Querelle pour revente d’une cape de noire parée de taffetas, Villevêque 1598

Les 4 pages de cet acte sont proprement hallucinantes. Ils sont très nombreux en cause, témoins et acteurs de la querelle, tous listés par le notaire. La cape, malgré sa jolie description, est manifestement une occation ayant même fait son temps, car la somme est peu elévée, soit 45 sols, c’est à dire 2 livres 5 sols.
Et pour cette cape, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui tentait de la refiler à qui etc… mais une chose est certaine, pour une cape d’occasion on se querelle, et on fait intervenir le notaire. Je suis persuadée que les frais de notaire ont dépassé les coût de la cape elle-même. Pire, celui qui va devoir payer est celui qui l’avait vendu, sans doute à tort, et il y a à son encontre la fameuse clause de prison s’il ne paie pas !
A mon avis, cette querette de cape illustre à merveille les petites médiations dont étaient capables les notaires, sans doute au grand bien des querelleurs, ainsi calmés par sa médiation…
Je reste chaque jour de plus en plus admirative devant le rôle de médiation des notaires… enfin au 16e siècle, car n’allez pas raconter des histoires de cape à un notaire actuel bien entendu !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici la retranscription de l’acte :Le 24 février 1597 après midy, en la court du roy notre sire Angers endroit par davant nous François Revers notaire d’icelle personnellement estably Lazare Denis marchand huilier demeurant au Bout Sauveur paroisse de Villevesque soubzmettant

    y aurait-il eu un moulin à huile à Villevêque ?
    Lazare Denis aurait-il vendu un vêtement de sa femme ou de sa mère ?

etc confesse que depuis ung moys échu ou environ il auroit vendu publiquement en présence et consentement de François Mazuau Nicollas Cattin tailleur d’habits Daniel (blanc) gendre dudit Mazuau Jacques Mazuau fils dudit François Mazuau et Jehan Lebesle Me cordonnier demeurant au Angers à Armeil Servant et Charlotte Jouys sa femme et en leur maison en présence des dessusdits comme dit est une cape noire à usage de femme parée de taffetas partie devant et bordée d’ung passement de soie tout autour avecq ung arrière point
et parce que depuis ledit temps d’ung moys ladite Jouys a eu ladite cappe ainsi par elle et sondit mary achaptée de bonne foy, auroit esté advenue par la femme de Mery teinturier demeurant en la rue de la Tannerye de ceste ville à Angers à laquelle femme audit Mery ladite Jouys auroit rendu ladite cappe pour éviter à perte et laquelle Mery auroit néanlmoings rendu à ladite Jouys ladite somme de 45 sols pour restitution de laquelle ledit Mery et sa femme font poursuite à l’encontre de desdits Servant et sadite femme, a ladite Denys promis et promet rendre et restituer de ses propres deniers ladite somme de 45 sol 16 deniers en leur maison dedant 8 jours prochain … avoir achapté ladite cappe la somme de 36 sols tant en argent que despens faite entre eux afin de la justification et …
avecques tous et chacuns ses biens meubles et immeubles présents et advenir à prendre vendre etc et le corps dudit Denys à tenir prison ferme comme pour les propres affaires du roy notre sire

    pour une si petite somme !
    Une chose est certaine autrefois la prison pour dettes était pour peu de dettes !

protestant de faire et accomplir le contenu en ces présentes etc renonczant etc foy jugement condemnation etc fait et passé à notre tablier Aners en présence de Me Estienne Cormerais Maurice Rigault François Chassebeuf praticiens

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3 réponses sur “Querelle pour revente d’une cape de noire parée de taffetas, Villevêque 1598

  1. Madame,
    Je n’ai pas connaissance de moulin à huile (du moins moulins à eau) à Villevêque avant le XIXe siècle. Ce fut le dernier à fonctionner jusqu’après la guerre 1914-18. Pour les moulins à vent non plus mais il reste un « chandelier » à identifier, sur les confins de Villevêque et Pellouailles. il n’est connu que par le nom d’un « champ du Chandelier » en 1791. Etait-il à huile ? C’est possible car il y avait beaucoup de noyers dans les haies.
    Voir mon étude parue dans les deux derniers bulletins de l’A M A (Association des Amis des Moulins de l’Anjou) en 2009.
    Lazare Denis n’était probablement que marchand .
    Je découvre aussi le lieu-dit « Le Bout-Sauveur », que j’ajoute à mon répertoire toponymique de la commune de Villevêque, sans possibilité de localisation actuellement et sans oublier de vous citer.
    Je vous remercie pour le travail considérable que vous faites. Il y a encore beaucoup de choses à découvrir. Vous en donnez la preuve chaque jour.

      Note d’Odile : Merci de votre intérêt, car cet acte était infiniement petit par le contenu, en tout cas pour les historiens, et pour ma part, je m’attache à ne rien négliger des détails de la vie quotidienne.
      Voici les deux lignes donnant le lieu. Il peut aussi s’agir d’un Bois quelque chose, car on voit un point sur un i, mais dans tous les cas l’identification des noms de lieux d’alors est souvent délicat tant ils sont souvent altérés quand ils ne sont pas purement et simplement disparus de nos jours. Je compte donc sur les connaisseurs locaux, auxquels j’apporte ma contribution, pour en retour m’aider à identifier. J’habite une tour de béton au sud du discrict Nantais.
      Propriété des Archives de Maine et Loire. Cliquez pour agrandir
      Propriété des Archives de Maine et Loire. Cliquez pour agrandir
      Enfin, je vous remercie de toujours citer mes travaux, car mon site et mon blog sont oeuvre de propriété intellectuelle comme vous l’avez bien compris. Je rajoute ce point, car beaucoup semblent mépriser mes droits en les bafouant chaque jour, c’est ce qui explique le peu de commentaires sur le blog, ils sont ailleurs. Quelle époque nous vivons ! qui aura vu le respect des valeurs fondamentales s’effondrer, en particulier sur le Web.
  2. Petite interrogation,laissée à votre jugement. Il pourrait s’agir d’une cape de moire ? (tissu moiré , étoffe à reflets changeants )

      Note d’Odile : Merci de votre suggestion, car en ce qui me concerne je suis totalement incompétente tant en taffetas qu’en moire, et je me demande si les jeunes générations seront compétentes compte tenu de l’appauvrissement remarquable des tissus actuellement ! Nous tendons à la qualité par le bas, et au nivellement par le bas !
  3. Fondamentale mais récente :La première loi révolutionnaire en matière de propriété littéraire et artistique est la
    loi des 13-19 janvier 1791. Auparavant ,les textes appartenaient aux imprimeurs. Luther
    commence, en 1525, en accusant les imprimeurs de piller et voler publiquement :  » J’ai écrit les
    Postillae depuis le jour des rois jusqu’à Pâques, et voilà que le compositeur qui s’engraisse de mes
    sueurs vole mon manuscrit avant que j’aie fini et va le faire imprimer ailleurs pour ruiner ma dépense
    et mon travail ». D’après Anne Latournerie  » Petite Histoire des batailles de droit d’ Auteur  »

      Note d’Odile : Merci pour cette précision effectivement importante sur le plan historique ! Pour ma part, je suis à la fois imprimeur, puisque le fait de publier sur Internet est bel et bien un droit de publication, et auteur de propriété intellectuelle pour 2 raisons, la première tient au fait de chercher et trouver les actes, ce qui est un travail intellectuel important et prenant aussi beaucoup de ressources temps et voyages à Angers, et la seconde tient au fait que la retranscription d’actes de cette époque est un apport intellectuel relevant du droit de la propriété intellectuelle, et de ce point je suis absoluement certaine compte-tenu des travaux auxquels j’ai participé aux Archives Municipales de Nantes et ce point était abordé à un haut niveau, avec réponse à un haut niveau.
      En fait ceux qui me pillent sans vergogne sont ceux qui au lieu de venir discuter sur mon blog discutent sur d’autres forums, et ces gens sont des voleurs au sens premier du terme de vol.

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