Fernand Leglaive Paris 1878-1948 photographe de génie sur le front 14-18 au 84° RIT

 

Fernand Louis Prudent LEGLAIVE est né à Paris 22 mars 1878 est décédé à Paris le 6 juin 1948.

Il est le 6ème enfant de Prudent Eloi LEGLAIVE, né à Hans (Marne) le 8 janvier 1835 décédé à Mauves-Sur-Huisne (Orne) le 18 juin 1896 et Augustine Antoinette DAMON, née à Paris 8° le 18 novembre décédée à Paris le 24 mars 1920

Son père est marchand layetier « Celui qui fait des layettes, des caisses de bois blanc. Layetier emballeur’. (Dictionnaire de la langue française Littré). Tome 3, 1873) – « Les maîtres de la communauté des layetiers de Paris se qualifient [en 1767] maîtres layetiers écriniers de la ville et faubourgs de Paris » (Dict. des arts et métiers).

Ce métier existe encore en 2021 mais on dit « cagettes en bois » ou « cageots » pour transporter beaucoup de produits agricolet et autres.

[Leglaive aimait aussi poser lui-même, et cette seconde photo le montre offrant son image dans la glace, ce qui atteste beaucoup de recherche d’originalité de rendu des photos. En outre, on voit qu’en tant qu’officier il est là chez l’habitant, sans doute logé ou au moins en « popote ».]

Après la mort de leur père, Fernand Leglaive et ses frères reprirent l’affaire sous le nom de « LEGLAIVE FRÈRES ».

La fiche militaire de Fernard Leglaive le donne « industriel transport et emballage »

Il a pour frères et sœurs :

1-Louise Augustine LEGLAIVE 1863-

2-Emile Arsene LEGLAIVE 1866-

3-Emile Antoine LEGLAIVE 1867-1950 Marié le 22 janvier 1906, Coulommiers, 77120, Seine-Et-Marne, Île-De-France, FR, avec Juliette Alice CHEVALLIER

4-Ernestine Eugenie LEGLAIVE 1869-

5-Eugene Ernest LEGLAIVE 1872-

Fernand Leglaive est encore étudiant lorsqu’il passe le conseil de révision (selon sa fiche militaire), donc il a un niveau d’études supérieures, ce que n’avait pas Edouard Guillouard, manifestement niveau Brevet Elementaire, qui était le niveau le plus répandu à l’époque.

En 14-18 il est capitaine au 84° RI et c’est là qu’il fait la connaissance d’Edouard Guillouard, alors lieutenant sous ses ordres. Ils vont se lier d’amitié jusqu’à la mort de Guillouard en 1947.

Fernand Leglaive avait acquit avant la guerre un appareil photo, qu’il aura avec lui durant toute la guerre, manifestement après autorisation car les appareils photos sur le front devaient être autorisés sinon ils étaient interdits.

Il partage sa passion pour la photo avec son frère Émile, et le 24 juin 1924 ils adhèrent tous deux à la Société d’excursions des amateurs de photographie, fondée en 1887. Ils y restent longtemps, selon le fonds des bulletins de cette société numérisés sur Gallica.

Le 6 juillet 1917, il reçoit du général Deligny qui commande le 39e corps d’armée, la citation à l’ordre du Corps d’Armée. Motif de la citation : a pris part aux combats de Tournay et Beaumont-Hamel en 1914 – Blessé au visage dans les tranchées de Bailleulval en 1915, n’a consenti à être évacué que sur l’ordre du colonel commandant le régiment – dans la nuit du 24 au 25 mai 1917, à la suite d’un coup de main, montré beaucoup de sang-froid et un expert de décision rapide qui ont permis de repousser l’ennemi.

Le 30 janvier 1927, son beau-frère Hector Beissier, chevalier de la légion d’honneur, demeurant 182 rue de Rivoli à Paris, le fait introduire chevalier de la légion d’honneur.

Son dossier est en ligne, dans la base « Leonore ».

Il demeure alors 30ter avenue Daumesnil Paris 12e.

Il a fait prendre beaucoup de portraits de lui durant ces 4 années de la grande guerre, et toutes posées, quelques unes avec beaucoup de recherche.

Et après la guerre il les conserva dans ses albums photos.

Même la photo assise ci-contre est déjà une forme de portrait abouti.
En effet, la chaise sur laquelle il est assis est posée en pleine forêt ou jardin, et n’a rien d’une photo de salon habituelle à cette époque.

Il semble que cette photo « assis » est prise le même jour que la photo précédente « debout ».

Et le jardin dans lequel il a posé semble être le même.

 

Les 2 photos suivantes sont pleine de malice.

 

 

Il pose d’abord avec son képi.

 

 

 

 

 

Et fait une autre pose sans le képi.

 

Vous voyez le képi posé sur un piquet de la cloture du jardin.

Et autant de malice dans ces différentes poses montre aussi que les pellicules ne manquaient pas.

 

 

Ce qui est très surprenant, car je pensais que pendant la guerre les pellicules auraient été introuvables.

 

Sur ces 2 photos, Leglaive est à Marbache en juillet 1917.

 

 

Il s’était aussi fait prendre en photo 2 mois plus tôt.

 

 

 

Il est à Mousson en mai 1917.

 

 

 

 

 

 

Puis il est au PC Saint-Jacques en octobre 1917.

 

 

 

Il devait y avoir un beau jardin au PC car la première photo de ce PC Saint-Jacques montre une très jolie passerelle.

 

 

Il n’est pas en mouvement, et on voit clairement qu’il pose.

 

 

 

 

La dernière photo est la plus étrange, tant elle créative.

 

Il pose de dos.

Il est toujours comme la photo précédent au PC du bataillon à Saint Jacques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages et de photos dont table des matières

Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT : juillet 1915-février 1916


Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

TRANCHÉES de GASTINEAU à BERLES

1er au 4 août 1915 Tranchées de Gastineau Cie T
5-8.8 Cantonnement Bailleulval
9-12.8 Soutien Gastineau
13-14.8 Cantonnement Bailleulval
15.8 dimanche Promenade à Avesnes (Avesnes-le-Comte à 14 km)
20-25.8 Tranchées Cie T2
26-31.8 Cantonnement Bailleulval
1-3.9 Tranchées Cie T2
4.9 samedi Départ de Mr Leglaive en permission
5.9 dimanche Créalet remplacé au commandement de la Cie
6.9 Tranchées Cie T2
7-12.9 Relève dans la matinée, cantonnement de Bailleulval, travaux le soir du 7 à la muraille de Chine, convoqué par Dussert-Vidolet, le 7 vu Henri Cassin partant pour sa 1ère permission [la muraille de Chine était le nom tout plein d’humour que le 84°RI avait donné à un petit muret derrière lequel ils pouvaient se cacher, et vous en avez la photo sur mon blog]
13.9 lundi Tranchée T2 où nous sommes remplacés le 14 par le 12e
15-16.9 Tranchée T1 où nous remplaçons le 4e
17.9 vendredi Cantonnement de Bailleulval, le 10 du 81e s’y trouve, ils partent pour Arras
18.9 samedi A 10 h alerte, nous montons remplacer la 12e Cie et nous restons en ligne jusqu’au 4 octobre
[photo ci-contre « été 1915, soutien de Gastineau » à gauche Edouard Guillouard]
24.9 vendredi Arrosage des tranchées, surtout la section de Dte
26.9 dimanche Mr Leglaive est blessé dans la matinée
27.9 lundi Créalet vient remplacer Mr Leglaive et manque de griller dans son abri
1er octobre 1915 jeudi Tranchées Cie T2, arrivée des casques [donc la photo ci-dessus est prise dans les premiers jours après l’arrivée des casques donc début novembre 1915]

5.10 mardi Soutien de Gastineau, le colonel remet des décorations, Ct Lemoine, Cavaliers
8-11.10 Tranchées Cie T4, remplaçons 11e Tirbiche, travaux de sape, inquiétude, obus 150, visite du colon (qui crie), attaque par le feu artillerie, heure H jour J
[photo ci-contre « été 1915 tranchée de Gastineau », l’homme assis semble graver une plaque, pour servir d’indication des diverses voies dans la tranchée]
12.10 mardi Bailleulmont, fête, reçu plusieurs colis, l’obus, bouquets
13.10 mercredi Départ pour Bavincourt (6 km O.), quoique mal installé c’est l’arrière, désinfection de l’ambulance
14.10 jeudi Visite d’Henri Cassin qui déjeune avec nous
15.10 vendredi Promenade à l’Arbret (4 km S.O.), brouillard
16.10 samedi Départ pour Basseux (touche Bailleulval, donc le front), installation à l’école, incident avec Créalet, la Carrière
17.10 dimanche grand-messe, dévotions
19.10 mardi emplacement d’alerte
20-23.10 Tranchées Cie T2
24-27.10 Cantonnement Bailleulval chez Dupéré
28.31.10 Soutien Gastineau. Le dimanche 31 messe pour la maison Gastineau par l’abbé Leboeuf
1-4.11.1915 Tranchée T2, remplacé par Mr Paumier dans nouvel abri
5-8.11 Bailleulval
[photo ci-contre « été 1915, soutien de Gastineau » Guillouard est assis au milieu]
9-12.11 Soutien de Gastineau
13-16.11 Tranchées T2, très mauvais temps, pluie, le jour de la relève difficultés pour sortir par les éboulements de tout côté
29-30.11 cote 147, les Rats, signaux avec lanterne pour artillerie, travaux du génie du 11e, Gravoil
1er décembre 1915 mercredi Fortin, Roussel
2-4 décembre 1915 Tranchées de Berles
5-7.12 Bailleulmont

que je n’identifie pas
que je n’identifie pas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

que je n’identifie pas
que je n’identifie pas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« été 1915 Bailleulval » 6 officiers, et Edouard Guillouard est le 5ème à partir de la gauche

« été 1915 Bailleulval, 7 officiers du 84° RIT. Leglaive, le propriétaire de l’appareil photo est au milieu, et c’est probablement Guillouard qui a pris la photo, car je suppose que les officiers ne se faisaient pas photographier autrement qu’entre eux. Pour identifier les autres aidez-vous de la liste de tous les hommes qu’ils ont rencontré au front, selon la liste établie au jour le jour pendant la guerre par Edouard Guillouard.

8-13.12 Gastineau, relève par un mauvais temps, pluie, on trouve difficilement le chemin dans la boue arrivée aux tranchées, remplace Mr Pommier anéanti
14-16.12 Bailleulval, la bouteille d’Elixir à Mr Sacré
[photo ci-contre « été 1915 tranchée de Gastineau, poste d’écoute »]
17-19.12 Soutien à Bellocourt avec le capitaine de Chaneut à monocle
20-22.12 Tranchées de Berles, le colonel sous les obus
23.12 jeudi cantonnement à Bailleulmont
24.12 vendredi Préparatif de départ pour la permission, ce n’est qu’à 15 h que j’apprends mon départ pour le soir, visite à l’église de Bailleulmont, on prépare la messe de minuit, le docteur, le Ct Lochenau, partie de carte après diné, Sarrazin et Licot accompagnent jusqu’à L’Arbret, retard du train, départ à 4 h, à 8 h à Abbeville, visite de la ville, grand-messe en musique, les Indiens, départ à 15 h pour Paris, arrivée sous la pluie, diné à la gare d’Orsay
26.12.1915 Arrivée à Nantes à 4 h
1er janvier 1916 samedi Le premier janvier me trouve en famille à Nantes et dans les souhaits de nouvel an il n’y a pas d’arrière pensée, l’année qui commence sera l’année de la Paix, on entrevoit l’offensive ce printemps et même on fixe comme date extrême le 14 juillet. Aussi c’est avec confiance que le 2 janvier à midi je quitte ma famille pour retourner au front.
2 janvier 1916 dimanche Le départ toujours pénible, les parents, ma femme, mes enfants, mes frères viennent me conduire à la gare, c’est quand même avec tristesse que je quitte les êtres aimés pour repartir vers l’inconnu et le danger. A mon passage à Paris je retrouve l’ami Chaussé à m’attendre à la gare et qui m’emmène diner chez lui où je trouve le meilleur accueil près de sa femme, après un bon dîner, je quitte Paris en fête car c’est dimanche et dans un compartiment bondé je passe la nuit puis la matinée pour arriver à Doullens (au nord d’Amiens et à 167 km de Paris) à 9 h
3.1 lundi Pas de train pour L’Arbret, mais malgré les ennuis d’un long voyage en train de marchandise, je trouve une occasion avec le capitaine Denis du 83e T. et à 4h je suis avec les camarades, qui sont au comble de la joie occasionnée par le départ du colonel Dussert. Je vends à Créhalet l’imperméable horizon que j’avais acheté à Abbeville pour 20 F, il m’en avait coûté 55
4-7.1916 Le lendemain à 4 h départ pour les soutiens de la cote 147 par la pluie. Nous y passons les trois jours sans incidents notables et le 7 au matin nous prenons nos emplacements habituels à T2 de Berles
8-9.1 Séjour tranquille, on ne redoute plus la visite de Dusert-Vidalet, c’est un grand soulagement pour les officiers comme pour les hommes
10.1 lundi Nous descendons des tranchées, nous avons prémédité de recevoir les sous-officiers chez Blanpain où nous avons du matériel, nous faisons acheter chez Ripoche une dinde 22,50 F prix extraordinaire pour le moment.
11.1 mardi Nous les recevons le mardi soir, Joron en avait profité pour prendre une de ces bitures faisant époque, ses camarades ne nous l’avait pas amené. Dîner joyeux, le sergent major Cottereau nous chante la Sainte Bidgougat, Héron et Moreau se font également entendre
|es 3 photos ci-contre montrent le soutien de Gastineau été 1915, sorte d’abri]
13-15.1.1916 Nous prenons les soutiens de Gastineau qui sont en fort mauvais étét, nous y remplaçons Keler. Les trois jours se passent, ce sont des cavaliers qui sont en ligne, on a peine à reconnaître nos anciennes tranchées de 1ère ligne, tout est éboulé et mal entretenu, quelques veilleurs seulement, ce n’est plus notre occupation
16.1 dimanche Départ pour Berles, boyaux en mauvais état, construction d’un abri de chef de section, le colonel Monier Vinard vient nous rendre visite et nous surprend pendant une partie de bridge, bien aimable il ne reste que quelques instants. Pendant ces trois jours je fais finir mon abris
19.1 mercredi Nous retournons à Bailleulval où nous retrouvons la mère Leroy, Mme Loiret loge un général, les cavaliers sont les maîtres du village

photo Leglaive « été 1915 tranchée de Gastineau » Ces soldats gravent des pierres qui seront des paneaux d’indication dans les diverses tranchées

22.1 samedi Nous partons pour Bellocourt, le capitaine Hurel est chef de groupe des chasseurs, nous prenons nos repas en commun et faisons le bridge ensemble, il est très sympathique ainsi que les médecins. Nous profitons de notre séjour pour revoir Rivière Bretancourt, il y encore du commerce et des habitants, un enfant a été tué la veille mais d’autres courent les rues sans se soucier du danger, le côté de Bretancourt est inhabité, c’est dans ce coin où nous avons pris pour le première fois les tranchées, je loge toujours près des Boches, les abris sont en bien mauvais état
25.1 mardi Tranchées de Berles, on commence à parler de relève par les Anglais, nous avons plusieurs visites d’officiers, l’artillerie anglaise tire beaucoup. Nous avons des ripostes, mais les trois jours se passent bien
28.1 vendredi Nous descendons à Bailleulmont, je loge chez Havier, c’est la tranquilité au cantonnement, on parle beaucoup de la relève vers le 15
31.1 lundi Nous partons pour Berles, bien logé quoique peu à l’abri, nous faisons popote avec le commandant et nous jouons au bridge avec Goëceu-Porry le terrible et le bureau interprête de Nantes.
1.2.1916 mardi Nous allons faire des achats à la cantine anglaise, nous prenons plaisir à voir les anglais manœuvrer avec leur fusil mitrailleur, la musique s’exerce sous un hangar, nous visitons le pays et retrouvons la route suivie en septembre 1914 vers Ransart
2.2 mercredi J’assiste dans le patronage de Berles à une grand-messe, c’est le commandant qui joue de l’orgue et chante, les Anglais tirent beaucoup dans la soirée
3.2 jeudi Tranchée de Berles pour la dernière fois, mon abri est bien solide, le village de Berles que nous avons quitté le matin est bombardé à plusieurs reprises dans la soirée au moment ou la musique militaire anglaise donnait un concert, le bombardement recommence et tue 24 Anglais 6 Français et une cinquantaine de blessés français et anglais
4.2 vendredi L’adjudant Paul est blessé grièvement et les deux autres jours sont tranquilles, nous quittons avec espoir de ne plus revenir, mais nous n’osons pas y croire
[Edouard Guillouard a envoyé à son fils Robert, âge de 7 ans, cette magifique carte postale, en relief et jolies couleurs rappelant la présence anglaise amie, mais la carte est bien émise par l’armée Française]
6.2 dimanche Nous arrivons à Bailleulmont, j’assiste à la grand-messe et au salut, le curé de Berles fait un service comme les bruits de départ se confirment nous tenons à recevoir le deuxième groupe de sous-officiers à diner chez Blanpain, tout se passe bien. Fauceron nous chante la neige et on se quitte comptant bien que la guerre ne sera pas longue désormais, notre rôle est terminé
8.2 mardi On réduit le plus possible les bagages, j’expédie ma cantine (valise à chaune)
[avant de quitter les lieux ils prennent une dernière photo de la maison Gastineau, qui entre-temps n’a plus beaucoup de tuiles au toit]
9.2 mercredi Nous remontons aux soutiens de la cote 147 mais on s’attend à la relève, dès le matin visite d’officiers anglais, les permissions sont supprimées et on s’apprête au départ, la journée et la nuit passe
10.2 jeudi Nouvelle visite d’officiers, nous faisons des transports de tout le beau matériel de tranchée finies, periscope, beaucoup de gaspillage, les voitures manquent, enfin à 6 h du soir ils arrivent, mais la relève est longue, j’attends plus d’une heure à Berles, il est 9 h quand nous quittons Berles, en sortant du village nous trouvons couché sur la route le caporal Giraud ivre mort, nous faisons la route jusqu’à Bavincourt heureux de quitter ce coin que nous tenons depuis plus de quinze mois, pour nous nous partons vers l’inconnu vers le repos, on parle de divers cantonnements, puis Lisbourg. Arrivés à Bavincourt (6 km O. de Bailleulmont), la compagnie loge dans une grande barraque Adriant et les officiers sont logés dans le théatre sur la place, sur des paillasses, nous sommes une vingtaine Mr Leglaive, les officiers du 3e bataillon, Rousselot, Rivasseau, Cru, Poumier, Duneau, Léonardi, Créhalet a soif, je l’accompagne dans un bistro borgne dont je conserverais souvenir les bas fonds de Paris, dépravation, ivrognerie. Nous dormons peu, il fait froid dans l’abri et nous sommes matinal le lendemain

carte postale « LISBOURG passerelle sur la Lys » Cette rivière prend sa source dans le pays, c’est elle qui traverse la Belgique

11.2 vendredi Nous déjeunons chez Mme Gautmont très aimable de nous recevoir, car ce pays est peu sympathique. Nous partons en autos à 9 h par Avesnes-le-Comte, la grand’route de StPol, nous faisons une courte halte à StPol (StPol-sur-Ternoise) et à 3 h nous sommes à Lisbourg (55 km N.O. de Bailleulmont) . Nous nous installons dans le haut du village, le cantonnement est assez long à faire et ce n’est pas sans difficultés, le capitaine Tardieux s’étant entouré de Glorion pour la distribution des emplacements et ils ne sont pas les plus mal servis. Je loge dans une ferme chez de braves gens Bienaimé Victor, j’ai une grande chambre mais comme nous n’étions pas difficiles à ce moment, j’en suis très content
12.2 samedi Continuation de l’installation du cantonnement, les hommes ne sont pas très bien et on obtient difficilement de la paille. Le pays n’a pourtant pas été éprouvé par la guerre, c’est un petit village assez coquet, situé à la source de la Lys, Mr Leglaive demeure tout près de cette source
13.2 dimanche Nous goutons du repos à l’arrière, grand-messe aec les habitants du pays, la population est assez aimable, nous j’y sommes pas habitué, le 2e bataillon arrive dans l’après midi du dimanche avec le colonel le Drapeau et la 2e Cie qui était restée un jour de plus à Gastineau. Les cafés sont ouverts toute la journée et les poilus en profitent même les officiers, Créhalet s’illustre par de fameuses fredaines
14.2 lundi Mr Leglaive part en permission, le pourcentage est augmenté de 20 puis de 35 %, il ne reste que peu de monde à la Cie
15.2 mardi Le temps est mauvais, beaucoup de pluie
16.2 mercredi J’apprends la mort de tante Marie (Audineau, de Clisson), et envoi une lettre de condoléance à ma femme
17.2 jeudi Chaque jour on fait un peu d’exercice, mais c’est le repos complet, petite marche
20.2 dimanche Repos, à la grand-messe le capitaine Hervé parade près du colonel
21.2 lundi Matin feu chez le maire, Hucteau oublie de nous prévenir, mais ce n’est pas conséquent
22.2 mardi Le froid se fait de plus en plus fort, chaque on compte que le séjour sera d’un mois
23.2 mercredi Mr Leglaive rentre à 8 h 30 du soir, on l’attendait le matin avec Locart et Tardieux parti 24 heures après rentré avant
24.2 jeudi le froid et la neige continuent, on parle de Verdun mais on a pas l’impression de ce qui se passe
25.2 vendredi Le feu se déclare dans les dépendances de la ferme où j’habite, mais rien de grave. La pauvre femme est navrée, ils ne sont pas assurés, on croit que ce sont les brancardiers qui ont occasionné l’incendie
[photo ci-contre « été 1915 le lieutenant Sacré »]
27.2 dimanche Nous assistons à la grand-messe, l’après-midi nous faisons une promenade à Verchin (2,7 km de Lisbourg en remontant la Lys), on parle de plus en plus de Verdun et on commence à savoir notre infériorité dans cette bataille et notre recul, on craint pour la ville de Verdun. A notre retour nous apprenons le départ du régiment pour faire des travaux à N.D. de Lorette et Ablain. Mr Sacré nous apprend la mort de son père. Soirée triste, le départ est fixé au 1er mars
28-29.2 Préparatifs de départ, on regrette ce pays et on appréhende les travaux dans cette contrée de N.D. de Lorette (55 km S.E. de Lisbourg, près de Lens)
J 414 (1 an 1 mois 28 jours) : arrivée des casques
On craint pour Verdun,
le 25.2.1916 les Allemands s’emparent du fort de Douaumont

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger : début août 1915  –  fin août 1915  –   septembre 1915   – octobre 1915  – fin octobre 1915  – novembre 1915  –   début décembre 1915  –   fin décembre 1915  – début janvier  1916  –  mi janvier  1916  –   20 janvier 1916  – fin janvier  1916  – début février  1916  – 10 février  1916  – 15 février  1916  –   20 février 1916  –   fin février  1916  –