Hôtelier de l’hôtellerie du Civet, et de l’hôtellerie des Trois Maries, Angers, 1667

(Archives départementales du Maine-et-Loire, série 5E5)

Aujourd’hui je vous présente le bail à ferme de la seigneurie de Gené, propriété du chapitre de Saint Pierre d’Angers. Les preneurs ont des racines à Gené, mais tiennent une hostellerie à Angers.

  • Les preneurs sont au nombre de 2 couples, solidaires. Pour accepter de prendre ensemble un tel risque, il faut que ces 2 couples soient proches, et même parents l’un de l’autre
  • Les preneurs sont tous deux hôteliers à Angers, donc ce bail à ferme constituent pour eux un travail et revenu supplémentaire, non négligeable si tout va bien
  • Ce bail est sévère et risqué, car il exclut toute diminution en cas de peste, guerre, famine, mauvaise récolte ou prix bas de la récolte. Cette phrase, extrêmement dure, ne figure pas toujours ainsi libellée dans les baux à ferme, mais je l’ai déjà rencontré notamment pour le bail à ferme du prieuré de la Jaillette fait pas les pères Jésuites du collège de la Flèche, dont la Jaillette était l’un des patrimoines octroyé par Henri IV lors de la fondation du collège. Ces religieux étaient plus durs en affaires que d’autres…
  • Les 2 hôteliers preneurs du bail demeurent à Angers, alors qu’ils prennent à ferme la paroisse de Gené. Normalement, le preneur de bail à ferme demeure proche des terres qu’il prend à ferme afin de mieux en assurer le contrôle des récoltes, etc… Il y a 33 km d’Angers à Gené, et puisqu’ils demeurent au Nord d’Angers, on peut même dire qu’il y a 30 km. Cela fait un cheval (le cheval fait 40 km par jour) donc, ils ont encore de la famille vivant sur place, qui les héberge de temps à autre, voire d’ailleurs l’auberge de Marans qui est tenue par le père Fessard, beau-père de Senechau… et qu’ils vont fréquemment à Gené à cheval, ou l’un des deux seulement, pour affaires.
  • L’acte notarié nous apprend le nom de 2 hôtelleries d’Angers. Or, il se trouve que j’ai beaucoup travaillé la généalogie de l’un des couples Julien Senechau x Renée Fessard, puisqu’ils sont mes ascendants. Or, je n’avais jamais trouvé dans les registres paroissiaux la mention du nom de l’hôtellerie qu’ils tenaient.
  • J’ai depuis longtemps sur mon site une page des hôtelleries rencontrées en Anjou, et avec ce bail, je commence la mise à jour de cette page, espérant y ajouter encore beaucoup d’hôtelleries…
  • Voici l’acte notarié, retranscrit avec son orthographe originale : Le 20 juillet 1667, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers, furent présents soubmis
    messieurs les chanoines du chapitre de l’église collégiale de saint Pierre de cette ville … assemblés en leur chapitre en la manière accoustumée d’une part,
    et honnestes personnes Estienne Paigis marchand et Catherine Duval sa femme de luy authorisée quant à ce demeurant en l’hostellerye ou pend pour enseigne le Civé fauxbourg St Lazare,
    Jullien Senechau et Renée Fessard sa femme aussy de luy authorisée quant à ce, et Catherine Gautier veuve en premières nopces de René Duval et secondes noces de Jean Fessard, demeurant en l’hostellerye des trois Maryes le tout paroisse de la Trinité de cette ville chacun d’eux solidairement renonçant au bénéfice de division d’autre part, (les trois Maries étaient souvent représentées et sont connues dans l’histoire de l’art. Voyez par exemple ce vitrail, puis vous pouvez lire les sources de cette légende qui n’appartient au Dogme mais aux textes apocryphes non reconnus pas l’Eglise. Je n’avais jamais entendu parler des trois Marie, mais manifestement elles étaient familières à nos ancêtres, au point de les figurer dans les églises. Nous connaissons aujourd’hui surtout les Saintes Maries de la Mer)
    lesquels ont fait et font entre eux le bail à ferme conventions et obligations suivantes, c’est à savoir que lesdits chanoines tant pour eux que leurs successeurs ont baillé et par ces présentes baillent auxdits Paigis et Sénéchau et leurs femmes, et à ladite Gautier, ce acceptant audit tiltre pour le temps et espace de septs années et sept cueillettes entières et consécutives qui ont commencé dès le jour et feste de Toussaint dernière et finiront à pareil jour,
    scavoir est la terre et chastelenie domaine et seigneurie de Gené, cens, rentes, sujets, dixmes, droits de four à ban et de possonerages, avec la fuye, plus les mestairyes de la Grande Fenouillère et de la Ville, ainsy que ladite terre se poursuite et comporte avec ses apartenances et dépendances ainsi que sieurs du chapitre et leurs fermiers en ont jouy sans en rien réserver, fors le service deub auxdits du chapitre par le sieur vicaire perpétuel de Marans, en la moitié des ventes et rachapts de la terre de Ribou si le cas échet pendant le présent bail, l’autre moitié demeurant aux preneurs, plus réservé le droit d’aubenage (droit d’aubaine : Succession aux biens d’un Étranger qui meurt dans un pays où il n’est pas naturalisé) et de deshérance, présentation et nomination collation et autres dispositions de bénéfices et offices dépendant de ladite seigneurie et les rentes deues sur le fief d’icelle à la bourse des anniversaires dudit chapitre dont lesdits preneurs feront néanmoins la recepte sur l’estat qu’il leur en sera fourny par le trésorier dudit chapitre, auquel ils payeront chacun an, oultre le prix du présent bail de ladite terre que lesdits preneurs ont dit bien savoir et cognoistre en jouir et user par eux en bon pères de famille sans en rien enlever
    et de payer et acquiter au viquaire perpétuel dudit Gené 12 septiers de froment et 14 septiers de seigle mesure dudit chapitre …,
    de payer les gages des officiers de ladite seigneurie scavoir au sieur sénéchal 60 sols, au procureur 40 sols, au greffier 25 sols et au sergent 20 sols, …
    de comparoir pour eux aux assises des fiefs et seigneuries sont lesdits sieurs bailleurs …
    et est fait le présent bail outre lesdites charges pour en payer et bailler de ferme chacun an par lesdits preneurs solidairement au chapitre de St Pierre entre les mains de leur boursier et receveur à l’usage de leur grande bourse la somme de 750 livres tournois aux termes de Toussaint, le premier payement commenczant à la Toussaint prochaine et à continuer sans que lesdits preneurs puissent prétendre rabais ny diminution dudit prix et charges que dessus soit pour peste guerre famine et fertilité de fruits et villeté (vileté : bas prix d’une chose) du prix d’iceux ou autre par cas fortuits qui puissent avenir …


    Voici les deux hôtelleries, telles que mentionnées dans ce bail. Le cive, aliàs civé puisqu’on n’écrivait pas les accents autrefois, aliàs civet actuellement, fait référence au civet de lièvre, d’ailleurs nous verrons d’autres hôtelleries faisant référence au lièvre. Par contre, pour les Trois Maries, je n’ai pas d’explication à ce jour.


    Les 2 hôteliers, preneurs du bail (Paigis et Senechau), savent signer.
    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.
    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Journal d’Etienne Toysonnier, Angers 1683-1714

    1696 : janvier, février, mars, avril, mai, juin

    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
    Légende : en gras les remarques, en italique les compléments – Avec les notes de Marc Saché, Trente années de vie provinciale d’après le Journal de Toisonnier, Angers : Ed. de L’Ouest, 1930

  • Le 12 janvier (1696) mourut Mr de la Bigottière de Perchambault, prêtre et conseiller honoraire au siège présidial de cette ville. Il avait beaucoup de mérite et était fort savant. De son mariage avec la dame …
  • Le 23 (janvier 1696) mourut le sieur Chatelain du Hardaz bourgeois. Il a laissé trois enfants de son mariage avec la Delle …
  • Le 27 (janvier 1696) mourut la femme du feu sieur Eveillon, marchand ferron en cette ville. De ce mariage est issu un fils unique Mr Eveillon, maître des Eaux et Forests d’Angers.
  • Le 7 février (1696) mourut la femme du feu Sr Lenfantin de la Marinnière, bourgeois ; elle a laissé plusieurs enfants, un prêtre, une fille qui a épousé le fils du Sr Daigremont, cy-devant marchand ; elle s’appelait Bionneau.
  • Le 18 (février 1696) mourut le sieur Cazeau, marchand de draps de laine. Il avait épousé en premières noces la fille du feu Sr Mabit dont il n’y a point eu d’enfant, et en secondes noces la fille du feu Sr Maumussard droguiste en cette ville dont il a des enfants.
  • Le 21 (février 1696) mourut la femme de Mr Avril avocat ; elle s’appelait de la Roche ; elle n’a laissé qu’une fille qui a épousé Mr Du Tremblier de la Varanne, auparavant veuf de la Delle Aveline dont il n’a point eu d’enfant.
  • Le même jour, le sieur Goupil de Bouillé, receveur du domaine par commission, auparavant veuf de la Delle … dont il y a quatre enfants, épousa la fille du feu Sr Lemaçon et de la défunte dame … et laquelle était veuve du feu sieur Hureau marchand de dentelles, duquel mariage il y a un enfant.
  • Le 22 (février 1696) mourut monsieur Dumesnil chanoine de l’église d’Angers.
  • Le 21 (février 1696) mourut Mr Jamet, avocat. Il a laissé plusieurs enfants de son mariage avec la Delle Poisson.
  • Le 22 (février 1696) le fils du feu sieur Mauvif de la Plante, marchand de draps de laine, et de la dame Esnault, épousa la fille du feu Sr Cupif des Fourcelles et de la Delle Le Vannier.
  • Le 28 (février 1696) Mr Foussier, procureur du Roy au présidial de Château-Gontier, fils de défunts Mr du Rocher Foussier, avocat au présidial de cette ville, et de la Delle Avril, épousa la fille du feu Sr Tessier, commis au greffe dudit présidial de cette ville et de la dame …
  • Le jour précédent, Judic Anne Le Camin, veuve de Dumesnil, fermier de Chavagnes en Poitou, convaincue d’avoir été complice de la mort de son mary, assassiné, et d’adultère avec le nommé Havard sergent, fit amande honorable et ensuite fut pendue et brulée et ses cendres jettées au vent. Le valet qui avait assassiné, corrompu par ladite Camin et ledit Havard, fut rompu vif et ledit Havard condamné d’être aussi rompu vif par effigie, sur le conflit de juridiction d’entre le prévôt de Touars et le lieutenant criminel de Saumur. Cette affaire fut renvoyée par arrest devant Mrs du présidial de cette ville pour être jugée en dernier ressort. Nota : la sentence fut rendue le samedy 25 précédent ; mais l’exécution en étant impossible Mrs ne descendirent de la Chambre qu’après 7 heures du soir, elle fut remise au lundy suivant.
  • Le 5 mars (1696) Mr Amys du Ponceau, fils de feu Mr Amys du Ponceau gouverneur de la ville et château de Sablé, et de la feue Delle Marie Boylesve, épousa la fille de feu Mr Ganches de la Fourerie conseiller à la prévôté et de la Delle Avril.
  • Le même jour, la fille du feu Sr Avril marchand de bois et de la défunte dame .. épousa la Sr Du Castel.
  • Le même jour, Mr Bault de Beaumont écuyer fils de feu Mr Bault de Beaumont et de la dame Guillebault épousa la fille du feu Sr Dupont de la Marre et de la Delle Grudé.
  • Le 8 (mars 1696) mourut le fils de Mr René Fromageau, commissaire des saisies réelles. Mr Duboul de Cintré seigneur de Chandolant paroisse de Cantenay ayant été averti qu’il chassait avec le Sr Yvard près de sa maison, fut les trouver avec le Sr de Cintré son frère lieutenant de dragons et deux valets. On dit que les ayant approché, le Sr Yvard tira le premier sur le Sr de Chandolant sans le blesser et que son frère tira ensuite sur le Sr Fromageau dont le coup lui passa au travers de la machouere et qu’ensuite on lui donna trois coups de bout de fusil sur la teste qui y paraissaient gravés. Cet accident arriva le 26 de février dernier et cette affaire se poursuis vigoureusement.
  • Le 28 du mois précédent (février 1696), Mr Boucault, fils de feu Mr Boucault, conseiller honoraire au siège présidial et de la défunte dame Grudé, se fit installer dans la charge de conseiller audit présidial cy-devant possédée par feu Mr Hernault de Montiron.
  • Le 29 (mars 1696) mourut mademoiselle Chotard, veuve du feu Sr Chotard de la Sablonnière bourgeois ; elle a laissé plusieurs enfants, un fils conseiller au présidial qui a épousé Melle Trouillet auparavant veuve de Mr de Pescherat aussy conseiller, un autre marié avec Melle de Landevy de Vaux, et une fille mariée avec le sieur Gilles de Volaines cy-devant capitaine d’infanterie, laquelle était auparavant veuve du Sr du Plessis Berthelot ; elle s’appelait Chevrollier.
  • Le 16 avril (1696) se fit l’ouverture du jubilé accordé par notre St Père le pape Innocent XII pour la paix.
  • Le 19 (avril 1696) mourut le sieur Richomme huissier de la mairie de cette ville ; il était fort honnête homme et âgé de 82 ans.
  • Le 1er may (1696) Mr Avril de la Durbelière assesseur de l’hôtel de cette ville et Gandon de la Vérandrie ancien consul, furent élus échevins.
  • Le 4 (mai 1696) mourut le sieur Lemaître, marchand
  • Dans ce même temps, Mr Hameau du Marais, conseiller au siège présidial de cette ville veuf de la dame d’Héliand de la Gravelle, épousa la fille de Mr de Barnabé de la Boulaye et de la dame …
  • Le 14 (mai 1696) mourut monsieur de Dane Audouin, docteur régent en droit. Il a laissé plusieurs enfants de son mariage avec la défunte dame Ménage.
  • Le 16 (mai 1696) mourut Mr Maugin cy-devant contrôleur au grenier à sel de cette ville.
  • Le 27 (mai 1696) mourut le sieur Chauveau Me apothicaire, veuf de la dame de la Roche. Il a laissé plusieurs enfants, le sieur Georges Chauveau aussy apothicaire, marié avec la dame Deschamps, une fille mariée avec le sieur Coustard aussy apothicaire, une autre mariée avec le sieur Camus, commis aux traites, une autre mariée avec le sieur Guérin cirier.
  • Le 16 (juin 1696) mourut le sieur Lemesle veuf de la dame Moreau ; il avait longtemps exercé la recepte des décimes par commission. Il a laissé quatre enfants.
  • Le 19 (juin 1694), le fils du feu sieur Davy de Vaux et de la demoiselle Eslys, épousa la fille de Mr Chantelou de Portebize, procureur du Roy de l’élection de cette ville et de la dame Gilles de Volaine.
  • Le 22 (juin 1694) mourut la femme du Sr Esnault, marchand de draps de laine ; elle s’appelait Mabit ; elle a laissé 10 enfants.
  • Dans ce même temps, au moyen de la désunion de l’élection de cette ville d’avec le grenier à sel, Mr Poitras s’est fait installer dans une charge de controlleur grenetier. (Note de Marc Saché : André Poitras, sieur des Brosses, était fils d’André Poitras, conceiller receveur des traites d’Anjou. Il épousa le 2 juillet 1690, Anne Babaut, fille de feu Philippe Babaut, sieur de la Moinerie)
  • Le 28 (juin 1696) Mr de la Porte Trochon s’est fait installer dans la charge de procureur du Roy au grenier à sel. (Note de Marc Saché : Jean Trochon de la Porte, sieur de la Coudre, fils de Jean T., conseiller en l’élection d’Angers, et de Marguerite Erreau. Il épousa Madeleine Baillif)
  • Le 30 (juin 1696) mourut le sieur Baudin bourgeois ; il avait épousé la demoiselle Crosnier ; il a laissé deux enfants.
  • Journal de Maître Estienne TOYSONNIER, Angers, 1683-1714
    Numérisation par frappe du manuscrit : Odile Halbert, mars 2008. Reproduction interdite.
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    Sépulture d’un suplicié, Angers, 1642

    Angers St Pierre BMS 1488-1668 vue 552

    Hier la douceur, aujourd’hui la sévérité.


    Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire.

    Le 14 avril 1642 fut ensépulturé Urban Langlois par permission de messieurs de la Prévosté après avoir été supplicié dans le pilory sans cérémonies toutefois de l’église sinon le sebverite lorsqu’on le mettra en terre.

    Je suppose que le sebverite est une prière en latin, destinée à ce genre de situation.

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    Dispense de consanguinité, Durtal, 1734, entre Mathurin Bernier de Bazouges et Marguerite Renier

    (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série G)

    Je me suis plantée le 23 juin dernier et je vais refaire le billet sur l’avaleur de vin, mais aujourd’hui je n’en ai pas le temps car je suis en famille, alors je vous sors un billet tout préparé, mais tou plein de miel, et il me plaît beaucoup.

    Cette dispense dit avoir dressé l’arbre généalogique, mais ne le donne pas, alors qu’on l’a d’habitude. Mais elle donne un très joli motif, très touchant. Je vous laisse le découvrir :

    Le 7 février 1734 en vertu de commission à nous curé de Notre Dame de Durtal, adressée par monsieur le vicaire général de monseigneur l’évêque d’Angers en datte du 6 du courant, signée Le Gouvello et plus bas Gambier pour le secrétaire, pour informer de l’empêchement se trouvant au mariaga qu’on dessein de contracter Mathurin Besnier homme veuf de la paroisse de Bazouges, et Marguerite Renier aussi veuve de la paroisse de Cré
    des raisons qu’ils ont de demander dispence dudit empechement et du lien précisément que lesdites parties peuvent avoir, ont comparu devant nous commissaire soussigné lesdittes parties accompagnées, scavoir ledit Mathurin Besnier d’André Besnard son beau père, de René Heslot son beau-frère, et ladite Marguerite Renier d’Urbain Renier son frère et de Louis Renier son oncle, qui ont dit connoistre lesdittes parties, et serment pris des uns et des autres, sur le rapport qu’ils nous on fait et l’éclaircissement qu’ils nous ont donné, après avoir dressé l’arbre généalogique de leur famille,

    nous avons trouvé qu’il y a un empechement de consanguinité du 4 au 4e entre ledit Mathurin Besnier et ladite Marguerite Renier, (en d’autres termes ils sont cousins issus de germain, aliàs remués de germain)

    à l’égard des raisons de demander dispence dudit empechement ils nous ont déclaré que quand lesdittes parties se sont mises par accord, elle ne scavoient pas être parentes dans les degrés prohibés et que sans cette bonne foy elles ont été publiées deux fois,
    seconde raison c’est que leur peu de bien étant voisins se peuvent mettre l’un avec l’autre,

    la troisième raison c’est que le veuf épousant sa parente dont il connoit la douceur il espère qu’elle aura plus d’amitié pour trois enfants qu’il a et qu’elle les élevera mieux, (c’est merveilleux de lire cela !)

    à l’égard du bien des parties lesdits témoins nous ont assuré que les biens des dittes parties suivant l’inventaire qui en a été fait par Me Havard notaire à La Flèche, ne se monte pour les deux qu’à 700 livres, et par conséquent qu’ils se trouvent hors d’état d’envoier en cour de Rome pour obtenir dispence dudit empechement, ce qui nous a été certifié par les témoins cy dessus qui ont déclaré ne scavoir signer de ce enquis, (nous avons vu ensemble que le seuil pour devoir envoyer en Cour de Rome est fixé à 2 000 livres)

    fait à Durtal en notre presbitaire ledit jour et an. Signé Baumeau curé de Notre Dame

    Ce papa qui aime ses trois enfants avec tant de sollicitude, c’est une témoignage rarissime du passé, car on a peu de traces des sentiments dans quelque acte que ce soit… alors profitez de ce miel…

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    Contrat de mariage d’un Grenoblois à Angers, 1673

    domestique à Angers (Archives du Maine-et-Loire, série 5E)

    Hier, pour la Saint-Jean, j’ai totalement oublié de vous parler des domestiques. En effet, c’était un jour de louage des domestiques. Ceux qui voulaient se gager se réunissaient sur la place avec une feuille à leur chapeau (Verrier et Onillon, Glossaire des patois de l’Anjou, Angers, 1908)

    Les domestiques aussi faisaient établir un contrat de mariage. J’ai remarqué qu’ils venaient souvent des campagnes alentour travailler ainsi quelques années avant de se marier, le temps d’amasser un petit pécule, certes petit, mais mieux que rien. D’ailleurs, c’est ainsi que j’ai retrouvé quelques uns des mariages de mes ancêtres, à 30 ou 40 km de chez eux, puis ils revenaient s’installer au pays avec le petit pécule pour débuter.

    Le garçon qui suit vient de loin, car il a fait 700 km environ :

    Voici la retranscription de l’acte : Le 27 février 1673 après midy, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers furent présents establiz et duement soubzmis Jean Pavyot filz de Louis Pavyot et de Marguerite Gourault, natif du bourg de Vaunevay près la ville de Grenoble en Dauphiné, de présent demeurant en qualité de vallet de chambre en la maison de Messire Louis Boysleve seigneur de la Gillière conseiller du roy en ses conseils lieutenant général en la sénéchaussée d’Anjou et siège présidial dudit Angers sise paroisse de St Michel du Tertre, ledit Paviot aagé de vingt et huit ans comme il assuré d’une part, et Jeanne Bodin majeure de vingt et cinq ans comme elle a pareillement assuré, fille de deffunts Thomas Bodin et de Marquise Morillon sa femme, natifve de la ville de Sablé pais du Mayne demeurante en la maison de Me Michel Maussion docteur et professeur en la faculté de médecine en l’université dudit Angers paroisse St Pierre d’autre part,
    Vaulnaveys
    Voir au site de la ville de Vaulnaveys

    lesquels traitant et accordant de leur futur mariage avant faire une bénédiction nuptiale ont fait les conventions matrimonialles qui s’ensuivent, c’est assavoir qu’ils se sont par l’advis de leurs amis cy après nommez (faux : le notaire, dans son élan, a écrit cette phrase par habitude, mais ils n’ont strictement aucun témoin, parent ou ami à cet acte), promis et promettent mariage, et le solemniser en l’église catholique apostolique et romaine sy tost que l’un en sera requis par l’autre, tout légitime empeschement cessant,

    et se sont pris et par ces présentes se prennent avec tous et chacuns leurs droitz noms raisons et actions tant mobillières qu’immmobillières, consistans pour chacun d’eux en la somme de six vingtz livres en argent monnoye outre leurs habitz procédant comme ils ont respectivement déclaré de leurs gages et mesnagements, (six vingt livres, comme on disait alors, font 6 x 20 = 120 livres)

    dont il entrera en la communauté la somme de 20 livres tournois pour chacun d’eux, le surplus demeurera est et demeure de nature de propre patrimoine et matrimoine … et ledit futur à l’esgard de ceux de la future espouze promet et s’oblige employer et convertir en aquest d’héritage en cette province d’Anjou, qui tiendra à ladite furure espouze et aux siens en son estoc et lignée de ladite nature de son propre… (remarquez au passage la précaution, que nous avons déjà rencontrée, qui précise que les biens doivent être acquis en Anjou… des fois qu’il prenne à l’époux l’idée d’envoyer de l’argent à sa famille du Dauphiné… Tient, ceci me rappelle certaines pratiques actuelles…)

    en cas d’aliénation de leurs propres pendant le mariage ils en seront respectivement raplacés et récompensés sur les biens de la communauté …

    Passé audit Angers, maison dudit sieur Maussion, présents Me Gabriel Rogeron et Estienne Lailler praticiens demeurant audit Angers

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    Contrat d’apprentissage d’architecte à Laval (53), 1659

    L’école d’architecture de Nantes déménagera en février prochain. Installée sur les friches industrielles de l’île de Nantes, faite de béton, verre et métal, elle domine la Loire.
    Par ailleurs, 3 000 contrats d’apprentissage, tous métiers confondus, sont en cours d’étude à Nantes, et lorsque ce travail sera publié, on saura combien d’années un architecte était apprenti, en moyenne, car il semble que la durée soit variable.
    Ainsi, à Angers on voit 24 mois, et voici le double à Laval, qui avait aussi la particulirité d’employer le terme d’allouement pour ce contrat. Cette durée de 48 mois, certes longue, s’entend sans doute parce qu’on est en famille, et que la maman, remariée, case son fils chez un proche parent qui va parfaire toute son éducation. Enfin, c’est comme cela que je le vois…
    Voici donc un contrat d’apprentissage qui vient enrichir ma petite base de données :

    Laval, le château
    Laval, le château

    Autres cartes postales de Laval, collections privées. Reproduction interdite.

  • L’acte notarié qui suit est extrait des Archives départementales de la Mayenne, série 3E
  • Retranscription de l’acte : Du 8 juillet 1659 avant midy devant nous Jean Marais notaire du comté de Laval et y demeurant ont esté présens et deuement estably Me Jullien Seigneur et Marie Frin sa femme, de luy suffisamment authorisée quant à ce, et François Langlois fils mineur yssu du premier mariage de ladite Frin avec deffunt François Langlois Sr de la Butte d’une part, et Michel Langlois Me architecte d’autre part, demeurantes lesdites partyes audit Laval, entre lesquelles partyes a esté fait l’allouement tel qui ensuit
    c’est à scavoir que ledit Michel Langlois a promis et s’est obligé apprendre et instruire ledit François Langlois audit mestier d’architecte à son possible pendant le temps de 4 années du jour et feste de Magdelaine prochaine et finiront à pareil jour lesdites 4 années finies et révollues
    pendant lequel temps ledit Michel Langlois a promis le nourrir coucher et lever et reblanchir et luy donner tout lantemens honneste et raisonnable qu’un maistre doibt à un apprenty
    lequel temps d’apprentissage ledit François Langlois soubz l’authorité desdits Seigneur et Frin a promis et s’est obligé à ce tenir par corps faire et parfaire sans se desfaire du service dudit Michel Langlois pour quelque occasion que ce soit,
    et en cas d’évasion abvenue mesme de maladie de plus de trois jours de remplir ledit temps d’apprentissage et fin d’icelluy,
    la présente convention faicte moyennant la somme de 100 livres que lesdits Seigneur et Frin sa femme ont promis et se sont obligez bailler et payer scavoir 50 livres d’huy en 6 mois et l’autre moitié un an après les 6 mois expirez,
    et oultre de luy bailler une monstre dont la boiste est d’argent qui estoit audit deffunt la Butte, ou la somme de 20 livres en cas que par l’évenement de procès pour raison d’icelle elle ne demeure auxdits Seigneur et femme, (j’ai compris que la montre était au défunt père de l’apprenti, lequel était manifestement proche parent, voire frère de Michel Langlois, le maître architecte, mais qu’il y avait entre les 2 frères une sombre histoire de montre et de procès à son sujet. Dans tous les cas, on a ainsi le prix d’une montre, soit 20 L, et elle était réservée à cette époque à une élite, ne serait-ce qu’à cause de son prix)
    à la charge par lesdits Seigneur et femme d’entretenir ledit François Langlois d’habits linges et chaussures
    pendant ledit temps de la fidélité duquel et représentation dudit Langlois apprenty en cas d’absence lesdits Seigneur et Frin demeureront responsables mesme des dommages et intérestz faulte de parfaire ledit temps d’apprentissage, ce qu’ils sont respectivement voulu accordé stipullé et consenty …

    fait et passé audit Laval en présence et de l’advis de René et François Langlois oncles dudit mineur, et de Jean Gaudin et Jean Jourdan praticiens demeurant audit Laval, tesmoins à ce requis et appellés.
    Signé de tous, y compris de Marie Frin

    On est dans un milieu cultivé et aisé, parce que la signature de la maman, Marie Frin, est belle, et parce que cette histoire de montre est curieuse. La montre est un objet rare et cher, et il semble bien qu’on puisse lire dans cet acte, certes entre les lignes, que la montre est un héritage qui fait l’objet d’une petite dispute familiale…

    Au sujet des signatures : j’observe le plus souvent que les femmes de notables qui signent, le font avec leur prénom et sans floriture, tandis que les messieurs le font avec l’initiale seulement de leur prénom, et le plus souvent une floriture, enfin les écuyers le font sobrement, avec leur prénom et sans floriture. C’est bien le cas ici de la femme et des messieurs (pas d’écuyer ici, ce sera une autre fois).

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