Hôtellerie à Chemazé (53), Michel Poisson, 1539

Cet acte à près d’un demi millénaire !
Il ne donne pas le nom de l’hôtellerie à Chemazé, seulement le nom de l’hôtellier : Michel Poisson.
On se doute bien qu’il y a toujours une hôtellerie au moins à Chemazé, étant donné que c’est le chemin vers Château-Gontier et Laval.
Curieusement, à la fin de l’acte, là où on découvre toujours les 2 témoins obligatoires, il y a parmi eux un autre Poisson (ils sont nombreux, j’en sais quelque chose car j’en descends), il s’agit de René Poisson licencié ès lois. Il est fort probablement proche parent du premier ! Mais, si vous regardez les signatures (ci-dessous), vous allez constater une très nette différence entre les deux, je vous laisse admirer, et je suis certaine que le licencié ès lois va vous sauter vite aux yeux.

  • Donc, notre hôtellier est venu à Angers racheter une dette impayée sur un noble habitant Chemazé. Gageons qu’il connaît le moyen de se faire payer, car ce n’était pas sans risque. Mais nous avons déjà vu ici que pour se faire payer, lorsqu’on était à plus de 40 km (un jour de cheval) il n’y avait pas beaucoup d’autres méthodes que celle de vendre sa dette à quelqu’un habitant sur place.
  • Chemazé est à 44 km d’Angers en prenant le plus court chemin, qui va directement au Lion d’Angers sans passer par Segré. Il y a donc juste une journée de cheval !
  • L’histoire ne dit pas si Michel Poisson a passé la nuit chez René Poisson, mais je le suppose, car on était hospitalier, et manifestement ils sont proches parents, même si l’un sait aussi mal signer.
  • Ceci dit, celui qui se débarassait ainsi de sa créance ne rentrait pas du tout dans ses frais. Je vous ai surgraissé les sommes, et il ne retrouve au final que 34 % de sa créance. Il est vrai que l’acquéreur, outre le risque qu’il prend, est venu lui-même à Angers, et reviendra aussi 15 jours plus tard chercher les justificatifs… bref, il assure…
  • Attention, cet acte contient une phrase extraordinaire, qui mérite le détour. Elle suit les noms et lieux de demeure des parties : ainsi que lesdits Grohant et Poisson disent. J’en conclue qu’en 1539, les notaires, ou tout au moins celui-ci était bien plus lucide, et avait bien compris qu’il ne pouvait vérifier l’identité des parties. Ce qui signifie, a contrario, qu’il a toujours été difficile de vérifier l’identité et lieu de domicile des parties, et que l’on doit faire confiance aux notaires, qui eux-mêmes faisaient confiance. Je vous laisse méditer cette phrase, car elle me paraît très importante vis à vis de l’identité. En tous cas elle répond à une question que je me posais, à savoir comment connaissait-on l’identité ?

  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et–Loire, série 5E5
  • Voici la retranscription de l’acte : Le 19 novembre 1539 en la court du Roy notre sire à Angers endroit par devant nous (Boutelou notaire) personnellement establys honnestes personnes Jehan Grohant sergent royal demeurant en ceste ville d’Angers et Michel Poysson marchant houstellier demeurant au bourg de Chemazé ainsi que lesdits Grohant et Poisson disent, soubzmettant eulx leurs hoirs avecques tous et chacuns leurs biens meubles et immeubles présents et advenir quel qu’ils soient au pouvoir ressort et juridiction de cestte dite court confesesnt avoir fait et font le marché et convention qui cy après s’ensuit c’est à savoir que lesdits Grohant a ceddé quicté et transporté audit Poysson et encores par la teneur de ces présenes quicte cèdde et transporte à icelluy Poysson tous et chacuns les despens fraiz coustz mises faictz par iceluy Grohant à la poursuite et pour avoir poyment de la somme de 51 livres 5 soubz tournois restant de la somme de 15 escuz solleil en laquelle somme de 45 escuz solleil maistre René Leverrier Sr Descorces dicte paroisse de Chemazé estoit tenu et obligé vers ledit Grohant ainsi que appert et pour les causes contenues ès lettres obligataires sur ce faictes et passées en la court royale d’Angers par Oudin par ledit Poyson soy en faire poyer par toutes voyes et manières deues et raisonnables et ainsi qu’il voyra estre à faire par raison à l’encontre dudit Leverrier, et ne sera tenu ledit Grohant en aucun garantage audit Poysson réserve des pièces du procès qui luy a promis bailler dedans ce lundi en quinze jours prochainement venant en les venant quérir par ledit Poysson en la maison dudit Grohant,
    et est faicte ceste présente cession et transport par ledit Grohant audit Poysson pour et à la charge dudit Poysson d’en poyer audit Grohant en la maison où il demeure en cestedite ville d’Angers la somme de 17 livres 10 soulz tournois dedans ledit jour de lundi en quinze jours et à ce faire s’en est soubzmis et obligé mesmes son corps à tenir prison ès prisons royaulx d’Angers ou ailleurs comme pour les propres affaires du roy notre sire …
    fait et passé à Angers en la maison dudit Grohant ès présence de honorable homme Me René Poysson licencié ès loix et noble homme Jehan Du Chastelier demeurant à Angers

    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.
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