Y-a-t-il des limites à fixer pour la recherche de ses racines ?

Ce billet est une première réponse à la question ci-dessus posée sur mon blog avant-hier.

Nous vivons une époque où les parcours heurtés sont jetés chaque jour en pâture sur les médias, les divers sites d’échanges, etc… souvent au grand plaisir de ce que j’appelles des voyeurs. Chaque jour des proches sont assaillis de journalistes prêts à étaler sur la place publique n’importe qu’elle turpitude.
A chaque fait divers, je n’ai qu’une seule pensée : les proches, leur douleur présente et à venir. Non seulement leur douleur m’interpelle directement, mais tous les regards à venir sur eux, à supporter, parfois lourdement, parfois des décennies.
Je dédie ces lignes à tous ceux qui souffrent de ces turpitudes médiatiques ! Que ceux qui n’ont jamais vu une nuée de journalistes fondre se sentent bien heureux ! Mais au fait, sont-ils à l’abri ? Les médias modernes sont-il un progrès ?

La recherche des racines touche la famille, la vie privée, donc toutes ses éventuelles turpitudes ! Nul n’est à l’abri du dérapage d’un proche et de ses dramatiques conséquences. Toute donnée privée, telle que filiation et date de naissance ouvre la porte aux fouille-merde prêts à l’affût. La loi sur les archives protégeait la vie privée jusqu’à 100 ans, que des généalogistes peu scrupuleux ont fait raccourcir, alors que la durée de vie s’allongeait !
Or, ils utilisent un logiciel GED, qui est ainsi une véritable bombe humaine à retardement, car ils y mettent des données de moins de 100 ans ou moins de 70 ans maintenant. Le propre de ces logiciels étant l’échange de données, les données privées circulent à l’insue de tout le monde. Même lorsqu’ils prétendent avoir obtenu l’accord écrit de chacune des victimes, le fait que ces fichiers circulent, est une atteinte à la vie privée. Même lorsque ces éléments sont dit « à accès réservé » en ligne. Car la copie par un tiers est incontrôlée et possible.
Filiations, date et lieu de naissance se trouvent ou peuvent se trouver largement diffusées à votre insue. Or ce sont des infos privées.

  • Si vous suivez bien les médias des derniers jours :
  • • Les voleurs d’identité sont actuellement au nombre de plus de 200 000 en France ! Ils peuvent faire de votre vie un enfer lorsque vous avez la malchance d’en être victime.
    Lorsque j’étais jeune, pas de fuite de date et lieu de naissance, et de plus, les mairies exigeaient le livret de famille ou celui des parents pour dresser un extrait d’acte de naissance !
    Est-ce un progrès si tous ces verrous ont sauté ?

    • Les enfants de femme Française et d’un Allemand sont aussi au nombre de 200 000. Certains osent enfin raconter l’enfer qu’ils ont enduré du fait de leur naissance.
    Mais doit-on exiger d’eux tous de s’étaler au grand jour ? leur droit leur plus strict n’est-il pas de décider au cas par cas. Aucun psychologue n’a pour moi le droit de dire que tout déballer est la bonne méthode, même si une certaine tendance fleurit de nos jours au déballage tous azimuts.

    • et les faits divers habituels : maltraitance viols et assassinats.

    Est-ce un progès d’avoir accès à autant de données privées, à commencer par la date et le lieu de naissance ? Alors leur mise en ligne est irresponsable. La responsabilité est un devoir de réflexion sur les vices cachés du système !

  • déontologie
  • Il existe un code de déontologie en généalogie qui tente de définir les règles morables en fonction des technologies actuelles. Malheureusement sa version française n’était pas publiée par la plupart des associations de généalogie il y a 10 ans. L’un d’eux que j’ai quitté alors, ne voulait pas le publier sous prétexte que le fait de rappeler les règles feraient perdre des adhérents ! un autre, que j’ai aussi quitté, l’avait bien publié mais 2 des membres du bureau envoyaient en même temps dans une base de données les données de moins de 100 ans, époque à laquelle j’avais eu l’imprudence d’envoyer les miennes sur papier. Depuis, ces personnes refusent même de me répondre sur ce qu’elles ont fait des mes données ! et s’abstiennent de me dire bonjour car je suis une pestiférée pour avoir osé rappeler les règles des moins de 100 ans.
    C’est dire si la Fédération Française de Généalogie a totalement dérivé sur ce point ! Pourtant il existe encore en France peu d’associations qui osent encore prôner un vrai code de déontologie, mais bien sûr elles ne peuvent adhérer à la Fédération.

    Votre servante n’adhère à rien compte-tenu des dérapages déontologiques des associations suscesptibles géographiquement de l’intéresser.

      Voir pour mémoire la définition et le code au Québec, qui lui est toujours en vigueur.

    DÉONTOLOGIE n. f. XIXe siècle, comme terme de la philosophie morale. Emprunté de l’anglais deontology, « théorie des devoirs », formé à l’aide du grec deon, deontos, « devoir », et logos, « science, doctrine ». Ensemble de règles de bonne conduite, de morale appliquée. S’emploie généralement à propos de morale professionnelle. La déontologie médicale régit les rapports des médecins avec leurs confrères et leurs malades ; elle fait l’objet, en France, d’un code de déontologie. L’ordre des avocats est chargé de définir et de faire respecter la déontologie du barreau. (Dictionnaire de l’Académie, 9e édition, en ligne).

    Sur internet, beaucoup de sites se sont construites des règles de bonnes pratiques bien à eux, qui n’en sont en aucun cas, mais sont leurs règles propres, parfois dénuées de toute déontologie.

    En conclusion, avant de commencer l’usage d’un logiciel GED et des bases de données en ligne, imprégnez vous des malheurs des autres, lisez par exemple de Susan Forward, Parent toxiques, comment échapper à leur emprise, Stock, 1991 etc…
    Et pour aider à votre réflexion sur la responsabilité morale en matière de données privées comme celles des lieux et date de naissance voici quelques témoignages personnels.

  • j’ai été témoin de tant de douleurs !
  • • Me trouvant aux Archives, il y a 15 ans de cela, j’aperçois une vague connaissance, non généalogiste, et je le salue. Il me présente sa tribu : mère, épouse et 2 filles ados. La documentaliste des archives, les voyant en ma compagnie, me demande de les aider. Sa mère n’avait pas connu son père ; sa femme avait été retirée jeune à des parents déchus de l’autorité parentale, ignorait la raison, mais avait une année.
    Je me souviens avoir commencé pendant une heure par les précautions, m’assurant qu’ils voulaient vraiement la vérité, au risque d’avoir une vérité lourde à porter.
    Puis, je les ai installés, chacun devant un lecteur de microfilm sur les journeaux de l’année, moi aussi, soit 6 personnes au total. Notre petite équipe n’a pas tardé à trouver le fait divers. Puis, nous avons cherché pour sa mère. Quelques mois plus tard, ils me disaient avoir mieux accepté la vérité que les doutes qu’ils avaient. Leur démarche avait été voulue, et même voulue collectivement en famille.

    Par contre, depuis des décennies de recherches, j’ai été bien d’autres fois confrontée à des personnes qui m’ont également sollicitée pour les aider sur un point délicat, et lors de la mise à jour de la vérité, pourtant parfois pas si traumatisante, j’ai essuyé des réactions si négatives que beaucoup m’en veulent, quand bien même elles étaient demanderesses. J’ai même reçu alors des réactions si négatives que désormais je refuse toujours mon aide, car je n’ai pas vocation à provoquer la révolte lorsque le résultat n’est pas accepté.

    Mais au fait, même les légendes familiales répondent à ce qui précède, car il en existe beaucoup, et lorsqu’on veut rétablir la vérité, on essuie aussi la révolte. Au cours de mes recherches par preuves, j’ai ainsi été confrontée à plusieurs de ces révoltes, peu contents que je publie mes recherches, mais j’ai toujours répondu que rien sur mon site ne laisse filtrer la moindre donnée de contemporains, et que les données de plus de 100 ans sont libres. Je ne peux citer de noms pour cette raison, mais j’en ai beaucoup à l’esprit, et je me souviens seulement avoir demandé un jour à un généalogiste professionnel ce qui se passait dans ce cas pour lui, et il me répondit qu’il avait alors du mal à se faire payer de ses recherches, et que tout coupait court avec lettre de reproches jointe au chèque.

    Alors pour vos TPE, essayez de méditer sur la copie des fichiers par diffusion incontrôlée. Mon premier interlocuteur sur Internet il y a 12 ans m’avait par écrit promis de ne pas diffuser mes parents, et 8 jours après sa promesse il les avait mis sur Internet !
    Voici la confiance qu’on peut avoir sur Internet, et merci au peu de loi qui reste encore, mais merci à ceux qui n’utilisent aucun logiciel GED car dès qu’ils échangent ils donnent en pâture incontrôlée n’importe qu’elle donnée !
    Vis à vis de la loi actuelle, je dirais donc que les bases de données font sans doute attention à masquer ce point, mais je doute du masquage total. Par contre les particuliers font circuler tout et n’importe quoi, inconsciemment, et cela c’est de la totale irresponsabilité.
    Faîtes des simulations. vous verrez ce que je dis ! et à chaque info au journal télévisé ou ailleurs, analysée la vie privée et toutes ses fuites !
    Et commencez par la meilleure des infos : on a reproché à IBM d’avoir donné à Hitler le moyen de faire des fichiers ! Et demandez vous alors ce que vous faîtes ? Et êtes vous sûr que l’histoire en question ne se renouvellera pas ?

    Une réponse sur “Y-a-t-il des limites à fixer pour la recherche de ses racines ?

    1. Billet fort pertinent et intéressant .Merci infiniment.Le vol d’identité est international : il sévit en GB depuis presque dix ans et c’est souvent même pas par internet : ils fouillent le contenu de nos poubelles en quête de détails financiers etc…

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