Mémoire des victimes du naufrage du Saint-Philibert 14 juin 1931


Au cimetière Saint-Jacques à Nantes, il y a une immense tombe à la mémoire du naufrage du Saint-Philibert qui fit près de 500 victimes au retour de Noirmoutier le 14 juin 1931. Quand j’étais petite, chaque Toussaint mes parents s’y arrêtaient car elle était sur notre chemin, et nous contaient ce drame.

Cette tombe est toujours entretenue et fleurie par les services municipaux (photo en 2011). En fait cette tombe contient les 54 victimes non réclamées par de la famille. Ces victimes « sans famille » avaient d’abord été inhumées dans divers cimetières Nantais, dont Toutes-Aides, puis la ville de Nantes eu la bonne idée de les regrouper et rassembler toutes les 84 au cimetière Saint-Jacques.

Le 14 juin 1931 naufrage du Saint-Philibert sur le site de la Cote de Jade, très riche de photos et documents
et plus bref sur Wikipedia

les loisirs en 1931 

Les ballades en voiture n’existent pas encore, car la France ne compte que 201 000 voitures en 1931, dont celle d’Edouard Halbert, le premier et seul en 1930 à posséder une voiture à Nantes Sud Loire St Jacques.
Mais le train existe, entre autres pour Pornic… ou l’été on peut prendre un bateau pour Noirmoutier.
Le Gois n’est pas encore pavé :
« Après un premier empierrement réalisé en 1868, le Gois est consolidé, balisé puis empierré dès 1924. Le pavage de la chaussée et la construction des balises-refuges interviennent entre 1935 et 1939 achevant de transformer le gué d’origine en voie d’accès à l’île mais aussi aux parcs ostréicoles de la Baie de Bourgneuf proches de cette voie. Le passage du Gois entre alors définitivement dans la légende attirant, chaque année, une foule impressionnante de curieux et de pêcheurs à pied. » 
On se déplace souvent en bateau et les Messageries de l’Ouest assurent beaucoup de liaisons par eau, plus nombreuses en été, et elles offrent même aux Associations des voyages spéciaux, à partir de Nantes, comme ce sera le cas avec l’association Loisirs au départ de Nantes sur le Saint Philibert.
Vous voyez sur leur annonce ci-contre qu’elles offrent plusieurs excursions qui étaient alors une découverte de loisirs pour la population Nantaise.

Nantes est une ville ouvrière, avec entre autres l’usine des Batignolles « offrant à une partie de son personnel des maisons individuelles avec jardin, l’accès à une école primaire, à un cinéma ou à un dispensaire. Alors que les cadres prennent possession de bâtisses en pierre, les ouvriers héritent de pavillons en bois au confort rudimentaire, et les célibataires, souvent étrangers, occupent des chambres dans des bâtiments collectifs ou des wagons désaffectés. Car l’Europe s’est donnée rendez-vous aux Batignolles, l’usine ayant recruté une partie de son personnel qualifié au-delà des frontières nationales, en Pologne comme en Allemagne, en Italie comme en Tchécoslovaquie ou en Autriche. »

 

 

Un dimanche à Noirmoutier, 1924 

Ma tante Odette Guillouard 15 ans est pensionnaire à Châvagnes à Nantes en 1924 et on lui impose la rédaction  : « racontez une belle journée »….  Je suppose que le temps employé était aussi imposé, car ce passé  que nous ne parlons plus me semble venu de très loin… Pour avoir bien connu ma tante, je puis vous certifier qu’elle ne parlait jamais ainsi, mais que ne lui a-t-on faire faire à l’école. J’appartiens à la génération qui n’a pas utilisé ce passé.
A travers ce récit je comprends pourquoi ma famille avait gardé un si grand souvenir du Saint Philibert, puisque mon grand père l’utilisait avec ses enfants, par chance, par beau temps… En 1924 Odette 15 ans, Robert 13, Thérèse 10 et Monique 4.

Mon premier voyage à Noirmoutier

Longtemps déjà papa nous avait promis un voyage sur mer, celui de Noirmoutier, et nous brûlions d’impatience depuis cette promesse de connaître ce nouveau pays et voici que ce jour si heureux et si ardemment attendu arriva.
Après avoir entendu la messe[1] de sept heures à la Bernerie, nous montâmes, papa, mon frère et moi à la gare  où nous devions prendre le train[2] de huit heures et demie.
Les billets pris, nous allâmes nous asseoir sur un banc car nous étions en avance de quelques minutes. A huit heures et demie le train arriva chargé comme de coutume de nombreux voyageurs. Après avoir freiné le train s’arrêta et le chef de gare cria de sa voix rude : « les voyageurs pour La Bernerie descendent , La Bernerie ». Les portières s’ouvrirent en grand nombre pour laisser passage à des gens descendant à La Bernerie. Nous montâmes donc dans un wagon[3] vide et nous entendîmes bientôt le sifflet, signal du départ. Nous ne fîmes qu’un petit voyage dans le chemin de fer, car nous ne nous sommes arrêtés qu’au Clion et puis ensuite à Pornic où nous devions descendre.
A la descente du train, nous nous sommes dirigés vers la porte de sortie, puis nous avons pris le chemin du bateau.
Nous passâmes par le port où les bateaux allaient et venaient sans cesse. Après avoir pris une sucette chez le patissier nous arrivâmes au bateau.
Neuf heures sonnaient lorsque nous prîmes place que le pont supérieur du bateau où déjà un certain nombre de personnes prenaient place. Nous attendîmes quelques minutes avant le départ du bateau lorsque tout à coup, le capitaine monta dans sa petite cabine. Le bateau siffla plusieurs fois, puis il démara. Nous sortîmes du port à une faible vitesse car nous accostâmes à la Noëveillard afin de prendre quelques personnes.
Vers neuf heures un quart, nous partîmes, en pleine mer pour ne plus s’arrêter qu’à Noirmoutier.
Le temps était radieux, la journée s’annonçait belle. Le ciel, couleur d’azur, ne présentait aucun nuage. La mer, loin d’être fougueuse et déchaînée semblait d’huile et le bateau ne secouait pour ainsi dire pas. Le trajet se fit sans encombre. Nous étions assis non loin des cheminées et de la chaudière, et nous voyions très bien le capitaine. La mer, boueuse à La Bernerie, moitié bleue à Pornic, devint bleu couleur du ciel, de plus en plus que l’on se rapprochait de l’île.
Plus le bateau avançait, plus l’île se découpait. En avançant toujours nous pûmes distinguer le bois de la Chaise, le grand Hôtel Beau Rivage. Le chemin se continuait toujours. Enfin nous voici arrivés. Le bateau fit une grande manœuvre et nous débarquâmes. Là, se trouvait des gens, un certain nombre, qui attendaient des voyageurs. Arrivés sur l’esplanade, une petit garçon, chargé de donner pendant la traversée des feuilles de réclame pour une hôtel, laissa tomber par mégarde sa casquette dans la mer, mais un bateau vint la prendre.
A la sortie de l’esplanade nous fîment notre entrée dans le bois. C’était charmant, ce petit coin était très pittoresque. A la sortie du bois, nous vîmes une grande plage s’étaler sous nos yeux occupée par quelques baigneurs.
Nous louâmes un sapin[4] qui devait nous mener au bourg même de Noirmoutier, mais il devait auparavant nous descendre à l’hôtel St Paul (ci-contre).
Arrivés à Noirmoutier, nous furent descendus auprès de l’église. Nous y entrâmes quelques secondes car c’était la grand’messe. Nous firent une petite promenade dans le bourg et nous visitâmes l’église la messe terminée, elle était très jolie. Elle renferme les restes de St Philibert mais comme la crypte était fermée nous n’avons pu visiter son tombeau. Ensuite nous avons pris le chemin de l’hôtel, car, je l’avoue, nous avions bien faim. Après avoir bien mangé, nous allâmes faire une promenade à pieds dans le bois. Il y faisait frais, il y faisait bon y respirer la suave odeur émanée par les pins ; nous avons examiné de près le phare rouge, nous avons vu un beau bateau à voile accoster.
Après s’être ainsi promenés, nous allâmes louer des ânes. L’on fit monter papa sur « La Parisienne », mon frère sur « Caroline » et moi sur « Martin ». Mon âne ne voulait faire que du trot et je l’avoue encore je n’étais pas très rassurée là-dessus.
Notre promenade à âne finie, nous nous sommes rafraichis puis nous envoyâmes des cartes postales. Quatre heures arriva bientôt, heure où le bateau retourne à Pornic. Nous partîmes très tranquillement prendre le bateau St Philibert. Assis sur le St Philibert, nous attendîmes le départ un bon moment. Notre attention se tourna vers la place près de laquelle sur la mer dormante de nombreuses périssoires[5] évoluaient. Une course de périssoires s’engageait, une dizaine participait au concours, mais les périssoires tournèrent près des rochers et ceux-ci nous interdisaient de suivre la course des yeux.
Après avoir fait entendre son appel, le bateau démarra et nous partîmes sur la mer encore plus tranquille et plus dormante que le matin.
Plus le bateau s’éloignait, plus l’île faiblissait à nos yeux, et, au contraire plus le bateau avançait plus la côte opposée devenait apparente.
Partis de Pornic sur le petit St Nazaire, nous revinrent à Pornic sur le grand St Philibert. Enfin après une heure de bateau nous accostâmes à Pornic à la Noëveillard. Nous allâmes à pieds jusqu’à la gare de Pornic où nous prîmes le train pour La Bernerie. Après un petit parcours de vingt minutes à peine nous entrâmes en gare de La Bernerie. De nouveau l’employé de gare crie : « les voyageurs pour La Bernerie descendent, La Bernerie ». Nous ouvrîmes la portière et nous descendîmes du train, nous sortîmes et nous partîmes heureux et contents du beau voyage de Noirmoutier.
Comme Noirmoutier est en face La Bernerie, j’essaie tous les jours à retracer les différents lieux où je suis passée car on voit très bien Noirmoutier de La Bernerie.
Odette Guillouard, non daté (mais ma famille situe ce voyage en 1924).
[1] Odette Guillouard est élève à Chavagnes, donc dans sa rédaction elle prend soin de noter un zèle religieux
[2] ce train existe toujours (voyez le site des TER Pays de Loire)
[3] non un « compartiment vide », car les wagons voyageurs de l’époque avaient de multiples portes latérales, une par compartiment.
[4] nom populaire du fiacre hippomobile, qui tire son nom du bois du véhicule
[5] canot

Un photographe de rue à bord 

Y avait-il un photographe de rues à bord du Saint Philibert lorsqu’il quittait Nantes à 6 h 30 pour Noirmoutier ? En effet, la France est pionnière de la photo de rues en 1930, et cette photo, transmise par Elisabeth, atteste une pose exceptionnelle car l’homme est seul (généralement en famille), il a une pose inhabituelle à l’époque, enfin la photo montre la bouée portant le nom SAINT PHILIBERT et est manifestement prise du pont inférieur, ce qui serait tout à fait un travail très rare en famille.
J’ajoute que ma famille a des photos de cette époque, mais bien moins nettes et plus posées en famille, donc j’émets cette hypothèse. Donc, je suppose qu’il y avait un photographe professionnel à bord, et que d’autres familles ont des photos de ce type. Si vous en avez vous pouvez les adresser (en supprimant les espaces : odile h @odile-h a lbert.com

Nombre et liste des naufragés 

Autrefois, seuls les adultes étaient comptés à l’embarquement, et ils étaient 457 à  bord, mais ils avaient avec eux des enfants, et même beaucoup, d’où le nombre plus élevé de victimes car les enfants étaient nombreux.
Liste des victimes sur Geneanet

Identification des victimes 

Certaines victimes ne furent identifiées que des mois plus tard. Voici l’exemple de Charlotte Martinetti épouse Tableau dont le père, corse né à Tasso fut gendarme à Douarnenez :


Etat-civil de Nantes 4°C : « Le 26 décembre 1931 nous retranscrivons le décès dont la teneur suit : Extrait du registre des actes de décès de la commune du Croisic (Loire-Inférieure) le 26 juin 1931 à 13 h 30 minutes nous avons constaté le décès d’une personne de sexe féminin qui a été trouvée ce jour en mer au large du phare de la Banche, par le bateau de pêche « Sam Both » n°612 de St Nazaire-Le Croixic, patron Jean Lehuédé, domicilié au Croisic, et dont l’identité n’a pu être établie. Le signalement est le suivant …. Dressé le 26 juin 1931 à 14 h sur la déclaration de Pierre Belliot, 41 ans, garde-champêtre, domicilié au Croisic, qui, lecture faite, a signe avec nous Auguste Masson, maire du Croisic – Mention en marge : Rectifié par jugement du Tribunal Civil de première instance de l’arrondissement de Saint-Nazaire, rendu le 4 décembre 1931, en ce sens que l’acte de décès ci-contre s’applique à Charlotte Martinetti, née le 3 octobre 1891 à Douarnenez (Finistère) de François et de Marie Antoinette Moracchini, épouse de Tableau Félix Joseph, institutrice publique, domiciliée à Nantes 25 avenue du Grand Clos, décédée en mer le 14 juin 1931 lors du naufrage du vapeur Saint-Philibert » Son corps est donc retrouvé le 26 juin au large du Croisic et on trouve son inhumation le 29 octobre 1931 au cimetière Miséricorde à Nantes, mais le jugement civil  n’est que le 4 décembre. J’ignore comment la famille a participé à l’identification… et je suppose que les frais, certainement élevés de transport des corps etc… étaient pris par les pouvoirs publics…

Seconde vie du St Philibert 

Renfloué et transformé en remorqueur sans les 2 ponts pour passagers en promenade, et rebaptisé « les Casquets », il part d’abord à Bayonne transporter des marchandises sur l’Adour. Il n’y restera pas, regagnera la Bretagne, sous divers noms, et ne sera désarmé qu’en 1979, soit 48 ans après son naufrage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le procès


Malgré une certaine lucidité en cour d’appel : « le Saint-Philibert était un bateau de rivière et d’estuaire, qui ne  possédait aucune des qualités nautiques pour effectuer par gros temps une excursion en mer avec un aussi grand nombre de passagers à bord »
la Cour d’Appel ne fera qu’enterriner purement et simplement la parodie de justice du tribunal civil de Saint-Nazaire et aucun responsable ne sera poursuivi…

 

 

 

René Gault doit acquiter les droits de péage sur la Loire pour 80 pipes de vin, Armaillé 1593

Aujourd’hui dernier jour pour déclarer vos impôts. Et ces derniers jours, je vous mettais un très, très grand nombre de vignes dans les années 1530 à Armaillé, près Pouancé en Maine-et-Loire. Je vous mets ce jour une affaire d’impôt et de vin. Car s’il y a bien un produit qui a toujours été bien imposé c’est le vin, et lorsqu’il était transporté, par voie d’eau, car la Loire était une formidable voie de transport des marchandises, le vin, comme toutes les marchandises, subissait aussi des droits de péage. Et comme la famille Gault d’Armaillé s’y connaissait en affaires, la voici en 1593 vendant  sur la Loire depuis Angers, mais on ignore comment il a acheminé ses 80 pipes de vin jusqu’à Angers. Une chose est certaine, il doit acquiter ses droits de péage au départ d’Angers, et si toutefois son vin passe en Bretagne, car la Loire mêne à Nantes alors en Bretagne, ce sera un nouveau droit à payer… L’acte semble indiquer que René Gault aurait cru bon de ne pas déclarer ses pipes de vin et un sergent royal a été appelé pour dresser un PV de ce chargement sur bateau de 80 pipes de vin !!! Mais dans toute cette affaire, j’apprends, et vous aussi, que le vin d’Armaillé était bel vendu loin, puisqu’il prend en 1593 la Loire direction Nantes… Vous voyez il n’y avait pas que le sud de la Loire en Anjou pour vendre son vin au loin. Par contre j’ai tenté de trouver actuellement des  vignes à  Armaillé, et je n’ai pu trouver, alors si vous savez s’il existe encore de vignes  Armaillé, merci de me le faire savoir. Je vous mets ci-dessous un article d’histoire de cet impôt :
Emmanuel Brouard, « Quel commerce fluvial en Loire angevine au XVIIIe siècle ? Nantes et son arrière-pays ligérien », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 123-1 | 2016, mis en ligne le 22 avril 2016, consulté le 08 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/abpo/3210 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.3210
Les journaux de la « cloison d’Angers » : apports et limites
Ce péage est créé en 1344, par le duc d’Anjou, afin de financer des réparations à fai (…)
La cloison d’Angers fait partie des nombreux péages qui ont fonctionné sur la Loire jusqu’à la Révolution française. Les droits sont perçus dans plusieurs bureaux, situés à Angers et dans la région : aux portes de la ville (portes Cupif, Saint-Aubin, Lyonnaise, etc.), sur la Maine à l’entrée et à la sortie de la ville (Haute Chaîne et Basse Chaîne), à sa confluence avec la Loire (La Pointe, à Bouchemaine), aux Ponts-de-Cé sur le fleuve, et enfin à Ingrandes, une quarantaine de kilomètres en aval. Les deux derniers bureaux sont de loin les plus importants, en raison des nombreuses marchandises circulant sur le fleuve. Les voituriers par eau ou par terre ne paient qu’au premier bureau franchi, en entrant dans la zone entre Angers, Ingrandes et Les Ponts-de-Cé. S’ils franchissent un second bureau, un « acquit » établi au premier les dispense de payer de nouveau.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 2 avril 1593 après midy en la cour du roy notre sire Angers endroit par devant nous François Revers notaire d’icelle personnellement estably honneste homme René Gault marchand demeurant à Pouancé soubzmetant confesse avoir aujourd’huy promis promet par ces présentes à honnorable homme Me Christophe Gasteau recepveur de la prévosté de Nantes de présent trésorier en ceste ville d’Angers et aux Ponts de Sée, et à Michel Gauvain contrôleur de ladite prévosté en la personne de Me Pierre Pellier clerc en la prévosté à ce présent et acceptant avec nous notaire pour lesdits Gasteau et Gauvain absents, de raporter dedans 3 mois prochainement venant certiffication de la descente du nombre de 80 pipes de vin blanc estant au bateau de Jehan Giffard batelier par eau demeurant Angers, comme le nombre de vin aura esté distribué et vendu au pays d’Anjou et au cas qu’il fust informé contre ledit Gault que ledit vin ou partie d’iceluy fut vendu au pays de Bretagne en ce cas promet iceluy Gault payer et bailler auxdits Gasteau et Gauvain le droit d’acquit de ladite prévosté de Nantes et au moyen des présentes demeure du consentement dudit Pellier stipulant pour et au nom desdits Gasteau et Gauvain comme dit est et soy faisant fort d’eulx la saisie faicte dudit nombre de vin ci-dessus à la requeste dudit Pellier esdits nom par Jousset sergent royal en dabte de ce jour à faulte qu’auroit fait ledit Gault d’avoir acquité le nombre de vin et de s’obliger d’en aporter desce… nulle et sans es…uter comme ledit Pellier l’a rendue audit Gault qui l’a eue et receue ; à ce faire tenir et accomplir s’est ledit Gault obligé soy ses hoirs etc à prendre etc renonçant etc foy jugement condemnation etc fait à notre tablier Angers présents à ce Loys Allays Michel Lory praticiens demeurant Angers temoins »

 

Les passagers du Saint-Philibert

Y avait-il un photographe de rues à bord du Saint Philibert lorsqu’il quittait Nantes à 6 h 30 pour Noirmoutier ? En effet, la France est pionnière de la photo de rues en 1930, et cette photo, transmise par Elisabeth, atteste une pose exceptionnelle car l’homme est seul (généralement en famille), il a une pose inhabituelle à l’époque, enfin la photo montre la bouée portant le nom SAINT PHILIBERT et est manifestement prise du pont inférieur, ce qui serait tout à fait un travail très rare en famille.

J’ajoute que ma famille a des photos de cette époque, mais bien moins nettes et plus posées en famille, donc j’émets cette hypothèse.

Partant, je suppose qu’il y avait un photographe professionnel à bord, et donc que d’autres familles ont des photos de ce type. Si vous en avez vous pouvez les adresser (en supprimant les espaces :

odile h @odile-h a lbert.com

Toiles de Laval voiturées par eau d’Angers à Tours par des voituriers d’Orléans : 1547

J’ai arrêté la télé pendant la canicule. Trop d’infos me traitant toutes les 5 minutes d’idiote qui ne sait pas boire

Revenons à l’article du jour.
C’est bien à Tours qu’ils vont livrer, et ils ont 8 jours pour faire d’angers à Tours.
Donc, si j’ai bien compris, les voituriers d’Orléans prenaient tous les contrats de voiturage qu’ils pouvaient rencontrer lors de leur passage et sans doute étaient-ils parfois sans voiturage.
En outre j’ai compris que les toiles de Laval étaient venues à Angers par eau, mais que les voituriers de la Loire étaient différents, car le fleuve demande à être connu. Donc pour livrer ses toiles à Tours Denouault, le marchand de Laval, devait d’abord les faire transporter par voiturage par eau jusqu’à Angers, puis changer de transporteur car ce ne sont pas les mêmes voituriers qui assurent le transport sur Loire.
En tous cas les voituriers par eau d’Orléans faisaient aussi des transports intermédiaires.
Enfin, l’acte qui suit, très ancien, est un peu abimé, mais en grande partie lisible, mais ne soyez pas étonnés du nom du port, car après avoir déchiffré ce nom je me suis souvenu qu’au 16ème siècle Nantes avait sa rue des Fumiers, et je pense beaucoup de ville aussi.
Et en cherchant l’histoire de Tours, je vous confirme le nom et voici le lien en cliquant sur cette phrase.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 1er juillet 1547 en la cour du roy notre sire à Angers etc estably Macé Arcau et Martin Deschamps voituriers par eau demeurant à Orléans paroisse de Notre Dame de Recouvrance, soubzmetant eulx et chacun d’eulx seul et pour le tout confessent que Mathurin Denouault marchand demeurant à Laval leur a baillé et livré le nombre de 8 pacquets de toiles blanches, avecques ung petit pacquet de serviettes, lesquelles toilles et serviettes dessusdites lesdits Arcant et Deschamps et chacun d’eulx seul ont promis rendre bailler et livrer audit Denouault ou qui commission aura de luy bien et deument (f°2) ainsi qu’il appartient et sans les gastées ou endommagées rendues et deschargées au port de Maufumyer de Tours dedans de demain en 8 jours prochainement venant à leurs despens dommages et intérests acquités de tous acquits fors que ledit Denouault acquitera en ceste ville d’Angers ; et est fait ce présent marché pour la somme de 3 escuz sol que ledit Denouault a promis payer auxdits voituriers à la livraison desdites toilles et serviettes, et seront tenus lesdits voituriers aller (effacé) la venue desdites toilles et serviettes ad ce qu’ils les fassent estimer et (effacé) (f°3) a ce tenir etc dont etc obligent lesdits Arcant et Deschamps chacun d’eulx seul etc et leurs corps à tenir prinson renonçant mesmes au bénéfice de division d’ordre etc foy jugement condemnation etc présents ad ce René Ge…marchand apothicaire

Je vous mets la vue qui donne le nom de l’apothicaire car j’ai du mal à déchiffrer son nom, et je voudrais voir s’il est dans mon tableau des apothicaires sur mon site.

Enchères du bail des droits de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire : Angers et Orléans 1594

Les enchères sont passées à Angers, mais le procureur de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire établie à Orléans est aussi présent.
Il y avait des droits à Ingrande, aux Ponts de Cé, à Angers et à Saumur, pour ce qui concerne l’Anjou.
Les enchères commencent à 300 écus et montent jusqu’à 600 écus, soit le double, c’est énorme, et ces droits devaient donc être importants car on pense bien entendu qu’avec 600 écus il reste encore au preneur du bail son gain.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 5 avril 1594 (François Revers notaire Angers) Sur ce que honorable homme Marceal Noyer marchand demeurant à Orléans procureur général de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et autres fleuves descendants en icelle, suivant le pouvoir et commission à luy donné par les délégués audit Orléans desdits marchands fréquentant ladite rivière, auroit fait proclamé à ce y publié tant par les charrois ordinaires de ceste ville d’Angers que autres lieux les droits, revenus et esmoluments de la boeste des marchands ordonné et establi par iceulx en ce pays d’Anjou suivant l’octroy à eulx fait par le roy notre sire, estre à bailler à ferme au plus offrant et dernier enchérisseur, pour le temps et espace de 15 mois commenczans le 1er du présent et finissant le dernier de juin que l’on dira 1595, à ce que ceulx qui la vouldroient enchérir et mettre à prix se trouvassent en la maison de noble homme Jacques Menard sieur du Breil délégué et procureur de ladite communauté des marchands en ceste ville près la place sainte Croix d’icelle, à l’heure d’une heure de la présente après diné, ont audit lieu et heure, pour procéder audit bail comparu en leur personne par davant François Revers notaire royal audit Angers prins pour greffier quant à ce, chacuns desdits sieurs Noyer et Dubreil, sire rené Durant marchand sieur de la Bretonnière aussi délégué et procureur de ladite communauté des marchands en ceste dite ville, sire Mathurin Dutertre marchand délégué et procureur de la mesme communauté aux Ponts (f°2) de Cé, et sire Pierre Guyot aussi marchand délégué et procureur de ladite communauté des marchand à Saumur, comme aussi ont comparu plusieurs autres marchands tant de ceste dite ville d’Angers que des Ponts de Cé et autres lieux, et après avoir par lesdits sieurs délégués et procureurs, exposé ledit bail à ferme au plus offrant pour ledit temps de 15 mois aux charges clauses et fondements du précédent bail fait les mesmes droits à sire Claude Deroye marchand des Ponts de Cé le 9 mai 1588, et à ceste fin fait lecture à haute voix de la copie d’iceluy, signée Dubois, représentée par ledit sieur Noyer, ensemble de sondit pouvoir et commission en date du 23 mars dernier aussi signé Dubois, a esté ledit bail à ferme pour ledit temps de 15 mois mis à prix, savoir par ledit Deroye à la somme de 300 escuz, par sire Jacques Froger marchand demeurant en la paroisse de st Maurice de ceste dite ville à la somme de 400 escuz, par sire Jehan Guillotin marchand demeurant en ceste dite ville paroisse saint Pierre à la somme de 430 escuz ung tiers, par sire François Belot marchand demeurant en la paroisse (f°3) saint Pierre à 450 escuz, par sire François Rigault marchand demeurant en ladite paroisse st Maurice d’Angers et 500 escuz, par ledit Belot à 550 escuz et par ledit Deroy à 600 escuz protestant révoquer ladite enchère où ledit bail ne luy seroit fait, et ayant longuement attendu, ne s’estant présenté plus haut enchérissement, ont lesdits sieurs procureurs dit et déclaré à l’assemblée desdits marchands assistant, qu’ils remettoient à faire la délivrance dudit bail jusques à ce qu’ils ayent ou l’un d’eulx conféré et communiqué de ladite enchère de 600 escuz auxdits sieurs délégués à Orléans, jusques à ce que ledit bail soit fait ont commis et commettent par ces présentes pour faire la recepte desdits droits revenus et esmoluments de ladite boeste des marchands scavoir au tablier d’Angers Me Vignault, au tablier des Ponts de Cé Me René Fouillole sieur de Bellebranche, au tablier de Saumur Hervé, et au tablier d’Ingrande René Maillet, à la charge desdits commis de mettre de quartier en quartier les deniers de leur recepte scavoir celuy d’Angers entre les mains dudit sieur Dubreil, (f°4) ceulx des Ponts de Cé et d’Ingrande entre les mains dudit sieur Dutertre, et celuy de Saumur entre les mains dudit sieur Guyot, pour par eulx les bailler et délivrer au sieur de Bellecroix sire Claude Fin receveur général de ladite communauté des marchands audit Orléans; et à esté à ce présent ledit Maillet qui a accepté ladite charge et commission pour ladite recepte d’Ingrande ; présents à ce Me Jacques Ernault huissier proclamateur et Jacques Ballue praticien en cour laye

Les barriques de vin emmenées par la crue de la rivière et la gabare au fond ; l’Huisserie (53) 1779

Les barriques emportées par le courant n’ont pas dû être perdues pour tout le monde !!!
Mais on n’a pas idée d’aimer le vin d’Anjou quand on habite Laval ! Il est vrai qu’à Laval avec la toile nous avons souvent remarqué ici qu’il y a des gens aisés;

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne, AD53-3E9/327 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 21 décembre 1779 sur les midy, nous Nicolas Hayer fils notaire au comté pairie de Laval y résidant soussigné sommes avec nos témoins cy après nommés transportés proche le moulin de Bonne situé paroisse de l’Huisserie et ce à la requête et présence de Julien Chastelain facteur du bateau cy après nommé demeurant ordinairement au bourg de Châteauneuf paroisse de Seronne province d’Anjou, ou étant avec ledit Chastelain les témoins et autres personnes cy après dénommées avons vu dans la champagne d’entre le moulin et de la porte neuve sur la rivière de Mayenne une gabarre que ledit Chastelain nous a dit se nommer la Sapine, appartenante au sieur Louis Boisard Me batellier de la ville d’Angers, laquelle gabarre étoit sour la conduite dudit Chastelain, chargée de vin, d’une barricque d’eau de vie, une cruche d’huile et une baricq qu’il ne sait point ce qu’il contient qu’il nous a dit avoir chargé en Reculée à Angers paroisse de la Trinité, pour voiturer en la ville de Laval pour le compte de différents particuliers de Goron, et autres endroits, dont il n’a pu nous déclarer les noms vu que son (f°2) portefeuille qui contenait son acquit du vin les noms des propriétaires de ce vin et autres papiers concernant ladite gabare ont été perdus dans leur noffrage (sic), laquelle gabare avons vu coulée bas dont on voit encore le devant et le derrière avec la mature et est encore en partie chargée de vin attendu que l’on voir encore plusieurs busses en icelle, laquelle gabare ledit Chastelain nous a dit que hier 20 du courant sur les une heure après midy, l’avoit voulu monter dans la porte du Moulin de Bonne avec tous ses compagnons bateliers et autres bateliers des bateaux au sieur Michel Hubert et au sieur René Besnard, lesquels 2 bateaux avaient monté ladite porte auparavant que ladite gabare échouat et l’avaient monté sans danger vu que l’eau n’était pas lors trop grande que ladite gabare ayant été amarée de concert par tous les bateliers de ces 3 bateaux avec toute la prudence et la précaution possible ainsi qu’il est d’usage pour passer la porte tous lesdits bateliers qui étaient pour lors (f°3) tranquilles et de sang froid travaillèrent à faire monter ladite gabare à porte ainsi qu’ils avaient fait monter les deux autres bateaux, qu’à l’instant ladite gabare était environ à moitié de ladite porte de Bonne, il survient tout à coup une crue d’eau, et que la rivière crut sur le champ de plus de 6 pouces, ce qui donne une secousse à ladite gabare, et la submergea tout à coup malgré toutes les précautions et les soins que tous les bateliers de ces 3 bateaux puissent prendre et se voyant tous en danger de perdre la vie et tout le vin qui était dans ladite gabarre pour le bien être du marchand à qui appartient le vin, d’un commun accord, voyan ladite gabare qui pour lors était submervée dans la porte, hors d’état d’achever de la monter, ils l’attachèrent avec 2 cables par derrière et ensuite craint que tout le vin ne fut entrainé par le courant de l’eau, ils coupèrent le cable qui attachait cette gabare aux pieux pour la retenir en montant tel qu’il est (f°4) d’usage, et aussitôt que le cable qui attachait cette gabare aux pieux vulgairement appellés pieux de liège, la force de l’eau repoussa cette gabarre quoique submergée à plus de cent pas au dessous de la porte et elle eut descendu bien plus bas si elle n’eut été attachée par le derrière avec 2 cables comme cy dessus est dit ; et nous a ledit Chastelain déclaré qu’à l’instant que ladite gabare fut submergée dans ladite porte et pendant qu’elle descendit jusqu’à ce que les cables qui l’a tenaient l’arrêtassent il y eut une grande quantité de busses et quarts de vin que l’eau emmena et qu’ils virent s’en aller sans pouvoit les arrêter et sans pouvoir dire la quantité de busses et quarts de vin que l’eau avait emmenés ; nous a déclaré ledit Chastelain qye dans le nauffrage les hardes et linges de ses camarades et les siens avaient été emmenés par l’eau et que depuis on en avait retiré une petite partie ; nous a ledit Chastelain déclaré que hier après midy depuis ledit accident et ce matin lui et ses compagnons et les bateliers des autres bateaux avaient travaillé de concert à retirer plusieurs busses de ce vin, ce qu’ils ont fait autant qu’il a été dans leur pouvoir ; tout quoi nous a été attesté par Germain Champhuon et Jean Champhuon meulniers audit moulin de Bonne, Marie Rallier femme dudit Germain Champhuon, et Julienne Bertron femme (f°5) de Jean Champhuon, lesquels nous ont attesté la vérité et la sincérité des faits cy dessus rapportés qu’ils nous ont dit s’être passé en leur présence ; de tout quoy avons fait et rédigé le présent pour servir et valloir ce que de raison ; fait et passé dans la maison dépendante dudit moulin de Bonne située paroisse de l’Huisserie en présence de Jean Meignan cordonnier et Jacques Besnier adjoints demeurants audit Laval paroisse st Vénérand témoins à ce qui requis qui ont signé, ladite Rallier a déclaré ne savoir signer.