Voyages des femmes sur les chemins et les voies d’eau : fin XVIème début XVIIème siècles

Voici mes observations après tant d’années de recherches dans les registres paroissiaux et les archives notariales, pour la période que j’ai couverte. Et ce surtout pour l’Anjou. Car je n’ai pas assez étudié les autres périodes, Paris et les autres provinces.

1-Modes de transport

  • à pied : le plus répandu, avec 20 à 30 km/jour, voire 40 selon mon obvervation pendant les Guerres de Vendée dans les registres clandestins que j’ai dépouillés. On use une paire de souliers tous les 15 jours, d’où le nombre important de cordonniers.
  • à cheval : en selle, rares femmes mais j’ai vu une selle de femme chez les Gallichon, famille de bourgeoisie aisée. J’ajoute que le cheval n’est pas un bien à la porté de tous, ainsi aucun closier n’en possède, seuls les marchands pour leurs déplacements d’affaires, et les bourgeois et nobles en possèdent.
  • en charrette à cheval :  relativement aussi répandue que le cheval, puisque beaucoup d’actes notariés à Angers attestent le déplacement de plusieurs personnes, parfois sur plus de 100 km, mais majoritairement des hommes. 
    Le coche, c’est-à-dire la fermeture de la voiture, n’apparaît que fin XVIème, et toutes les charrettes ne sont pas couvertes au XVIème, loin de là.
    La suspension par ressort n’est apparue qu’en 1665 date à laquelle Louis XIV reçoit la première « calèche à ressorts » de la nouvelle invention qui remplacera le ressort de bois des « chariots branlants ». Voyez « L’invention des ressorts de voiture Max Terrier Revue d’histoire des sciences Année 1986 Volume 39 Numéro 1 pp. 17-30 » chez Persée en ligne,

Aujourd’hui, sur les innombrables ralentisseurs que nous subissons, je suis  en empathie avec ces déplacements du XVIème siècle :  les chemins étaient si remplis d’ornières etc… Je me souviens moi-même des pavés bien ronds de Nantes si nombreux encore dans les années 1940 et 1950, et toutes les secousses malgré les ressorts, j’imagine un peu le calvaire enduré par nos ancêtres sur ces charrettes, et chaque fois que je passe un gendarme couché je pense à eux.

2-Motifs de déplacement

  • Les innombrables pélerinages, que j’ose qualifier d’« oubliés ». Les femmes en pèlerinage accouchent même sur les chemins, recueillies ci et là dans une grange pour l’occasion, mais tout de même en chemin : j’ai déjà rencontré plusieurs de ces accouchements mentionnés dans les actes de baptême en Anjou, qui attestent que les femmes enceintes étaient sur les chemins de pèlerinage, avec leur mari.
  • Les migrations : 
  • Le mariage : Ma Charlotte Hunault a fait à 18 ans 160 km en 1645 avec papa pour Angers épouser un veuf, en passant d’abord chez le notaire seule femme avec une bonne cinquantaine de messieurs plus ou moins jeunes, qui décidaient de son sort !!! Le cas n’est pas rare.
  • La gestion des affaires : certes ce sont les hommes, mais je vous ai mis sur ce blog il y a très peu de temps le cas d’une femme
  • Aller-retour à la cour et/ou la suivre et/ou aller à l’un ou l’autre de ses châteaux : Mme de Sévigné, certes plus tardive, vous le décrit longuement 

J’ajoute celles qui suivaient les troupes, celles qui ont suivi par le passé des croisés, dont la plus célèbre : Aliénor d’Aquitaine