Fleur de farine et pain blanc

Demain, pour la fête des Rois en Anjou (et ailleurs) nous avons besoin de fleur de farine.

La fleur de farine, tirée par le sas et bluteau, c’est aussi celle qui vole par les moulins, et se tient contre les parois, dite fole farine (Nicot, Thresor de la langue française, 1606) – c’est la plus pure, la plus fine farine que les Boulangers mettent en usage (Diderot, Encyclopédie)
C’était la partie la plus noble de la mouture du blé, celle qui n’était pas le pain quotidien de nos ancêtres, aussi avaient-il le proverbe « Ne mange pas tout ton pain blanc le premier ».

Née en 1938, je fais partie des petits Français qui ont découvert le pain blanc après la guerre. Nous étions de retour à Nantes après avoir fui les bombardements. Un jour, notre papa (je suis l’aînée d’une tribu), qui n’était pas fervent de prières quotidiennes, s’est levé de table, puis, solennellement, il nous a demandé d’en faire autant nous disant

    « mes enfants, nous allons mangé ce jour du pain blanc, remerçions Dieu »,

et ce jour-là, effectivement j’ai découvert le pain blanc. C’est ainsi que j’ai dit l’unique Benedicite de mon existence ! c’est dire s’il est resté gravé en ma mémoire !

Ce pain blanc n’avait rien à voir avec nos baguettes fantaisies actuelles, c’était une énorme miche, pesant 4 livres, que nous avons connu longtemps, longtemps encore.

Puis, le pain blanc est devenu tellement notre pain quotidien qu’on a réinventé les fibres et autres pains fantaisies, chers de nos jours aux boulangers et nutrionnistes.

Qui se souvient encore des privations de la guerre, des vertus d’un pain blanc quand on en manque, qui comprend le proverbe ?

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

2 réponses sur “Fleur de farine et pain blanc

  1. -Pendant la guerre le boulanger du village,a parfois fabriqué du pain de maïs,flatteur d’aspect,car doré,mais totalement immangeable et indigeste.
    Je me souviens du fameux pain de 4 livres,et de ses larges tranches beurrées,(au saindoux parfois ).que nous devions soutenir à deux mains.
    -Petite fille de la campagne,donc, privilégiée,j’ai le souvenir du » jour du pain »chez ma « Tatie »,chaque ferme possédait son four à pain, et ç’était branle bas de combat,dans la grande salle,envahie de fagots,pour la chauffe du four.
    Quand,on le jugeait prêt,,les pierres devaient êtres blanches ,on retirait les cendres (qui servaient ensuite pour la lessive )avec le « rouable »,puis on passait ,un tissu humide,fixé au bout d’un bâton,que ma tante appelait « l’écouvillon » ou » guénillon »,pour le nettoyer avant d’enfourner.
    -Elle en profitait pour y cuire ensuite,de bonnes galettes,ou des pâtés et sécher des prunes.
    -C’était la fête,mais aussi une rude journée.

      Note d’Odile :

    Bonjour Madame
    Pour ce qui concerne la seconde guerre mondiale, merci de patienter car les sujets la concernant vont suivre sur mon blog et bien sûr le pain.
    je garde de côté votre commentaire et je vous demande d’attendre le sujet du pain SVP et vous le remettrez lorsque j’aurai pour sujet le pain pendant la seconde guerre mondiale.
    le prochain commentaire sur cette période sera le gazogène ou le beurre, cela n’est pas encore déterminé
    pour le pain, je suis une spécialiste car j’ai travaillé en meunerie puis 25 ans en biscuiterie (Biscuiterie Nantaise) et je connais bien le problème du pain noir etc… et j’ai été aux archives aussi, et j’ai jusqu’en 1947-1948 tout ce qu’on mettait encore dans le pain, et cela va bien au delà de ce que vous citez,
    donc merci de patienter

    Odile

    PS de votre côté vous pouvez réfléchir à divers sujets et si je le peux et ne les ai pas prévus je les ajouterai
    Merci de patienter car je mettrai un billet chaque semaine, sujet après sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *