Les 16 boulangeries de Vertais et Pirmil en Saint Sébastien près Nantes en 1710

En 1710 Vertais et Pirmil, qui sont pratiquement le faubourg sud de Nantes, ne relèvent pas de Nantes, mais de Saint Sébastien d’Aigne.

Comme je vous l’ai déjà raconté ces temps derniers, ce faubourg de chaque côté du pont de Pirmil, était faubourg artisanal à la population dense.

Si dense qu’on trouvait 18 boulangeries en 1710, enfin au moins 18 boulangeries, car il faut vous dire que le rôle de capitation (l’IRPP d’alors) de saint Sébastien en 1710 ne donne hélas par le métier pour tout le monde, et en l’absence de précision des métiers, il convient donc de penser que ces 18 boulangeries sont un minimum. Si ce n’est que le dépouillement que j’ai fait de ce rôle semble montrer un profond respect pour les boulangers, sans doute les pères nourissiers de la population laborieuse.

Certes, on mangeait plus de pain autrefois que maintenant. Et même beacoup plus, mais tout de même, cela fait beaucoup de boulangeries, et je suppose que les boulanges de Vertais étaient aussi fréquentés par les Nantais.

MAIS SURTOUT, A VERTAIS ET PIRMIL, ON TRAVAILLAIT POUR LA MARINE. Il y avait plusieurs cordiers avant l’ouverture d’une corderie plus importante, et de même on fabriquait le BISCUIT DE MER avant la création fin du 19ème siècle du biscuit que nous connaissons et des 2 grandes biscuiteries LU  et BN.

Donc, s’il y avait tant de boulangeries à Vertais c’est qu’on travaillait pour le biscuit de mer, et pour la marine. Tout comme aussi on travaillait pour les voiles et je reviendrai sur le nombre incroyable de tissiers à Vertais et Pirmil.

 

Bref, ceci pour vous expliquer pourquoi ces jours-ci je vous montrais tant de moulins proches de Pirmil. Et je ne vous ai pas tout montré, car il y en avait au Douet etc…

Ils étaient donc au plus proches de ces nombreux clients boulangers, car de vous à moi il était bien plus facile de transporter les céréales jusqu’à Nantes que la farine, donc on transportait les céréales jusqu’à ces meuniers proches de Nantes.

Voici donc ces boulangers (page, canton, nom, métier, capitation en sols) :

10r Pirmil Bretaigne Louis boulanger 240
2r Vertais Bretin Martin et sa belle mère boulanger 120
12v Pirmil Bretineau Gabriel boulanger 100
2v Vertais Couillaud François boulanger 260
3v Vertais Favereau Julien boulanger 100
2v Vertais Garot boulanger 280
9v Pirmil Grenet Julien boulanger 280
13v Pirmil Guillou Jean boulanger 260
3v Vertais Hardi Pierre boulanger 80
10v Pirmil Legendre Joseph boulanger 140
5v Vertais Lemaistre boulanger 180
5v Vertais Moreau Mathurin boulanger 130
6v Vertais Rotureau Jan boulanger 160
5v Vertais Bouviere, la veuve boulangère 250
6r Vertais Gerard, la veuve boulangère 80
1v Vertais Vigois, la veuve boulangère 200

Les boulangers sont bien plus imposés que beaucoup d’artisans. Il semblent donc bien s’en tirer.

Mais ne me demandez pas de vous faire le tableau des meuniers, car passé ces 2 districts usineux et laborieux il semble que les commis aux impôts aient méprisé le peuple des campagnes qui habitaient au delà de la chapelle Bonne Garde car ils donnent alors rarement le métier.

 

Nous consommons 3 fois moins de pain qu’alors. Ils en consommaient plus de 900 g par jour, ce qui constituait d’ailleurs l’essentiel de l’alimentation des classes artisanales de Vertais et Pirmil.

Je crois bien même que nous sommes descendus en dessous de 300 g/jour

 

A demain, encore la farine … mais pas pour vous rouler dedans … je vous le promets.

 

Histoire du passage devenu « terrain abandonné » : rue Georges Lemevel, Nantes

Mes nombreux lecteurs, passionnés d’actes notariés anciens, ont très souvent lu, dans ces actes, la clause relative au droit de passage. Et, rassurez vous tous, cette clause existe encore en 2019 en particulier lorsqu’on partage en plusieurs parcelles un terrain pour construire, et qu’aucune voie ne desservira certaine parcelle.

En bon français, il s’agissait autrefois de la « tolérance » d’une « servitude ». Il existait aussi souvent bien d’autres servitudes que le passage, à savoir par exemple celle du puits, voire des lieux d’aisance etc… Souvenez vous en effet qu’avant le cadastre Napoléonien de 1834 rien n’était dessiné en plans, mais le notaire lors des ventes précisait les servitudes telles que celles que je viens de vous citer.

La clause de passage précisait toujours qui et comment on avait le droit de passer et que ce passage était une tolérance. Il était en effet important de préciser si cette tolérance était pour personne à pied excluant ou tolérant le passage avec boeufs et charrue etc…
Et bien entendu cette tolérance était TOUJOURS restreinte au besoin du passant pour l’exploitation réelle de son terrain enclavé, et EN AUCUN CAS un lieu de promenade ouvert à tous.

Vous avez bien compris que cette tolérance supposait que l’exploitant du terrain enclavé n’avait aucun autre accès possible.

Donc, autrefois, avant 1840, il existait 6 moulins aux Gobelets. Ils n’étaient pas enclavés. Le cadastre dit « Napoléonien », que je vous montrai ces jours-ci, figurait un chemin donnait les desservant et accédant à rue de la Ripossière (alors chemin elle aussi), et quant aux 3 autres ils étaient sur la route de Clisson, donc directement accessibles.

Mais les meuniers communiquaient manifestement entre eux, en passant sur une terre.

Lorsque Marie-Judith Lebraire, l’épicière de la route de Clisson construisit la maison vue ici hier, elle eut à souffrir pendant plusieurs années aux environs de 1845 les vicissitudes causées par un malheureux procès concernant un droit de passage.
Voici la question résumée brièvement :
Les fermiers qui avaient des parcelles de terre dans la pièce des Herses avaient pris l’habitude de passer sur un terrain vague, devant le moulin des Gobelets, pour rejoindre la route de Clisson. Il ne s’agissait pas d’une servitude mais d’une simple tolérance de bon voisinage. Vers 1840, Marie Judith Lebraire fit démolir le moulin des Gobelets et avec ces matériaux construire une maison sur la route de Clisson, ce qui supprima le passage.
Les fermiers des Herses, bien que non enclavés et ne possédant aucun titre de propriété, ni droit à une servitude, attaquèrent cependant Marie-Judith Lebraire, qui perdit son procès devant le Tribunal Civil de Nantes, condamnée à démolir la maison et à rétablir le passage.
Le tout finit par un arrangement amiable et très onéreux pour Marie-Judith Lebraire. Elle s’engagea à établir un passage sur le terrain vague du calvaire qui lui appartenait, qui sera le chemin actuel de la Gilarderie, devenu aujourd’hui rue Georges Lemevel.
Quand on songe aux ennuis de ce long procès, à l’hostilité de tous ses voisins, aux nombreuses démarches qu’elle entreprit auprès des administrateurs pour obtenir une preuve de son bon droit, à l’innombrable échange de papasseries avec des hommes de loi, aux sommes énormes pour l’époque et pour sa petite fortune qu’elle dut débourser à la surprise inattendue de sa double condamnation à Nantes et à Rennes, enfin à l’humilitiation qu’elle dut ressentir en allant supplier son adversaire de renoncer à l’exécution du jugement et des lourds sacrifices qu’elle dut leur consentir, on peut facilement réaliser quel affreux cauchemar ce malheureux procès dut être dans sa vie de vieille fille.

Et tout cela pour en arriver là en 2019 (j’ai pris la photo moi-même en 2019)

Car en fait ce passage ne servait pas vraiment puisque ne débouchant sur rien et ne servant en rien à desservir une autre propriété.

Même si le cadastre actuel a oublié qu’il n’existait plus faute d’utilité, et le dessine encore.

Mais certes le dessin du cadastre montre encore qu’elles parcelles en sont propriétaires de droit.

Les pierres réutilisées du moulin des Gobelets : Nantes Saint Jacques 1840

Depuis 3 jours, je vous parle des moulins des Gobelets qui étaient situés à Nantes Saint Jacques.

Voici la réutilisation des pierres d’un des moulins. Car autrefois, quand on construisait on réutilisait les pierres.


Maison construite vers 1840 par mademoiselle Marie-Judith Lebraire alors épicière route de Clisson, là ou bien des années plus tard, de 1945 à 1946, en tant qu’aînée de 6 enfants, je me levais une demi-heure avant les autres et je partais à l’épicerie avec le bidon de 5 l chercher le lait et le pain de 4 livres.

Pour construire sa maison, Marie-Judith Lebraire, qui avait acquis les terrains, fit démolir le moulin des Gobelets tout proche, et fit réemployer les pierres de ce moulin pour construire sa maison.

Ces pierres, aujourd’hui abandonnées et à nu, sont celles du moulin des Gobelets le plus proche de la route de Clisson en 1830. Vous l’avez reconnu car on ne peut la manquer au début de la rue Georges Lemevel.

Demain, je poursuis ce voyage dans le temps à cet endroit.
A demain

Les moulins des Gobelets en 1835 (suite) : Nantes Saint Jacques

Hier, je vous parlais des 6 moulins des Gobelets.
Avant de vous montrer les pierres d’un des moulins, telles qu’on les voit de nos jours encore, je vais vous parler d’une curiosité dans les archives de la ville de Nantes.

Dans l’histoire du cadastre, en général, tout le monde s’accorde que le premier cadastre serait le « cadastre dit Napoléonien », qu’il existe pour toute la France, et fut réalisé sur beaucoup d’années, mais généralement terminé vers 1834. Vous comprenez aisément que ce ne fut pas une mince affaire et qu’il a fallu des années !

Lorsqu’on fait des recherches dans les archives de nos jours, ce cadastre dit Napoléonien est numérisé sur tous les sites d’archives départementales, et c’est une merveille archivistique.

Mais les grandes villes, au rang desquelles je mettrai Nantes si vous le voulez bien, ont les moyens d’avoir des archives et un site.
Je suis une fidèle de ce site des Archives Municipales de la ville de Nantes, et ce dans beaucoup de leurs rubriques, très riches d’informations.
Parmi les rubriques, les Archives municipales de Nantes offrent aussi CARTES ET PLANS que j’utilise.
et voici l’accueil de cette rubrique !

Vous voyez bien la ligne CADASTRE DIT NAPOLEONIEN 1830-1835
Et depuis des années, j’utilisais cette source d’informations.
Et voici de qu’elle donne pour les moulins des Gobelets :

sans me douter que le cadastre dit Napoléonien qui est sur le site des Archives Départementales n’était pas le même, et pour mémoire voici ce que je vous ai mis hier en ligne et qui est le cadastre dit Napoléonien des Archives Départementales :

Ces 2 cadastres diffèrent mais portent le même nom et même année !!!! Je viens seulement de m’en apercevoir ces jours-ci, stupéfaite !!!
Même le type de représentation diffère… Alors, l’un est-il un brouillon de l’autre ??? que s’est-il passé ?
Car sur le plan des AM on voit un moulin de moins.
Ce plan serait-il un peu plus tardif ?
Et ce moulin manquant aurait été détruit vers 1835, ce qui semble plus que crédible et probable. Car le 19ème siècle a vu leur disparition.
En tous cas, nous sommes riches à Nantes, car nous avons beaucoup d’informations, beaucoup d’archives, mais aussi beaucoup de confusion dans tout cela, car je n’ai toujours pas compris pourquoi 2 sources portent le même nom et sont différentes.

A demain, pour vous montrer les pierres de l’un des moulins, car autrefois quand on démolissait on récupérait… Maintenent on jette tout !!!

Les 6 moulins des Gobelets : Nantes Saint Jacques

Autrefois, passé la chapelle Bonne-Garde, Saint-Jacques n’était que jardins et moulins ; bien peu de maisons.
Je vous avais déjà parlé de ce paysage et je vais y revenir car je m’aperçois que je ne vous ai pas tout mis en ligne de ce que j’ai trouvé et relevé.
Mais ce jour je voudrais m’attarder sur les moulins des Gobelets, car il se trouve qu’ils me touchent personnellement à plus d’un titre. J’y reviendrai demain.

Il y avait en fait 6 moulins, dont 3 étaient même le long de ce qu’on appelait alors la « route de Nantes » et que nous appelons depuis longtemps maintenant la « route de Clisson ». Les 3 autres, un peu en arrière, auxquels on accédait par un chemin donnant sur l’actuelle rue de la Ripossière.

Ce sont des moulins à vent, mais on ignore s’ils étaient tous à blé. En effet il existait de nombreuses tanneries en bordure de la Sèvre et la Loire, il fallait donc aussi au moins un moulin à tan.

Nantes a compté de nombreux moulins autrefois, mais ceux des Gobelets n’ont pas retenu l’attention des historiens. Il faut dire que jusqu’en 1790 ils étaient sur la paroisse de Saint Sébastien d’Aigne, et ne sont devenus Nantais qu’en 1790, lorsque Nantes a annexé purement et simplement 2 fauxbourgs très actifs qu’étaient Vertais et Pirmil.
Au delà s’était la terre et on sortait vraiement de la ville à la Chapelle Bonne Garde.
Ces 6 moulins étaient proches les uns des autres, puisque l’un était à l’angle de l’actuelle rue de la Ripossière, là où les Haury furent jardiniers et grainetiers. Le second à l’entrée de la rue Georges Lemevel, exactement à l’emplacement de la maison n°2, qui fut la maison de mon enfance. Maison construite en 1905.
Le 3ème reste presque en face dans l’espace de verdure qui reste actuellement.
Et les 3 autres proches le chemin des Gobelets.

Les voici en 1834 sur le cadastre dit « Napoléonien »

Ce cadastre dit « Napoléonien » est celui qui est sur les site des Archives Départementales. Le site des Archives Municipales ne donne pas tout à fait la même chose, car les moulins ne sont représentés que par un rond grenat (les maisons sont des carrés/rectangles grenat) et sans les ailes comme sur le cadastre disponible sur le site des Archives Départementales. On peut être certains que ce sont des moulins car le dessin est bien représentatif de moulins.

et pour faciliter le répérage actuel je vous les ai situés avec une croix en rouge sur le plan actuel :

Demain, je vous emmène voir ce qui reste des pierres de l’un des 6 moulins ! Car elles sont bel et bien visibles !!!
A demain !

Relévé exhaustif du registre paroissial de Saint Jacques de Clisson : 1718-1745

… Le dépouillement d’un registre présente en lui-même un attrait analogue à celui du miracle de Lazare. L’acte de naissance de ces morts du XVIIIe siècle, qui n’ont même plus de tombes, les restitue partiellement à la vie…

… La grande histoire peut mépriser les humbles en elle anonymes, comme sont en nous anonymes les millions de globule de notre sang. Mais ni elle, ni la petite histoire, ni même le roman, quelles que soient les précisions et la couleur de son récit, ne peuvent donner ce caractère d’authenticité, ce parfum de fleur desséchée… Hervé BAZIN – Vipère au poing.

J’ai eu ce plaisir, et voyez plutôt en quelle quantité !!!

Après le registre de la paroisse de la Madeleine du Temple près Clisson, et celui de Saint Gilles près Clisson que je vous livrais il y a peu,

La semaine dernière je vous livrais le dépouillement exhaustif des plus anciennes années de la paroisse de Saint Jacques de Clisson, années très abimées et lacunaires du fait des Guerres de Vendée.

Aujourd’hui je vous livre le dépouillement exhaustif de la suite, à savoir les années 1718 à 1745, de la paroisse de Saint Jacques de Clisson, années très abimées et lacunaires du fait des Guerres de Vendée. Ces années furent celles du Jansénisme dans cette paroisse et vous allez décrouvrir la présence des femmes dans les actes de BMS, et même leur culture, puisqu’elles sont nombreuses à signer. La paroisse est certes peu peuplée, mais elle contient tout de même des choses remarquables, qui méritent d’être soulignées, outre le Jansénisme :
1 – les prisons royales, et ces prisons voient toute la région puisque Clisson est la zone frontière
2 – tous les employés de la garde des traites et gabelles, ainsi que leurs familles. Et cette population vient bien entendu de loin, avec des patronymes très peu locaux. On évitait ainsi que les gardes soient trop proches des locaux (si vous voyez ce que je veux dire)
3 – un hopital
4 – 2 cimetières, car l’hopital avait aussi un cimetière

Il y avait beaucoup de paroisses à Clisson, celle de Saint Jacques n’était pas si petite que d’aucun veut bien le dire, car elle s’étendait au Nord Est de la ville jusqu’à Gorges et comprenait même les moulins de Nidoye à l’Ouest de la Sèvre, et les meuniers utilisaient alors la chaussée des moulins, car le pont est bien plus tardif.

Je viens de refaire ma page HTML (page de mon site en mode HTML) qui donne la liste et les liens de tous mes relevés gratuits, et j’ai été émue de revoir tant d’années après l’immensité de mon travail gratuit et bénévole, totalement libre d’accès sur mon site sans aucune adhésion, contrairement aux associations qui vendent et demandent une adhésion payante.

J’ai par contre, à cette occasion, fait le tour d’Internet, à la recherche des relevés gratuits, et j’ai été tristement stupéfaite de constater que la gratuité n’est pas de mise !!! et pourtant, rien de plus simple sur Internet !!!

Voir mes relevés gratuits, qui concernent l’Orne, la Mayenne, La Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire, et même les Côtes d’Armor.