Martine, veuve d’un laboureur, se remarie en donnant ses biens en viager à son futur, Provins 1503

Introduction

Dans les nombreux contrats de mariages que j’ai dépouillés en Anjou, j’ai toujours vu le futur léguant à la future le douaire en cas de prédécès, mais jamais l’inverse. Depuis peu de temps, je dépouille des notaires de Provins, et j’observe avec un très grand étonnement, exactement l’inverse, à savoir des femmes qui lèguent à leur futur leurs biens en viager. Je savais que la France était divisée en Provinces qui possédaient chacune leur propre droit coutumier mais j’ignorais que ces droits coutumiers pouvaient être si différents… Ainsi en Brie, les femmes tenaient probablement plus de place qu’en Anjou ? Mesdames/messieurs qui étudiaient l’histoire, merci d’approfondir à travers les actes notariés … car le sujet le mérite …

les biens des laboureurs dans la Brie

Depuis que je dépouille les notaires de Provins, j’observe un autre phénomène totalement différent de l’Anjou, à savoir les laboureurs, vignerons, manouvriers possédaient tous quelques terres et maisons, alors qu’en Anjou ils étaient tous loueur de leur closerie ou métairie avec un bail à court terme renouvelable, et possédaient très peu de biens fonciers. Là encore, la différence est considérable entre la Brie et l’Anjou… et mériterait des thèses d’histoire à travers les archives notariales, car j’ignorais qu’il y avait tant de différences sociales en France avant la Révolution.

contrat de mariage de Martine, Provins 1503

Le notaire est à Provins, mais Martine et son futur demeurent à Léchelle, paroisse qui relevait de Provins.

AD77-1056E586 Louis Dechoisy notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1503.06.17 vue 3403 – Fut présente en sa personne Martine veufve de feu Guiot Chane en son vivant laboureur demeurant à Pigy paroisse de Lechelles sur ce bien advisée et conseillée comme elle disoit pour son proufit faire recognut et confessa en faveur et contemplation du mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et consommé cy après entre ladite Martine et Jehan Lelong laboureur demourant à Chanetron paroisse de Saint Martin et pour la bonne amour qu’elle a et se dit avoir audit Jehan Lelong son mary futur afin qu’il ait mieulx de quoy soy entretenir cy après, elle a donné ceddé transporté et délaissé à sondit mary futur ad ce présent et acceptant au cas que ledit mariage eu tlieu et qu’il sortisse efect la moictié de tous les héritages rente et possessions immeubles que ladite Martine a et dont elle jouist et possède à présent quelque part qu’ils soient situés et assis pour en jouir et posséder par ledit acceptant après le trespas de ladite Martine s’il la survit pendant et durant la vie dudit Lelong tant seulement moyennant que ledit Jehan Lelong sera tenu et a promis de paier et acquicter la moictié des charges que doibvent lesdits héritages durant sadite vie et les soustenir et entretenir suffisamment et après le décès dudit Lelong retourneront aux héritiers d’icelle Martine ..