Assassinat de Jean Ernault, grenetier de Craon, 11 septembre 1589

Selon le dictionnaire de la Mayenne de l’abbé Angot, Guillaume Ernault sieur de la Daumerie, frère de Jacques Ernault, qui fut maire d’Angers, 1600 et 1607, était du nombre des royaux qui s’emparèrent du château de Craon le 11 septembre 1589, après avoir tué le capitaine, et qui furent passés au fil de l’épée par les ligueurs rentrés en possession de la place.
Il est prénomé Jean dans les actes notariés à Angers. C’est lui dont il est question dans la dette de René Pelaud et qui est chargé par son père, Jacques Ernault, de recouvrer la somme au Bois-Bernier.

Je vous mets les lettres d’Henri IV le concernant, car elles donnent des précisions qui ne figurent pas ailleurs. Le roi considère que Jean Ernault a été assassiné, et j’ai compris que s’il pardonne largement, il ne pardonne pas tout, en particulier concernant les crimes de sang et deniers royaux. En fait, je tente de trouver des pistes concernant Claude Simonin capitaine de la Fosse, et je cherche partout…

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série E2402 – Voici la retranscription de Pierre Grelier : Henry par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre à nos amés et feaulx les gens de nos comptes à Paris salut, nous avons par nos esdits et ordonnances faits sur la rédition de nos subjets en notre obéissance esteinct aboly et supprimé la mémoire des choses passées pendant les troubles entre personnes de party contraire afin que par ce moyen de donner exemple à un chacun de faire le semblable fors et exempté des meurtres et cruaultés signalés faicts contre les loix de la guerre entre lesquelles on peut remarquer celle commise à l’endroit de feu Me Jan Ernault nostre grenetier en nostre ville de Craon, lequel voyant les habitants d’icelle s’estre révoltés et prys les armes pour ceulx de la Ligue entreprit au hasard et péril de sa vie se rendre maistre du château dudit lieu auquel il avait esté mys prisonnier par André Goullay lors commandant en iceluy comme de faict s’estant ledit Ernault à costé de deux soldats se rendit maistre du donjou dudit château pour nostre service, mais n’ayant esté promptement secouru fut contrainct par lesdits habitants se retirer à ung garde robe dudit donjon où il fut misérablement bruslé vif et d’abondant après sa mort par sentence du provost de Château-Gontier condamné à estre tyré de terre, son corps rompu sur une roue, sa teste mise sur une des portes de la ville et en quatre ou cinq mil escus envers les héritiers d’André Goullay chef de la révolte qui fut tué à la prise dudit donjon encore que tous ses biens or et argent monnaye et non monnaye eussent esté pillés par ledit Goullay et son adhérant pendant la prison dudit Ernault ses maisons bruslées ensemble tous ses papiers tiltres et enseignement avecq les acquets de sa recepte encore non ontent de ce lesdits habitants seraient tournés en telle fureur et barbarye qu’ils ont fait saisir le peu d’héritage demeurés après le décès dudit Ernault faulte de payement de ladite condamnation et pour combre de toute misère ont lesdits héritiers naguères assignés par devant vous à la requeste de nostre procureur général Me Hierosme Grudé qui a espousé ladite veuve dudit Ernault à présent grenetier audit Craron pour venir compter à ladite chambre pour ledit Ernault son prédécesseur depuis l’an 1582 jusqu’à son décès qui serait en effet les acabler de toute misère et affliction ayant non seulement persu la personne mais aussi tous les biens meubles et immeubles comme il a esté vérifié par informaiton sur de faicte de l’autorité de nostre conseil et rendre nos bons et fidèles subjects qui ont exposé leur vye à la mort pour nostre service de pire condition que nos ennemys, auxquels nous avons faict ceste grâce de les exempter de tout recherche requérant sur ce nos lettres successives nous à ces causes nous mandons commettons et enjoignons par ces présentes s’il vous apert de ce que dict est par l’information sur ce faict de l’autorité de nostre dit conseil mesme de ravaige et brulement de tous les acquits papiers et enseignements dudit Ernault qu’il ait esté assassiné pour nostre service au château de Craon et pour la réduction d’iceluy que lors de sa prise partie de nos deniers ayant esté pillés par ledit Goullay l’aultre fust encore déniée, desquels depuis nous avons accordé la remise au peuple en ce cas vous ayez à tenir quicte et déchargé les veuve et héritiers dudit Ernault de la poursuite contre eulx faicte par mondit procureur général pour la rédition desdits comptes comme audit cas nous avons par cesdites présentes quicter et décharger sans qu’ils puissent à l’advenir aulcunement estre recherchés poursuivis ny inquiéter pour ladite somme soit en général ou en particulier imposant sur ce silence perpétuel de nos procureurs généraux et leurs subjets présents et advenir et généralement à toutes aultres personnes sans tirer à conséquence encore que les formes règlements et ordres prescripts par nos ordonnances n’ayent esté gardés dont nous avons ladite veuve et héritiers Ernault dispensés et deschargés dispensons et deschargons, si vous mandons que du contenu en cesdites présentes vous faites jouir pleinement et paisiblement ladite veuve et héritiers dudit office de grenetier sans qu’il leur soit besoing d’obtenir aultre ny plus particulière descharge que cesdites présents nonobstant tous esdits déclarations ordonnances règlements défenses et rigueurs de compte contraire à icelle auxquelles et à la dérogatoire et dérogatoires y contenues nous avons desrogé et desrogeons mandons à nostre procureur général requérir et poursuivre l’enterinement et effet desdites présentes sans y apporter modification longueur ny remise quelconque car tel est nostre plaisir et parce que de cesdites présentes l’on pourra avoir à faire en plusieurs et diviers lieux voulons que au vidimus d’icelle duement collationné à l’original foy soit adjoutée comme au présent original. Donné à Paris le vingt et septieme jour de febvrier l’an de grâce mil six cent et de nostre règne le unzième ainsi signé par le roy en son conseil Pottier et scellé du grand scel signe en queue Maupeu. – Vu la chambre des lettres patentes du roy données à Paris le 27 février dernier signées par le conseil Pottyer obtenues par la veuve et héritiers feu Me Jan Ernault vivant grenetier de la ville de Craon

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4 réponses sur “Assassinat de Jean Ernault, grenetier de Craon, 11 septembre 1589

  1. brûlé vif ,tiré de terre ,roué post mortem et tête sur la porte de la ville ,c’est bien macabre …

    Note d’Odile :
    C’est la version royale, signée Henri IV, qui était alors avec son armée dans la région du Mans. Ceci signifie que selon les témoins interrogés, ou selon les historiens, on a une version quelque peu différente des faits, car voici ce qu’en fit Bodard de la Jacopière dans son ouvrage sur Craon et ses environs, qui ne fait aucune allusion à la lettre d’Henri IV ci-dessus :
    « Le 11 ou 12 septembre suivant, Ernault, grenetier au grenier à sel de Craon, et plusieurs autres, prisonniers avec lui dans le château de cette ville, profitant de la négligence de leurs gardes, les désorment, tuent le capitaine Goulay, égorgent une partie de la garnison, se rendre maîtres du château et aussitôt en donnent avis à La Rochepot ; mais quelques soldats, échappés au massacre, avaient donné l’éveil à la ville. Les habitants se ruent sur le château et l’enlèvent. Ernault est tué en combattant et son cadavre jeté dans les privés du château : ses compagnons sont pris et brûlés vifs. »

  2. On redoublait d’imagination dans la cruauté…
    Un Jéhan de Thunes qui prête foi et hommage lige à son suzerain,le seigneur de La Chaperonnière en Jallais: »foi »,c’est- à- dire fidélité,loyauté quelque peu sujette à caution car notre homme sera peu après compromis dans une vilaine affaire de fausse monnaie avec un orfèvre d’Angers,un aventurier vénitien,un aubergiste et quelques autres;tous seront,en 1526,condamnés à être »bouillis vifs »à Angers:c’était le supplice réservé aux faux-monnayeurs mais prononcé par contumace,nos gredins- ce que je comprends-ayant décliné l’invitation… A ce propos,j’aimerais savoir si l’on « préparait » le patient à feu doux ou si on le saisissait comme un oeuf à la coque ? Ce gentilhomme serait,par ailleurs, à l’origine du mot d’argot une « tune »…
    (Gens et Maisons du temps passé- André Sarazin.)

  3. Macabre découverte.
    Les Ponts- de- Cé le 2 de septembre 1704 ,fut enterré au cimetière de ce lieu,le cors d’un homme à nous inconnu,qui fut tué proche le lieu apellé le moulin avent,la nuit du premier au deuxième de ce mois,et qui fut trouvé,dans une perrière,par la fille du nommé Chauvin,qui demeure audit lieu du moulin avant,et qui vient nous en avertir,nous nous y transportames et vimes un cadavre,qui paroissait avoir 45 ans,vêtu d’une étoffe brune pour son justaucors,avec un haut de chausse de toile et des chausettes ? fermées avec des boutons,lequel,nous apparu ,avoir été étranglé avec ses jartiers,et les mains liées avec une corde neuve.Mr le juge d’Angers ayant été averty s’y transporta ,après que mon vallet y ayant porté un drap pour l’ensevelir Mr le juge ,lui dit de prendre pour luy,ses dits habillements,ce qu’ayant refusé,deux femmes des Ponts de Cé,nommées la Martin et la fille Sablier ?,lui otterent son habit quelles ont emporté avec ses souliers,mon valet nommé Saillant,avec une fille nommée Gallaut ?,l’ensevelirent et les dites femmes des Ponts de Cé,l’apportèrent icy, ou nous l’enterrame,après avoir fait sonner comme alordinaire,on trouva sur luy un habit de la Sainte Vierge,auquel était attaché un petit chapelet,et avait encore un petit chapelet blanc au bras,par dessous la chemise et des gants bordés dans ses basques.En présence de René Saillant et autres .(noté en fin d’acte, « dépendante de la terre des Fresnay  »
    (AM Les Ponts- de- Cé -vue 49 )
    Intriguée par l »‘habit de la Sainte Vierge »,qui serait un scapulaire,plus ample que ceux de la confrérie ordinaire et réservé aux membres du Tiers-Ordre du Carmel.
    (Google « Traité de la dévotion à la Sainte Vierge »,par St Louis Marie Grignion de Montfort)

  4. -Villevêque le 3 octobre 1617,André Mahé ? de la ville d’Angers,décédé au bourg,après avoir esté roué de coups,lequel mendiait son pain.
    (AM de Villevêque S. 1616-1661-vue 4)

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