Vente d’une maison, Angers, 1516

Voici une vieille maison, près de 5 siècles :
J’ignore si la rue existe encore !
Les vendeurs demeurent en Loire-Atlantique, enfin on n’utilisait pas ce vocabulaire géographique à l’époque ! Il est probable qu’ils sont héritiers d’une tante ou autre proche parente Blouyn, qui vivait à Angers.
Ici encore je rencontre un prénom moyen-âgeux : Michau.

  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8bis – Voici la retranscription intégrale :
  • Le 13 novembre 1516 en notre cour des palais (Guyon notaire) d’Angers estably Pierre Gauguet faiseur de rouets paroissien de Saint Mars de l’evesché de Nantes,
    et Pierre Martin perreieur d’ardoise mary de Martine Denyon, fille de feux Michau Denyon et Guillemine Blouyn, aussi demeurant evesché de Nantes, soumettant eux et chacun d’eux endroit soy et pour tant que touche leurs hoirs confessent avoir vendu quicté cédé délaissé et transporté et encore vendent par héritage
    à honnestes personnes Olivier Lecomte maistre appariteur de l’officialité d’Angers et à Renée sa femme présente, (nous rencontrons souvent au 16e siècle des actes de BMS dans lequel l’épouse n’est pas nommée, mais ici, c’est une vente, et elle n’est pas plus nommée, mais vous allez voir à le fin de cet acte qu’elle s’engage et devra ratifier)
    qui ont pris et accepté d’eux pour eux leurs hoirs etc la moitié par indivis d’une maison sise en la rue du Petit Prêtre de ceste ville d’Angers ainsi qu’icelle maison se poursuit et comporte tant haut que bas avec toutes ses appartenances et dépendances joignant d’un costé à la maison de la Jaraye d’autre costé à la maison sire Jehan Faret et à une cour de maison où de présent demeure Pasquier Lemoulnier abouttant d’un bout la maison feu Jacques Le Camus, et d’autre bout au pavé de ladite rue, au fief et seigneurie d’iceluy aux devoirs et charges anciens et acoustumés laquelle moitié de maison vendue comme dit est est eschue succédée et advenue auxdits vendeurs savoir est audit Pierre Gauguet à cause de luy et audit Pierre Martin à cause de ladite Martine sa femme comme héritiers pour le tout de feue Jehanne Blouyn lors et au temps de son decès conjointe par mariage avec feu Jacques Billays,
    transportant etc, et est faite ceste présente vendition pour le prix et somme de 63 livres tournois (c’est pour la moitié d’une maison)
    sur laquelle en a esté payé par lesdits acheteurs par avant ce jour d’huy la somme de 3 livres tournois et ce jourd’huy en notre présence et à vue de nous la somme de 10 livres tournois tant en or que monnaie et le reste qui est 40 livres lesdits acheteurs et chacun d’eux ont promis rendre et payer auxdits vendeurs à 2 termes par moitié savoir à la saint Jean Baptiste et Toussaints prochainement venant et à esté faite ceste présente vendition par lesdits vendeurs en l’accomplissement du testament et dernière volonté de ladite femme Jehanne Blouyn par lequel son testament elle aurait voulu ordonné ainsi qu’on dit, que si lesdits établis ses héritiers comissent et missent entre les mains desdits vendeurs après le trépas dudit Jacques Bellays pour et la femme dudit Leconte ladite moitié de maison en leur baillant et remboursant ladite somme de 63 livres tournois et a promis ledit Pierre Martin faire ratifier et avoir pour agréable ceste présente vendition et en rendre et bailler à leurs despends lettres de ratification auxdits achereurs dedans la fin et accomplissement du dernier paiement, ces présentes et chacune, à la peine de 10 livres tournois, commise appliquée, etc, en cas de défaut ces présentes néanmois etc à laquelle vendition et choses dessus dites tenir etc par applege et contre applege etc et ladite moitié de maison vendue garantir etc dommages amandes etc obligent lesdits vendeurs et chacuns d’eux esdits nom, soy, etc, renonçant etc, et mesme à l’exécution de … jugement et condamnation,

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Vente d’une maison à Juvardeil par Claude Godebille, 1644

    Voici Claude Godebille, parti à Rennes :

  • L’acte qui suit est extrait des Archives du Maine-et-Loire, série 5E5
  • Voici la retranscription de l’acte : Le vendredy 6 may 1644 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal et gardenotte à Angers, a esté présent noble homme Claude Godebille sieur de la Tousche demeurant en la ville de Raine (Rennes) rue des Dames paroisse St Sauveur, tant en son privé nom que d’honorable femme Catherine Bouscherye son espouse …,
    lequel establi et deuement soubzmis a volontairement confessé avoir vendu vend quitte cèdde délaisse transporte et promet garantir de tous troubles hypothèque et empeschement
    à noble homme Me Jean Pasqueraye sieur du Rozay entien (ancien) advocat et sindic des advocats d’Angers au siège présidial de ceste ville demeurant an la paroisse Saint Pierre dudit lieu, lequel a achepté pour luy ses hoirs
    un grand corps de logis situé au village du Port Joret paroisse de Juvardeil composé d’une salle basse en laquelle y a cheminée d’un celier une autre chambre au bout de ladite salle, d’une chambre et grenier au dessus, d’une estable, le tout soubz mesme couverture, joignant d’un costé le chemin tendant de la Rambergerye à la rivière de Sarthe d’autre costé les maisons de la veuve et héritiers de déffunt Pierre Touschet aboutté d’un bout le grand chemin tendant dudit Port Joret au bourg dudit Juvardeil d’autre bout la maison des enfants et héritiers de deffunt Mathurin Boyvin avec les droits d’ayreaux rues et issues qui en dépendent ;
    Item un grand jardin clos à part de haies et fossés estant au devant de ladite maison le chemin entre deux contenant 3 boisselées de terre ou environ joignant d’un costé les jardins et ayreaux dudit lieu de la Rambergerye appartenant à Me Thomas Rollée notaire de Saint Laurent des Mortiers d’autre costé le jardin des héritiers de deffunt Gervaise Chenerier aboutté d’un bout le chemin dudit Juvardiel à Cheffes, d’autre bout le chemin ou sante à aller dudit grand chemin à la Beraudière ;
    Item un loppin de pré contenant 3 quartiers ou environ situé en la prée appelée Aubries dite paroisse de Juvardeil joignant d’un costé le pré desdits héritiers Chenerier, d’autre Costé une petite boire appellée la Fosse d’Aubret, abouté d’un bout le pré de Jean Trehorier Me tailleur d’habits en ceste ville et d’autre bout le pré des héritiers de deffunt René Touzede ? Marye Beccot veufve Me René Guillotin
    tout ainsi que lesdites choses se poursuivent et comportent avec leurs apartenances et dépendances et qu’elles sont eschues et advenues audit vendeur de la succession de deffunte Perrine Godebille sa sœur vivante femme de René Rousseau Me parcheminier en ceste ville qui estoit fille et héritière de deffunt Jacques Godebille leur père, avec lequel Rousseau il aurait transigé par devant Beschu notaire soubz ceste cour le 1er juillet 1652 et que Jean Touschais à présent fermier desdites choses en jouit en vertu du bail passé par defunt Cesard Guillotin vivant notaire de Briollay le 17 octobre dernier sans réservation en faire, tenues lesdites choses du fief et seigneurie dont elles relèvent aux cens rentes charges et debvoirs seigneuriaux et féodaux entiens et acoustumés que les parties adverties de l’ordonnance n’ont peu déclarer, lesquels debvoirs ledit acquéreur payera pour l’advenir quitte du passé, transportez la présente vendition cession delais et transport faite pour et moyennant la somme de 400 livres tournois que ledit sieur acquéreur aussy estably et deuement soubzmis promet et demeure tenu payer audit vendeur en ceste ville maison de nous notaire dedans d’huy en 5 ans prochains et jusques à payement la rente ou intérestz à raison du denier vingt par chacun an audit vendeur …
    fait audit Angers maison de nous notaire en présence de Me François Aubert et de René Verdon praticiens audit Angers tesmoings

    Et le 25 may 1659 par devant nous Nicolas Lecomte notaire Angers furent establis soubzmis François Du Laurent Sr de la Boullaye procureur au présidial à Tours demeurant audit Tours mary de Sébastienne Boucherye auparavant veuve de deffunt Claude Godebille vivant Sr de la Tousche vendeur nommé au contrat cy-dessus,… en conséquence de l’acte de transaction passée entre lesdits Du Lorand et Boucherye sa femme, et Me Jean Odye et Charlotte Godebille sa femme héritière dudit deffunt Claude Godebille par devant Cleurouaulx et Moreul notaires royaux audit Rennes le 27 fevrier dernier … a receu comptant etc…
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    Vente de maisons à Laigné (53), 1587, à Guy Planchenault

    Voici encore une vente du Craonnais, faite à Angers.

  • Nous avions vu ces temps-ci un Guy Planchenault, praticien, souvent témoin d’actes à Angers. Je le soupçonnais fort de liens familiaux avec le Craonnais. Mes soupçons s’avèrent fondés.
  • Cette fois il est acquéreur d’un autre Guy Planchenault qui lui doit depuis quelques années la somme équivalente aux 3 maisons vendues. Le fait que l’un ait prêté à l’autre est déjà un fort soupçon de réseau familial. L’accord de celui d’Angers pour acquérir les 3 maisons à Laigné à titre de dédomagement du prêt, montre qu’il est issu de ce bourg, sinon il n’y investirait pas. Même si on ne sait pas le lien exact entre eux, ils sont proches parents, probablement cousins.
  • L’acte notarié qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7
  • Voici la retranscription de l’acte notarié : Le 11 décembre 1587 avant midy, en la court du Roy notre sire à Angers endroit par davant nous Mathurin Grudé notaire de ladite court personnellement estably honorable homme Guy Planchenault marchant demeurant au bourg de Laigné pays de Craonnoys tant en son nom privé que pour et au nom de Mathurine Hubert sa femme à laquelle il a promys et demeure teneu faire ratiffier et avoir agréable ces présentes et en bailler à ses despends lettres de ratiffication et obligation en forme deue dedans 15 jours prochain venant à peine de tous intérestz… soubzmettant ledit estably esdits noms et qualitez et en chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personne ne de biens
    confesse avoir aujourd’huy vendu quicté ceddé délaissé et transporté et par ces présentes vend quicte cedde délaisse et transporte perpétuellement par héritaige à Me Guy Planchenault praticien en court laye demeurant en la paroisse de St Pierre d’Angers à ce présent stipulant et acceptant et lequel a achacté et achaite pour luy ses hoirs
    c’est assavoir une maison avec ses dépendances sise et située au bourg de Laigné joignant d’un cousté à la maison de René Sollyer d’autre cousté à la maison de Pierre Logerays aboutant d’ung bout au jardin de Pierre Logerays d’autre bout à la court de Guyonne La Tucquarde et au jardin de Ambroys Cosnyer ; Item ung jardin dépendant de ladite maison situé audit bourg joignant d’un cousté au jardin de Ambroys Tramyer d’autre cousté à ladite maison cy-dessus confrontée aboutant des deux bouts au jardin de ladite Guyonne Le Tucquarde ;
    Item a ledit vendeur vendu et vend comme dessus audit achateur une autre maison avecque ses appartenances et dépendances sise et située audit bourg et joignant d’un cousté la maison cy-dessus vendue d’autre cousté à la maison de René Ser… abouttant d’ung bout à la maison de Guillaume Jamet ainsi que lesdites deux maisons et jardin et court se poursuivent et comportent avecques toutes et chacunes leurs appartenances et dépendances sans aucune chose y réserver et comme en jouyssait ledit Planchenault vendeur ;
    Item une autre petite maison située audit bourg joignant lesdites deux maisons ainsi que ladite petite maison se poursuit et comporte sans aucune chose y réserver (soit 3 maisons au total, toutes au bourg de Laigné)
    tenues lesdites choses du fief et seigneurie de Marigné sans aucun debvoir, (eh oui ! cela existait de ne pas avoir d’impôt foncier à payer ! et cela n’avait rien à voir avec les revenus, c’était un héritage du passé féodal ainsin conçu)
    transportant et est faite la présente vendition et transport pour le prix et somme de 50 escuz sol vallant la somme de 150 livres tournois, sur laquelle somme ledit vendeur a quité ledit acheteur de la somme de 150 livres au moyen de ce que ledit acheteur à paraillement quitté et quite ledit vendeur de pareille somme de 150 livres qu’il luy debvoit par obligation à cause de prest passé davant Bertrand notaire de ladite court le 2may 1579 … (où l’on apprend que le vendeur devait cette somme à l’acheteur, et ne pouvant le rembourser il lui cèdde des biens fonciers, nous avons déjà vu cela, si ce n’est qu’ici ils sont entre membres d’une même clan familial et cet accord n’a rien d’agressif ente eux)
    fait et passé audit Angers maison de nous notaire ès présence de René Chartelier praticien en court laye demeurant audit Angers et Pierre Dumayne mestayer demeurant en ladite paroisse de Laigné

    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.
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    Vente à rente d’un maison, Angers, 1638

    Autrefois il existait la vente à rente foncière perpétuelle. Au lieu de payer comptant, on devait donc verser une rente annuelle, perpétuelle.

  • La maison dont il est ici question est peu importante, car elle ne semble pas avoir de chambre haute, et une seule chambre en bas, avec une boutique. Or, le prix de la rente est élevée, et voisine celui d’un loyer. Le preneur ne fait donc pas forcément une affaire à mon avis.
  • Nous apprenons qu’elle touche une ancienne auberge des Trois Marchands.. Cette auberge disparue n’était pas encore mentionnée dans ma base de données, je l’y ajoute.
  • Je descends d’une famille Perthué, aliàs Pertué, et je rencontre rarement ce patronyme. Ici, l’épouse est une Pertué, c’est ce qui m’a attirée, même si je ne sais pas encore si elle se rattache ou non.
  • L’acte notarié qui suit est extrait des archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5
  • Voici la retranscription de l’acte : Le 11 novembre 1638 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers ont esté présents François Provost marchant maistre courayeur en ceste ville et Jacquine Pertué sa femme de luy deuement autorisée par devant nous quand à ce, demeurant audit Angers paroisse saint Pierre d’une part, et Julien Aubret Me menuizier en ceste ville y demeurant paroisse saint Maurille et Jullien Aubrée son fils aussy maistre menuizier et Julienne Douillet sa femme de luy auctorisée par devant nous quand à ce, demeurant en ladite paroisse saint Pierre tant en leurs privez noms que au nom et faisant le fait valable de Barbe Jouanneaux femme dudit Aubrée l’aisné, à laquelle ils promettent faire avoir ces présentes agréables à l’accomplissement d’icelles solidairement obliger et audit Provost et sa femme en fournir lettres vallables de rattification et obligation solidaire dedans le jour et feste de Nouel prochain à peine …
    lesquels respectivement establis et soubzmis ont fait le contrat de baillée et prize à rente foncière annuelle et perpétuelle qui ensuit,
    à scavoir que ledit Provost et Pertué sa femme ont baillé et baillent quittent cèddent et transportent audit tiltre euxdits Aubrée et Douillet esdits noms qui ont prins et accepté un corps de logis sis et situé sur la rue de la Chapelle Fallet de ceste ville pès le carroy de la Chevrie compozé d’une cave voultée, d’une chambre ou salle au dessus où il y a cheminée, d’une bouticque à costé, d’un grenier sur ladite chambre, joignant d’un costé la maison et appartenances du sieur de Pretial Courault et où il est demeurant de présent, à laquelle entiennement (anciennement) pandoit pour enseigne les Trois Marchands, aboutant d’un bout au pavé de ladite rue d’autre costé et bout aux logis appartenant au Sr Michel Maussion Me chirurgien en ceste ville tout ainsi que ladite maison se poursuit et comporte avecq ses apartenances et dépendances ainsy que lesdits bailleurs l’ont acquise de René Poybeau et Renée Chauvière sa femme par acte passé par devant deffunt Goussault notaire sous cette cour le 18 septembre 1606, sans aucune réservation en faire, tenue du fief et seigneurie du Chapitre saint Martin de ceste ville chargée vers ledit chapitre de 12 deniers … que lesdits preneurs payeront à l’advenir quitte du passé,
    transportant la présente baillée et prize à rente pour et à la charge desdits preneurs de payer et bailler auxdits bailleurs par chacun en à perpétuité la somme de 48 livres tournois aux jours et festes de Nouel et saint Jean Baptiste par moitié dont le premier paiement de la première année eschoit au jour et feste saint Jean Baptiste prochain et à continuer…
    fait audit Angers maison de nous notaire en présence de Pierre Renou maczon tailleur de Pierre et de Jacques Janvyer et de sire Jacques Gillet marchant confizeur demeurant audit Angers tesmoings, lesdits Douillet et ledit Renou ont dit ne scavoir signer.
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    Construction d’une maison neuve à Chazé-sur-Argos (49), 1575

    Construction d’une maison de closier, à 2 chambres basses dont une seule aura cheminée

  • Le donneur d’ordre est le fermier de la terre, c’est à dire qu’il agit en tant que gestionnaire au nom du propriétaire.
  • Les caractérisques de la maison sont de 11,7 x 5,2 m de superficie intérieure, pour un mur de 0,65 m et une hauteur de 2,6 m, ce qui me fait dire que cette maison sans étage et avec une seule cheminée est une maison de closier.
  • Le montant est peu élevé, soit 140 livres, mais le maçon devra fournir les matériaux pour le prix, sauf ceux qu’il pourra récupérer à Angrie sur une autre maison.
  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7.
  • Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 3 juin 1575, devant Grudé notaire royal Angers, furent personnellement establyz honnestes personnes sire Pierre Besnard marchant fermier de la terre et seigneurie du Bignon paroisse de Vern d’une part, et Pierre Hamelin marchant demeurant au lieu de la Paillardière paroisse de Chazé-sur-Argos d’autre part, soubzmettant lesdites parties respectivement confessent avoir fait et par ces présentes font les accords et conventions qui s’ensuyvent
    c’est assavoyr que ledit Hamelin a promys et promet et demeure tenu faire et parfaire bien et deument de toutes choses nécessaires une maison de longueur de 36 piedz de long et de largeur de 16 pieds le tout de dedans en dedans, et faire les murailles de ladite maison à pierre et à mortier, ladite muraille de 2 pieds d’épaisseur et de haulteur de 6 pieds hors terre sans y comprendre les fondements et oultre faire les pignons à muraille l’un desquels (le pied est une mesure de longueur, qui varie, et j’ignore sa valeur en 1574 à Chazé. Comme la variation est inférieure à 50 %, voici le calcul dans l’unité la plus répandue, le pied de roi, qui fait 31,483 cm, donc la maison fera 11,7 m de long et 5,2 m de largeur utiles, pour un mur de 0,65 d’épaisseur, sur une hauteur de 2,6 m, soit une petite maison basse)
    y sera tenu faire une chemynée à chaux et sable avecques ung manteau de boys
    et de faire en ladite maison ung entredeulx à coulombaige à murs à barreau et terrasse (le colombage est la cloison faite à colombage, et la terrasse le plafond avec le grenier, aussi gaîte de la même manière (voir les maisons à pans de bois). Il y a donc 2 pièces en bas, mais une seule à cheminée, l’autre est ce qu’on appelle une chambre froide)
    et le plus convenablement en la meilleure sorte et manière que faire se pourra et oultre de fournir et bailler par ledit Hamelin de toutte charpente bonne et marchande nécessaire à faire et construyre ladite maison et de faire couvrir ladite maison bien et deument de ardoyse le tout faict et parfait dedans le jour et feste de Nouel prochainement venant,
    et pour parfaire partye de ladite maison ledit Hamelin pourra prendre et accomoder en ce qui sera trouvé estre bon et convenable des vieulx merrains tant de charpente pierre et ardoyse qui proviendra de la vieille maison de la Boystardière paroisse d’Angrye (cette pratique de la récupération des matériaux était générale, à tel point que c’est ainsi que même nombre de châteaux ont disparu, servant de carrière)
    et pour tout ce que dessus faire et parfaire bien et deument par ledit Hamelin dedans ledit temps ledit Besnard a quicte et quicté ledit Hamelin déduit et rabattu audit Hamelin stipullant et acceptant la somme de sept vingt livres tournois en laquelle somme ledit Hamelin estoyt tenu et redevable vers ledit Besnard pour les causes portées et contenues par obligation faite et passée en la cour royale d’Angers par M. Grudé notaire le 23 aoust 1574 portant la somme de 500 livres tournois
    sur laquelle somme de 500 livres ledit Besnard a confessé par davant nous avoyr par cy davant eu et receu dudit Hamelin la somme de 360 livres tournois dont il s’en est tenu à contant et en a quicté et quicte ledit Hamelin tellement que ne resteroyt que ladite somme de sept vingt livres (140 livres) sur ladite somme de 500 livres,
    de toute laquelle ledit Hamelin moyennant ces présentes est demeuré et demeure quicte vers ledit Besnard lequel l’en a quicté et quicte pareillement desquelles choses dessus lesdites parties sont demeurées à ung et d’accord et à tout ce que dessus est dict tenir etc
    fait et passé audit Angers ès présence de honorable homme Me Jehan Huot Sr de la Binetterye et Guy Planchenault praticien en cour laye demeurant Angers tesmoins, ledit Huot a dit ne pouvoyr signer par son indisposition

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    Prix de construction d’une charpente neuve, Mozé, 1683

    Ma grand’mère, née en 1886, disait qu’elle avait traversé une époque remarquable :

    elle avait connu l’arrivée de l’eau courante et potable, l’électricité, le train et l’automobile.

    Dans les années 70, lors de mes longues traversées nantaises en autobus, il m’est arrivé de saisir au vol des conversations, dont celle de ces 2 femmes, parlant des jeunes. Elles avaient l’âge de ma mère, c’est à dire nées dans les années 1910. Elles devisaient sur tout ce qui avait tellement changé que les jeunes (des années 70) avaient la vie facile et en particulier tout oublié du mode de vie qu’elles avaient connu :

    elles citaient leur jeunesse sans eau, sans toilettes autres que dans le jardin etc…

    J’ai personnellement vécu 1 an sans chauffage, ni eau courante : étudiante je louais une chambre haute dans un manoir du 15e siècle, et je montais tous les soirs mon broc plein et mon seau hygiénique vide, puis j’ai vécu encore 3 ans sans chauffage à l’époque où je travaillais. C’était dans les années 50 et 60.

    Nos logements ont en effet connu une telle évolution au 20e siècle que beaucoup aujourd’hui n’ont plus aucune idée de ce qu’il fut autrefois. Mais moins de confort, c’était aussi beaucoup moins cher. Nous payons aujourd’hui le confort !

    Lors de mes recherches dans les archives notariales, j’ai toujours été frappée par le coût peu élevé des travaux de construction et rénovation, et des prix de vente des maisons. Non seulement nous ne construisons plus sans tout un tas de règles de confort, mais pire, notre époque est marquée par la spéculation délirante. Le but de ce billet est de vous rappeler que nos ancêtres ont connu un tout autre logement.
    Pourtant, autrefois les constructions étaient faites pour durer des siècles, alors que nous construisons de nos jours l’éphémère.
    Ceux qui voudraient convertir les livres d’antant en euros actuels pour comprendre un budget logement, tenteraient de comparer des choses incomparables. Pour la construction d’une maison sans chambre haute : cas du logement des métayers et closiers :

      1-Enlever les frais d’architecte, inutile autrefois pour les maisons d’agriculteurs, que le maçon et le terrasseur savaient faire eux-mêmes.
      2-Enlever le prix du terrain, car aujourd’hui il est spéculatif et hallucinant, ce qui n’existait pas autrefois.
      3-Enlever l’électricité
      4-Enlever toute la plomberie : pas d’eau courante pas de gaz, pas de salle de bains, pas de latrines, pas de cuisine, pas de chauffage (cuisine et chauffage sont assurés uniquement la cheminée).
      5-Enlever les vitres aux fenêtres.
      6-Enlever le carrelage au sol : le plus souvent terre battue.
      7-Enlever les cloisons : tout le monde ensemble dans la grande salle basse, qui est salle à tout faire. Et dans la foulée, enlever les papiers peints, etc…
      8-Prendre tous les matériaux sur place : en Haut-Anjou, pays de schiste ardoisier et de grès roussard, pas de problème.
      9-Tout est recyclé : la pierre des châteaux (demandez à ceux de Noyant-la-Gravoyère et de l’Isle-Baraton toute proche !), et celle des maisons en ruines (j’ai trouvé des contrats qui le précisent), mais aussi les charpentes comme dans le contrat ci-dessous.
      10-Enlever les charges sociales (pas d’assurance maladie, pas de retraite etc…)
      11-Par contre construire une grande cheminée dans la salle basse, laquelle recevra l’air nécessaire à sa ventilation par la fenêtre, laquelle fenêtre sera donc située de manière à favoriser le feu.
      12-Pour séparer le grenier de la salle basse, seulement des poutres et ce qu’on appelle une terrasse.
      13-Les réparations de la terrasse et de la couverture sont aux frais du preneur du bail (nous les verrons prochainement) et représentent généralement quelques journées de travail par an.
      14-Pour une ou deux chambres hautes, dans une maison manable (manoir, gentilhommière…), ajouter un escalier et les cheminées des chambres hautes. Au fait, les pièces se nomment chambre basse et chambre haute, le mot chambre étant équivalent à notre pièce, à ceci près que son usage n’est pas différencié, et qu’on fait tout en milieu rural dans la chambre basse : dormir, cuisine, manger, vivre etc…

    Voici un marché de charpente, qui vous donnera une idée du prix de la construction, fort peu élevé. Attention, il concerne 3 chantiers de réparations différents :
    Le 25 août 1683 avant midy, par devant nous René Rontard notaire de la baronnie de Blaizon, résidant à Mozé, furent présents en leurs personnes establis et soumis sous ladite cour chacun d’honorable homme André Aubert marchand bourgeois de la ville d’Angers, et y demeurant, paroisse de St Pierre, d’une part, et Jean Bernier charpentier demeurant au village de la Roche paroisse dudit Mozé d’autre part, entre lesquels a été fait le marché qui ensuit, c’est à savoir que ledit Bernier s’est obligé faire pour ledit Sr Aubert, toute la charpente d’un corps de logis appelé la Hairarye en cette paroisse où demeure François Benoist, de longueur de 44 pieds (soit 14,30 m) ou environ qui est d’y mettre à neuf 33 chevrons, 2 sabliers, 2 filières, un tirant et un poinçon avec ses liens et branchettes, et le faîtage et au surplus se servira de la vieille charpente en ce qui s’en trouvera qui pourra servir, qu’icelui Bernier reliera avec le neuf et la posera en sorte qu’il y ait 4 chevrons sous latte, et audit lieu, il étaiera le plancher de la principale chambre pour le soutenir pendant que l’on maçonnera et refera le pignon où est la cheminée en sorte qu’il ne tombe, et encore de faire et retailler pour ledit Sr Aubert la charpente sur une chambre de maison sise à Bourneuf paroisse de Mûrs de longueur de 25 pieds en laquelle charpente s’oblige y mettre à neuf le nombre de 15 chevrons, 2 filières, de longueur dudit bâtiment et un chevron vieil sur l’étable dudit lieu, même un étaie sous la poutre de ladite étable, et au surplus de ladite charpente, se servira de la vieille charpente et fera en sorte qu’il y aura 4 chevrons sous latte, pour tout quoi faire se fournira de tout bois pour ce faire pour ce qui regarde le neuf et comme aussi de faire à neuf un écrou et une vis et un futeau qu’il posera et mettra au pressoir du lieu de la Farferye après qu’icelui Sr Aubert l’aura rendu à place cela étant fait ledit Bernier s’oblige de mettre et poser lesdits écrou, vis et fusteau dans 15 jours prochainement venants, et quant à l’esgard des autres charpentes cy-dessus promet et s’oblige les rendre faites et parfaites bien et duement comme il appartient dans le 15e jour de novembre prochain, et pour lesquels besogne et charpente iceluy Sr Aubert promet et s’oblige payer et bailler audit Bernier scavoir pour le lieu de la Hairearye la somme de 105 livres, pour le lieu de Bourneuf 47 livres et pour la Farferye 18 livres, sur laquelle somme iceluy Sr Aubert en a payé audit Bernier la somme de 36 livres 10 sols et le surplus de ladite somme icelui Sr Aubert promet et s’oblige la payer audit Bernier en travaillant payant fin de besogne fin de payement, ce qui a été ainsi voulu consenti, stipulé et accepté, et à ce tenir etc obligent etc renonçant etc dont etc fait et passé au bourg dudit Mozé maison dudit Sr Aubert en présence d’honorable homme Claude Rondeau Me chirurgien et Jacques Benoist marchand serger demeurant à Mozé témoins à ce requis et appelés, ledit Sr Bernier a dit ne savoir signer. Constat, accordé en faveur dudit marché qu’icelui Bernier passera un pan de bois qui y est présentement pour faire séparation du grenier audit lieu de la Harearye en l’endroit où il y sera marqué aussi pour faire séparation dudit grenier afin d’en faire deux en lequel pan de bois icelui Bernier y laissera la place d’une porte de largeur de 2 pieds 8 pouces. Signé Aubert, Benoist, Rondeau, Rontard

    Plus nous avons de confort et de spéculation sur les terrains, plus nos logements coûtent cher… et plus nous laissons d’exclus… Voyez tout le mal que se sont donnés Mr Borloo et Mme Boutin… Et, dans tous les cas, il serait vain de convertir des livres de 1623 en euros pour comprendre le prix d’une maison de nos ancêtes. Pour comparer, faut-il encore que les choses soient comparables…

    Vous pouvez visiter sur mon site de nombreuses montrées de l’habitat, lors de baux à ferme, en particulier le bail des terres dépendant de Mortiercrolles, situé autrefois en Haut-Anjou, aujourd’hui en Mayenne.