Baptisé à la maison, puis apporté à l’église la nuit

Ce billet illustre l’urgence du baptême autrefois et fait suite aux précédents :

    Non encore sorti des entrailles de sa mère
    la Césarienne avant la Révolution, vue sous l’angle religieux
    la règle des trois jours après la naissance

Il porte sur 2 points :

    le travail de nuit des prêtres
    le sens du terme debilité dans un baptême en Anjou
  • 1 – Le travail de nuit des prêtres
  • Autrefois, l’enfant devait être apporté à l’église pour recevoir le baptême.
    En cas de faiblesse, il était baptisé à la maison, mais apporté à l’église avant la fin de la même journée.
    Or, dans le cas ci-dessous, cette naissance est déjà tard dans la soirée. Qu’à cela ne tienne, l’enfant est apporté à l’église en pleine nuit !
    Ce se passe un 7 février, donc il fait nuit depuis longtemps. Mon calendrier perpétuel indique que c’était un mercredi et que la pleine lune était le 9 et 10, donc on est déjà presque en pleine lune. Gageons que le ciel était dégagé, et que les chemins était visibles à l’aide de la lune.

  • 2 – Le sens du terme debilité dans un baptême en Anjou
  • Nous avions vu ensemble l’article concernant le baptême des foetus ou embryon ou enfants en péril de mort, dans le rituel du diocèse de Nantes de 1771. Dans le cas de baptême à la maison le prêtre notait « à cause de sa faiblesse et péril de mort » ou quelque chose d’appochant.
    Mais au Louroux-Béconnais, durant toute une période, je trouve « à cause de sa faiblesse et débilité, et péril de mort ». Le sens des mots varie parfois au fil des siècles, ici, c’est le cas :

    Debile, adjectif (1265, Status ; du latin debilis) 1. Faible (au physique et au moral). Debile esperance, faible espoir. – 2. Peu résistant (sens concret) – 3. Défaillant
    Debilité, nom féminin, (début 14e siècle) 1. Faiblesse – 2. Infirmité
    Debiliter, verbe, (début 14e siècle) Affaiblir, diminuer les forces
    Debilitation, non féminin (début 14e siècle) Affaiblissement, fragilité (Dict. Larousse, du moyen français, la Renaissance, 1992)

    Maintenant voici l’acte entier :

    Le Louroux-Béconnais, Maine-et-Loire « Le septiesme jour de fevrier mil six cens dix huict sur le soir dudit jour bien tard Jacques Bodier fils de Mathurin Bodier et de Jehanne Bastonné sa femme fut baptizé par Ambroyse Séjourné femme de Estienne Fourier en la maison de sesdits père et mère à cause de sa foiblesse et débilité de peur qu’il ne peust estre porté vivant à l’église y recevoir le sainct baptesme et la mesme nuit environ une heure après minuit qui estoit le huictiesme jour dudit moys fut apporté à ceste église parochiale pour y recepvoir les sainctes et sacrées unctions et autres cérémonies baptismales où il fut nommé Jacques par Jacques Leprestre et Estiennette Bodard femme de Jacques Adam ses parrain et marraine lesquelz ont dict ne scavoir signer » v°026-195 sur Archives en ligne

    Je suis aussi atterrés que vous :
    Ceci dit, j’ai déjà relevé plus de 20 années de baptêmes au Louroux-Béconnais, et je dois reconnaître que les prêtres étaient particulièrement rigoureux, car la règle était 3 jours et non moins de 24 heures, et de surplus dans le cas ci-dessus, un naissance tard le soir pouvait au moins attendre le lendemain matin, au moins pour y vois plus clair !

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *