Le travail des enfants au XVIIIème siècle : selon le rôle de capitation du Loroux Bottereau, 1740

Le travail des enfants était courant autrefois.

Claude Fohlen, dans son étude Révolution industrielle et travail des enfants  Annales de Démographie Historique  Année 1973  pp. 319-325, donne même dès 8 ans parfois, alors que je pensais que 10 ans était l’âge minimum.

Il est difficile de savoir l’âge exact des enfants, mais ils sont assez nombreux dans les rôles de capitation, car cet impôt est aussi perçu sur tous les domestiques.

Ainsi en 1740 au Loroux-Bottereau pour 1 196 têtes imposées, on compte par moins de 222 domestiques ainsi répartis :

132 valets dont 16 moyens et 17 petits

83 servantes dont 12 moyennes et 2 petites

7 compagnons et 12 garçons (un compagnon est le salarié d’un artisan et le garçon le petit salarié)

Un valet paie 60 sols, sachant que l’impôt moyen est de 62,44 sols, il est donc dans la moyenne sur le plan de l’imposition.Un moyen valet ne paie que 30 sols et un petit valet 20 sols.

Mais la servante ne paie que 30 sols, la moyenne servante 20 sols et une petite servante seulement 10 sols. Ainsi, les femmes valent moitié des hommes !!!

La répartition des domestiques n’est en aucun cas lié au niveau élevé d’impôt, et on a assez souvent un maître qui paie moins que son valet, c’est à dire moins de 60 sols. D’ailleurs, qu’on soit domestique d’un riche ou d’un maître moins riche, on paie la même chose. Mais j’ignore s’il en était de même pour le salaire.

Mais quel âge se cache derrière « petit valet », « petite servante », « moyen valet », « moyenne servante » ? Devient-on moyen à 15 ans, à quel âge devient-on valet ou servante sans ce qualificatif ? Je n’ai rien trouvé sur ce point. J’en suis donc aux hypothèses :

petit de 10 à 14 ans

moyen de 15 à 18 ans

et ensuite on serait valet ou servante sans autre qualificatif relatif à la jeunesse ?

Si vous trouvez une source fiable, merci de me faire signe, car mon ancêtre Laurent Brebion, qui cultive, a un petit valet. Et je cherche à savoir plus…

Et comme vous avez bien compris que j’avais dépouillé le rôle de capitation, je vous le mets bientôt ici, et même celui de 1718 que j’ai aussi fait. Vous pouvez y retrouver vos ancêtres payant l’impôt. Et savoir s’il faisait travailler des enfants…

A bientôt

Odile

L’ancien métier de voiturier n’était pas réservé aux hommes !

Ceux qui transportaient passagers, marchandises, par eau ou par terre étaient autrefois appelés voituriers.

Et au fil de mes innombrables recherches, j’en ai souvent rencontré, mais toujours voiturier, c’est à dire un homme.

Voici pourtant une femme voiturière, que je trouve dans le rôle de capitation de 1740 du Loroux-Bottereau (44) :

Ainsi, la veuve Deslandes est voiturière et a une servante.

J’avoue que c’est bien la première fois que je rencontre une femme qui voiture en 1740 !!! Gageons qu’elle a repris la voiture à cheval de son époux décédé, et même qu’elle l’accompagnait de son vivant, et qu’elle a continué seule le métier.

 

Et vous ? en avez-vous rencontrée ?

Les passagers du Saint-Philibert

Y avait-il un photographe de rues à bord du Saint Philibert lorsqu’il quittait Nantes à 6 h 30 pour Noirmoutier ? En effet, la France est pionnière de la photo de rues en 1930, et cette photo, transmise par Elisabeth, atteste une pose exceptionnelle car l’homme est seul (généralement en famille), il a une pose inhabituelle à l’époque, enfin la photo montre la bouée portant le nom SAINT PHILIBERT et est manifestement prise du pont inférieur, ce qui serait tout à fait un travail très rare en famille.

J’ajoute que ma famille a des photos de cette époque, mais bien moins nettes et plus posées en famille, donc j’émets cette hypothèse.

Partant, je suppose qu’il y avait un photographe professionnel à bord, et donc que d’autres familles ont des photos de ce type. Si vous en avez vous pouvez les adresser (en supprimant les espaces :

odile h @odile-h a lbert.com

L’ascencion sociale des Bessonneau par les femmes

Lorque Pierre BESSONNEAU °Saint-Clément-de-la-Place 1er avril 1736 †StClément 31 juin 1771 Fils de René BESSONNEAU et Jacquine POIROUX épouse à Saint Clément-de-la-Place le 26 juin 1764 Perrine CRUBLEAU, il ne sait pas signer, pas plus que son père, pas plus que son fils ne le saura en épousant à  Saint-Clément-de-la-Place le 7 ventôse an II (25 février 1794) Marie CARMET.

Les Bessonneau sont en effet sabotiers.

Mais, Marie Carmet signe, et sa soeur, présente, signe aussi sur le mariage du 25 février 1794. Surprenant n’est-ce pas ! Car, généralement, dans nos recherches filiatives et sociologiques, nous constatons que les hommes savent plus souvent signer que les femmes.

Eh bien Marie Carmet est une exception tout à fait remarquable, et si j’ai passé plusieurs semaines à refaire toute mon étude POIROUX, c’est que je souhaitais contrôler tout de l’ascencion sociale des BESSONNEAU, et j’ai donc relu tous les actes et tout noté. Et je suis certaine de ce que j’écris ici.

Marie Carmet apprend à signer à son fils qui apprend certes le métier de son père, sabotier, mais va se lancer dans le commerce du bois. Car, savoir écrire, cela aide dans le grand commerce…. En outre Marie Carmet a eu le bon goût de ne faire qu’un héritier, ce qui aide quand on hérite !!!

Et ce fils unique, bien éduqué, et surement bien fait de sa personne, pourra épouser une BESNARD/RICHOU, qui elle, est issue d’une famille bourgeoise.  Cela me rappelle mes visites autrefois après mon travail à une vieille demoiselle de mon quartier, à laquelle je venais demander si elle avait besoin d’une course. Je m’asseyais, et elle aimait se raconter, étant née sur l’ancienne place Pirmil. Et elle aimait se souvenir… et me dit un jour :

Ah ! Françis Guillouard ! quel bel homme !

Et j’ajoute qu’elle y mettait le ton admiratif. J’en suis toujours profondément marquée, tant elle y mettait le ton.

Or, Françis Guillouard est mon arrière grand père, qui épousa une femme un peu plus aisée que lui, qui portait la culotte, et ce couple est à l’origine de l’ascencion sociale. Donc, selon moi, un homme bien fait pouvait toujours épouser une fille bien dotée, même si je reconnais que l’inverse était plus fréquent.

Revenons aux BESSONNEAU;

Ainsi, Marie Carmet est la femme éduquée, qui est à l’origine de l’ascencion sociale de son fils.

Et c’est ainsi que Pierre POIROUX, mon ancêtre closier, est aussi l’ancêtre des BESSONNEAU. J’ai passé plusieurs semaines à tout revérifier, car j’avais lu sur Internet que Bessoneau était issu de la bourgeoisie angevine. Il semble que certaines sources soient curieuses !!! aussi je vous la mets ci-dessous, en vous indiquant que le 21 février 2020 sur le journal LE FIGARO vous avez une analyse d’une curieuse page de cette prétendue encyclopédie. Donc je ne suis pas la seule à me méfier de cette source où il semble que n’importe qui peut dire ce qu’il veut !

 

 

 

Etude socio-professionnelle des Poiroux de Saint-Clément-de-la-Place depuis 1630

Depuis quelque temps déjà, je tente de compléter mes études par patronyme pour analyser l’aspect socio-professionnel, et je présente mes observations et/ou conclusions. En fait, il s’avère que certains individus se démarquent socialement au fil des siècles, et je tente de comprendre.

Pour les Poiroux en effet, il s’avérait très intriguant le fait qu’ils soient parmi les ascendants d’un industriel comme Bessonneau, et je vous explique en détail demain cette ascencion.

Mes Poiroux sont restés modestes. Les Poiroux sont closiers, puis métayers, maçons, sabotiers. Je vous mets en ligne le fruit des 3 semaines que je viens de passer pour tenter de compléter mon étude, ou tout au moins de l’améliorer.

Pour mémoire, la closerie était une exploitation moitié moins importante que la métairie, et ne nécessitait qu’un couple. La métairie avait une superficie de 30 ha comparable aux exploitations modernes, mais demandait plus de bras (les machines n’existaient pas).

Le métier est rarement indiqué, voire totalement absent des registres paroissiaux, comme c’est le cas au début des registres de Saint Clément de la Place. Mais, j’ai eu la chance de trouver aux Archives Départementales à Angers, dans les documents des notaires, une prorogation de bail à moitié, qui concerne directement Pierre Poiroux, premier connu du nom à Saint-Clément. En effet, contrairement à ce que certains pourraient penser, les minutes des notaires ne concernent pas que les gens riches, puisque dans un bail on a certes le propriétaire ou le fermier bailleur, mais on a toujours le preneur du bail or closiers et métayers ne possédaient pas la terre, au moins avant la révolution, en Anjou au nord d’Angers. Donc, on a grâce à tous les baux, qui sont toujours passés devant notaire, une source sociale importante pour les exploitants directs.

Mon blog vous a mis en ligne plusieurs centaines de baux concernant le Haut-Anjou, vous les trouvez dans la case CATEGORIE à droite en faisant dérouler le menu de cette case.

Une fille Poiroux aura une postérité exceptionnelle : les Bessonneau industriels à Angers (1840-1966) Je vous mets demain le mécanisme de cette ascencion sociale.

Ma branche part du closier en 1630, devient métayer vers 1770, puis alliance avec un maréchal.

Voyage à Noirmoutier, au temps du Saint-Philibert de Pornic à Noirmoutier : été 1924

Je fais suite aux derniers commentaires relatifs au naufrage du Saint Philibert en 1931.

Le récit qui suit est une rédaction écrite par ma tante Odette Guillouard pensionnaire à Châvagnes à Nantes. Le thème imposé devait sans doute être : « racontez une belle journée »….  et je suppose que le temps employé était imposé, car il va vous écraser … Pour avoir bien connu ma tante, je puis vous certifier qu’elle ne parlait jamais ainsi, mais que ne lui a-t-on faire faire à l’école, moi on ne m’a jamais imposé un tel temps.

Je comprends dans ce récit pourquoi ma famille avait gardé un si grand souvenir du Saint Philibert, en effet vous allez voir que mon grand père l’utilisait avec ses enfants, par chance, par beau temps… Alors, nul doute qu’en 1931, année des 17 ans de ma maman, le naufrage du Saint Philibert rappela à ma famille la chance qu’elle avait eue.

Mon premier voyage à Noirmoutier

Longtemps déjà papa nous avait promis un voyage sur mer, celui de Noirmoutier, et nous brûlions d’impatience depuis cette promesse de connaître ce nouveau pays et voici que ce jour si heureux et si ardemment attendu arriva.

Après avoir entendu la messe[1] de sept heures à la Bernerie, nous montâmes, papa, mon frère et moi à la gare  où nous devions prendre le train[2] de huit heures et demie.

Les billets pris, nous allâmes nous asseoir sur un banc car nous étions en avance de quelques minutes. A huit heures et demie le train arriva chargé comme de coutume de nombreux voyageurs. Après avoir freiné le train s’arrêta et le chef de gare cria de sa voix rude : « les voyageurs pour La Bernerie descendent , La Bernerie ». Les portières s’ouvrirent en grand nombre pour laisser passage à des gens descendant à La Bernerie. Nous montâmes donc dans un wagon[3] vide et nous entendîmes bientôt le sifflet, signal du départ. Nous ne fîmes qu’un petit voyage dans le chemin de fer, car nous ne nous sommes arrêtés qu’au Clion et puis ensuite à Pornic où nous devions descendre.

A la descente du train, nous nous sommes dirigés vers la porte de sortie, puis nous avons pris le chemin du bateau.

Nous passâmes par le port où les bateaux allaient et venaient sans cesse. Après avoir pris une sucette chez le patissier nous arrivâmes au bateau.

Neuf heures sonnaient lorsque nous prîmes place que le pont supérieur du bateau où déjà un certain nombre de personnes prenaient place. Nous attendîmes quelques minutes avant le départ du bateau lorsque tout à coup, le capitaine monta dans sa petite cabine. Le bateau siffla plusieurs fois, puis il démara. Nous sortîmes du port à une faible vitesse car nous accostâmes à la Noëveillard afin de prendre quelques personnes.

Vers neuf heures un quart, nous partîmes, en pleine mer pour ne plus s’arrêter qu’à Noirmoutier.

Le temps était radieux, la journée s’annonçait belle. Le ciel, couleur d’azur, ne présentait aucun nuage. La mer, loin d’être fougueuse et déchaînée semblait d’huile et le bateau ne secouait pour ainsi dire pas. Le trajet se fit sans encombre. Nous étions assis non loin des cheminées et de la chaudière, et nous voyions très bien le capitaine. La mer, boueuse à La Bernerie, moitié bleue à Pornic, devint bleu couleur du ciel, de plus en plus que l’on se rapprochait de l’île.

Plus le bateau avançait, plus l’île se découpait. En avançant toujours nous pûmes distinguer le bois de la Chaise, le grand Hôtel Beau Rivage. Le chemin se continuait toujours. Enfin nous voici arrivés. Le bateau fit une grande manœuvre et nous débarquâmes. Là, se trouvait des gens, un certain nombre, qui attendaient des voyageurs. Arrivés sur l’esplanade, une petit garçon, chargé de donner pendant la traversée des feuilles de réclame pour une hôtel, laissa tomber par mégarde sa casquette dans la mer, mais un bateau vint la prendre.

A la sortie de l’esplanade nous fîment notre entrée dans le bois. C’était charmant, ce petit coin était très pittoresque. A la sortie du bois, nous vîmes une grande plage s’étaler sous nos yeux occupée par quelques baigneurs.

Nous louâmes un sapin[4] qui devait nous mener au bourg même de Noirmoutier, mais il devait auparavant nous descendre à l’hôtel St Paul (ci-contre).

Arrivés à Noirmoutier, nous furent descendus auprès de l’église. Nous y entrâmes quelques secondes car c’était la grand’messe. Nous firent une petite promenade dans le bourg et nous visitâmes l’église la messe terminée, elle était très jolie. Elle renferme les restes de St Philibert mais comme la crypte était fermée nous n’avons pu visiter son tombeau. Ensuite nous avons pris le chemin de l’hôtel, car, je l’avoue, nous avions bien faim. Après avoir bien mangé, nous allâmes faire une promenade à pieds dans le bois. Il y faisait frais, il y faisait bon y respirer la suave odeur émanée par les pins ; nous avons examiné de près le phare rouge, nous avons vu un beau bateau à voile accoster.

Après s’être ainsi promenés, nous allâmes louer des ânes. L’on fit monter papa sur « La Parisienne », mon frère sur « Caroline » et moi sur « Martin ». Mon âne ne voulait faire que du trot et je l’avoue encore je n’étais pas très rassurée là-dessus.

Notre promenade à âne finie, nous nous sommes rafraichis puis nous envoyâmes des cartes postales. Quatre heures arriva bientôt, heure où le bateau retourne à Pornic. Nous partîmes très tranquillement prendre le bateau St Philibert. Assis sur le St Philibert, nous attendîmes le départ un bon moment. Notre attention se tourna vers la place près de laquelle sur la mer dormante de nombreuses périssoires[5] évoluaient. Une course de périssoires s’engageait, une dizaine participait au concours, mais les périssoires tournèrent près des rochers et ceux-ci nous interdisaient de suivre la course des yeux.

Après avoir fait entendre son appel, le bateau démarra et nous partîmes sur la mer encore plus tranquille et plus dormante que le matin.

Plus le bateau s’éloignait, plus l’île faiblissait à nos yeux, et, au contraire plus le bateau avançait plus la côte opposée devenait apparente.

Partis de Pornic sur le petit St Nazaire, nous revinrent à Pornic sur le grand St Philibert. Enfin après une heure de bateau nous accostâmes à Pornic à la Noëveillard. Nous allâmes à pieds jusqu’à la gare de Pornic où nous prîmes le train pour La Bernerie. Après un petit parcours de vingt minutes à peine nous entrâmes en gare de La Bernerie. De nouveau l’employé de gare crie : « les voyageurs pour La Bernerie descendent, La Bernerie ». Nous ouvrîmes la portière et nous descendîmes du train, nous sortîmes et nous partîmes heureux et contents du beau voyage de Noirmoutier.

Comme Noirmoutier est en face La Bernerie, j’essaie tous les jours à retracer les différents lieux où je suis passée car on voit très bien Noirmoutier de La Bernerie.

Odette Guillouard, non daté (mais ma famille situe ce voyage en 1924).

[1] Odette Guillouard est élève à Chavagnes, donc dans sa rédaction elle prend soin de noter un zèle religieux

[2] ce train existe toujours (voyez le site des TER Pays de Loire)

[3] non un « compartiment vide », car les wagons voyageurs de l’époque avaient de multiples portes latérales, une par compartiment.

[4] nom populaire du fiacre hippomobile, qui tire son nom du bois du véhicule

[5] canot