Pierre Doisseau, apothicaire à Angers, acquiert la métairie de Beaussé, et les bêtes et meubles, Marcé 1519

J’avais mis sur ce blog en 2012 Pierre Doisseau, apothicaire à Angers, acquiert bêtes et meubles, Marcé 1519. Or, je retrouve un autre acte daté du même jour, qui est l’achat de la métairie de Beaussé. Les 2 actes, bien que séparés, concernent un même achat de métairie d’une part et des meubles et bestiaux d’autre part, je remets ici les 2 actes sur la même page.

L’acte d’achat de la métairie de Beaussé est bien le titre que l’on rencontrera ensuite chez un Doisseau « sieur de Beaussé », donc c’est bien la branche des apothicaires. Voici donc encore cet apothicaire, dont je vous ai déjà mis plusieurs actes et j’en ai d’autres. Comme la majorité des retranscriptions que je vous mets ici, il n’est pas dans mon ascendance, mais il illustre la vie au temps passé comme tous les actes que je mets ici. En tous cas, il ne faut pas vous étonner de voir les bêtes avec les meubles, car souvenez vous bien qu’autrefois les bêtes sont des meubles vifs. Jolie expression, qui nous surprend de nos jours !

J’ai trouvé ces 2 actes aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
Le 26 mai 1519 (Huot notaire Angers) En la cour royale à Angers etc personnellement estably vénérable et discret maistre Laurens Ernoul chantre et chanoine de l’église collégiale monsieur sainct Pierre d’Angers et chanoine de St Maurille dudit Angers, soubzmectant confeses avoir aujourd’huy vendu et octroié etencores vend et octroie dès maintenant et à présent à toujourmais perpétuellement par héritage à honneste personne Pierre Doisseau marchand apothicaire demourant à Angers et suppost de l’université dudit lieu, qui a achacté pour luy et Renée sa femme absente, leurs hoirs et aians cause, le lieu et mestairie de Beaussé avecques la cousallaire assis et situé en la paroisse de Marcé près Challoche composé de maisons pressouer grange estables et 25 journaulx de terre labourable ou environ, de 16 quartiers de bois taillis ou environ, de 20 quartiers de vigne ou environ, de 3 quartiers de pré ou environ sis en l’isle Bruneau, et jardrins estranges aireaux pastures hayes clouaisons rues et issues et autres appartenances, ensemble un petit estang peuplé sis au dessoubz de ladite maison, avecques toutes (f°2) et chacunes les appartenances et dépendances desdits lieux acquestz et conquestz que ledit vendeur à fait auxdits lieux et tout ainsi que les tenoit et possédoit par cy davant ledit vendeur sans aulcune chose en retenir ne réserver, toutes lesdites choses fors lesdits 3 quartiers de pré ou fyé de Ganeze dépendant de la seigneurie de la Chapelle st Lau appartenant aux doyen et chapitre de st Lau lez Angers, et tnuz d’eulx à 50 sols tz admortissables à la somme de 50 livres tz, et à 18 sols 10 deniers tz et 3 sols 9 deniers tz le tout de cens rente ou debvoir paiables par chacun an aux jours accoustumés, et lesdits 3 quartiers de pré ou fyé du Chasteigner et tenuz de là à 3 deniers tz de cens rente ou debvoir paiables aux jours accoustumés : transportant etc et est faite ceste présente vendition pour le prix et somme de 810 livres tz dont et de laquelle somme il en a esté paié baillé et nombré content en notre présence et à veue de nous par ledit achacteur audit vendeur la somme de 305 livres tz qui les a euz et receuz en or et monnaie dont ledit vendeur s’en est tenu par davant nous à bien paié et content, et en (f°3) a quicté et quicte ledit achacteur, et le surplus de ladite somme qui est 505 livres ledit achacteur a promis et promet les payer et bailler en la manière qui s’ensuit …

et voici le 2ème acte qui concerne les bestiaux et meubles : Le 26 mai 1519 (Huot notaire Angers) en notre cour à Angers etc personnellement estably vénérable et discret maistre Laurens Ernoul chantre et chanoine de st Pierre d’Angers soubzmectant etc confesse avoir aujourd’huy vendu et octroié et encores vend et octroie à honneste personne Pierre Doysseau marchand apothicaire demourant à Angers qui a achapté pour luy et Renée sa femme leurs hoirs etc les meubles ustenciles et bestial cy après déclarés,
c’est à savoir deux beufs, six pourceaulx tant petits que grans, quinze brebiz et aigneaulx, troys liz avecques les charlitz garniz, deux coffres, bans, tables, chezes, escabeaux, bancelles, chandeliers estaing, linge, cuilliers et autres ustencilles et un réserve les tonneaux et tout ainsi que lesdits meubles sont de présent au lieu de Beausse et de la Couseillère sis en la paroisse de Marcé près Challoché sans aucune chose en retenir ne réserver ; et est faite ceste présente vendition pour le prix et somme de 40 livres tz de laquelle somme ledit vendeur s’en est tenu par davant nous à bien paié et content et en a quicté et quicte ledit achacteur ; à laquelle vendition et tout ce que dessus est dit tenir et accomplir etc et à garantir etc et aux dommages etc obligent ledit vendeur soy ses hoirs etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc
présents ad ce vénérable et discret maistre pierre de Chantepie chanoine de saint Maurille d’Angers et Brisegault Lefeuvre marchand apothicaire demourant à Angers tesmoings ; fait à Angers en la maison dudit vendeur les jour et an susdits

 

Achat de 500 faux fabriquées à Orléans, amenées par bateau : Angers 1595

On fabriquait encore en France !
et le fabriquant venait d’Orléans à Angers avec des échantillons proposer sa marchandise, car il fabriquait 2 sortes de faux. Mais la vente n’est pas franco de port, et l’acheteur assume le voiturage par eau, mais ne paiera que 3 mois après la livraison, et cela c’est moderne !!!

500 faux c’est beaucoup sans doute pour vous, mais à l’époque le cheval consomme beaucoup de foin, et le fauche ainsi !!! L’ère du pétrole n’est pas arrivée encore ! Remarquez on reviendra sans doute plus au cheval mais sans le cheval de loisir moderne, le cheval utile à l’homme pour se déplacer ou tracter.

J’ai connu le temps de la faux, surtout dans les jardins particuliers, enfin pour ma part j’ai pratiqué la faucille sur la pelouse de mes parents dans les années 1945-1955

On la trouve toujours en vente, mais hélas pas fabriquée en France, comme tout ce qu’on achète !!! mais préconisée par les amoureux de la nature !

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 29 mai 1595 après midi, en la cour du roy nostre sire Angers endroit par devant nous Jean Chuppé notaire d’icelle personnellement estaby Claude Daniel le jeune, marchand demeurant en la ville d’Orléans, d’une part, et sire Pierre Bouvet marchand poilier demeurant en ceste ville d’Angers d’aultre part, soubzmettans lesdites parties confessent avoir aujourd’huy fait le marché et convention que s’ensuit, c’est à savoir que ledit Daniel a vendu audit Bouvet le nombre de 500 de faulx de 2 sortes, dont ledit Daniel en a laissé audit Bouvet 2 pour échantillon l’une du prix de 24 escuz le cent et l’autre à 32 escuz ung tiers, et dont ledit Daniel a promis en bailler audit Bonnet le nombre de 250 de chacune sorte, lequel Bouvet les prendra en la maison dudit Daniel audit Orléans, lequel Daniel a promis les bailler à ung marinier dedans 3 sepmaines qui les amenera aux Ponts de Sée pour les livrer audit Bouvet, et ledit Bouvet demeure tenu paier la voiture, et après la livraison ledit Bouvet a promis les poyer audit Daniel dedans 3 mois après le jour de la livraison audit prix cy dessus, dont les parties sont demeurées à ung et d’accord ; auquel marché et tout ce que dessus tenir et garantir etc obligent lesdites parties respectivement etc renonczant etc foy jugement condamnation etc fait et passé audit Angers en nostre tablier en présence de Yzac Jacob et Thomas Camus praticiens audit Angers tesmoings

François Lemée, bourgeois de Nantes, en affaires à Angers, 1608

Manifestement il est venu à Angers acheter une marchandise, non spécifiée, et paiera dans 3 mois, mais la somme est élevée, environ une petite closerie, ou 6 bons chevaux.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8 – Voici la retranscription de l’acte : Le lundi 14 avril 1608 après midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers feurent présents et personnellement establis honorable homme François Lemée sieur de Belair, marchand l’ung des nobles bourgeois de Nantes et y demeurant et sire Pierre Leveau sieur du Pré Neuf marchand demeurant Angers paroisse Ste Croix, lesquels soubzmis soubz ladite cour eux et chacun d’eux seul et pour le tout sans division ont recogneu et confesse debvoir et par ces présentes promettent payer et bailler en ceste ville d’Angers dedans 3 pois prochains venant à honneste homme Pierre Courairye sieur de la Haye à ce présent la somme de 600 lvires à cause de prest présentement fait par ledit Courairye auxdits Lemée et Leveau qui icelle somme ont eue prise et receue en présence et à veue de nous en espèces de 16 sols de présent ayant cours suivant l’édit et ordonnance du roy, dont ils se sont tenus contants et en ont quité et quitent ledit Courairye
au paiement et restitution de laquelle somme de 600 livres dans ledit temps despens dommages et intérests en cas de défaut se sont lesdits Lemée et Leveau obligés et obligent chacun d’eulx seul et pour le tout sans division etc renonçant etc et par especial aux bénéfices de division et discution d’ordre de priorité et postériorité foy jugement condemnation
fait et passé Angers maison de nous notaire en présence de Me Ambrois Guillet et Fleury Richeu demeurant audit Angers tesmoins et Ysrael Boury sergent royal demeurant à Segré

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir. Et j’ignore ce que fait Israël Bourry ici. Il a sans doute un lien avec Lemée ?

PS (contre-lettre mettant Leveau hors de cause) : Le 14 avril 1608 après midy, par devant nous René Serezin notaire royal Angers fut présent honorable homme François Lemée sieur de Belair marchand l’ung des nobles bourgeois de Nantes y demeurant lequel a confessé que aujourd’huy auparavant ces présentes à sa prière et requeste et pour luy faire plaisir seulement sire Pierre Leveau sieur du Pré Neuf marchand à Angers a ce jour avec luy solidairement obligé vers Me Pierre Courairye sieur de la Haye en la somme de 600 livres tz et icelle rendre dans trois mois comme appert par obligation qui en a esté aujourd’huy faite et passée par devant nous et combien que par icelle apparoisse que ledit Leveau ait eu et receu ladite somme comme ledit sieur Lemée, néanmoins la vérité est que à l’instant de ladite obligation ladite somme a esté pour le tout prise et retenue par ledit Lemée sans que d’icelle il en soit rien demeuré ès mains dudit Leveau ne partie d’icelle tourné à son profit comme ledit Lemée a recogneu et confessé par devant nous
partant a ledit Lemée promis payer ladite somme de 600 livres dedans 3 mois terme de ladite obligation audit Courairye et en acquiter libérer et indemniser ledit Leveau et luy en fournir et bailler acquit et quittance bonne et valable dedans ledit temps à peine de toutes pertes despens dommages et intérests en cas de défaut
et pour l’effet et exécution des présentes ledit Lemée a prorogé cour et juridiciton par devant monsieur le lieutenant général de monsieur le sénéchal d’Anjou Angers, voulu et consenti veult et consent estre traité et poursuivi comme par devant son juge ordinaire et renonce à tout déclamatoire pour quelque cause et privilège que ce soit, eslu son domicile perpétuel et irrévocable pour luy ses hoirs en ceste ville maison de nous notaire pour y recepvoir tous exploits de justice qu’il consent valoir et estre de tels effects force et verty comme si faits et baillés estoient à sa propre personne et domicile naturel
à ce tenir etc et à payer etc aux dommages etc oblige etc renonçant etc foy jugement condemnation
fait et passé à notre tabler en présence de Me Ambrois Guillet et Fleury Richeu et Israel Boury sergent royal à Segré

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Thomas Loyau, marchand à Andigné, vend 2 fournitures de blé : 1547

Selon le DIcitonnaire du Monde Rural de Michel Lachiver :
fourniture : ancienne mesure de compte qui était de livrer 21 articles pour 20 payés, le 21ème étant la garniture. En Anjou, fourniture de 21 setiers de blé.
Le setier était la mesure de capacité qui était la référence utilisée pour évaluer les cours à Paris.
Le setier de Paris vallait 12 boisseaux de 13 litres, soit 156,1 litres.

Mais le même dictionnaire précise que généralement en Province, le setier était inférieur.
Faute d’avoir trouvé celui d’Anjou, voici en setier de Paris !
21 setiers par fourniture = 3 278 litres, soit 3,278 M3
En tenant compte de la masse volumique, qui est d’environ 850 kg par M3 de blé, une fourniture pèse environ 2,778 tonnes
Thomas Loyau vend donc ici 5,25 tonnes environ.
A mon avis il n’est donc pas closier ni métayer, mais bien marchand fermier.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E2 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 27 avril 1547 en la cour du roy nostre sire à Angers (devant Lemelle notaire Angers) estably Thomas Loyau marchand demeurant au bourg d’Andigné d’une part, et maistre Mathurin Marconault demeurant en ceste ville d’Angers d’autre part, confessent avoir et font le marché qui s’ensuit, scavoir est que ledit Loiau a vendu et vend par ces présentes audit Marconault qui a achacté de lui 2 fournitures de blé seigle bon et marchand de la cueillette dernière passée le tout à la mesure d’Anjou fournie chacune fourniture de 21 pour 20, lequel nombre de blé dessus dit ledit Loyau a promis rendre bailler et livrer audit Marconault en ceste ville d’Angers ainsi que s’ensuit, scavoir est une fourniture que ledit Loyau a ja baillée audit Marconault ce jour et l’autre fourniture dedans 4 mois prochainement venant, et est fait ce présent marché pour la somme de 34 livres pour chacune fourniture dudit blei, dont et sur lequel marché ledit Marconault a payé audit Loyau en notre présence 20 escu sol et le reste payable comme s’ensuit, scavoir est dedans quinze jours prochainement venant 4 livres 15 sols et de surplus à la livraison de ladite fourniture, et à ce tenir etc dont etc obligent etc renonçant etc foy jugement condemnation etc fait et passé audit Angers par devant nous Jehan Lemelle notaire royal présents Macé Esnault Me barbier et Jehan Beatignolle demeurant audit Angers tesmoings

Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

Commande de vaisselle d’argent bordée d’or aux armes des de Saint Georges, à Toussaint Colpin orfèvre, Angers

le prix est fixé au marc de vaisselle, et merci de compléter avec la valeur du marc.
le versement de l’accompte est fait avec une croix de diamants et une chaîne en or.

Toussaint Colpin est noté comme réformé, ainsi que son épouse, Madeleine Poisson, dans le Journal de Louvet.

La famille de Saint-Georges portait « D’argent à la croix de gueules »

Elle est sur Wikipedia, mais surement ailleurs aussi.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E121 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 16 juillet 1547 en la cour du roy notre sire Angers (Huot notaire Angers) personnellement estably honneste homme Toussaint Colpin marchand Me orfèvre demourant à Angers soubzmettant confesse avoir vendu et par ces présentes vend et promet bailler et livrer
à noble homme François de St George sieur de Vaubouesseau à ce présent stipulant et acceptant
ung bassin, une couppe couverte, ung potet et deux sallières le tout d’argent bon loyal et marchand d’or par les bords fazures et moullures plus salleron desdites sallières doré oultre lesdits bords ficzures et moullures

FISSURE, subst. fém.
A. – MÉD. « Orifice de la fracture »
B. – « Fente »

FAISSURE Région. (anglo-normand)
A. – « Ce que l’on fait, action »
B. – « Façon » (GD)
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) sur le site http://www.atilf.fr/dmf

toute ladite vaisselle armoryée aux armoyries dudit de St George lesdits escussoins et armoyries dorées et le tout rendu bien et deument fait et bien doré de la faczon dont ledit Colpin a fait et monstré audit de st George des portraits en notre présence dedans 6 sepmaines prochainement venant
et est faite ceste présente vendition pour enpayer par ledit de st George le prix et somme de 17 livres 10 sols tz chacun marc de ladite vesselle tant pour argent faczon que drece sur la valeur et prix de laquelle vesselle ledit Colpin a eu et receu en notre présence dudit de st George la somme de 173 livres 10 sols en une croix de dyamans et une chesne d’or à luy baillés par ledit de st George, lesquels ledit Colpin a prins et acceptés pour ladite somme de 173 livres 10 sols tellement qu’il s’est tenu à content de ladite somme soit la valeur de ladite vesselle et l’en a quité et le reste de la valleur à quoy pouroit monter ladite vesselle audit prix de 17 livres 10 sols chacun marc ledit de st George sera tenu et a promys le payer et bailler audit Colpin dedans la feste de Toussaint prochainement venant
auxquelles choses dessus tenir etc dommages etc obligent lesdites partyes respectivement etc foy jugement et condemnation etc
présents à ce Anthoyne Seron et Jehan Delalande orfèvres demeurant à Angers tesmoings
fait et passé audit Angers les jour et an susdits

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Quand la quincaillerie normande passait par la foire de Fontenay le Comte : saisie de 32 balots sur 16 chevaux, Chantonnay 1626

pour défaut de paiement des impositions foraines.

Cette caravane de 16 chevaux comprenait plusieurs voituriers, qui me semblent être au nombre de 4, mais ils n’étaient pas les propriétaires de la marchandise, seulement les transporteurs, car les propriétaires réels sont ici en train de s’expliquer devant le receveur des impositions foraines à Angers , ou le convoi saisi a été acheminé par 2 sergents royaux, pour faire libérer leur marchandise.
Une première question me vient à l’esprit devant la géographie extraordinaire de l’acte qui suit : Etait-ce par ce que la foir de Fontenay-le-Comte était si importante en 1626 ? car comment expliquer que des marchandises aussi diverses que soie, mercerie et quincaillerie cheminent ensemble vers Nantes.

La scène se passe à Angers, maison du receveur des duchés de Thouars et Beaumont. Je me demande pourquoi ce receveur est installé à Angers ? si loin des terres qu’il est censé gérer ?
La caravane des 16 chevaux a été saisie au niveau de Chantonnay, qui est sur la route qui remonte de Fontenay le Comte à la Bretagne, ou plus simplement à Nantes, alors en Bretagne. Et du fait que le receveur demeure à Angers, tous les chevaux et marchandises saisis ont été acheminés à Angers et la scène décrite dans l’acte qui suit est la négociation de chacun pour le paiement des droits afin de voir sa marchandise et les chevaux délivrés.

Je suppose que chaque cheval portait 2 ballots, un de chaque côté mais je n’ai aucune idée du poids ou volume d’un ballot, mais je crois avoir lu quelque part qu’autrefois les chevaux n’étaient pas grands comme de nos jours, mais en tous cas robustes.
La saisie des chevaux était plus compliquée que la saisie de voitures actuelles, car il fallait chaque jour beaucoup d’eau et de fourrage, alors qu’une voiture à l’arrêt ne consomme rien. Les marchands doivent donc payer les droits, les voituriers qui ont fait le détour pour la saisie, et les frais pour l’entretien des chevaux, et la somme est très elévée, et même si élevée que je suis surprise de découvrir ainsi que les impositions foraines n’étaient pas données !!!
D’ailleurs, ces marchands qui voyagent tous sans acquits, clament qu’ils n’en savaient rien qu’il fallait payer les droits !!! Bien sûr, selon moi, ils mentent, et même j’irais jusqu’à penser qu’ils ont fait faire à leurs marchandises respectives un chemin détourné pour ne pas payer les droits, mais tout laisse à penser qu’ils ont été dénoncés.

Comme tous les actes notariés contenant des transactions, et ici d’autant que le nombre d’interlocuteurs est important (marchands, voituriers, sergents royaux, et gardes des chevaux etc…) le notaire écrit au fil de ce que chacun vient dire et l’ensemble est assez difficile à suivre, et ce n’est d’ailleurs qu’à la fin que j’ai découvert la mention explicite des 4 ballots de quincaillerie appartenant à un Normand nommé Deslandes.
Je pensais que la quincaillerie normande, à laquelle je m’intéresse depuis toujours : voyer les pages normandes de mon site consacrées à la quincaillerie, son histoire, et la route du clou, car je descends de quincaillers sur plusieurs siècles venus de Normandie s’installer à Nantes, les GUILLOUARD.
Je découvre ici que la quincaillerie pouvait emprunter des voies parfois détournées pour arriver à Nantes.

    histoire de la quincaillerie normande
    route du clou

Par ailleurs pour les ballots de mercerie, je vous rappelle amicalement que le terme est un faux ami, et que nous l’avons étudié ici.
Mercier, mercelot, porteballe, portepanier, colporteur

et dans le Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) sur le site http://www.atilf.fr/dmf
MERCERIE, subst. fém. « Marchandise vendue au détail par la corporation des merciers et comprenant la petite orfèvrerie, des objets d’art, des étoffes, des draps, des fils de soie, des rubans, des peignes, des gants…, et de menus objets de corne, ivoire ou os »

Enfin, je vous signale que le Forez nous envoyait ses bûcherons à Belligné, et que nous le suivons ici depuis longtemps aussi, et voici donc encore un témoignage qui vient du Forez.
et sur mon blog
Pierre Blanchon, marchand demeurant à Saint Etienne en Forez, livre des pièces pour montage d’arquebuse et repart avec du drap, Angers 1596

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 2 juillet 1626 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers personnellement establiz Blaise Badoy marchand demeurant à st Offreme en Forest et Ysaac Brunet aussy marchand natif de Fontenay le Comte de présent demeurant à Tours maison de Pierre Legoux paroisse st Saturnin comme ils ont dit, lesquels se sont adressés à noble homme Me Guillaume Faguerolles commis à la recepte générale des traites et impositions foraines reaprétiation d’icelles et nouvelle imposition d’Anjou duché de Touars et de Beaumont pour noble Me Jehan Girard fermier général desdits droits auquel parlant trouvé en sa maison en ceste ville d’Angers ont dit savoir ledit Badoy que du nombre de 32 ballotz de marchandise estant sur 16 chevaulx saisys par Pelé sergent royal à la requeste dudit Girard le requérant Me Jehan Gobbe le jeune son gendre demeurant à Chollet le 29 juin dernier estant au bourg de Chantonnay pour mener en Bretaigne, il y en a 6 ballotz qui luy appartiennent que lesquelles marchandises estant la foyre de Fontenay le Comte il avoit baillé à Jan Desert et Jan Moidon pour les mener en la ville de Nantes auxquels voyturiers n’ont esté baillé argent pour acquitter lesdites marchandises desdits droits

n’ayant cognoissant qu’ils y fussent soubzmis et qu’ayant eu advisé que lesdites marchandises ont esté amenées en ceste ville par lesdits voyturiers il desireroit icelles acquiter desdites droits ou qu’il en donnast délivrance et des chevaux saisis luy déclarant ce que peult debvoir ladite marchandise qui est moitié de soye et l’autre moitié de mercerye meslée
et ledit Brunet que dudit nombre de 32 ballots saisies il y en 10 à luy appartenant qui sont aussy moitié soye et moitié mercerye qu’il auroit baillée à Gilles Fournyer aussy voiturier lors qu’il estoit à ladite foyre de Fontenay quoy que soit ledit Beaumont pour luy pour aussy les voiturer en ladite ville de Nantes et n’avoit aussy esté baillé argent pour payer lesdits acquits pour les raisons susdites protestaient à faulte de ce faire de tout dommage intérests et despens et de leurs retards
au moyen de ce que présentement ils ont offert et mis au découvert la somme de 320 livres tant pour lesdits acquits que frais de saisie et autres fors néantmoins la dépense desdits voituriers et desdits chevaux qui ont voituré et conduit lesdits soye ballots de marchandye audit lieu de Chantonnay jusques en ceste ville qu’il a aussi offfert rembourser et encores acquiter lesdites Pelé et Gobbe de la voiture desdites marchandises vers les voituriers suyvant ce qui leur a esté accordé par le procès verbal dudit Pelé
laquel Faquerolles a fait response que ladite somme de 320 livres n’est suffisante pour satisfaire et payer lesdits droits desdites soye ballots et marchandye et frais d’icelle saisie que des convois et néantmoins sans tirer à conséquence pour l’advenir a offert par composition recepvoir ladite somme de 320 livres tz qu’il a présentement receue en pièces de 16 sols et autre bonne monnoye courante s’en est contenté et quitté etc pour lesdits droits desdits soye ballots et moitié desdits frais de saisye fors desdites voitures et dépense faite pour laquelle dépense ils ont aussy pour une moitié payé et remboursé présentement audit Gobbe la somme de 15 livres 4 sols sans préjudice desdites voitures desquelles lesdits Pelé et Gobbé demeurent deschargés au moyen de ce lesdits voituriers se sont contenté de la promesse desdits Badoy et Brunet qi promettent leur payer et satisfaire
au moyen de ce que dessus ledit Faguerolles a consenty et consent délivrance desdies soye ballots et des 8 chevaux qui les ont apportées en payant aussy la garde et dépense d’iceux depuys qu’ils sont en ceste ville et a l’instant ledit Madon voiturier a offert audit Faguerolles la somme de 15 livres tz pour les acquits cy dessus de 4 ballots de quincaillerye faisant aussy part desdits 32 ballots saisis pour sa part des frais de ladite saisie lequel Faguerolles a comme dessus dit ladite somme n’estre suffisante pour ceste offre et néantmoings a aussy receue ladite somme pour lesdits acqits sans préjudice de la par de ladite dépense faite par ledit Gobbé pour laquelle il a aussi protesté payé et remboursé à iceluy Gobbé la somme de 4 livres et pour le regard de la voiture en compte ledits Pelé et Gobbé par ce que s’est luy mesme qui l’a faite et que lesdits 4 ballots de quincaillerie appartiennent à ung nomme Deslandes marchand demeurant en Normandie

    qu’est-ce que font les 4 ballots Normands à Fontenay-le-Comte pour aller à Nantes ? Cela n’est pas leur route naturelle, et on peut se demander si tous ces marchands n’ont pas tenté une route « hors chemins habituels » pour éviter de payer les droits ?
    Mmais, ils auraient été dénoncé et saisis

tout ce que dessus sans préjudice aux droits de saisye dudit sieur Faguerolles pour raison des autres 12 ballots de marchandye dont ils ont dit leur en avoir esté baillé 10 par ledit Beaumont et les 2 autres par Georges Esnau dudit Nantes, ce bien que par ledit procès verbal de saisye ils ayent déclaré que lesdites marchandye appartenoient à autre,
et ce fait lesdits Badoy et Brunet et Madon ont esté et sont d’accord avoir par devers eux en leurs mains lesdits 20 ballots de marchandye cy dessus acquittée et s’en contentent pareillement et en quitent lesdits sieurs Faguerolles Pelé Gobbé et tous autres et à semblable lesdits Madon et Fournyer François Cornuau fils de Sébastien et Jacques Pellereau ont confessé que les 16 chevaux saisis ont esté délivrés comme à eux appartenant comme voituriers et que ledit Desnos n’a rien esdits chevaux combien qu’il les ont assistés à la conduite d’iceux et s’en sont pareillement contentés et quitte lesdits Faguerolles Pelé et Gobbé et tous autres
et du tout lesdites partyes sont et demeurent d’accord etl’ont ainsi voulleu stipulé et accepté et à ce tenir etc obligent etc renonçant etc dont etc
fait audit Angers maison dudit sieur Faguerolelles en présence de Me Hierosme Blouyneau Jean Lebecheux et Jacques Bonnet praticiens demeurant audit Angers tesmoings
lesdits Madon, Fournier, Pellereau, Cornuau ont dit ne savoir signer

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