Le pain des pauvres en cas de disette : le pain de glands

Perron-Gélineau, dans son ouvrage « Candé ancien et moderne », paru en 1886, nous raconte :

« En 1630 toute la saison d’hiver a été pluvieuse, avec grand vent impétueux qui rompit les arbres. … Le 13 décembre le froid a commencé, qui dura 15 jours avec de grande neige à Noël, qui fit mourir les choux et beaucoup de jeune bois ; les genêts moururent es champs. Il a été grande abondance de vin et autres fruits, en outre le gland, qui a beaucoup servi aux pauvres gens pour faire du pain, à cause de la cherté du grain. C’était pitié de voir le pauvre monde ; beaucoup mouraient de faim ; beaucoup mangeaient du pain de glands, de graine de lin, de citrouille. »

L’auteur a extrait ce passage du « Journal des évènnements locaux 1607-1662 », écrit par Jacques Valluche, bourgeois de Candé, et publié dans la Revue d’Anjou en 1870 p.387. Jacques Valluche est considéré comme un témoin de l’époque. J’avais mis sur mon site ce passage sur ma page « Météo en Anjou »  . Sur cette page de mon site vous trouvez uniquement ce qui a été trouvé dans les registres paroissiaux et/ou témoignages d’époque. C’est donc crédible contrairement à ce que m’écrit en octobre 2018 un prétendu historien Suisse, qui nie la famine d’autrefois et insulte ma page comme étant une ânerie. Je respecte pour ma part le témoignage de Jacques Valluche, qui atteste que nos ancêtres Angevins en 1630 réservaient le gland  aux animaux, donc quand ils étaient réduit à manger les glands c’était pour eux assez misérable et un ultime recours. Ceci atteste d’une période de famine.

Le gland était la nourriture des bêtes, et pour mémoire l’avoine celle des chevaux, et si je rapelle ici l’avoine c’est que les céréales petit déjeuner, qui nous sont venues des anglo-saxons, ont dû lutter contre cette notion en France d’avoine pour les animaux, pas pour les humains.

Je parle ici de l’avoine, car je suis née avant-guerre, période d’alimentation plus que difficile, particulièrement dans la poche de Guérande ou j’ai vécu moi-même, et après-guerre. Mon papa était marchand d’aliments pour chevaux, et petite, je jouais avec mes frère et soeurs dans les balles de foin et les sacs d’avoine. L’avoine, même en période de disette était uniquement pour les chevaux, et j’ai vécu ces dernières décennies le changement total de mentalité vis à vis de l’avoine, à travers la percée en France des céréales petit-déjeune, devenues communes. L’avoine est donc devenue consommation humaine, ce que j’estime un grand changement de mentalité.

 

Bref, le pain de glands semble avoir été un ultime recours et pas des plus agréables pour ces pauvres gens, car si j’ai bien compris le récit de Perron-Gélineau, ceux qui avaient tant soit peu d’argent pouvaient encore acheter du blé au prix fort.

Sur mon site, vous avez les lettres de Jean Guillot, jeune soldat au front, qui témoigne que les régions où passent les armées de Napoléon sont pillées et les céréales sont ensuite rares et chères, alors que dans les régions épargnées par ces guerres Napoléoniennes ont encore des céréales sur lesquelles elles peuvent spéculer et spéculent. C’est un témoignage glaçant, qui n’est pas sans rappeler par certains côtés le marché noir pendant la seconde guerre mondiale.

Et comme notre époque est parfois surprenante, j’ai tenté sur le moteur de recherche de découvrir le pain de glands de nos jours.
Stupéfaction.
Il existe bien des contemporains qui ont poussé l’esprit de recherches de je ne sais quelle esprit de tradition jusqu’à faire du pain de glands.
Et ce pain figure même avec recette sur le site des plus officiels du Ministère de la Culture.

Si j’ai bien compris, le gland est très riche en tannin, et il faut le faire bouillir plusieurs fois afin d’éliminer ce tannin, car ce tannin rend le gland amer et indigeste, et j’ai bien le sentiment que même après plusieurs cuissons successives, il reste tout de même un goût amer et indigeste.

C’est donc cette propriété des glands qui le différencie de la châtaigne, qui elle est consommable.

Je suis une ex-chimiste, ayant travaillé dans l’industrie alimentaire, et j’insiste sur la cuisson et digestion difficiles du gland, d’où historiquement son peu d’intérêt dans l’alimentation humaine.

Je dois dire tout de même que notre époque à cela de particulier qu’elle a parfois tout oublié et qu’elle cherche à réinventer de prétendues traditions, pourtant le pain de glands était bien autrefois une calamnité pour les humains, et c’était justifié sur le plan gustatif et digestion.

et au fait, si nous revenions à l’avoine. Devons-nous conclure qu’elle était aussi chère que le blé, toutes proportions gardées, et qu’elle manquait en cet hiver 1630.

6 réponses sur “Le pain des pauvres en cas de disette : le pain de glands

  1. Chère Madame,
    Je vous voit bien mal informée. Le gland fut pendant longtemps une denrée alimentaire importantes pour de nombreux peuples de l’hémisphère nord mais il fut, à tort, enlevé à notre alimentation vers la fin du moyen âge car les sangliers et les cochons en raffolant, on le jugea trop impropre à la consommation. On en retrouva dans de nombreux sites archéologiques allant du paléolithique à l’antiquité. Son usage se perdit alors peu à peu jusqu’à la fin du moyen âge. L’utilisation actuelle du gland n’est pas une création du monde moderne mais une redécouverte de ce produit naturel oublié.
    De plus, ce texte est un contre rendu d’un pseudo historien n’ayant pas vécu à l’époque de cette grande famine et qui romance fortement son propos.
    Il est pour moi autant normal que l’on doive bouillir le gland pour le consommer que cuire le pain pour le manger, attendre qu’il ait gelé une première fois pour cueillir les prunelles voir même enlever la coque de noix pour les consommer.
    Je vous conseille chère madame de bien vous informer avant même de penser à publier un article car il est possible que ,sans le vouloir, vous ayez transmis votre ignorance à d’autres.
    Cordialement,
    Noé Gremaud

  2. Bonjour à tous
    Un prétendu historien Suisse traite ma page d’ânerie car le gland serait, selon lui, tout à fait commestible et digeste, et je me serai appuyée sur un pseudo-historien.

    Je viens donc d’ajouter sur cette page, en texte rose, des compléments qui éclairent mon propos.
    A savoir : la famine a bel et bien été autrefois un fléau en France, et les humains réduits à consommer les aliments des bêtes, quand ils en trouvaient. C’est la pomme de terre qui sauvera plus tard de la famine les Français. Mais en 1630 à Candé et en France elle n’existe pas encore.
    Le gland est difficile à cuire et digérer, ce qui en réduit naturellement l’intérêt en alimentation humaine. Malgré la multiplication des offres de divers produits à consommer dans l’alimentation qui sont sur nos points de vente préférés, je n’ai jamais vu de glands, et vous? avez-vous vu qu’on consomme et/ou offre quelque par des glands pour l’alimentation humaine.
    Car pour certains, le gland a été consommé par nos ancêtres avant le Moyen âge et serait un bienfait.

    Odile HALBERT, auteur de ce blog et site

    1. Rebonjour à tous
      Lorsque nos ancêtres ont connu disette ou famine, comme en cette année 1630, ils devaient aussi nourrir leurs animaux, et ils tenaient à leurs animaux autant qu’à eux, certainement, car c’était leur fortune.
      Pour eux, cela devait dont être un terrible dilemne que d’oter les glands aux cochons pour les manger eux-mêmes.

      Nos intestins humains ont une flore et des aptitudes qui sont modifiés depuis l’antiquité et les périodes archéologiques. Il est vain sur ce plan de pouvoir faire des comparaisons de digestion. Si de nos jours certains, épris de nature, tentent de se réapproprier des aliments tels que le gland, sous prétexte de retour à la nature, tant mieux pour eux et leurs essais. Je reste persuadée que cela n’est pas recommandé ou possible à l’immense majorité de nos intestins actuels qui n’ont rien à voir avec les intestins des hommes préhistoriques.
      Odile HALBERT

    2. Les indigènes d’Amérique du Nord (notamment en Californie centrale) mangent les gland de Quercus Kelloggii. Ils font une farine à partir des glands épluchés et la mettent à tremper longuement dans l’eau qu’ils renouvellent jusqu’à ce que l’amertume due aux tannins disparaisse. Puis ils en font des galettes ou du pain, des boulettes etc. C’est encore la matière amylacée de base de leur cuisine.

  3. Bonjour Odile, je me demande si quelqu’un mange encore des pousses de fougères à la place d’asperges. Ces dernières manquaient pendant la dernière guerre même dans le Bordelais, au début des Landes… J’ai souvent entendu parler de cela dans ma belle-famille… et cela ne date pas de 1630 ! Pendant l’occupation, tout manquait ou était contingenté (tickets) . Mais peut-être est-ce maintenant « Végane » ?

  4. Pour aller dans votre sens Odile et ajouter un un peu d’humour , j’aimerai signaler que les cochons adorent les truffes , ils ont d’ailleurs été dressés par l’Homme pour les rechercher …
     » Sous le règne de son frère Charles V, Jean de France, Duc de Berry s’empressait de faire profiter sa table d’un aussi succulent comestible que la truffe.
    « Aussi dès le 4 septembre 1370, au cours d’un voyage qu’il fait à Paris, nous le voyons allouer 60 sous à Jean des Prés, l’un de ses messagers « qui apporta au bois de Vincennes des truffes à mon dit Seigneur ». Quinze jours plus tard, une gratification de 40 sous est accordée à ce même messager « lequel apporta à mon dit Seigneur des truffes en son hôtel à Paris ».

    cf site internet terresdetruffes.com
    le fait donc d’affirmer que l’Homme se soit détourné d’aliments parce qu’ils étaient consommés par des porcins est absurde…
    Bon dimanche à tous !

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