Contrat d’apprentissage de couturière, Angers, 1598

à Angers, avec exercice de paléographie et explications

Après le couturier, voici en 1598 la trace de la féminisation du métier.
Cette page est avec exercives de paléographie, comme beaucoup d’autres de mon site.

J’ai beaucoup forgé pour devenir forgeron (en paléographie) : le proverbe avait bien raison. Mais ce que j’ai fait, vous pouvez le faire, aussi je vous le transmet en formes d’exercices…, profitez-en. Exercez-vous.

Le métier de la jeune apprentie est écrit cousturière, avec un S devant le T, qui atteste qu’on est plus devant un dérivé du latin cultura, car on aurait eu alors un L devant le T. Ce qui confirme les explications difficiles tentées hier sur l’étymologie du terme couturier, qui fut d’abord un dérivé de cultura avant d’être un dérivé du latin populaire consuture.

Le contrat d’apprentissage est payant, ce qui est le cas le plus général. La somme de 12 écus pour une durée totale d’un an, représente 36 livres, ce qui est une jolie somme pour cette fin de 16e siècle. Il ne s’agit donc pas d’un métier totalement pauvre, pourtant le maître, tailleur d’habits, ne sait pas signer. Jolie illustration que pour prendre des mesures et confectionner à la demande sur mesure, et compter pour s’en faire payer, il n’est pas nécessaire de savoir écrire.
L’épouse du maître semble travailler avec lui dans l’échope atelier, car elle aura aussi la possibilité de donner des ordres, or, jamais le contrat ne permet d’employer l’apprenti aux taches plus ménagères… et j’en conclue qu’il ne s’agit pas de ce type d’ordre….
Et comme j’aime vagabonder par l’esprit, j’en conclue que c’est un métier dans lequel la femme a rapidement compris qu’elle pouvait aider son mari (ou il a compris que sa femme pouvait l’aider), et on est alors passé à la féminisation du métier. A moins qu’auparavant le métier de l’épouse n’étant jamais donné, sauf pour la sage-femme, elle était déjà au travail de couture avec son époux, mais jamais mentionnée comme tel. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps (quelques décennies au plus) le travail des épouses comptait pour rien… et elles devaient même remplir les papiers administratifs en remplissant la case PROFESSION par NEANT. Horreur administative qui comptait le travail des épouses pour du beurre… et leur retraite aussi…

Mon esprit vagabondant encore, j’imagine aisément que si le maître prend une fille en apprentissage, c’est qu’il a probablement un fils à caser… voir un proche parent, car on travaille le plus souvent en familles et réseaux de proches parents.
On peut aussi imaginer que la mère de la fille introduit celle-ci en vue de la marier à un tailleur d’habits… sinon, les contrats d’apprentissage de filles sont rares (à l’époque), on ne leur apprend pas de métier autre que ménager.

Comme je suppose que vous avez bien retranscrit, corrigé et lu l’acte, je sais qu’à la fin vous voyez même du latin intempestif… Rassurez vous, il s’agit des droits des femmes, et nous reviendrons dessus, car elles en avaient… Eh oui… pas beaucoup, mais tout de même un peu….

Alors à bientôt si vous le voulez bien. En attendant je vais tenter de dresser un récapitulatif des contrats d’apprentissage (j’en ai d’autres à venir).
Si vous en avez, soyez sympa, manifestez vous, je vous cite… et la base de données sera plus parlante. Merci d’avance.

A votre avis, combien d’années durait l’apprentissage d’un apothicaire ? Merci de répondre… même si vous n’avez pas la réponse, pour le jeu….

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Contrat d’apprentissage, autrefois

C’est le premier contrat rencontré dans une vie. Il est plus répandu que de nos jours puisque seul moyen de formation, et le meilleur pour la pratique.

J’ai toujours été ahurie de constater la variété des métiers appris autrefois ainsi ! Si vous voulez, je vous en ferai découvrir.
Le contrat de’apprentissage est souvent passé chez le notaire, et pour cause. Pour passer un contrat d’apprentissage il faut savoir lire et écrire, penser à toutes les clauses, bref, un savoir-faire que détenait le notaire.
Peu de ces actes ont été conservés, mais on en trouve, avec un peu de chance, tel une aiguille dans la motte de foin.

Le contrat, terme qui nous est resté, fourmille de synonymes.
Marché : Toute convention verbale ou écrite, renfermant les conditions d’une vente.

Contrat : Paction, Convention, Traité entre deux ou plusieurs personnes, & rédigé par écrit, sous l’autorité publique.
Paction : Terme vieilli. Action de faire un pacte, une convention. (Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877).

Ajoutons la transaction, lorsqu’on met fin à une longue dispute, parfois devant la justice, par un accord devant notaire.

Nous avons conservé le terme contrat, aujourd’hui sans l’officier public, puisqu’il est préimprimé sur un modèle digne de chaque profession. Nous avons conservé l’apprentissage, certes moins pratiqué en France que dans d’autres pays Européens de nos jours, la France d’aujourd’hui ne croyant plus à la formation sur le tas… dommage !

Donc, autrefois pas d’enseignement technique, mais une formation chez papa, ou chez un maître… Lorsque papa n’est plus là, ce qui est fréquent, ou bien lorsqu’il a trop de fils, ou encore lorsque les parents ont les les moyens d’offrir un métier plus valorisant, le jeune est mis en apprentissage chez un maître. Celui-ci n’a pas le droit de prendre plus de un ou deux apprentis, selon les corporations.
Et vous l’avez remarqué comme moi, parfois, il arrive que faute de fils, papa prend un apprenti qu’il aura soin de marier à sa fille pour reprendre sa suite… histoire de transmettre à la fois le patrimoine et le savoir-faire.

Lors du contrat d’apprentissage on découvre que le jeune apprenti est toujours logé, nourri, blanchi dans la maison du maître, doit lui obéir, ne pas s’absenter sans avoir obtenu un congé. Le seul temps défini est la durée de l’apprentissage, qui varie selon les métiers de 6 mois à 4 ans pour certains métiers, selon la difficulté du métier. Pas question d’horaire hebdomadaire…
Cet enseignement est presque toujours payant, pour une somme globale divisée et réglée par années. Il est rarement gratuit. Pourtant c’est le cas du contrat de Pierre Pineau chez Charles Marchais tanneur aux Pont-de-Cé. Soit le maître prend là une main-d’œuvre en même temps qu’un apprenti… soit il sait que la famille est pauvre et ne réclame rien…

Rien n’est laissé au hasard, ainsi même l’achat des chaussures est prévu, et à la charge du maître, alors que les vêtements sont à la charge de la mère. Ce qui serait intéréssant maintenant c’est de savoir si Charles Marchais avait des fils… et qui lui a succédé à cette tannerie.

Nous revenons demain sur ce métier de tanneur , si répandu autrefois… à moins que vous n’ayez d’autres idées plus en rapport avec l’actualité… que je tente pourtant de suivre au mieux..

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