Agrandissement de voirie : les Arrêts de Vertais, Nantes 1715

Je vous ai mis les défauts d’alignement dont la mairie de Saint-Sébastien-sur-Loire était capable, mais voici comment autrefois on respectait bien mieux la notion de voirie, en s’entendant bien, et même très bien, entre voisins pour céder une partie de terrain, refaire les murs en ligne droite en partageant les frais, et en se dédomageant les uns les autres, pour laisser passer les charettes. Et c’est seulement après cette magnifique entente qu’on passe chez le notaire pour entériner les modifications des terrains. Le pied faisait 32,483 cm, enfin celui qui était le plus utilisé, le pied de roi. Donc la venelle qui suit mesurait 4 pieds de large soit 1,299 m et pour une charette il fallait au moins 2 m

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2/261 – Voici la retranscription de l’acte (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 7 juillet 1715, (devant Bertrand notaire) Sur ce que la venelle commune conduisant de la rue de Vertais en la prée dabas (d’en bas), bornée d’un côté tant la maison qui appartenait au feu sieur Leauté que la muraille du jardin appartenant à Pierre Renard marchand sieur des Nöes Bregeon, et d’autre côté la maison et jardin appartenant au sieur Doüet boulanger, le tout relevant en proche fief du roy à cause de sa juridiction des Ponts en Vertais, ne contient au commencement d’icelle vers la rue que 4 pieds de large et environ de 6 depuis la muraille du jardin dudit sieur Renard jusque celle du jardin dudit Doüet, et que pour cela une charrette n’y peut entrer pour le service, utilité et commodité des maisons magazins et logements qui sont situés sur ladite prée et endroit vulgairement appelé Les Arrêts reignants le tour de la rivière de Loire vers Pirmil, les propriétaires desdites maisons, magazins et logements des Arrêts auroient entre eux résolu et déterminé de se faire un chemin et passage libre à charrette pour l’utilité servitude et commodité des mesmes maisons logements et magazins jardins et prés en dépendant, par ladite venelle et pour cet effet de la faire élargir suffisamment, mais comme ils ne pouvaient y parvenir sans disposer entre autres choses de la muraille et d’une partie du fonds du jardin dudit sieur Renard reignant sur ladite venelle ayant actuellement une sortie et passage sur icelle, ils l’auroient prié de les en accomoder, à quoi il auroit répondu être pressé de contrinuer à l’exécution de leur dessain, non par la vente de la muraille et une partie de sondit jardin mais bien en (f°2) consentant qu’ils en disposent sous l’expresse condition et non autrement : premièrement, que ladite venelle chemin et passage demeureront à perpétuité communs en toute longueur et largeur tant à ses deux maisons situées sur ladite rue de Vertais dont dépend ledit jardin, qu’à ses deux maisons magazins granges logements terrains prés et jardins lui appartenant et à ses enfants, situés à l’une des extrémités de ladite prée du côté de la rivière qui joint le couvent des révérends pères Récollets et le pont de Brisebois, et que luy sesdits enfants leurs hoirs successeurs et cause ayant propriétaires desdites 4 maisons granges logements terrain prés et jardins et leurs fermiers jouiront librement et perpétuellement dudit chemin et passage pour le service desdits choses à cheval, charrette et autrement ainsi et de la même manière que feront les propriétaires desdites maisons magazins logements et dépendances des Arrêts, sans que lui ni sesdits enfants soient tenus à aucunes autres contributions pour l’établissement dudit chemin en tout son entier jusques l’accomplissement de sa première perfection, et secondement que lesdits propriétaires feront aussitôt faire à leurs dépends une muraille à pierre chaux et sable en toutes sa longueur pour fermer le surplus de sondit jardin auquel elles demeurera prénative ? et sera de pareille épaisseur que celle qui y est présentement et avec 9 pieds au dessus de l’encavement ? ou (f°3) pavé dudit chemin, qu’ils feront faire en icelle muraille portes qu’ils feront boucher et remplir de maçonnerie pour être néanmoins débouchées ouvertes et pratiquées sur ledit chemin toutefois et quand bon semblera audit Renard et à sesdits successeurs, lesquelles réponses et conditions dudit Renard ayant été agréées par les propriétaires dudit lieu des Arrêts, ils se transportèrent avec lui sur sondit jardin ou après avoir considéré et mesuré ce qu’il en faut pour l’élargissement de ladite venelle afin de faire le chemin et passage projetté, ils auroient arrêté de démolir la muraille d’iceluy jardin reignant sur ladite venelle et de mettre joindre et réunir à la même venelle pour faire ledit chemin et passage à charrette, non seulement le fonds d’icelle muraille mais encore une partie dudit jardin en toute sa longueur à la largeur savoir environ 6 pieds par le bout d’ahaut à prendre au niveau de la dalle ou goutière de bois qui est actuellement à la maison du nommé Lemaitre et environ 3 pieds par l’autre bout vers la rue d’abas, en sorte que la muraille qui renfermera le restant dudit  jardin sera perpendiculaire et faite et construite de l’un à l’autre bout à la même épaisseur et hauteur, laquelle épaisseur sera prise pour une moitié sur ledit restant et pour l’autre sur ladite quantité de 6 et 3 pieds, à cette cause devant nous notaires royaux à Nantes, ce jour 7 juillet 1715 après (f°4) midi a comparu ledit sieur des Noës Bregeon Renard, demeurant paroisse de St Sébastien en ladite rue de Vertais

 

Rue de Vertais

1499 – On voyait à Vertais, dans une venelle, près du Pont de Pirmil, une chapelle nommée la Chapelle de Perrot Drouet (Travers, II, 249)

1524 – Vertais, dont Pierre Landais était seigneur, l’an 1483, avait encore son seigneur en 1524 et formait une juridiction, sous le nom de la Juridiction du Pont en Vertais, avec sénéchal et officiers. Le prieur de la Magdeleine sur les Ponts s’en disait seigneur, avant ces temps, et en a un titre, vrai ou faux, qui commence la juridiction du pont, au mur de la ville, et la termine au grand pont de Pirmil (Travers, II, 289)

(sans date) – Vertais, de Vert, le même que bert, beau, en altique et ais habitation : la belle habitation ; on y jouit de la plus vue. (Gaignard, Voyage autour de Nantes, 44)

1761 – … maison située aux Arrêts de Vertais (Aumones, affiches… pour la ville de Nantes, 1761 n°35 p137)

Il est certain qu’avant 1792, une partie des Ponts (Vertais et Piremil) dépendait de la paroisse de Saint-Sébastien, et que l’octroi l’arrêtait au pont des Récollets (Annales de la Société Académique de Nantes, 1853, p344)

L’endroit où était situé ce bureau d’octroi portait le nom d’Arrêts de Vertais

1840 – L’ordonnance royale du 26 septembre 1837, qui fixe à 10 m la largeur de la traverse dans les rues de Biesse, Vertais et Dos d’Ane, 180 maisons qui doivent céder à la voie publique une superficie totale d’environ 3 500 m. Parmi ces maisons 102 surtout présentent une suite de saillies véritablement intolérables, et leur démolition immédiate ou prochaine a été arrêtée en principe (Le Breton, 7 mais 1840, p2)

L’île de Vertais était en dehors de la ville, dont les limites ne devaient pas être bien au-delà de la Porte Gelée, démolie en 1665, laquelle porte était à l’angle de la rue de Beau-Séjour.

Il existait au commencement du XIXème siècle, un peu au dessus des Récollets, à droite en sortant de la ville, au pied de la chaussée qui précède les deux arches du Pont des Récollets, il existait, dis-je, le reste de la maçonnerie ou d’une base sur laquelle s’élevait autrefois une Croix. La tradition dit que cette Croix indiquait la limite de Nantes.

Cette Croix existait alors sur le bord du bras de la rivière qui, d’un côté, embrasse l’Île de Vertais, et, de l’autre, borne le terrain où est établie la raffinerie N. Cézard.

Cette Croix se voit sur le plan de Cacault, à l’angle N.O. du Pont des Récollets.

 

 

 

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