La graineterie Moriceau Nantes Saint-Jacques 1814-1860

la graineterie Moriceau

Avant la graineterie Haury route de Clisson, les Moriceau ont tenu une graineterie Rue Dos d’Âne puis rue Saint-Jacques, à l’époque où la route de Clisson commençait à voir des maisons apparaître et les jardiniers de Saint Jacques aller de plus en plus loin sur la route de Clisson, déjà sous la pression de l’urbanisme.
En 1809, Louis Cornet tenaît graineterie Rue Dos d’Âne à Nantes Sud Loire proche de la boutique de Julien Moriceau et Jeanne Morandeau, mes ascendants, arrivés du Bignon à Nantes en 1794.  La boutique rapporte si peu qu’ils sont notés « indigents » sur le recensement de 1809 (collection des AM Nantes). Les indigents sont alors nombreux à Saint-Jacques et c’est sans doute le fait qu’ils arrivent seulement à se nourrir qui les distingue des misérables, encore plus pauvres, ne pouvant même pas se payer assez de nourriture.

Louis Cornet disparaît avant 1814 laissant l’opportunité à Julien Moriceau de devenir lui-même grainetier comme l’attestent les nombreux recensements tant aux Archives Municipales que Départementales. ainsi que son décès en 1831 :

Nantes le 22 avril 1831 décès de Julien Moriceau grénetier 71 ans né au Bignon époux de Jeanne Morandeau. La signature Maillard est celle de son gendre car une des filles est mariée. Ses 2 filles continueront la graineterie, la déplaçant même en 1836 au n°80 rue Saint Jacques dans une boutique et maison dont elles ont fait l’acquisition. Cette maison était à l’angle de la rue du Frère Louis et deviendra plus tard la quincaillerie Guillouard.

La maison acquise en 1836 par les 2 soeurs Moriceau et François Maillard, forgeron, le mari de l’une d’elles, est la parcelle 2024 et le cadastre de 1834 montre que cette maison et celle qui est à l’arrière dépassent sur la rue de Vertou (future rue du Frère Louis) et sont alors condamnées à être un jour alignées. Les vendeuses sont les soeurs de la Sagesse, demeurant à l’hôpital St Jacques, qui possèdent manifestement cette maison à la suite d’un legs. La maison a « façade sur les 2 rues et porte le n°80 rue Saint Jacques, composée de 3 pièces au rez de chaussée, 3 greniers au dessus, droit de puisage au puits situé dans une cour dépendant de la maison de la veuve Bernard au n°75 rue Saint Jacques, et généralement toutes les aisances… » Mais en fait d’aisances, la maison n’a pas de latrines aussi en 1840, ils achètent un vieux cellier en ruine au fond de la cour pour y faire construire des latrines communes, avec porte de sapin et clefs aux voisins. Ne me demandez pas comment on faisait avant, et comment faisaient tous les habitants de la rue Saint Jacques qui n’avaient pas de latrines, mais j’atteste que certaines maisons possédaient latrines dehors au jardin derrière la maison, et j’ai personnellement, née en 1938, utilisé les latrines jardin du n°60 rue Saint Jacques, maison alors de ma grand mère maternelle, car celle-ci ne laissait aux enfants que ces latrines. C’était impressionnant de s’assoir sur ces planches de bois et cet énorme trou ! Mais ma grand mère n’était pas la seule à agir ainsi, car j’ai le même souvenir à Montjean sur Loire, dans la maison d’une tante de mon père, et là les latrines étaient encore plus impressionnantes, car elles possédaient en droite ligne 3 trous adultes et 2 enfants. Des années plus tard, environ 1970, je me souviens fort bien rentrant du centre de Nantes en bus, derrière mois 2 personnes plus âgées et elles racontaient comment c’était avant leur logement au Clos Torreau, et leurs latrines, comme celles que j’avais connu dans mon enfance, en d’autres termes, le Clos Torreau leur avait apporté le confort moderne des latrines modernes. J’étais très émue de les entendre et je possède un tel don d’empathie que je les entends encore…

Jeanne-Françoise Moriceau, la grainetière épouse de François Maillard, n’aura que 2 enfants : l’un prêtre, l’autre Jeanne-Victoire Maillard, qui va épouser en 1848 Jean Mathurin Grelet maçon. Ce couple ne poursuivra pas l’activité de leur mère à son décès en 1862. La graineterie disparaît pour réapparaître en d’autres mains, un peu plus loin, au 2 route de Clisson, et l’histoire de cette grainetrie est parue en 2009 dans le bulletin n°2 du Groupe Mémoire Nantes Sud : Un quartier, une vie, un homme : Charles Haury.

l’origine Angevine des Haury


Les Ory sont tisserands au moins depuis 1600 à Cossé-le-Vivien, commune dont j’ai fait l’histoire sur mon site depuis longtemps déjà, du temps où j’y étudiais mes ascendants issus de ce bourg. Après 7 générations d’Ory à Cossé-le-Vivien, l’un d’eux, né en 1820 vient à Bonnoeuvre et s’y marie en 1845. Autrefois, quand on n’était pas l’aîné, il n’y avait plus de travail pour s’installer sur place et on devant prendre son balluchon et partir chercher ailleurs fortune.

Voici depuis 1600 la liste des ascendants ORY qui font les HAURY (x pour mariage, /pour avant, °pour naissance, †pour décès)  :

Jean Ory x /1598 Jeanne LELARDEUX
Jean ORY °ca 1606 x /1635 Jacquine HATIER
Michel ORY °Cossé-le-Vivien (53) 28 janvier 1635 †Cossé-le-Vivien 28 avril 1718 x Marguerite LECONTE
Michel ORY °Cossé-le-Vivien 10 février 1673 †Cossé-le-Vivien 7 juin 1742 tissier x Cossé-le-Vivien 28 janvier 1702 Renée PINOT
René ORY °ca 1714 Tissier à la Bucherie en 1750 x Cossé-le-Vivien 21 novembre 1750 Mathurine FOUCHER °1729 Fille de Jean FOUCHER closier à la Rivière Suzanne et Françoise DOISNEAU « mariage en présence de Pierre Simon cousin germain de l’époux, Jean Foucher frère de l’épouse »
René ORY °1753 x Cossé-le-Vivien 13 février 1781 Renée CHANCEREUL fille de Denis et Marie Hocdé
Marin ORY °1789 x Cossé-le-Vivien 13 novembre 1815 Renée JEUDY fille de Joseph et Renée Triboulet
Julien ORY aliâs HAURY °Cossé-le-Vivien (53) 25 septembre 1820 †Bonnoeuvre (44) 25 juin 1885 tisserand x Bonnoeuvre 8 juillet 1850 Jeanne Marie PÉNOT
Jean-Marie HAURY °Bonnoeuvre 10 juillet 1856 †Bonnoeuvre 2 août 1914 tisserand x Bonnoeuvre 16 janvier 1883 Léonie Marie SIONNIÈRE
1-Jean Marie HAURY maréchal ferrant 138 rue St Jacques à Nantes en 1900
2-Léon Louis Marie HAURY °Bonnoeuvre (44) 23 août 1900 †Nantes 7 avril 1966 Vit à Nantes route de Vertou à la Tâche en 1900 x Bonnoeuvre 14 août 1925 Louise Francine GUILLARD °Nantes 22 janvier 1900 jardinière route de Clisson à Nantes en 1900 Fille de Benjamin Louis GUILLARD †/1900 et Marie Joséphine LEFLOCH °Nantes 4°C 29 juin 1868 †Nantes 25 août 1945 jardinière route de Clisson à Nantes en 1900, fille de Joseph Marie Lefloch et Jeanne Céleste Dadin. Belle-sœur de Jules Henri Chevalier jardinier route de Vertou à la Tâche en 1900

la pesée des graines en vrac

Charles Haury tenait la graineterie de sa femme née Guillard, et nul doute que les Guillard acquirent des Moriceau du moins en partie meubles ou balances du magasin. C’était alors l’époque du vrac, avant le blister qui nous interdit de voir les graines et autres marchandises. La graineterie était meublée de meubles à petits tiroirs, et lorsqu’on y entrait on avait l’odeur des graines, odeur dont le blister nous a privé, mais il nous a aussi privé de bien plus … il nous a privé du spectacle de la Roberval.

Lorsque la graineterie Haury  a fermé, j’ai fait l’acquisition d’une de leurs balances Roberval. Je rêve en la regardant à mon ancêtre Jeanne-Françoise Moriceau qui l’utilisa sans doute avant. Alors, je vois l’un des petits tiroirs du grand meuble à graines s’ouvrir, la pelle à grains y plonger, puis l’index du grainetier la tappoter et j’entends les petits grains tombés un à un sur le plateau de la Roberval. Oh, pas nombreux, on achetait souvant par 5 ou 10 g, comme le montrent les petits poids devant ma photo de la Roberval des Haury. Et Dieu sait si une Roberval cela me parle, car en 1960 j’étais technicienne chimiste au loin, dans l’immense laboratoire d’une immense usine, et à cette époque la chimie était encore à l’ancienne. La balance Roberval me parle maintenant de mes ascendants Moriceau grainetiers rue Saint Jacques, et de mes débuts dans la chimie d’autrefois, de toute une époque oubliée bien souvent…

A bientôt avec l’histoire suivante, la disparition de la graineterie et la construction de la quincaillerie GUILLOUARD