Suisse d’église, ou bedeau

Le billet du 26 février Prison pour femmes, mettait un bedeau en scène.

Le bedeau réapparaîtra demain dans un chapitre de Nantes la Brume, sous le vocable de Suisse :

Le Suisse, bariolé d’or et de rouge comme un polichinelle du jour de l’an, précédait de sa pertuisane les choristes et les prêtres chamarrés de chasubles éclatantes.

Voici la pertuisane, selon le Littré, Dict. de la langue française, (1877)

La pertuisane est une ancienne arme d’hast, dont le fer présente une pointe à la partie supérieure, et, sur les côtés, des pointes, des crocs, des croissants. Avant l’ordonnance de 1670, qui ordonna l’usage de la pique, chaque compagnie d’infanterie avait quelques soldats armés de pertuisanes, pour arrêter les efforts de la cavalerie. La pertuisane diffère de la hallebarde, en ce que le fer de la pertuisane est long de dix-huit à dix-neuf pouces, tandis que celui de la hallebarde a neuf à dix pouces, Ordonn. de 1689 (sur la marine), XVII, titre 3.

Ces armes sont étudiées en détails et vues sur ce site. Vous y verrez aussi l’esperon, petit cousin de la pertuisane, et les deux illustrations sont avec un gland de passementerie qui illustrerait bien le Suisse.

Suisse : Nom donné au domestique à qui est confiée la garde de la porte d’une maison, parce qu’autrefois ce domestique était pris ordinairement parmi les Suisses. Il m’avait fait venir d’Amiens pour être Suisse (Racine). — On dit maintenant, portier ou concierge. – Nom donné aux soldats de la nation suisse qui servaient en corps dans les armées étrangères.


(Dic. Enc. Larousse, 1933)

Suisse d’une église : celui qui, vêtu d’un uniforme spécial, coiffé d’un bicorne, armé de la hallebarde et de l’épée, est chargé de la garde d’une église et qui précède le clergé dans les processions, etc.


A gauche, tel que le voyait l’Encyclopédie Quillet en 1938, à droite celle de Larousse en 1933 : Larousse penche pour la hallebarde, et Quillet pour la pertuisane.

    Proverbe : Point d’argent, point de suisse, par allusion aux Suisses qu’on louait comme soldats mercenaires ou comme domestiques.

Huit Cent-Suisses, compagnie de Suisses qui veilla à la sureté personnelle des rois de France de 1496 à 1792.

Gardes suisses, soldats de la garde du pape.

Le Suisse d’église existait encore dans les années 50 à Nantes, et fut sans doute supprimé lorsqu’on institua une seule classe pour tous les services religieux. Il semble avoir été tenu par des retraités, comme l’atteste celui de Saint Jacques de Nantes, en 1937, avec pommeau (il me semble que c’est le nom de cette espèce de canne) et épée, mais sans hallebarde ou pertuisane. Cela avait fière allure à la sortie des mariages. Toute la génération née avant 1950 s’en souvient et vous ?


église Saint-Jacques de Nantes, 1936

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