder le marché de La Moriciere en tulipe évasée. Saint Louis avec du taffetas doré entre les sourcils. La Trésorerie générale. Un titre en lettres d’or sur ce caveau suant le salpêtre volé au contribuable. Sur le cours de la République. Des becs de gaz naïfs d’éclairage ; de la monotonie songeuse entre les altitudes des maisons en bordure ; Cambronne crispant le bronze de son drapeau déchiqueté, la gueule furibonde du fameux mot patriote resté depuis dans le génie courant de retro langue ; les amoureux paisibles de ces soirs de novembre qu’attristent une fine pluie.
    La pluie, toujours la pluie, l’interminable pluie plaquant sa causerie de laque sur l’âme de la ville, la noyant dun rêve crépusculaire, de boue noirâtre sur ses pavés et ses trottoirs. Litanie simplice terminée de maladives oraisons.
    Les amants sous leur parapluie baissé avaient repris la route de chez eux. La fossoyeuse des soleils creusait de ses bras jaillissants le nid profond et douillet des solitudes pieuses où l’on égrène le rosaire divin des baisers.
    Avec la fin du mois le froid s’âcrait. Sa bouche cruelle mordait aux pans des chairs violettes. Lolette paressait au lit. Les après-midis quand la brume qui ne retirait jamais complètement ses filets n’était pas trop hostile ils continuaient leur visite à la ville. Souhaiter le bonjour aux surveillants des anciennes flâneries et des ballades coutumnales. Aussi une présentation officielle de sa dame, où l’on croquait des bonbons de souvenances, où l’on buvait deux doigts de sympathie muette.
    Les coriaces maisons du quartier Sainte-Croix grimaçaient d’affectueux sourires de bienvenue à leur passage. Un peu d’air pur, leur froufrou, dans l’empuanteur d’un abandon lugubre de mauvais cris, d’attouchements canailles. Fantasque pâté que les voies nouvelles resserrent d’un cran à chaque tour de lustre. Des gueuleries crapuliennes émiettent le fouillis des rues Beauregard et du Vieil-Hôpital. La rumeur malsaine des grues de bas étage l’infecte. Où sont les longs bonnets des marchands pensifs de Bretagne, les pages mystérieux chuchoteurs des récits d’alcôve au coin de l’âtre parmi les reîtres sonnant haut et clair leurs éperons sur les bancs de bois ? Où sont les maritornes aux reins forts raillant l’audace des colosses et des routiers, et les vagues rêveurs en chaussures à poulaine ? Où sont les neiges d’antan, souteneurs en guenilles, marlous puant l’alcool et le sang caillé, fripouille amoncelée de voleurs et d’assassins en souleries bestiales ? Ce qui reste du vieux Nantes, fourmilière abandonnée des manants de la bonne duchesse vidant, les brocs et caressant le menton des pucelles, n’est plus qu’un séjour de misère ignoble, taudis glacial de pourritures spirituelles et corporelles. Les gouttières de tôle sacrent le long des façades en bois des portes au vantail parfois finement sculpté. Ici une vieille légende s’est Conservée, et Port prie une madone : Notre Dame de la Délivrance en sa niche de plâtre. Là, une tourelle, rue Fénelon, où Gabrielle d’Estrées, dit-on, recevait son royal amant. Et dans ces murs où le roi de France buvait avec raffinement, les bras de sa maîtresse, genoux en terre comme un simple vilain aux pieds de l’idole d’amour, un être vulgaire a probablement construit ses latrines tapissées des caricatures du Petit Journal.
    Cependant il reste plaqué le cachet original d’une époque oubliée. Des étages semblent sculptés dans des parois de murailles ainsi que les forteresses de boîtes à soldats. D’inextricables escaliers effeuillent des fenêtres et des toits d’avant-scène, bizarreries curieuses que René savait faire entrevoir rue de l’Arche-Sèche à Lolette, émerveillée de ses récits enluminés. Cependant qu’elle n’était pas brave en parcourant les dédales étroits de ces rues. Les passants avaient des mines souvent douteuses, les gamins en robe juraient comme des charretiers, les jeunes filles découvraient des l’ateliers noircis de vice et des yeux pourris d’alcool. Elle étouffait mal à l’aise de ces détours compliqués ; ses poumons s’écrabouillaient dans la lourde atmosphère.

    suite de ce chapitre, fort long, demain

    Ludovic Garnica de la Cruz. Nantes la brume. 1905. Numérisation Odile Halbert, 2008 – Reproduction interdite.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Milicien pour Saint-Lambert-du-Lattay (49), 1719

    Pierre Richard, et la somme payée par les garçons de St Lambert qui lui sera versée

    Encore un milicien, pour illustrer cet impôt (je les classe dans les impôts comme tout ce qui est payé à l’état). J’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui était le milicien, et qui payait qui, aussi je me suis encore efforcée d’aller à la ligne pour tenter de comprendre. En fait, ces actes montrent surtout une certaine solidarité face à une levée totalement honnie, et ici encore tous les garçons en âge ont payé un autre pour eux. Mais ensuite le montage financier est assez tordu.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E. Voici la retranscription de l’acte : Le 3 mai 1719 par devant nous Toussaint Avril Nre royal Angers y résidant, et Charles Billault aussi Nre royal Angers résidant à Rablay, fut présent établi et soubmis René Renault maréchal demeurant au bourg de St Lambert du Lattay
    lequel a reconnu et confessé devoir et par ses présentes promet et s’oblige rendre payer et bailler d’huy en 2 mois prochains venant à Jeanne Cornu veufve Estienne Richard et à Jean Martin tissier mary de Jacquine Richard demeurant à Chemillé paroisse de Notre Dame et de Saint Gilles, absent, de nous Nre stipulant pour eux Pierre Richard fils de ladite Jeanne Cornu et beau-frère dudit Martin (il y a surement lieu d’ajouter une virgule ici, car ce qui suit ne semble pas qualifier ledit Martin, mais semble qualifier Pierre Richard. Dur, dur, de lire les actes au kilomètre, et de voir où mettre la ponctuation !!!) milicien pour la paroisse de St Lambert du Lattay à ce présent établis et soubmis la somme de 60 livres scavoir 30 L à ladite Jeanne Cornu veufve Richard et 30 livres audit Martin
    pour par ledit Renault demeurer déchargé de ladite somme de 60 livres qu’il a receue des garsons de ladite paroisse de St Lambert pour leur contribution pour la milice pour ledit Pierre Richard qui sont 30, a comptant et au payement de laquelle somme de 60 L dans ledit temps de 2 mois vers lesdits veufve Richard et Martin s’oblige ledit Renault ses hoirs biens etc
    reconnait en outre ledit Pierre Richard avoir auparavant ce jour receu dudit Renault la somme de 33 L qui fait avecq celle de 27 livres qu’il luy a lessé (laissé) entre les mains pour payer de la dépance (dépense) qu’il a fait et quelque debte qu’il doit, la somme de 60 livres, que ledit Renault a pareillement receu des garsons dudit St Lambert pour leur contribution pour la milice avecq pareille somme sy-dessus
    dont ledit Pierre Richard s’en est tenu à comptant et en quitte ledit Renault et en faisant par ledit René Renault le payement de ladite somme de 60 livres auxdits veufve Richard et audit Martin dans ledit temps de 2 mois a payé la dépance et debte que ledit Pierre Richard doit et qu’il luy a déclaré qui se monte à la somme de 27 livres, ledit Renault demeurera bien et dument quitte de la somme de 120 livres qu’il a receu des garsons (garçons) de ladite paroisse de St Lambert pour leur contribution de la milice qu’il devoit donner audit Pierre Richard qui s’en tient à comptant et en quitte ledit Renault renonçant etc,
    fait et passé audit Angers tabler de nous Avril l’un desdits notaires ledit jour et an, ledit Pierre Richard a déclaré ne scavoir signer de ce enquis.

    Voilà ! et, malgré tout le temps passé sur cet acte (qui ne ma concerne en rien) je n’ai toujours pas compris pourquoi diantre René Renault paye ainsi Pierre Richard. Une chose est certaine, parfois ces levées ont entraîné des tractations financières pas possibles…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714 (1684 fin)

    1684 : juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre, décembre

    Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 3 juin (1684) on receut icy la nouvelle de la mort de monsieur Jean Chauvel de la Boulaye, capitaine de cavalerie au régiment de … ; il se noya en passant une rivière en Catalogne commendant cinq cent hommes par l’ordre de monsieur le maréchal de Belfonds pour aller donner sur les Espagnols qui étaient de l’autre costé. Il était fils de feu monsieur Chauvel de la Boulaye procureur du Roy au présidial et de Delle Renée Grimaudet.
  • Le 6 (juin 1684) mourut monsieur l’abbé de Bonchamps, chanoine de St Maurice, âgé de 47 ans.
  • Le 14 (juin 1684) monsieur Huault de la Gauberdière advocat au présidial, fils de feu monsieur Huault marchand, et de madame Renou, épousa mademoiselle Verdon, fille de feu Sr Verdon bourgeois et de madame Janneau.
  • Le 15 (juin 1684) mourut subitement la femme de monsieur Guesdon notaire ; elle s’appelait …
  • Le mesme jour (15 juin 1684) mademoiselle Binet fille du Sr Binet, marchand cirier, épousa monsieur des Gallachères Blouin.
  • Le mesme jour (15 juin 1684) monsieur Angot, cy-devant orfèvre mourut subitement. Il a laissé deux filles, la première mariée à monsieur Bault de Vilnières, et l’autre à monsieur de Vigné chevalier seigneur de la Devançaye. Il avait épousé Delle Vaudelay.
  • Le mesme jour (15 juin 1684) le sieur Rozier se fit recevoir dans la charge d’huissier audiencier au présidial remplie cy-devant par le sieur Daumouche.
  • Le 23 (juin 1684) mourut la femme de feu monsieur Syette avocat au siège présidial, âgée de 65 ans. Elle s’appelait …
  • Le mesme jour (23 juin 1684) mourut monsieur Douaceau fils de feu Mr Douaceau fermier des forges de Bretagne pour le fer. Il avait épousé …
  • Le 25 d’avril dernier (1684) commença la mission du R. Père Honnoré de Canne, capucin. L’ouverture s’en fit par une procession générale de la cathédrale au Ronceray ; elle était composée de plusieurs autres capucins qui prêchaient en différents endroits dela ville. Le père Honnoré prêchait dans l’église de St Maurice deux fois le jour et le père Clément aussy capucin le matin à quatre heures l’un et l’autre de la manière la plus sainte et la plus pathétique ; un chacun à son tour a fait une retraite avec un grand progrès suivant son rang et sa considération pour se disposer à une confession générale et ensuite à une communion auquel jour il se faisait une procession de tous ceux qui avaient fait leurs dévotions un cierge à la main, les filles de basse condition commencèrent ensuite celle qui étaient plus remarquables et ainsy des autres, les écoliers à leur tour et puis les hôpitaux. Monsieur d’Angers y a paru infatiguable ; il s’y est fait des réconciliations et des restitutions surprenantes ; elle finit le 28 de ce mois par une procession générale de St Maurice aux Cordeliers.
  • Le 27 (juin 1684) monsieur Lefebvre de Laubrière conseiller au Parlement de Bretagne, fils de défunts monsieur de Laubrière Lefebvre aussy conseiller au Parlement de Bretagne et de madame Arondeau de Savary, épousa mademoiselle Lechat, fille de monsieur Lechat, aussi conseiller audit Parlement, et de Melle de la Bigotière de Perchambault. Il est âgé de 43 ans et la damoiselle de 18. On le dit riche de quinze mil livres de rente. On donne à la fille trente mil écus en mariage. (Je suis impressionnée par la fortune, je vous ferai aussi un billet sur ces notions. Mais la remarque de Toysonnier souligne la rareté et l’énormité de celle-ci)
  • En ce temps le Sr Camus commis greffier du présidial, fils du feu Sr Camus, commis aussy greffier et madame Gilbert, épousa la fille du feu sieur Palue de Boisnivet exempt de prévost de cette ville.
  • Le 29 (juin 1984) se firent les feux de joye pour la prise de la ville de Luxembourg assiégée et prise par monsieur le maréchal de Créqui.
  • Le 4 juillet (1684) monsieur Neveu, fils de monsieur Neveu, médecin, et de damoiselle Boullay épousa mademoiselle Dupont fille de monsieur Dupont avocat, lequel n’a jamais plaidé qu’une cause.
  • Le 6 (juillet 1684) monsieur de la Basinière Robin épousa mademoiselle …
  • Le 7 (juillet 1684) monsieur Jacques Maurice Goureau Sr de la Blanchardière, fils de monsieur Goureau conseiller honoraire au siège présidial et de défunte Melle Avril, fut installé en la charge de conseiller au mesme siège qu’occupait François Goureau son frère, qui s’en est démis en sa faveur.
  • Le mesme jour (7 juillet 1684) mourut la femme de deffunt monsieur du Cetre Drouet avocat au siège présidial.
  • Le mesme jour (7 juillet 1684) mourut monsieur Allard droguiste mari de défunte madame Richard. Il était fils de défunt monsieur Allard droguiste et de mademoiselle Phelipeau.
  • Le 9 (juillet 1684) comme la charité est fort ingénueuse, il fut publié aux prônes des grandes messes que les bourgeois artisans et autres qui seraient menacés par saisie de leurs meubles pour leurs loyers et debtes, eussent à les porter dans la maison des Dames de la Providence, et qu’on leur prêterait la somme sans intérêts, à la charge de les retirer dans six mois et à faute de ce, qu’ils seraient vendus, que ceux qui voudraient se servir de ce moyen pour se libérer auraient une attestation de leur curé de leurs bonne conduite vie et mœurs et de leurs nécessités. (Mont de Piété : Par acte du 17 juin 1684, l’évêque Henri Arnauld donna 4 000 livres à la maison des Pénitentes d’Angers en chargeant les directeurs d’administrer un Mont de Piété, qu’il réglementa le 1er juillet suivant et dont le service commenca le 12. A une date incertaine, le Bureau s’est transporté dans le local qu’il occupe encore, la Cour des Tourelles (Dict. Maine et Loire, C. Port))
  • Le 16 (juillet 1684) monsieur Duménil, fils de monsieur Duménil cy-devant avocat du Roy et de défunte madame des Roches Gurie épousa mademoiselle de la Douve du Cormier ; elle a une sœur qui a épousé Mr de la Hamardière Neveu.
  • Le 19 (juillet 1684) mourut monsieur de la Barre prêtre chanoine en l’église d’Angers, maître Escole et chancelier de l’Université. Il a résigné sa chanoinie à Mr Frein son neveu et son bénéfice de maître Eschole à Mr Babin docteur en théologie, fils de Mr Babin avocat.
  • Le 21 mourut la femme de monsieur Charault Ernault sieur de Vaufoulon gentilhomme ; elle était sa cousine germaine âgée de 32 ans ; elle s’appelait de Jonchères Thomas, fille de feus Mr de Jonchères Thomas avocat et de damoiselle Hunault.
  • Le 31 (juillet 1684) monsieur Marin Boylesve, fils de feu monsieur Boylesve seigneur de la Maurousière maître d’hôtel du Roy et de madame… fille de feu Mr le président Lanier de St Lambert, se fit installer en la charge de second président au siège présidial que remplissait cy-devant monsieur Louis Boylesve père de monsieur le lieutenant génétal d’à présent. Il se mit d’abord en la place de président après lecture de ses lettres de provision et de l’arrest de réception, monsieur Leclerc assesseur qui l’installa, lui donna les placets et on plaida. Mrs le président Gohin et Boylesve lieutenant général étaient lors à Paris. Mr Boisourdy parla bien à la louange de ses ancêtres.
  • Le 3 aoust (1684) mourut la femme de feu monsieur du Breil Bernard, greffier en chef au présidial. Ils ont laissé trois garçons et deux filles, monsieur Bernard conseiller honoraire au présidial, monsieur Bernard président en l’élection, monsieur Bernard de Boismarest, monsieur de Grée Poulain conseiller au présidial avait épouse une fille en 1er mariage. Elle s’apellait Jarry, âgée de 75 ans ; elle fut enterrée le lendemain en l’église des Pères Cordeliers. L’autre fille a épousé Mr Lefebvre de Champboureau auditeur des Comptes à Nantes.
  • Le 21 (août 1684) monsieur Jacques Goureau conseiller au siège présidial fils de monsieur Goureau conseiller honoraire au mesme présidial et de feue madame Eveillard épousa mademoiselle du Lavoy Grandet, fille de feu Mr Grandet lieutenant en la maréchaussée de cette ville et de damoiselle Françoise Cormier.
  • Le 24 (août 1684) mourut monsieur de la Porte, eslu en l’élection de cette ville. Il a épousé Melle Hameau du Marais et a laissé un garçon et une fille.
  • Le 25 (août 1684) monsieur des Barres de la Durandière, gentilhomme, fut condamné d’estre décapité, accusé et convaincu de vols de gands chemins et homicides ; et le même jour fut exécuté et son valet pendu. Il était âgé de 38 ans. (Note de Marc Saché : La maison de la Durantière appartenait au Craonnais. Le gentilhomme, devenu bandit de grands chemins, dont parle Toisonnier, était sans doute le fils de René de la Durantière, seigneur des Hautes Barres, en la paroisse Saint Aignan, et de Renée Baudouin, fille de feu Bertrand D., Sr de la Piverdière – Arch. Dép. de Maine et Loire, E2373)
  • Le 10 septembre (1684) mourut monsieur Martinet marchand de draps de laine.
  • Le 30 (septembre 1684) mourut monsieur Lefebvre de la Feronnière conseiller au Parlement de Bretagne, âgé de 45 ans. Il est mort hydropique. Il avait épousé madame Ménardeau. Il a laissé deux filles, l’aînée à épousé monsieur de la Roche Savonière de la Bretesche, lieutenant des gardes du corps du Roy.
  • Le 10 octobre (1684) monsieur Gueniveau de Forges âgé de 63 ans, veuf de mademoiselle Valtère, épousa mademoiselle Chauvin, âgée de 28 ans, fille de monsieur Chauvin avocat et de feu demoiselle …
  • On a recueilli fort peu de vin cette année (1684), une grande partie des vignes ayant gelé par la rigueur de l’hyver passé.
  • Le 6 novembre (1684) se fit l’ouverture du palais ; tous les conseillers montèrent en robes rouges. Ils ont obtenu un arrest du Conseil qui leur en donne le privilège en considération de la fidélité de la ville au Roy.
  • Le 7 (novembre 1684) il neigea si abondamment que la terre fut couverte de la hauteur de deux pieds ; les plus avancés en âge disent ne l’avoir jamais remarqué dans une saison si peu avancée.
  • Le 9 (novembre 1684) mourut le sieur Richard, huissier audiencier au présidial de cette ville.
  • Dans ce mesme temps (novembre 1684) mourut mademoiselle Guèdes ; elle avait épousé le feu Sr Guèdes praticien ; elle s’appelait Chaussée, âgée de 55 ans.
  • Le 10 (novembre 1684) mademoiselle Lezineau fille de monsieur Lezineau, avocat, cy-devant maire de ville et prestre depuis quelques années, et de demoiselle de Launay, épousa monsieur de la Chesnaye baron du Puy-Morin.
  • Le 11 (novembre 1684) le chevalier de Maillé de la Tour Landry épousa madame de Biragues.
  • Le mesme jour (11 novembre 1684) mourut monsieur du Tremblay Frein bourgeois, âgé de 70 ans. Il avait épousé feue mademoiselle Anne Gaudicher. Il a laissé plusieurs filles, la première a épousé monsieur Sauroët de Pommerieux, gentilhomme, la 2e monsieur Bouteiller de la Pinardière, et un fils qui a épousé mademoiselle Ménage.
  • Le 15 (novembre 1984) mourut la femme de Mr Aubert cy-devant marchand, âgée de 43 ans ; elle n’a point laissé d’enfants ; elle s’appelait Cordon.
  • Le même jour (15 novembre 1684) mourut monsieur Boisourdy, prestre curé de St Aubin de Luigné.
  • Le 20 (novembre 1684) mourut Mr Dupin, prêtre curé de Sorges, âgé de 78 ans.
  • Le 27 (novembre 1684) mourut Mr Oger prêtre chapelain de St Michel du Tertre âgé de 63 ans.
  • Le 28 (novembre 1684) mademoiselle Hiron, fille de feu Mr Hyron bourgeois et de Françoise Landevy épousa monsieur Demur, Sr de Blandouët, gentilhomme veuf de …
  • Le 29 (novembre 1684) le sieur Goirant, valet de chambre chez Monsieur, épousa mademoiselle Davy, fille du feu sieur Davy, notaire en cette ville, et de madame Garnier.
  • Le 6 décembre (1684) Joachim de Chenédé, escuier, fils de monsieur Joachim de Chenédé conseiller honoraire au siège présidial de cette ville, eslu et procureur de sa majesté en l’élection de Paris, et de dame Louise Aveline, épousa madame Marguerite Lefebvre, fille de monsieur Lefebvre de la Guyberdrie, gentilhomme ordinaire chez le Roy et de dame Marguerite Foussiser ; elle est veuve de messire René d’Eliand vivant chevalier seigneur d’Ampoigné, duquel premier mariage il y a eu six enfants dont il en reste quatre, trois garçons et une fille ; elle est âgée de 38 ans. Feu son père avait épousé trois femmes ; de la première qui s’appelait madame de Pécherat, il en eut une fille qui épousé feu monsieur Ayrault lieutenant criminel ; de la seconde du nom de Foussier ladite dame de Chenédé, et de la troisième qui s’appelait Guédier, il a eu un garçon et trois filles, dont l’aînée a épousé monsieur Boisard Sr de Marolte, gentilhomme servant. Le susdit mariage s’est fait malgré les père et mère dudit Sr de Chenédé ; l’un et l’autre me font la grâce de m’aimer parfaitement. (Note de Marc Saché : René Joachim de Chénedé, fils de Joachim de C., sieur de la Plaine, procureur du roi en l’élection de Paris, et de Louise Aveline, épousa, le 6 décembre 1684, Marguerite Lefebvre, veuve de René d’Héliand, écuyer, seigneur d’Ampoigné, et fille de n.h. Claude Lefebvre, écuyer, sieur de la Guiberderie, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, et de Marguerite Foussier, sa seconde femme. – Il était né le 1er octobre 1654 à Angers. Après le décès de Marguerite Lefebvre, inhumée le 4 août 1689, il se remaria le 22 aout 1695 avec Anne Menoust, veuve de René Avril de Louzil, conseiller au Présidial d’Angers. (B.M. Angers ms. 1205 (1002) vol. 1, p.416 ; état civil de la paroisse de Charcé ; Gontard de Launay, Généalogie des familles des maires d’Angers, t4. p 7 ; Toisonnier à la date du 8 février 1684)
  • Le 18 (décembre 1684), monsieur Babin, prêtre, docteur en théologie, fut installé dans la place de maître Ecole et chancelier de l’Universite qui luy avait résigné feu Mr l’abbé de la Barre.
  • Le mesme jour (18 décembre 1684), monsieur de Varenne Gode, prêtre chanoine en l’église cathédrale fut installé dans le bénéfice d’archidiacre que possédait cy-devant monsieur Artaud.
  • Le 25 (décembre 1684) monsieur Rodais épousa la fille aînée de monsieur Rouillier, fermier des postes d’Anjou et autres lieux.
  • Le 30 mourut Mr François de l’Eperonnière seigneur de la Roche-Bardou, cy-devant lieutenant de la Vennerie du Roy. Son fils aîné est receu en survivance
  • .

  • Le mesme jour (30 décembre 1684) mourut monsieur Foussier de la Cassinerie, âgé de 78 ans, marchand de bled en gros. Il a laissé plusieurs enfants, monsieur de la Cassinerie Foussier conseiller honoraire au siège présidial qui a épousé madame Fardeau, monsieur du Plessis Moreau conseiller audit siège a épousé une fille feu monsieur Ménage avocat du Roy, une autre.
  • Le mesme jour mourut madame de Montrieu, âgée de 80 ans.
  • En cette année, l’église des R. Pères Cordeliers a esté pavée comme elle se voit.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Contrat de mariage Vernault, Macquin, Rablay (49), 1724

    encore un habit de deuil, et cette fois un trousseau détaillé

    Ce contrat fait suite à celui paru dans mon billet du 22 mars. Il est encore à Rablay, pays de vin d’Anjou des coteaux du Layon, mais cette fois leur fortune est 3 fois plus importante que celle des précédents. D’ailleurs, et cela va sans doute de pair, ils savent signer.
    Jean Vernault, ci-dessous le futur, est tailleur d’habits, et dans le contrat de mariage du 22 mars, il s’agissait d’un métayer. Or, un métayer est fortement imposé dans les rôles de taille, ce qui signifie que cet impôt n’a rien à voir avec les biens propres, mais avec les revenus de la terre. Or, un métayer n’est pas propriétaire de la métairie, du moins en Haut-Anjou, seulement colon à moitié, et il possède peu de biens propres, et vit dans un intérieur chiche.
    Le trousseau n’est pas toujours détaillé, en particulier en Haut-Anjou, où je l’ai toujours rencontré mentionné mais non détaillé. Il est toujours payé par les parents de la future, et cela n’était pas rien que de marier une fille, aussi on comprend que les filles suivantes étaient souvent réduites au couvent, moins onéreux pour les parents.
    Enfin, j’ai été à la ligne lorsqu’on change de sujet dans l’acte, pour que vous puissiez mieux saisir. Mais, comme vous le savez maintenent, les contrats et autres actes notariés, sont écrits au kilomètre, sans alinéa, sans ponctuation.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Voici la retranscription de l’acte : Le 12 janvier 1724 avant midi, par devant nous Charles Billault Nre royal Angers résidant à Rablay furent présents établis et soubmis honorable homme Louis Macquin Md et Etiennette Lucas sa femme de luy autorisée … et Marie Macquin leur fille, Dt au village de Pierre Lye à St Lambert du Lattay, et honorable homme Jean Vernault Md fils de defunts François Vernault et de Jeanne Bernier, Dt au bourg de Rablay,
    entre lesquelles parties a été fait les traités et conventions de mariage qui suivent c’est à savoir que lesdits Jean Vernault et Marie Macquin savoir ledit Vernault du consentement de Julien et François les Vernault ses frères, ladite Marie Macquin du consentement de ces père et mère (je frappe toujours avec l’orthographe originale, ce qui est la règle lorsqu’on retranscrit un texte original. Ainsi, je passe aux yeux de certains lecteurs pour ne pas connaître l’orthographe. Je les laisse à leurs jugements stupides. La retranscription est un acte difficile, dans lequel on utilise souvent la phonétique mentale pour comprendre. Ici ces pour ses, bien entendu,maison doit respecter les textes anciens) se sont mutuellement promis la foy de mariage et iceluy solemniser en face d’église si tôt que l’un en sera par l’autre requis, tout légitime empêchement cessant,
    auquel mariage entreront lesdits futurs conjoints avec tous et chacuns leurs droits …
    et ledit futur a déclaré avoir d’effets mobiliers tant en meubles argent que marchandise la somme de 1 000 L qu’il a gagné par son commerce, de laquelle somme il entrera en communaulté celle de 100 L et le surplus montant 900 L tiendra nature de propre audit futur de son côté et lignée et à tous effets,
    et ledit Louis Macquin et Etienne Lucas sa femme chacun d’eux un seul et pour le tout sans division, ont promis et par ces présentes promettent et s’obligent donner à ladite future leur fille en avancement de droit successif dans le jour de la bénédiction nuptialle un quartier de vigne ou environ situé au lieu appelé les Manières à St Lambert du Lattay, joignant d’un côté la vigne du Sr Dupas d’autre côté la vigne des héritiers Richomme, plus trois quartrons de vigne ou environ situés au lieu appelé les Notilles près le village de Pierrebise joignant d’un côté la vigne d’Etienne Haudet d’autre côté la vigne de Pierre Lucas, plus six boisellées de terre appelée le champ du Chesne et un quartier de pré près le bourg audit lieu, le tout paroisse St Lambert, joignant d’un côté la terre de René Mutault et ledit pré joignant d’un côté le chemin dudit village de Pierre Bize à Rochefort, d’autre côté le pré d’Etienne Godiveau, se réservent lesdits Sr Macquin et femme le bled qui a été ensemencé dans ladite terre, qu’ils recueilleront à la récolte prochaine, plus une tierce de vigne ou environ située paroisse de Faye, joignant d’un côté la vigne de François Challoneau d’autre côté la vigne de la veuve Lecocq, pour par lesdits futurs en user en bon père de famille sans rien …
    et jouiront desdites vignes et terres estimées à 300 L,
    s’obligent lesdits Macquin et femme donner à ladite future leur fille savoir dans ledit jour de la bénédiction nuptiale un charlit de bois de pommier, un coffre de bois de chêne, 4 draps de toile mélée de 7 aunes le couple, une couette, un traverslit, 6 serviettes, 3 nappes, 4 brebis, le tout valant 65 L, et 2 septiers de bled, savoir un de froment et un de seigle mesure de Brissac dans le jour et fête de l’Angevine prochaine, estimés à 30 L, et la somme de 100 L en argent d’huy en un an prochain. (les animaux et les céréales font partie du trousseau car ils sont des effets mobiliaires ou meubles. En Normandie, je trouve ici : une vache pleine ou le veau après elle)
    Desquelles sommes il en entrera en communaulté celle de 100 L qui sera acquise entre lesdites parties dans ledit jour de la bénédiction nuptialle suivant notre coutume et le surplus montant 395 L tiendra de propre à la future de son côté et lignée… ensemble ses linges bagues et joyaux et autres servant à son usage, et les dettes seront pendant ladite communauté acquittées par ledit futur nonobstant que la future y fut obligée …
    et les dettes qui seront crées auparavant icelle seront acquittées par celui ou celle qui les auront créées sans qu’elles puissent entrer en ladite communauté,
    et au cas qu’il soit vendu ou aliéné des biens propres des futurs, ils en seront récompensés sur les biens de ladite communauté par préférence au cas qu’ils y puissent suffire et à défaut sur les biens propres dudit futur
    et les successions tant directes que collatéralles qui échoueront auxdits futurs tiendront nature de propre à celui ou celle à qui elles échoueront sans qu’elles puissent entrer en ladite communauté,
    et a ledit futur assigné et assigne par ces présentes douaire coutumier à ladite future sur tous et chacuns ses biens présents et futurs le cas advenant
    et aura un habit de deuil selon sa condition survivant ledit futur,
    ce qui a été ainsi voulu consenti stipulé et accepté, …
    fait et passé au village de Pierrebise demeure dudit Macquin à St Lambert du Lattay, en présence de Jean Lucas, Md , Dt à St Aubin de Luigné, oncle de ladite future, Louis et Pierre Macquin ses frères, René Lucas vigneron Dt à St Lambert, aussi oncle de la future, Me Pierre Macquin prêtre vicaire de Rablay y demeurant, et Pascal Macquin praticien Dt à Angers ses cousins. Signé J. Vernault, L. Macquin, Vernault, Louis Macquin, Pierre Macquin, F. Vernault, Lucas, Lucas, Macquin, Marie Macquin, Marie Tiennette Lucas, Macquin prêtre, Billault Nre
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    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714 (1684 début)

    1684 : janvier, février, mars, avril, mai

    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 6e (janvier 1684) on fit des feux de joie pour la naissance de Monseigneur le duc d’Anjou. Le Te Deum fut chanté en musique à la cathédrale, toutes les compagnies assemblées, le canon tira en la manière ordinaire. Il y eut des illuminations à toutes les fenêtres, des feux d’artifices sur les 8 heures du soir, on fit couler trois busses de vin, tous les habitants se mirent sour les armes. Monsieur de Neufville Poisson, cy-devant maire de cette ville marchait à la teste de toutes les compagnies.
  • J’ay oublié de remarquer qu’il a esté arresté par une conclution que les maires logeraient à l’avenir à l’hostel de ville pendant leur mairat. Monsieur Charlot, à présent maire, a commencé à la St Jean dernière.
  • Le 20 (janvier 1684) mourut madame Allard, femme de monsieur Allard, droguiste, fils de feu Mr Allard Auny, marchand droguiste et de Françoise Phelipeau ; elle s’apellait Richard ; elle s’était frappée à la teste ; elle fut trépanée ; huit jours après elle mourut.
  • Le 3 février (1684) mourut mademoiselle de la Ferranderie Panetier, veuve de feu Mr Panetier, vivant advocat, âgée de 70 ans ; elle s’appellait Lézine Barillier. Elle a laissé quatre enfants, un chanoine à St Maurille, un autre qui est greffier en chef du présidial marié à Mlle Neveu fille de monsieur Neveu docteur en médecine, une fille religieuse à Fontevrault, une autre mariée et veuve de Mr Galard conseiller à la prévosté, et un autre garçon, décédé à Paris.
  • Le 5 (février 1684) mourut monsieur Boylesve docteur de Sorbonne, religieux bénédictin non réformé et aumonier de St Aubin, âgé de 72 ans ; c’était un personnage d’un grand génie. Il était frère de feu Mr Boylesve de Goismard ; il a laissé plusieurs autres frères.
  • Le 8 (février 1684) monsieur de Chenédé de la Plenne fut receu dans la charge de premier valet de chambre de madame la Dauphine. Il est fils de monsieur de Chenédé conseiller honoraire au présidial et à présent procureur et avocat du Roy de l’élection de Paris, et de dame Louise Aveline. C’est un de mes meilleurs amis.
  • Ce même jour (8 février 1684) mourut Mr Guilbault de la Bogatrie mary de damoisselle Chauvin. Il est mort après avoir dissipé tout son bien.
  • Le 15 (février 1684) mourut monsieur Robert sieur de Rouzée, avocat au siège présidial et commissaire des saisies réelles. Il est mort des gouttes. Il avait épousé mademoiselle Bellière de la Roche, fille de monsieur Bellière de la Roche bourgeois. Il était âgé de 45 ans.
  • Le mesme jour (15 février 1684) Mr des Grois Cossé, fils de feu Mr des Grois Cossé, bourgeois, épousa Melle la Garanne.
  • Le mesme jour (15 février 1684) monsieur Dupart, gentilhomme de Gascogne, épousé Mlle de Villemorge de Millière, fille de feu Mr de Villemorge et de …
  • Le mesme jour (15 février 1684) mourut mademoiselle de Chantdepie Leroyer, veuve de monsieur de Chandepie Leroyer, lieutenant en l’élection de cette ville. Elle s’apellait mademoiselle du Mons ; elle était âgée de 72 ans.
  • Le 16 (février 1684) mourut monsieur Romain prestre curé de Veaux, âgé de 38 ans, fils de deffunt monsieur Romain avocat au siège présidial de cette ville et de Mlle Marguerite Joubert de la Vacherie. Il a été enterré à St Mainboeuf.
  • L’hyver a été extrêmement rude cette année ; le froid a duré pendant sept semaines avec la dernière violence jusques là que les gens fort avancés en âge ont avoué que depuis 1607 il ne s’en était pas ressenti un plus pressant ; les rivières et les estangs ont glacé d’une épaisseur extraordinaire, ce qui a obligé monsieur l’évesque d’Angers, à cause de la disette du poisson et des légumes, de permettre de manger des oeufs pendant le caresme jusques au jour des Rameaux exclusivement.
  • Le 18 (février 1684) quatre arches des Ponts de Cé tombèrent par la grande quantité des glaces.
  • En 1683, le chœur et la nef de l’église des Cordeliers a été boisée de la manière qu’elle se voit.
  • Le 21 (février 1684) mourut madame Pousse, femme de Mr Pousse Me chirurgien âgée de 40 ans ; elle était fille de Mr la Barre, Me chirurgien. Elle a laissé plusieurs petits enfants ; sa mère s’apellait Mlle Lecourt.
  • Le 22 (février 1684) les glaces jointes à la grosseur des eaux emportèrent une longueur des Ponts de Cé, avec deux moulins.
  • Le 22 (février 1684) Il y a quelques mois que monsieur de Varennes Gode, capitaine aux gardes, se promenant dans les jardins de l’Arsenal de Paris, entendit les cris d’une damoiselle apellée de Bragelonne, qu’un nommé monsieur Potel, fils de monsieur Potel Me des requestes, insultait de paroles, et voulait faire sottises, fut à son secours, entra obligeament dans ses intérests et repris avec hauteur ce jeune homme, lequel se sentant sensiblement touché du procédé du sieur de Varennes Gode, et se voyant traversé dans ses desseins, le prit d’une main à la cravatte et de l’autre, armé de son épée, en voulut tirer raison sur le champ. Le sieur de Varennes se mit en défenses, perça son ennemy et le renversa par terre mort. Il obtint des lettres de rémission du prince, pour l’enterrinement desquelles il se mit prisonnier. Il a été longtemps retenu par l’authorité de ses adverses parties et leur fortune, enfin le Roy fit un jour en soupirant, si l’affaire de Varennes ne finirait pas bientôt qu’on devait penser qu’il en avait affaire ; cela avança le jugement. Il a été condamné à 3 000 livres de réparation, à 3 000 livres d’aumone et à tous les dépens du procès solidairement avec la damoiselle de Bragelonne. On prétend que cette demoiselle avait tendu ce piège au sieur de Varennes et qu’elle le voulait sacrifier. Le Roy, en faveur de cette affaire, fit un édit avant qu’elle fut finie, par lequel il est porté que les juges entérineront les lettres de rémission sans examiner si les informations y sont conformes. Cet arrest a été rendu le 22 de ce mois. Il a épousé mademoiselle Le Clerc de Sautray, fille de monsieur Le Clerc de Sautray et de …
  • Le 28 (février 1684) mourut monsieur Daumouche huissier audiencier au présidial de cette ville.
  • Le premier jour de mars (1684) mourut madame de Royé religieuse de la Fidélité, fille de feu Mr Deroyé et de …
  • Le 2 (mars 1684) mourut madame Horeau, femme de Mr Horeau marchand de dantelles, âgée de 60 ans. Elle s’apellait…
  • Le 4 (mars 1684) mourut mademoiselle Courault de Pretiat femme de feu Mr Courault de Pretiat, fermier de campagne. Elle s’appellait Lefebvre, âgée de 80 ans ; elle a un fils chanoine à St Maurice, un autre marié à mademoiselle Reimbault de la Foucherie et une fille mariée à feu Mr Dartois dont il y a un fils prestre et une fille.
  • Le 10 (mars 1684) mourut Mr Caternault notaire royal en cette ville. Il avait épousé feue madame Perrouin. Il a laissé quatre garçons et une fille ; l’aisné a été Père de l’Oratoire, ensuite curé d’Escouflant puis curé de Cheviré le Rouge et est à présent curé du Lyon d’Angers ; sa fille a épousé depuis deux ans monsieur Nicolon Sr de Chanzé, cy-devant veuf de mademoiselle … duquel mariage il y a des enfants.
  • Le 22 (mars 1684) s’est fait l’ouverture du jubilé accordé par la pape Innocent XI en action de grâce de l’heureux succès des armes de l’Empereur contre le Turc. Le Roy de Pologne vint à son secours qui déffit cette armée infidèle composée de cent mil hommes et les obligea de lever le siège devant Vienne capitale de l’Empire. Monsieur l’évesque d’Angers célébra pontificallement la messe en l’église de St Aubin. Toutes les communautés y marchèrent.
  • Le 25 (mars 1684) monsieur Paul Toysonnier sieur de Villeneuve, mon frère, célébra sa première messe en l’église de St Michel du Tertre. Il avait été ordonné prestre le 18 du mesme mois par monsieur Arnaud évesque d’Angers.
  • Le 28 mourut le sieur Defaye procureur au palais des marchands, âgé de 38 ans, fils du Sr Defaye, huissier audiencier au siège présidial de cette ville. Il a laissé plusieurs petits enfants.
  • Le 1er avril (1684) mourut madame Peignier boullangère, veuve de Mr Peignier boullanger, âgée de 58 ans. Elle s’apellait Chauvin ; elle a laissé deux enfants. Elle fut enterrée le lendemain en le cimetière de St Michel du Tertre.
  • Le 4 (avril 1684) mourut madame Brehier femme du sieur Brehier commis au greffe du présidial de cette ville. Elle mourut demie heure après estre accouchée, âgée de 28 ans ; elle a laissé deux petits enfants. Elle s’apellait Marie Rontard fille de feu Me Rontard Me apothicaire en cette ville.
  • Le 15 (avril 1684) mourut mademoiselle Chevais, femme de Mr Chevais de la Benaudière, bourgeois de cette ville. Elle s’apellait Melle Bienvenu de la Béchalière, fille de feu Mr Bienvenu de la Béchalière et de dlle … Elle est morte en couches ; elle a laissé 3 petits enfants. Elle était âgée de 36 ans.
  • Le mesme jour (15 avril 1684) monsieur de Villeneuve du Caseau gentilhomme, fils de monsieur de Villeneuve du Caseau et de mademoiselle de l’Estoile, épousa mademoiselle Carron.
  • Le 20 (avril 1684), le nommé Bompas Me cordonnier de cette ville se pendit en sa maison de désespoir. Il fut condamné le lendemain par sentence du juge de la prévost à estre traisné sur la claye par les rues de la ville et d’estre pendu par les pieds. Il y a eu appel de cette sentence à la requeste de monsieur le procureur du Roy de la prévosté.
  • Le 22 (avril 1684) monsieur Margaritteau de la Morinière, fils de monsieur Margaritteau de la Morinière, marchand de soye et de Delle Avril, fut installé au siège de l’élection en la charge d’assesseur de l’élection qu’occupait cy-devant Mr du Planty Frein.
  • Le 23 (avril 1684) mourut monsieur Chatelain, droguiste. Il a laissé plusieurs enfants ; une fille a épousé Mr Gandon cy-devant lieutenant aux eaux et forests.
  • Le mesme jour (23 avril 1684) mourut madame de Linière femme de monsieur de Linière cy-devant marchand de draps de laines dont le commerce a cessé depuis quelques années par suite de sa mauvaise conduite. Elle s’appelait Allard ; c’était une femme d’une vertueuse patience.
  • Le 26 (avril 1684) monsieur Poilpré, fils de défunt monsieur Poilpré et de Delle Bachelot épouse Melle Musard, fille de monsieur Musard secrétaire de monsieur l’évesque d’Angers et de madame la Porte.
  • Le mesme jour (26 avril 1684) mourut madame Trouillet âgée de 63 ans, femme de monsieur Trouillet conseiller honoraire au siège présidial de cette ville ; c’était une femme d’une vertu consommée ; elle était d’une grande taille et du bon air ; elle s’appellait Héard, fille de défunt monsieur Héard.
  • Le 27 (avril 1684) mourut monsieur de Lizières Margariteau, avocat au présidial de cette ville, d’apoplexie. On remarque que ses père et grand-père en sont morts. Le lendemain, il fut enterré dans l’église de St Pierre ; il était âgé de 53 ans. Il était de la ville de Montfaucon ; il a laissé 13 enfants et de grands biens ; sa femme est du Poitou, elle s’appelle Garciau.
  • Le mesme jour (27 avril 1684), monsieur Binet fils du sieur Binet marchand cirier, épousa la fille du sieur Lemaître marchand en gros et de Mademoiselle Baillif.
  • Le 4e jour de may (1684), messieurs de la Pinardière Bouteiller, fils de défunts monsieur de la Pinardière Bouteiller bourgeois et de Delle Doublard, et Berthelot marchand en détail et en magazin, furent esleus eschevins.
  • Le 4e (mai 1684) mourut monsieur Jean Toysonnier greffier à la prévosté de cette ville. Il est mort d’une maladie de langueur, âgé de 58 ans ; il n’a point laissé d’enfants. Il avait épousé Marie de Fontenelles Goupil. Il était frère de feu mon père.
  • Le 6 (mai 1684) fut lu et enregistré à l’audience du présidial l’édit du Roy portant que les officiers ne seront plus en robe boutonnée et ne seront couverts que d’habits modestes et ne porterons que des collets.
  • Le 8 (mai 1684) mourut madame Quin teinturière femme de monsieur Quin. Elle a laissé deux enfants ; elle est morte en couches, âgée de 28 ans ; elle s’appelait Cottereau.
  • Dans le mois d’avril passé (1684), monsieur du Bois de Maquilly gentilhomme épousa mademoiselle Sybille de la Buronière.
  • Dans le mesme temps (avril 1684) monsieur Gaudelière gentilhomme épousa mademoiselle La Musse.
  • Le 8 (mai 1684) mourut madame Caternault femme de monsieur Houssin. Elle était âgée de 32 ans ; elle est morte en couches.
  • Le 10 (mai 1684) mourut monsieur Subleau secrétaire du Roy, à sa terre de la Mauvoisinière, fils de feu Mr Subleau sergent proclamateur. Il a laissé à un seul enfant quarante mil livres de rente ; il avait fait cette grande fortune dans la charge de trésorier de la marine. Il est mort secrétaire du Roy ; il avait épousé Melle Séjourné. (nota en marge : Il n’est mort que le 4 juillet)
  • Le 17 (mai 1684) mourut monsieur Misaudeau secrétaire de Mr Louis Boyslesve lieutenant général.
  • Le 18 (mai 1684) mourut le sieur Girard bedault de Saint Maurice. Il a laissé un enfant et sa femme grosse, qui s’appelle Anne Belot fille du feu Sr Belot marchand de soye et de Marguerite Barbier.
  • Le 22 (mai 1684) mourut la femme du Sr Chouteau praticien secrétaire de monsieur de Crespy, procureur du Roy au présidial, âgée de 29 ans ; elle était grosse de quatre mois, on l’ouvrit, l’enfant était mort. On dit qu’elle était tombée de cheval depuis six semaines. Elle a laissé quatre petits enfants ; elle s’appelait Constance Rigault, fille du Sr Rigault hoste à Azé/Cré sur le chemin de Château-Gontier.
  • Le 23 (mai 1684) mourut la femme de feu Mr Thomas de Jonchère avocat au présidial procureur de l’hôtel de ville. Elle s’appelait Melle Hunault de Marsillé.
  • Le 24 (mai 1684) mourut monsieur de Marsillé Hunault cy-devant conseiller au présidial âgé de 63 ans. Il était fort gouteux ; voulant s’efforcer de marcher, il tomba dans un puits. Sa femme s’appelle Melle Bilard du Lyon d’Angers ; il a laissé trois enfants ; il était frère de Melle du Jonchère Thomas.
  • Le 25 (mai 1684) mourut subitement madame Chartier hôtesse du Pigeon.
  • Le 26 (mai 1684) mourut le sieur Perron tanneur. Il avait épousé la fille du feu Sr Dupré hoste de St Jean, faubourg St Michel.
  • Le 29 (mai 1684) monsieur Brouard plaida sa première cause
  • Le 30 (mai 1684) mourut la femme de defunt Mr Valtère, avocat au siège présidial de cette ville ; elle s’appelait Cécile Ménard
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930
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